Bonjour Alleluia
je remet en première partie ce que j'avais écrit ailleurs. Il est vrai qu'entendre de tels choses de façon brutale sans aucune autre explication peut dérouter au premier abord.
Les premiers pères de l'églises de l'age apostolique ont dit que dans les cultures anciennes, il y avait des traces de "christianismes", des préfigurations, même, que la philosophie avait été donnée au grec par Dieu.
Rien n'est 100% faux, il serait métaphysiquement faux de prétendre le contraire, le faux ne vient que corrompre le vrai qu'il faut donc dans un matériau extraire et mettre en relief. Ainsi, que le christianisme reprenne des matériaux antérieurs pour qu'ils soient compris des hommes de leur temps n'est aucunement un problème, et que globalement son histoire fasse ressortir les mécanismes profond du psychisme humain et qu'il puisse s'inscrire dans des schémas universels n'est pas une preuve de sa fausseté mais bien plutôt de sa véritable universalité : le christianisme n'est pas une religion ethnique, Dieu s'adresse à tout le monde.
Il y a des mythes universels sur la création du monde que l'on retrouve en Inde, en Chine, et et Mésopotamie. Il y a d'autres mythes que l'on retrouve jusque dans les tribus d'Amérique du Sud. (rappelons qu'un mythe est fondamentalement un enseignement métaphysique)
Il y a des symboles comme l'oeuf en tant que symbole de vie et de régénération qui sont universels et que l'on retrouve tant en Inde qu'au proche orient qu'en Europe, et que le christianisme reprend aussi naturellement comme symbole de la résurrection du Christ et de la régénération de l'univers donc en lui donnant sa véritable signification. Ce n'est plus le dynamisme naturel que la matériaux "oeuf" signifie mais le passage de la vie à la mort, la rédemption, la régénération de l'univers et de la nature humaine par la résurrection du Christ à Pâques. Le Christ étant donc la clef de se symbole qui souligne en quoi la nature se renouvelle véritablement et non pas uniquement de façon saisonnière, ainsi à Pâques symbolique de l'oeuf accède à sa véritable signification.
Celui du sacrifice est aussi universel mais comme le montre le grand anthropologue René Girard membre de l'académie française (qui s'est converti au catholicisme pendant ses recherches) il se trouve profondément renouvelé dans le christianisme qui marque là encore sa spécificité.
Une certaine psychologie a bien établit que les structures profondes de l'âme sont proprement universelles, or on dit en métaphysique que l'âme toujours d'une certaine façon éclairée par Dieu est faite à l'image de Dieu donc qu'il y a en elle une trace des archétypes universelles. (Le Verbe est la Lumière qui éclaire tout homme Jn 1:9))
Le phénomène du sacré lui aussi est absolument universel et correspond à un besoin intime et essentiel.
En revanche ce qui n'est ni universel ni naturel c'est l'athéisme qui est bien plutôt une dégénérescence de l'esprit.
Là dessus, sur la manière dont le judéo christianisme reprend certains thèmes tout en les retravaillant profondément, sur la signification du "mythe", on peut lire le livre du théologien catholique Louis Bouyer "Le rite et l'homme".
On peut reprendre un matériau antérieur et universel qui n'est pas fondamentalement faux, mais dont il faut redonner sa véritable signification et ainsi le renouveler.
Bref ces athées seraient étonnés d'apprendre qu'un affreux catholique intolérant partisan de la théocratie comme Joseph de Maistre disait que la paganisme rayonnait de vérités. Tout cela n'a absolument rien de secret.
Le Christ fait oeuvre de rédemption universel, de régénération (de purification) et par là même de récapitulation de l'histoire universelle.
Il est le Verbe, donc le Sens du sens, et il est donc naturel qu'on puisse même par exemple entrevoir le Christ dans l'histoire du Bouddha qui elle même puise dans la symbolique de l'Agni védique (le dieu hindou du feu), et même qu'on puisse le voir ailleurs.
J'ai entendu dire que le déluge, la naissance du Christ dans une étable, la naissance d'une femme Vierge, le fait que Christ ait marché sur les eaux, et ait demandé à Pierre de marcher aussi sur les eaux etc etc, sont en fait, des "copies" de légendes sumériennes...
Ce ne sont pas des "copies", mais des faits historiques qui se réalisent.
Il faut comprendre la symbolique de l'eau qui n'est pas anodine. C'est le substrat cosmique, la materia prima des métaphysiciens médiévaux (khora et hylé chez Aristote et Platon, prakrti chez les hindous), celle sur qui le St Esprit planait et qui est "nécessaire" à toute création. Non pas matière physique, concrète à la manière des physiciens du 19è siècle mais bien plutôt complexe intelligible, immatériel, flexible que l'eau symbolise naturellement, d'ailleurs la matière telle que la voit l'antiquité "complexe de qualités intelligibles, de relations mathématiques entre des forces elles-mêmes immatérielles, abstrait de l'esprit qui le pense" (Louis Bouyer) semble parfaitement se retrouver dans la physique quantique, et c'est Heisenberg qui dit que Platon s'est rapproché de la théorie quantique des "particules élémentaires".
Quant au déluge, il me semble qu'on le retrouve aussi en Amérique du Sud. Mais si le déluge biblique marque quelque chose d'important, une catastrophe, un changement d'époque etc, il est normal qu'il ait pu être connu d'autres peuples, et c'est même là le signe que le déluge, quelque soit la signification qu'on lui donne signifie, comporte une vérité qui a été universellement connue et que c'est n'est pas une simple fiction littéraire inventée par un poète et plagiée dans la Bible.
Quelqu'un peut-il m'expliquer? Doit-on voir les légendes sumériennes comme des images de ce qui devait arriver plus tard? Est-ce une recherche de Dieu de la part des Sumériens? Dans ce cas, pourquoi les auteurs bibliques se sont ils inspirés de ces légendes sumériennes alors que la Bible parle d'un peuple élu, à savoir le peuple Juif.
La Bible parle d'une alliance antérieure avec Noé, et plus tard d'une autre privilégiée avec le peuple Juif qui servait "d'arche" et d'où sortaient les prophètes ("le salut vient des Juifs").
Pour faire une alliance universelle comme le christianisme, il a bien fallu préparer les autres cultures, semer des graines de vérités, ces "logoï spermatikos" dont parlaient les premiers théologiens de l'église. On ne pouvait pas les laisser dans l'aveuglement total, et de toute façon l'âme étant créée à l'image et à la ressemblance de Dieu, l'ignorance absolue de toute vérité est impossible.
Certains cultes au proche orient avec des sacrifices d'enfants étaient horribles, mais en Asie des religions/pensées comme le taoïsme sont d'une très haute élévation et certains thèmes peuvent être rapprochés du christianisme. Je lisais d'ailleurs le témoignage d'un intellectuel chinois devenu catholique dans les années 20 ou 30 et qui disait parfaitement retrouver tous les points forts du taoisme et du confucianisme (sur l'éthique par exemple) dans le catholicisme. Il y a paganisme et paganisme à supposer que le taoisme soit "païen".
Selon certains théologiens, Dieu aurait demandé à chaque peuple pour faire une alliance et seul les Juifs auraient dits oui. Les autres peuples auraient eu un ange "national" pour les "guider", leur transmettre des vérités nécessaires, mais ils se seraient éloignés de la vérité transmise (comme parfois les juifs ont pu le faire), leurs anges ayant pu aussi se révéler être mauvais. (Il est fait mention dans le Livre de Daniel de "Princes" ch10 c'est-à-dire d'anges combattant pour les nations, en l'occurrence ici des grecs et des perses.)
Tout ça pour dire qu'il ne faut pas créer une barrière absolument étanche entre le peuple Juif et les autres peuples qui restaient malgré tout des humains faits à l'image et à la ressemblance de Dieu, qui pensaient, qui avaient des intuitions, et qui donc n'étaient pas dans l'ignorance totale de la Vérité etc St Justin le Martyr au 2nd siècle disait que Pythagore était un "pré" chrétien et Pascal le grand philosophe catholique n'a-t-il pas dit que Platon était la préface de l'Evangile ?