Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
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Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
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Matthieu 16, 5-12
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« Nous ne sommes pas des êtres humains ayant une expérience spirituelle. Nous sommes des êtres spirituels ayant une expérience humaine. »
Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955)
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Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
Toujours pour congédier la thèse du complot des maçons :
Dans la Préface :
Puis une remarque pleine de finesse de Furet concernant un aspect de Robespierre (une remarque ''éliminationniste'' concerant le complot ...)
Dans la Préface :
Puis une remarque pleine de finesse de Furet concernant un aspect de Robespierre (une remarque ''éliminationniste'' concerant le complot ...)
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Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
Trouvé dans Saint-Simon et le saint-simonisme :
Chapitre IV
La religion saint-simonienne (1824-1825)
Le dernier ouvrage de Saint-Simon, Le nouveau christianisme, rédigé l'année de sa mort, clôture son oeuvre. [...] dans Le Nouveau christianisme, Saint-Simon affirme :«J'accomplis une mission divine en rappelant les Peuples et les Rois au véritable esprit du christianisme» (III, 188) Sa pensée est animée par cette quête permanente d'une immédiation entre l'Humanité réunie et un principe fondateur constitutif d'un nouveau lien social. Visant une organisation sociale unique et une religion universelle, Saint-Simon annonce l'avénement prévu par le peuple de Dieu, à savoir :
Une organisation sociale unique, c'est à dire industrielle, découle d'une religion générale, universelle et unique. Cette religion qualifiée de nouveau christianisme ou de «christianisme définitif», ne peut être qu'une association universelle des hommes considérés comme égaux, dans un lien direct et immédiat à la morale qui fonde la société et une communication généralisée. Son culte en est la construction de réseaux de communication sur tout le territoire de la planète. Communication signifie éthymologiquement «communion» et «transmission», les moyens de communication notamment les canaux, sont aussi pour Saint-Simon, des moyens de communion pour réaliser l'«association universelle» des hommes.
[...]
La polémique entre le maïtre et l'élève porte sur un clivage opposant la science à la morale ou à l'idéologie. Saint-Simon ne les dissocie pas, et sont les deux faces de sa philosophie, alors que Comte [l'élève; Auguste Comte] revendique une stricte approche scientifique et positive. Non seulement Comte a ignoré le travail encyclopédique que Saint-Simon a conduit avant leur rencontre, mais il sous-estime la nécéssaire prise en compte du symbolique, voire du religieux, comme fondement des institutions et de l'action politique. Pour Saint-Simon, science et morale, économie et symbolique, sont indissociables. Cette approche duale est d'autant plus urgente qu'après la critique radicale de la religion catholique et du clergé conduite notamment par les Lumières et la Révolution, il faut réinventer un lien social ou un fondement moral de la société. La société ne peut se limiter à une communauté d'intérêts. La condition de sa réussite est de partager un but commun et une doctrine commune.
[...]
La société a besoin d'une méta-liaison qui l'unifie. Ce ciment idéologique est une «idée générale», répète Saint-Simon, d'un degré d'abstraction équivalent à l'idée de Dieu. Toutefois, il a affirmé dès le début de son oeuvre que l'idée de Dieu ne pouvait plus servir de lien social, et devait être une théorie scientifique, telle la gravitation universelle. Il vise donc une religion universelle, laïcisée en quelque sorte, c'est à dire «une morale qui est la base ou plutôt le lien général de l'organisation social» (II, 107)
[...]
Ainsi la politique saint-simonienne devient-elle une «sainte entreprise» dressant une opposition symbolique forte entre l'action de la morale industrielle et l'action de domination des hommes. La morale de Saint-Simon est censée remplacer celle de Machiavel qui valorisait la ruse et la force pour fonder l'action de conquête et d'exercice du pouvoir.
En identifiant le système industriel et scientifique au «christianisme définitif et complet», l'établissement du système industriel devient une oeuvre divine. [...] Déclarer que le système industriel et scientifique est le christianisme définitif n'est qu'un paradoxe apparent. Saint-Simon a fondé une idéologie scientifique. D'abord, il s'agit de confier le pouvoir spirituel aux savants, c'est à dire d'en faire le clergé du système industriel; ensuite, l'idéologie saint-simonienne a été fondée rationnellement par la théorie physiologique de l'organisme-réseau; enfin, cette théorie fondée sur des bases scientifiques, doit être parée de sacré et idéologisée pour être efficace socialement. En développant une version religieuse de sa doctrine, l'objectif de Saint-Simon est double, d'une part, sacraliser sa matrice de transition sociale pour la substituer à la matrice théologique et d'autre part, vulgariser sa théorie auprès du plus grand nombre, c'est à dire les industriels/ouvriers.
[...]
Le «Nouveau christianisme», religion laïque universelle
Liquider le système catholique signifie lui opposer un autre système religieux, le «Nouveau christianisme» entendu comme un retour aux sources pauliniennes de l'amour du prochain. Le texte devait être présenté sous la forme de trois entretiens, mais seul le premier a été rédigé par Saint-Simon. [...] Ce dialogue entre le conservateur et le novateur commence par cette question du premier : «Croyez-vous en Dieu ?», à laquelle le novateur, c'est à dire Saint-Simon , répond : «Oui, je crois en Dieu». Cette affirmation a plongé les commentateurs dans de nombreuses suppositions : en fait, Saint-Simon parle de la nécéssité de Dieu comme lien général, comme principe fondateur du lien social. Dans ce dialogue, Dieu est considéré en tant que tel, car le novateur veut distinguer ce que Dieu a dit personnellement de ce que la clergé a dit en son nom. Retourner à la vérité du sens, en éliminant la médiation institutionnelle productrice d'illusions [...] Retrouver le Verbe, le discours fondateur, la vérité de la religion c'est réduire le système catholique à des signes, à une simple interprétation, et même à une hérésie. La vérité de la religion c'est l'égalité des frères, et non la domination des hommes sur les hommes. Il s'agit d'instaurer une liaison horizontale et non plus verticale dans les rapports humains, l'association contre la domination. Cette rotation est cohérente avec le renversement de la matrice religieuse. Un principe unique et universel défini le nouveau dogme :
... le protestantisme n'a pas achevé son travail , il n'a avancé que sur le versant critique, et n'a pas produit une nouvelle religion. De ce fait, la Réforme comme la Révolution demeurent inachevées. Il faut produire une nouvelle organisation sociale et religieuse.
[...]
Le christianisme primitif a été perverti par l'Église lorsqu'elle a participé à l'exercice du pouvoir temporel. Ainsi, il faut retrouver l'essence du Christianisme, qui était essentiellement démocratique. «Il arrivera nécéssairement une époque ... où les hommes en reviendront à la religion pure» (III, 93). Là, sans doute, se loge l'utopie saint-simonienne, celle d'une religion pure et parfaite. Son désir d'épurer la morale et de faire subir à la religion chrétienne une «épuration» aboutit à considérer l'Église comme un gouvernement temporel, donc un intermédiaire dangereux et inutile.
Source : Pierre Musso, Saint-Simon et le saint-simonisme, Paris, PUF, 1999, coll. «Que sais-je ?», 127 p. (cit. pp. 79-88)[/color]
Note de couverture :
Chapitre IV
La religion saint-simonienne (1824-1825)
Le dernier ouvrage de Saint-Simon, Le nouveau christianisme, rédigé l'année de sa mort, clôture son oeuvre. [...] dans Le Nouveau christianisme, Saint-Simon affirme :«J'accomplis une mission divine en rappelant les Peuples et les Rois au véritable esprit du christianisme» (III, 188) Sa pensée est animée par cette quête permanente d'une immédiation entre l'Humanité réunie et un principe fondateur constitutif d'un nouveau lien social. Visant une organisation sociale unique et une religion universelle, Saint-Simon annonce l'avénement prévu par le peuple de Dieu, à savoir :
- «... qu'il arriverait une grande époque, à laquelle il a donné le nom de messiaque, époque où la doctrine religieuse serait présentée avec toute la généralité dont elle est susceptible; qu'elle réglerait également l'action du pouvoir temporel et celle du pouvoir spirituel, et qu'alors toute l'espèce humaine n'aurait plus qu'une seule religion, qu'une même organisation» (Le Nouveau christianisme, III, 114)
Une organisation sociale unique, c'est à dire industrielle, découle d'une religion générale, universelle et unique. Cette religion qualifiée de nouveau christianisme ou de «christianisme définitif», ne peut être qu'une association universelle des hommes considérés comme égaux, dans un lien direct et immédiat à la morale qui fonde la société et une communication généralisée. Son culte en est la construction de réseaux de communication sur tout le territoire de la planète. Communication signifie éthymologiquement «communion» et «transmission», les moyens de communication notamment les canaux, sont aussi pour Saint-Simon, des moyens de communion pour réaliser l'«association universelle» des hommes.
[...]
La polémique entre le maïtre et l'élève porte sur un clivage opposant la science à la morale ou à l'idéologie. Saint-Simon ne les dissocie pas, et sont les deux faces de sa philosophie, alors que Comte [l'élève; Auguste Comte] revendique une stricte approche scientifique et positive. Non seulement Comte a ignoré le travail encyclopédique que Saint-Simon a conduit avant leur rencontre, mais il sous-estime la nécéssaire prise en compte du symbolique, voire du religieux, comme fondement des institutions et de l'action politique. Pour Saint-Simon, science et morale, économie et symbolique, sont indissociables. Cette approche duale est d'autant plus urgente qu'après la critique radicale de la religion catholique et du clergé conduite notamment par les Lumières et la Révolution, il faut réinventer un lien social ou un fondement moral de la société. La société ne peut se limiter à une communauté d'intérêts. La condition de sa réussite est de partager un but commun et une doctrine commune.
- «... une société ne peut pas subsister sans idées morales communes : cette communauté est aussi nécéssaire, que l'est, au temporel, la communauté d'intérêts. Or, ces idées ne peuvent être communes, si elles n'ont pas pour but une doctrine philosophique, universellement adoptée dans l'édifice social; cette doctrine est la clé de voûte, le lien qui unit et consolide toutes les parties» (Système industriel, t.2, III, 51)
[...]
La société a besoin d'une méta-liaison qui l'unifie. Ce ciment idéologique est une «idée générale», répète Saint-Simon, d'un degré d'abstraction équivalent à l'idée de Dieu. Toutefois, il a affirmé dès le début de son oeuvre que l'idée de Dieu ne pouvait plus servir de lien social, et devait être une théorie scientifique, telle la gravitation universelle. Il vise donc une religion universelle, laïcisée en quelque sorte, c'est à dire «une morale qui est la base ou plutôt le lien général de l'organisation social» (II, 107)
[...]
Ainsi la politique saint-simonienne devient-elle une «sainte entreprise» dressant une opposition symbolique forte entre l'action de la morale industrielle et l'action de domination des hommes. La morale de Saint-Simon est censée remplacer celle de Machiavel qui valorisait la ruse et la force pour fonder l'action de conquête et d'exercice du pouvoir.
En identifiant le système industriel et scientifique au «christianisme définitif et complet», l'établissement du système industriel devient une oeuvre divine. [...] Déclarer que le système industriel et scientifique est le christianisme définitif n'est qu'un paradoxe apparent. Saint-Simon a fondé une idéologie scientifique. D'abord, il s'agit de confier le pouvoir spirituel aux savants, c'est à dire d'en faire le clergé du système industriel; ensuite, l'idéologie saint-simonienne a été fondée rationnellement par la théorie physiologique de l'organisme-réseau; enfin, cette théorie fondée sur des bases scientifiques, doit être parée de sacré et idéologisée pour être efficace socialement. En développant une version religieuse de sa doctrine, l'objectif de Saint-Simon est double, d'une part, sacraliser sa matrice de transition sociale pour la substituer à la matrice théologique et d'autre part, vulgariser sa théorie auprès du plus grand nombre, c'est à dire les industriels/ouvriers.
[...]
Le «Nouveau christianisme», religion laïque universelle
Liquider le système catholique signifie lui opposer un autre système religieux, le «Nouveau christianisme» entendu comme un retour aux sources pauliniennes de l'amour du prochain. Le texte devait être présenté sous la forme de trois entretiens, mais seul le premier a été rédigé par Saint-Simon. [...] Ce dialogue entre le conservateur et le novateur commence par cette question du premier : «Croyez-vous en Dieu ?», à laquelle le novateur, c'est à dire Saint-Simon , répond : «Oui, je crois en Dieu». Cette affirmation a plongé les commentateurs dans de nombreuses suppositions : en fait, Saint-Simon parle de la nécéssité de Dieu comme lien général, comme principe fondateur du lien social. Dans ce dialogue, Dieu est considéré en tant que tel, car le novateur veut distinguer ce que Dieu a dit personnellement de ce que la clergé a dit en son nom. Retourner à la vérité du sens, en éliminant la médiation institutionnelle productrice d'illusions [...] Retrouver le Verbe, le discours fondateur, la vérité de la religion c'est réduire le système catholique à des signes, à une simple interprétation, et même à une hérésie. La vérité de la religion c'est l'égalité des frères, et non la domination des hommes sur les hommes. Il s'agit d'instaurer une liaison horizontale et non plus verticale dans les rapports humains, l'association contre la domination. Cette rotation est cohérente avec le renversement de la matrice religieuse. Un principe unique et universel défini le nouveau dogme :
- «La nouvelle organisation chrétienne détruira les institutions temporelles ainsi que les institutions spirituelles, du principe que tous les hommes doivent se conduire à l'égard les uns des autres comme des frères. Elle dirigera toutes les institutions de quelque nature qu'elles soient, vers l'amélioration du bien-être de la classe la plus pauvre» (Le Nouveau christianisme, III, 113)
... le protestantisme n'a pas achevé son travail , il n'a avancé que sur le versant critique, et n'a pas produit une nouvelle religion. De ce fait, la Réforme comme la Révolution demeurent inachevées. Il faut produire une nouvelle organisation sociale et religieuse.
[...]
Le christianisme primitif a été perverti par l'Église lorsqu'elle a participé à l'exercice du pouvoir temporel. Ainsi, il faut retrouver l'essence du Christianisme, qui était essentiellement démocratique. «Il arrivera nécéssairement une époque ... où les hommes en reviendront à la religion pure» (III, 93). Là, sans doute, se loge l'utopie saint-simonienne, celle d'une religion pure et parfaite. Son désir d'épurer la morale et de faire subir à la religion chrétienne une «épuration» aboutit à considérer l'Église comme un gouvernement temporel, donc un intermédiaire dangereux et inutile.
Source : Pierre Musso, Saint-Simon et le saint-simonisme, Paris, PUF, 1999, coll. «Que sais-je ?», 127 p. (cit. pp. 79-88)[/color]
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Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
Je voudrais préciser un petit détail.
Quand je dis que «... il n'y a pas de complot franc-maçon responsable de ...», mais c'est qu'il n'est pas de conjuration d'une demi-douzaine de «grands sages», se réunissant dans le secret, pour contrôler ensuite la marche de l'histoire, prévoir les événements, diriger d'avance le résultat que l'on eût attendu, pour produire «très exactement» ce que les bonzes auraient voulu, etc.
NON
Il y a des hommes, des individus avec des idées hétéroclites, toutes sortes de divergences, parfois des groupes partageant en commun certaines idées, certaines frateries (dont quelques unes «maçonniques» aussi bien entendu), des libre-penseurs, des protestants, des catholiques, des idéalistes divers et plus. Mais il n'y a pas une amicale de maçons qui produit ''la'' Révolution, même s'il peut s'en trouver ensuite des maçons pour être sympathiques au mouvement, voire qu'à s'attribuer faussement après-coup (comme des menteurs pathologiques, des affabulateurs) la paternité du grand évenément, etc.
Dans la réalité des milieux maçonniques du XVIIIe siècle, il s'y trouvait quantité de maçons aristocrates, élitistes, royalistes, hiérarchistes, amateurs de la société de caste comme en Inde, ennemis du vulgus pecus, du petit peuple ... ;quantité de maçons qui ne se seraient pas privés d'expédier au bagne un Jean Paul Marat.
Les maçons, dans les faits, étaient représentatifs de l'état de l'opinion publique ''at large'', ce qui veut dire aussi une multiplicité de goûts personnels, des divergences de pensée à savoir ce qui serait le «mieux» à plus ou moins court terme. Bref, on ne peut pas s'attendre à trouver une dizaine de «moines» laïcs inversés, souterrains, cachés dans l'ombre, disciplinés au possible pour se tenir à un grand plan bien précis et jusqu'à ce que celui-ci finisse par être couronné de succès; une dizaine d'hurluberlus réussissant à mieux contrôler les évolutions de toute la société, bien mieux que toute l'Église elle-même aurait jamais pu y parvenir !
ON DEVRAIT DIRE
Il peut y avoir des individus, qui aimeraient se revendiquer d'un certain idéal ou quelque grand objectif «généreux» et qu'un penseur du passé (comme Saint-Simon) aurait pu avoir émis plus anciennement.
Aussi, je pense que Vincent Peillon se trouve à partager ce type d'idéal que Saint-Simon partageait, lui ainsi que ses disciples (comme Auguste Comte entre autres), un type d'idéal qui aura diffusé jusque chez d'autres républicains de la IIIe République, au XIXe siècle. Vincent Peillon aime donc à se percevoir comme celui qui marcherait dans la foulée des autres. Il évoque clairement sans son livre (que j'ai sous la main) les débats impliquant les «élèves» du premier, les enjeux de la question; ce qui l'amène à partager la critique que Saint-Simon faisait de ceux qui négligeraient le «spirituel» au profit du seul matérialisme, du seul rapport des intérêts bruts. Dans l'extrait que j'ai amené plus haut, on voit que Saint-Simon dit que la révoluton n'est pas terminée, et ce, bien avant Vincent Peillon.
En cherchant, je m'aperçois (puis je trouve ça très intéressant d'ailleurs) à quel point nos idéalistes d'aujourd'hui sont finalement «imbriqués» d'une manière ou d'une autre avec la question plus profonde (première, je dirais) de l'hérésie sur le plan religieux, et l'hérésie telle que défini par l'Église catholique.
Parce qu'un homme comme Saint-Simon était un hérétique de l'Église. Considérer le gouvernement de l'Église comme on devrait considérer «une simple gouverne temporelle» : c'est une hérésie.
Quand je dis que «... il n'y a pas de complot franc-maçon responsable de ...», mais c'est qu'il n'est pas de conjuration d'une demi-douzaine de «grands sages», se réunissant dans le secret, pour contrôler ensuite la marche de l'histoire, prévoir les événements, diriger d'avance le résultat que l'on eût attendu, pour produire «très exactement» ce que les bonzes auraient voulu, etc.
NON
Il y a des hommes, des individus avec des idées hétéroclites, toutes sortes de divergences, parfois des groupes partageant en commun certaines idées, certaines frateries (dont quelques unes «maçonniques» aussi bien entendu), des libre-penseurs, des protestants, des catholiques, des idéalistes divers et plus. Mais il n'y a pas une amicale de maçons qui produit ''la'' Révolution, même s'il peut s'en trouver ensuite des maçons pour être sympathiques au mouvement, voire qu'à s'attribuer faussement après-coup (comme des menteurs pathologiques, des affabulateurs) la paternité du grand évenément, etc.
Dans la réalité des milieux maçonniques du XVIIIe siècle, il s'y trouvait quantité de maçons aristocrates, élitistes, royalistes, hiérarchistes, amateurs de la société de caste comme en Inde, ennemis du vulgus pecus, du petit peuple ... ;quantité de maçons qui ne se seraient pas privés d'expédier au bagne un Jean Paul Marat.
Les maçons, dans les faits, étaient représentatifs de l'état de l'opinion publique ''at large'', ce qui veut dire aussi une multiplicité de goûts personnels, des divergences de pensée à savoir ce qui serait le «mieux» à plus ou moins court terme. Bref, on ne peut pas s'attendre à trouver une dizaine de «moines» laïcs inversés, souterrains, cachés dans l'ombre, disciplinés au possible pour se tenir à un grand plan bien précis et jusqu'à ce que celui-ci finisse par être couronné de succès; une dizaine d'hurluberlus réussissant à mieux contrôler les évolutions de toute la société, bien mieux que toute l'Église elle-même aurait jamais pu y parvenir !
ON DEVRAIT DIRE
Il peut y avoir des individus, qui aimeraient se revendiquer d'un certain idéal ou quelque grand objectif «généreux» et qu'un penseur du passé (comme Saint-Simon) aurait pu avoir émis plus anciennement.
Aussi, je pense que Vincent Peillon se trouve à partager ce type d'idéal que Saint-Simon partageait, lui ainsi que ses disciples (comme Auguste Comte entre autres), un type d'idéal qui aura diffusé jusque chez d'autres républicains de la IIIe République, au XIXe siècle. Vincent Peillon aime donc à se percevoir comme celui qui marcherait dans la foulée des autres. Il évoque clairement sans son livre (que j'ai sous la main) les débats impliquant les «élèves» du premier, les enjeux de la question; ce qui l'amène à partager la critique que Saint-Simon faisait de ceux qui négligeraient le «spirituel» au profit du seul matérialisme, du seul rapport des intérêts bruts. Dans l'extrait que j'ai amené plus haut, on voit que Saint-Simon dit que la révoluton n'est pas terminée, et ce, bien avant Vincent Peillon.
En cherchant, je m'aperçois (puis je trouve ça très intéressant d'ailleurs) à quel point nos idéalistes d'aujourd'hui sont finalement «imbriqués» d'une manière ou d'une autre avec la question plus profonde (première, je dirais) de l'hérésie sur le plan religieux, et l'hérésie telle que défini par l'Église catholique.
Parce qu'un homme comme Saint-Simon était un hérétique de l'Église. Considérer le gouvernement de l'Église comme on devrait considérer «une simple gouverne temporelle» : c'est une hérésie.
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Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
On ne peut quand même pas ignorer que vouloir se construire sa propre religion, qui conduirait les hommes à adorer l'image d'un dieu que l'on se construit, c'est la définition même de l'idolâtrie...
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36
Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
L’idolâtrie est durable.
On en parle dans l'ancien testament et a plusieurs reprise y compris parmi les juifs.
Il et fort probable que ça continue encore, mais je ne vois pas l'un triompher de l'autre, l'idolatrie ne supprimera pas la foi et inversement, il y aura toujours des idolâtres qui ne se convertiront pas.
On en parle dans l'ancien testament et a plusieurs reprise y compris parmi les juifs.
Il et fort probable que ça continue encore, mais je ne vois pas l'un triompher de l'autre, l'idolatrie ne supprimera pas la foi et inversement, il y aura toujours des idolâtres qui ne se convertiront pas.
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Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
seba15 a écrit :L’idolâtrie est durable.
Une preuve par l'image : "In God we trust" sur l'image ci-dessous !
Etienne
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )
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Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
Toujours pour mieux saisir la pensée de Vincent Peillon (cf. La Révolution française n'est pas terminée), il faut savoir qu'il s'appuie également sur la pensée d'Edgar Quinet.
Quatrième de couverture de la réédition du grand ouvrage d'Edgar Quinet
Et que dit Vincent Peillon de son côté ?
Il endosse la critique que faisait Quinet à son époque, et juge que, encore aujourd'hui, rien n'aura changé vraiment sous ce rapport. Les «malaises» socio-politiques permanents de la France proviendraient donc de cette lacune, qui est héritée de la cassure de 1789, celle d'une République qui aura pu finir par s'installer durablement, en tant que forme politique peut-être, tout en se révélant incapable de susciter une pensée, une émotion religieuse propre, originale, véritablement nouvelle, seule chose qui pourrait garantir réellement la vie démocratique de cette république à terme, et ce, à l'encontre de tous ses adversaires potentiels, risquant de plonger ses citoyens dans une servitude ou une autre. Il manquerait une religion de liberté, une «spiritualité» envers laquelle l'attachement des citoyens s'y révélerait aussi fort qu'il le serait envers une religion fortement révérée. Il serait une pile de soutènement manquante, d'après Vincent Peillon, un appui pouvant permettre de bien stabiliser la structure. Il manque un credo spirituel pouvant être fédérateur.
Quatrième de couverture de la réédition du grand ouvrage d'Edgar Quinet
- Edgar Quinet (1803-1875) Écrivain, historien, député en 1848, fut proscrit pour ses convictions républicaines après le coup d'Etat du 2 décembre 1851. Il publia La Révolution en 1865. L'ouvrage n'avait jamais été republiée avant sa réédition par Claude Lefort dans sa collection «Littérature & Politique» en 1987.
Et que dit Vincent Peillon de son côté ?
Il endosse la critique que faisait Quinet à son époque, et juge que, encore aujourd'hui, rien n'aura changé vraiment sous ce rapport. Les «malaises» socio-politiques permanents de la France proviendraient donc de cette lacune, qui est héritée de la cassure de 1789, celle d'une République qui aura pu finir par s'installer durablement, en tant que forme politique peut-être, tout en se révélant incapable de susciter une pensée, une émotion religieuse propre, originale, véritablement nouvelle, seule chose qui pourrait garantir réellement la vie démocratique de cette république à terme, et ce, à l'encontre de tous ses adversaires potentiels, risquant de plonger ses citoyens dans une servitude ou une autre. Il manquerait une religion de liberté, une «spiritualité» envers laquelle l'attachement des citoyens s'y révélerait aussi fort qu'il le serait envers une religion fortement révérée. Il serait une pile de soutènement manquante, d'après Vincent Peillon, un appui pouvant permettre de bien stabiliser la structure. Il manque un credo spirituel pouvant être fédérateur.
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Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
Quant à l'idée d'un ordre maçonnique considéré comme moteur de la Révolution, mauvais génie ou vecteur occulte des pires excès anticatholiques de la révolution française à son zénith ...
Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
Cenci a écrit :
Nous devons vous remercier pour l’abondance des citations et la qualité de votre analyse. Nul doute que Peillon suit une démarche intellectuelle analogue à celle de Saint-Simon. Cela peut sembler surprenant quand on songe que pour une large part il inspira Auguste Comte qui était son collaborateur et même son familier jusqu’à la rupture pour un élément futile ! ( les grands penseurs tout de même !). Ce dernier fut lui-même fondateur de l’école positiviste et sans doute aussi de la sociologie. Mais aussi très influencé par Joseph de Maistre ou Bonald, penseurs que la terminologie de nos jours dirait "réactionnaires ou de droite " (sic). Mais ce fut Charles Maurras, athée et fondateur de l’Action Française (royaliste) qui continua ses idées ! Peillon ne l’ignore pas ! (j’avais écrit un article publié dans "Lafautearousseau" et "Politique Magazine" qui fait référence à des "filiations" intellectuelles tout aussi étranges en apparence )ON DEVRAIT DIRE
Il peut y avoir des individus, qui aimeraient se revendiquer d'un certain idéal ou quelque grand objectif «généreux» et qu'un penseur du passé (comme Saint-Simon) aurait pu avoir émis plus anciennement.
Aussi, je pense que Vincent Peillon se trouve à partager ce type d'idéal que Saint-Simon partageait, lui ainsi que ses disciples (comme Auguste Comte entre autres), un type d'idéal qui aura diffusé jusque chez d'autres républicains de la IIIe République, au XIXe siècle. Vincent Peillon aime donc à se percevoir comme celui qui marcherait dans la foulée des autres. Il évoque clairement sans son livre (que j'ai sous la main) les débats impliquant les «élèves» du premier, les enjeux de la question; ce qui l'amène à partager la critique que Saint-Simon faisait de ceux qui négligeraient le «spirituel» au profit du seul matérialisme, du seul rapport des intérêts bruts. Dans l'extrait que j'ai amené plus haut, on voit que Saint-Simon dit que la révoluton n'est pas terminée, et ce, bien avant Vincent Peillon.
En cherchant, je m'aperçois (puis je trouve ça très intéressant d'ailleurs) à quel point nos idéalistes d'aujourd'hui sont finalement «imbriqués» d'une manière ou d'une autre avec la question plus profonde (première, je dirais) de l'hérésie sur le plan religieux, et l'hérésie telle que défini par l'Église catholique.
Parce qu'un homme comme Saint-Simon était un hérétique de l'Église. Considérer le gouvernement de l'Église comme on devrait considérer «une simple gouverne temporelle» : c'est une hérésie.
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Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
Intéressant de comparer deux textes, l'un qui serait comme la vulgarisation de la pensée du philosophe allemand Fichte par Isaiah Berlin, l'autre ce qu'exprime Vincent Peillon
Ainsi :
La morale est maintenant quelque chose qu'on invente également, et non quelque chose que l'on trouve; la morale n'est pas un ensemble de propositions correspondant à certains faits découvrables dans la nature. De fait, la nature n'a rien à voir à l'affaire; la nature, pour Kant, pour Fichte, n'est qu'un amas de matière inerte auquel on impose sa volonté.
Nous sommes désormais bien loin assurément de l'idée de copier la nature, de suivre la nature - naturam sequi - d'être comme la nature. Maintenant, au contraire, on moule la nature, on la transforme; la nature est un défi, la nature n'est qu'une matière première. S'il en est ainsi, si la morale consiste à projeter son être d'une manière ou d'une autre, alors il se peut que l'activité politique soit également une forme de projection de soi - Isaiah Berlin; à propos de la philosophie de Fichte
Et
Quelque chose se passe dans le monde des idées, quelque chose de neuf. Ce neuf, ce vivant, se donne dans la forme du retour. Mais c'est toujours ainsi que progresse l'histoire et que l'avenir s'enfante. Car il appartient à chaque temps, à chaque génération, de s'engendrer dans son présent, de conjoindre la novation à une tradition nouvelle et à un nouveau récit. Telle est la condition des mortels, telle est notre condition historique. Nous n'avons pas le choix. Ce qui suppose de briser quelques dogmes, et de renverser quelques idôles. - V. Peillon
***
En faisant de la volonté, et non plus la raison, la clé de voûte du système, ils donnèrent naissance à cette idée de la liberté qui n'est pas l'idée de non-ingérence, l'idée de laisser à chaque homme la possibilité de choisir, mais l'idée d'expression de soi, l'idée de s'imposer à son environnement, l'idée de la liberté comme élimination des obstacles rencontrés.
versus
Un travail en profondeur s'impose à nous, comme une plongée aux sources vives, et déjà, nous l'avons vu, de nombreux chercheurs, encore inaperçus du grand public, se sont mis à l'ouvrage. Dans leur solitude, ils travaillent pour nous; pour un idéal, et pour une oeuvre historique.
ou
Tout pouvoir suppose toujours le consentement de ceux qui s'inclinent et obéissent. L'ennemi du dehors n'établit son empire qu'en s'appuyant sur l'ennemi du dedans. C'est donc là qu'il faut livrer bataille. «L'histoire ne dispensera jamais les hommes de la vaillance et de la noblesse individuelle.» La liberté à l'oeuvre dans l'histoire est toujours d'abord une liberté de l'esprit. La servitude est toujours une démission de l'esprit, et celle-ci s'insinue comme un poison mauvais, et discret, par cette lassitude, cette indifférence, cette peur.
C'est surprenant comment les mots de Vincent Peillon (en bleu) peuvent évoquer un écho de l'idéalisme allemand du XIXe siècle, et alors que lui-même fait part de son accord avec un Edgar Quinet par exemple, lequel était un contemporain de cette grande époque de la philosophie outre-Rhin.
Ainsi :
La morale est maintenant quelque chose qu'on invente également, et non quelque chose que l'on trouve; la morale n'est pas un ensemble de propositions correspondant à certains faits découvrables dans la nature. De fait, la nature n'a rien à voir à l'affaire; la nature, pour Kant, pour Fichte, n'est qu'un amas de matière inerte auquel on impose sa volonté.
Nous sommes désormais bien loin assurément de l'idée de copier la nature, de suivre la nature - naturam sequi - d'être comme la nature. Maintenant, au contraire, on moule la nature, on la transforme; la nature est un défi, la nature n'est qu'une matière première. S'il en est ainsi, si la morale consiste à projeter son être d'une manière ou d'une autre, alors il se peut que l'activité politique soit également une forme de projection de soi - Isaiah Berlin; à propos de la philosophie de Fichte
Et
Quelque chose se passe dans le monde des idées, quelque chose de neuf. Ce neuf, ce vivant, se donne dans la forme du retour. Mais c'est toujours ainsi que progresse l'histoire et que l'avenir s'enfante. Car il appartient à chaque temps, à chaque génération, de s'engendrer dans son présent, de conjoindre la novation à une tradition nouvelle et à un nouveau récit. Telle est la condition des mortels, telle est notre condition historique. Nous n'avons pas le choix. Ce qui suppose de briser quelques dogmes, et de renverser quelques idôles. - V. Peillon
***
En faisant de la volonté, et non plus la raison, la clé de voûte du système, ils donnèrent naissance à cette idée de la liberté qui n'est pas l'idée de non-ingérence, l'idée de laisser à chaque homme la possibilité de choisir, mais l'idée d'expression de soi, l'idée de s'imposer à son environnement, l'idée de la liberté comme élimination des obstacles rencontrés.
versus
Un travail en profondeur s'impose à nous, comme une plongée aux sources vives, et déjà, nous l'avons vu, de nombreux chercheurs, encore inaperçus du grand public, se sont mis à l'ouvrage. Dans leur solitude, ils travaillent pour nous; pour un idéal, et pour une oeuvre historique.
ou
Tout pouvoir suppose toujours le consentement de ceux qui s'inclinent et obéissent. L'ennemi du dehors n'établit son empire qu'en s'appuyant sur l'ennemi du dedans. C'est donc là qu'il faut livrer bataille. «L'histoire ne dispensera jamais les hommes de la vaillance et de la noblesse individuelle.» La liberté à l'oeuvre dans l'histoire est toujours d'abord une liberté de l'esprit. La servitude est toujours une démission de l'esprit, et celle-ci s'insinue comme un poison mauvais, et discret, par cette lassitude, cette indifférence, cette peur.
C'est surprenant comment les mots de Vincent Peillon (en bleu) peuvent évoquer un écho de l'idéalisme allemand du XIXe siècle, et alors que lui-même fait part de son accord avec un Edgar Quinet par exemple, lequel était un contemporain de cette grande époque de la philosophie outre-Rhin.
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Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
Enfin, je suis allé vérifier chez Jules Michelet. J'ai eu la surprise de découvrir que Michelet disait finalement la même chose que Quinet, autrement dit que Vincent Peillon s'accorderait tant avec le premier ici qu'avec Michelet sur un point principal. C'est au livre XIV de son Histoire de la Révolution française.
Voici :
Dans la préface à l'édition de 1869 que Michelet ajoute et qu'il intitule Le Tyran :
ou
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/c ... e_1793.jpg
«En présence de l'Être suprême ...»
http://www.youtube.com/watch?v=hrOnmWXiC0s
Yannick Bosc - colloque Henri Guillemin, 2013 («... l'avocat des pauvres ...»)
Voici :
Dans la préface à l'édition de 1869 que Michelet ajoute et qu'il intitule Le Tyran :
ou
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/c ... e_1793.jpg
«En présence de l'Être suprême ...»
http://www.youtube.com/watch?v=hrOnmWXiC0s
Yannick Bosc - colloque Henri Guillemin, 2013 («... l'avocat des pauvres ...»)
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Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
Je donnerai la référence à la fin.
Pour ajouter à la critique :
Une question obscure : le rôle de franc-maçonnerie
Divers dans leurs tendances, et même divergents sur plusieurs points, les "Philosophes" n'en constituaient pas moins une sorte de société amicale où les relations étaient constantes, où l'on échangeait des visites et une énorme correspondance, où l'on se disputait parfois, tel Rousseau avec Hume et Voltaire, mais où les confrontations d'idées étaient extrêmement abondantes et fécondes. Une Europe des grands esprits, des esprits qui se voulaient "libres", existait alors, dont le français était la langue usuelle, - Rivarol en exaltait l'universalité - , et où s'élaborait une pensée moyenne, résolument moderne [...]
Les Mirabeau, les Roland, les Danton, les Saint-Just, les Robespierre furent sans discussion, les élèves des Philosophes. [...]
Faut-il aller plus loin et admettre que tout ce travail de sape accompli par les Philosophes a obéi a un plan concerté? qu'il y a eu un meneur de jeu qui a inspiré et coordonné leurs efforts, qu'en somme ils auraient été utilisés par des puissances secrètes, qui visaient à abattre le Trône et l'Autel? L'idée paraît, au premier abord, très peu admissible, l'évolution logique des idées depuis la Renaissance suffisant à expliquer Voltaire, Diderot et les autres. Cependant, l'hypothèse d'un grand complot a été avancée dès l'époque même.
Revenant, en 1782, du congrès de Whillemsbart où les francs-maçons "illuminés" avaient triomphé de ceux de la stricte observance, Henry de Virieu répondait à un ami qui lui demandait quels secrets il avait rapportés :"Tout ceci est autrement sérieux que vous ne pensez. La conspiration est si bien ourdie, qu'il sera pour ainsi dire impossible à la Monarchie et à l'Église d'y échapper." C'est une conviction analogue que Schlegel, professeur d'histoire à Vienne, exprimera en 1827, après la tourmente :"On peut se demander si ces événements n'ont pas été préparés d'avance, et dans le secret." Entre-temps, en 1797, à Londres, où il s'était réfugié, l'ex-jésuite Barruel, grand spécialiste de la polémique anti-Philosophe, avait publié ses Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme, véritable pamphlet, où il avait désigné le meneur du jeu infernal, la puissance qui avait tout prévu, médité, constitué, résolu, statué, tout jusqu'aux forfaits les plus épouvantables ; la franc-maçonnerie.
[...]
En France, la première Loge fut celle dite "Au Louis d'Argent", fondée en 1732 à Paris, par des affiliés de la franc-maçonnerie anglaise, bientôt suivie par celle de "Saint-Thomas", dont les animateurs étaient des officiers stuartistes, c'est à dire rattachés à la franc-maçonnerie écossaise. Les règles d'admission et de conduite étant encore très floues, les deux mouvements se développèrent parallèlement, avec une tendance très nette - le règne de Louis XV ne prêtant pas aux austérités extrêmes - à faire des Loges de simples groupements de bons vivants. L'Écossais Michel Ramsay, un ancien converti de Fénélon, passé au déisme, s'employa à la réorganiser. Après bien des efforts, poursuivis par plusieurs hauts dignitaires, d'Antin, Choiseul, Montmorency, on parvint en 1773 à une unification disciplinaire au moins théorique, en une Grande Loge nationale, indépendante de celle d'Angleterre, dirigée par l'Assemblée des "Vénérables" dite Grand Orient, et dont le Grand Maître fut Louis-Pilippe d'Orléans, duc de Chartres, cousin du roi Louis XVI, le futur "Philippe Égalité".
Le succès du mouvement fut très vif : la présence de tels personnages à sa tête le prouve. Sans atteindre de grandes masses - ils ne furent pas plus de trente mille au maximum - recrutés dans les milieux riches, dirigeants "éclairés", les franc-maçons français exercèrent un incontestable attrait.
(à suivre)
Pour ajouter à la critique :
Une question obscure : le rôle de franc-maçonnerie
Divers dans leurs tendances, et même divergents sur plusieurs points, les "Philosophes" n'en constituaient pas moins une sorte de société amicale où les relations étaient constantes, où l'on échangeait des visites et une énorme correspondance, où l'on se disputait parfois, tel Rousseau avec Hume et Voltaire, mais où les confrontations d'idées étaient extrêmement abondantes et fécondes. Une Europe des grands esprits, des esprits qui se voulaient "libres", existait alors, dont le français était la langue usuelle, - Rivarol en exaltait l'universalité - , et où s'élaborait une pensée moyenne, résolument moderne [...]
Les Mirabeau, les Roland, les Danton, les Saint-Just, les Robespierre furent sans discussion, les élèves des Philosophes. [...]
Faut-il aller plus loin et admettre que tout ce travail de sape accompli par les Philosophes a obéi a un plan concerté? qu'il y a eu un meneur de jeu qui a inspiré et coordonné leurs efforts, qu'en somme ils auraient été utilisés par des puissances secrètes, qui visaient à abattre le Trône et l'Autel? L'idée paraît, au premier abord, très peu admissible, l'évolution logique des idées depuis la Renaissance suffisant à expliquer Voltaire, Diderot et les autres. Cependant, l'hypothèse d'un grand complot a été avancée dès l'époque même.
Revenant, en 1782, du congrès de Whillemsbart où les francs-maçons "illuminés" avaient triomphé de ceux de la stricte observance, Henry de Virieu répondait à un ami qui lui demandait quels secrets il avait rapportés :"Tout ceci est autrement sérieux que vous ne pensez. La conspiration est si bien ourdie, qu'il sera pour ainsi dire impossible à la Monarchie et à l'Église d'y échapper." C'est une conviction analogue que Schlegel, professeur d'histoire à Vienne, exprimera en 1827, après la tourmente :"On peut se demander si ces événements n'ont pas été préparés d'avance, et dans le secret." Entre-temps, en 1797, à Londres, où il s'était réfugié, l'ex-jésuite Barruel, grand spécialiste de la polémique anti-Philosophe, avait publié ses Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme, véritable pamphlet, où il avait désigné le meneur du jeu infernal, la puissance qui avait tout prévu, médité, constitué, résolu, statué, tout jusqu'aux forfaits les plus épouvantables ; la franc-maçonnerie.
[...]
En France, la première Loge fut celle dite "Au Louis d'Argent", fondée en 1732 à Paris, par des affiliés de la franc-maçonnerie anglaise, bientôt suivie par celle de "Saint-Thomas", dont les animateurs étaient des officiers stuartistes, c'est à dire rattachés à la franc-maçonnerie écossaise. Les règles d'admission et de conduite étant encore très floues, les deux mouvements se développèrent parallèlement, avec une tendance très nette - le règne de Louis XV ne prêtant pas aux austérités extrêmes - à faire des Loges de simples groupements de bons vivants. L'Écossais Michel Ramsay, un ancien converti de Fénélon, passé au déisme, s'employa à la réorganiser. Après bien des efforts, poursuivis par plusieurs hauts dignitaires, d'Antin, Choiseul, Montmorency, on parvint en 1773 à une unification disciplinaire au moins théorique, en une Grande Loge nationale, indépendante de celle d'Angleterre, dirigée par l'Assemblée des "Vénérables" dite Grand Orient, et dont le Grand Maître fut Louis-Pilippe d'Orléans, duc de Chartres, cousin du roi Louis XVI, le futur "Philippe Égalité".
Le succès du mouvement fut très vif : la présence de tels personnages à sa tête le prouve. Sans atteindre de grandes masses - ils ne furent pas plus de trente mille au maximum - recrutés dans les milieux riches, dirigeants "éclairés", les franc-maçons français exercèrent un incontestable attrait.
(à suivre)
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- Conviction : catholique perplexe
Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
Était-elle alors antichrétienne? Depuis bientôt deux siècle, on n'a pas cessé d'en discuter.
Un fait est irrécusable : les Loges comptèrent un très grand nombre d'ecclésiastiques . Ils bénéficièrent même du privilège d'être admis sans enquête d'honorabilité, leur profession "répondant pour eux". A Caudebec, sur vingt-quatre membres la Loge contenait quinze prêtres. A Sens, vingt sur cinquante. Des chanoines, des curés étaient "Vénérables"; les Cisterciens de Clairvaux avaient même une Loge dans leur couvent! Saurine, futur évêque de Strasbourg sous Napoléon, était un des membres dirigeants du Grand Orient. En avançant que le quart des franc-maçons français vers 1789, était d'Église, on ne doit pas être bien loin de la vérité, et il n'y a aucune raison de penser que tous aient été, ou cru être, de mauvais catholiques. Tout au contraire, très nombreux devaient être ceux qui ne voyaient aucune incompatibilité entre leur foi et leur appartenance maçonne, et même qui tenaient la franc-maçonnerie pour une force à utiliser au service de la religion.
Tel était en Savoie, Joseph de Maistre, orateur de la Loge à Chambéry, qui rêvait de créer dans la maçonnerie un état-major secret qui eût fait du mouvement une armée pontificale au service d'une théocratie universelle.
Cependant l'Église prit, très vite, position contre la franc-maçonnerie. Les Jésuites furent les premiers à s'inquiéter de cette société secrète, qui échappait à tout contrôle de l'Église, et à interdire à leurs membres d'y adhérer. Alertée par eux, l'autorité laïque sévit même contre eux de temps en temps. Des évêques approuvèrent publiquement les curés qui refusaient les sacrements ou la sépulture en lieu saint à des francs-maçons notoires; il est vrai que d'autres se gaussaient de ces mesures, tenant les francs-maçons pour inoffensifs.
En 1738, par la bulle In eminenti le pape Clément XII condamna catégoriquement la franc-maçonnerie et, treize ans plus tard, par la bulle Providas Romanorum, Benoit XIV renouvela les défenses de son prédécesseur.
En fait cette condamnation eut très peu d'influence. Les Gallicans de France s'arrangèrent pour que les bulles ne fussent pas publiées dans le Royaume; on n'a pas retrouvé dans les archives des Loges une seule lettre de démission de prêtre consécutive aux mesures romaines. Il n'y eut que quelques mesures répressives en Irlande, dans l'Ordre souverain de Malte et en Italie; mais à Rome même, les maçons continuèrent de se réunir "en se cachant à peine", disait l'un d'eux. Ce qui signifie pas seulement que l'autorité des Souverains Pontifes avait beaucoup diminué, mais aussi que l'opinion publique, et celle des maçons eux-mêmes, ne tenait pas le mouvement pour antichrétien.
L'était-il donc?
Formellement non, ou très peu. Il est très rare de trouver dans les textes maçons du XVIIIe siècle - sauf dans l'illuminisme allemand - des attaques violentes contre les prêtres, les dogmes ou la foi. En revanche, l'on y trouve beaucoup de déclarations fort pieuses, témoignant de grandes dévotions à la messe, aux saints, à la Vierge. On a même pu soutenir que loin d'être anti-religieuse, la franc-maçonnerie du XVIIIe siècle avait été crypto-religieuse, qu'elle avait réintroduit des notions que l'on croyait mortes, de Dieu, de l'Au-delà, de la prière; qu'elle avait préparé le terrain pour un renouveau de la foi.
C'est là jouer sur les mots. Car si l'on considère d'un peu près la "religion" des franc-maçons, on a tôt fait de constater qu'il ne s'agit en rien d'une religion établie et dogmatique. Les règles formulées dès les origines sont sur ce point on ne peut plus formelles. Laissant à chacun des maçons ses croyances particulières, on trouve à propos de les obliger seulement à suivre la religion sur laquelle tous les hommes sont d'accord : elle consiste à être bons, sincères, modestes et gens d'honneur, quelle que soit la dénomination religieuse qui vous désigne. C'est tout à fait clair : la religion franc-maçonne est la religion naturelle, débarrassée des dogmes, des rites et des symboles du christianisme (la secte en établissait d'autres cependant ...) fondée sur un déisme où l'existence du "Grand Architecte" est reconnue, mais où on ne lui reconnaît aucun droit d'intervention dans la vie spirituelle et morale , et où son action s'identifie à la raison. C'est à dire, substantiellement, la doctrine même des Philosophes. Il est donc hors de doute que l'Église a été non seulement dans son droit en condamnant la franc-maçonnerie, mais que, ce faisant, elle obéissait à un devoir.
(à suivre)
Un fait est irrécusable : les Loges comptèrent un très grand nombre d'ecclésiastiques . Ils bénéficièrent même du privilège d'être admis sans enquête d'honorabilité, leur profession "répondant pour eux". A Caudebec, sur vingt-quatre membres la Loge contenait quinze prêtres. A Sens, vingt sur cinquante. Des chanoines, des curés étaient "Vénérables"; les Cisterciens de Clairvaux avaient même une Loge dans leur couvent! Saurine, futur évêque de Strasbourg sous Napoléon, était un des membres dirigeants du Grand Orient. En avançant que le quart des franc-maçons français vers 1789, était d'Église, on ne doit pas être bien loin de la vérité, et il n'y a aucune raison de penser que tous aient été, ou cru être, de mauvais catholiques. Tout au contraire, très nombreux devaient être ceux qui ne voyaient aucune incompatibilité entre leur foi et leur appartenance maçonne, et même qui tenaient la franc-maçonnerie pour une force à utiliser au service de la religion.
Tel était en Savoie, Joseph de Maistre, orateur de la Loge à Chambéry, qui rêvait de créer dans la maçonnerie un état-major secret qui eût fait du mouvement une armée pontificale au service d'une théocratie universelle.
Cependant l'Église prit, très vite, position contre la franc-maçonnerie. Les Jésuites furent les premiers à s'inquiéter de cette société secrète, qui échappait à tout contrôle de l'Église, et à interdire à leurs membres d'y adhérer. Alertée par eux, l'autorité laïque sévit même contre eux de temps en temps. Des évêques approuvèrent publiquement les curés qui refusaient les sacrements ou la sépulture en lieu saint à des francs-maçons notoires; il est vrai que d'autres se gaussaient de ces mesures, tenant les francs-maçons pour inoffensifs.
En 1738, par la bulle In eminenti le pape Clément XII condamna catégoriquement la franc-maçonnerie et, treize ans plus tard, par la bulle Providas Romanorum, Benoit XIV renouvela les défenses de son prédécesseur.
En fait cette condamnation eut très peu d'influence. Les Gallicans de France s'arrangèrent pour que les bulles ne fussent pas publiées dans le Royaume; on n'a pas retrouvé dans les archives des Loges une seule lettre de démission de prêtre consécutive aux mesures romaines. Il n'y eut que quelques mesures répressives en Irlande, dans l'Ordre souverain de Malte et en Italie; mais à Rome même, les maçons continuèrent de se réunir "en se cachant à peine", disait l'un d'eux. Ce qui signifie pas seulement que l'autorité des Souverains Pontifes avait beaucoup diminué, mais aussi que l'opinion publique, et celle des maçons eux-mêmes, ne tenait pas le mouvement pour antichrétien.
L'était-il donc?
Formellement non, ou très peu. Il est très rare de trouver dans les textes maçons du XVIIIe siècle - sauf dans l'illuminisme allemand - des attaques violentes contre les prêtres, les dogmes ou la foi. En revanche, l'on y trouve beaucoup de déclarations fort pieuses, témoignant de grandes dévotions à la messe, aux saints, à la Vierge. On a même pu soutenir que loin d'être anti-religieuse, la franc-maçonnerie du XVIIIe siècle avait été crypto-religieuse, qu'elle avait réintroduit des notions que l'on croyait mortes, de Dieu, de l'Au-delà, de la prière; qu'elle avait préparé le terrain pour un renouveau de la foi.
C'est là jouer sur les mots. Car si l'on considère d'un peu près la "religion" des franc-maçons, on a tôt fait de constater qu'il ne s'agit en rien d'une religion établie et dogmatique. Les règles formulées dès les origines sont sur ce point on ne peut plus formelles. Laissant à chacun des maçons ses croyances particulières, on trouve à propos de les obliger seulement à suivre la religion sur laquelle tous les hommes sont d'accord : elle consiste à être bons, sincères, modestes et gens d'honneur, quelle que soit la dénomination religieuse qui vous désigne. C'est tout à fait clair : la religion franc-maçonne est la religion naturelle, débarrassée des dogmes, des rites et des symboles du christianisme (la secte en établissait d'autres cependant ...) fondée sur un déisme où l'existence du "Grand Architecte" est reconnue, mais où on ne lui reconnaît aucun droit d'intervention dans la vie spirituelle et morale , et où son action s'identifie à la raison. C'est à dire, substantiellement, la doctrine même des Philosophes. Il est donc hors de doute que l'Église a été non seulement dans son droit en condamnant la franc-maçonnerie, mais que, ce faisant, elle obéissait à un devoir.
(à suivre)
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Re: Officiel, Peillon veut tuer l'Eglise catholique
Est-ce à dire que la franc-maçonnerie ait été vraiment le chef de file du mouvement antichrétien? C'est peu probable : elle comptait dans son sein trop de catholiques fidèles pour que, d'ensemble, elle jouât ce rôle, mais ce qui est infiniment plus admissible, c'est qu'à l'intérieur des Loges, pénétrèrent les éléments les plus actifs du parti philosophique. A la loge parisienne des "Neuf Soeurs" on rencontrait l'élite intellectuelle avancée : Condorcet, Lacépède, Parny, Greuze, Houdon et, le 7 août 1778, Voltaire y fit son entrée, donnant le bras à Benjamin Franklin, parmi un concert d'acclamations.
Dans quelle mesure ces maçons philosophes entraînèrent-ils tout le mouvement vers l'irreligion? Il est bien difficile de le dire. Ce qui est probable, c'est que la plupart des franc-maçons ne se rendirent pas bien compte des tendances réelles des penseurs les plus actifs de leur secte, ni en religion, ni, bien entendu, en politique, où la très grande majorité d'entre eux ne songeaient guère à faire une révolution.
Ce qui est certain c'est que la maçonnerie, organisation centralisée qui avait des ramifications dans toute la France, dans toute l'Europe, put jouer un rôle très important dans l'¸expansion des idées nouvelles. L'histoire a beaucoup de mal à croire en un complot, dont l'action, s'Il a existé, n'a pu être que bien peu de choses à côté des forces démiurgiques qui allaient entrer en jeu dans la Révolution. Le "complot maçonnique" doit être mis à côté du "complot jésuite" dont on évoque périodiquement le spectre.
Mais il n'en reste pas moins sûr qu'en dépit de certaines de ses tendances et de certains de ses membres, la franc-maçonnerie a été un des agents de la crise antichrétienne, un des acteurs de la grande rébellion.
Source : Daniel-Rops, "L'ère des grands craquements" dans L'Église des temps classiques, Paris, Fayard, coll. "Les grandes études historiques", 1958, pp. 77-83
Dans quelle mesure ces maçons philosophes entraînèrent-ils tout le mouvement vers l'irreligion? Il est bien difficile de le dire. Ce qui est probable, c'est que la plupart des franc-maçons ne se rendirent pas bien compte des tendances réelles des penseurs les plus actifs de leur secte, ni en religion, ni, bien entendu, en politique, où la très grande majorité d'entre eux ne songeaient guère à faire une révolution.
Ce qui est certain c'est que la maçonnerie, organisation centralisée qui avait des ramifications dans toute la France, dans toute l'Europe, put jouer un rôle très important dans l'¸expansion des idées nouvelles. L'histoire a beaucoup de mal à croire en un complot, dont l'action, s'Il a existé, n'a pu être que bien peu de choses à côté des forces démiurgiques qui allaient entrer en jeu dans la Révolution. Le "complot maçonnique" doit être mis à côté du "complot jésuite" dont on évoque périodiquement le spectre.
Mais il n'en reste pas moins sûr qu'en dépit de certaines de ses tendances et de certains de ses membres, la franc-maçonnerie a été un des agents de la crise antichrétienne, un des acteurs de la grande rébellion.
Source : Daniel-Rops, "L'ère des grands craquements" dans L'Église des temps classiques, Paris, Fayard, coll. "Les grandes études historiques", 1958, pp. 77-83
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