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par Peccator » mar. 11 mars 2014, 16:58
La question de la fiabilité est plus complexe que cela : une traduction très proche du texte n'est pas forcément celle qui permet le mieux de comprendre ce que dit le texte.
Si on veut rester très proche du texte, les traductions les plus proches sont probablement les interlinéaires : on est sur le mot à mot. Ou très proche de l'interlinéaire, la traduction des évangiles par soeur Jeanne d'Arc.
Mais un interlinéaire, c'est difficile à lire (surtout pour l'hébreu, puisque la phrase est à l'envers !), et on y retrouve toute les tournures de phrases propres à la langue d'origine, et pas forcément bien connues du lecteur (en gros, pour bien comprendre un interlinéaire grec, il faudrait parler grec...). C'est un outil destiné à l'étude serrée du texte, pas à la lecture directe, ni même à toute étude.
En plus lisible, mais toujours cherchant à coller au texte, on trouve certainement ensuite Osty (catholique) et Darby (protestante).
Puis Jérusalem, TOB, et probablement dans ce groupe faut-il aussi mettre la Nouvelle Traduction Liturgique. En édition protestante, je pense que c'est dans ce groupe qu'il faudrait classer Segond.
Enfin, il y a les traductions destinées avant tout à comprendre le sens, telles que la Bible en Français Courant, la Bible des Peuples, etc. A leur manière, elles sont aussi très fiables, puisqu'elles cherchent à permettre au lecteur de comprendre ce que dit le texte, sans barrière de langage. J'utilise fréquemment la Bible Expliquée, qui est une édition annotée de la Bible en Français Courant.
Et puis il faut aussi se poser d'autres questions. Par exemple, comment traduire les passages poétiques ? Un mot à mot, ou même une traduction très proche du texte d'origine, traduit certes les mots, mais au détriment de la musicalité propre au poème. Une traduction en alexandrins, beaucoup plus éloignée du texte d'origine (y compris dans la métrique utilisée) restitue peut-être mieux l'effet poétique ressenti à la lecture : si on lit un poème comme de la prose, on manque quelque chose...
Enfin, on s'imagine aussi facilement que plus le texte est proche du "texte d'origine", plus il est fiable. Mais on oublie de se poser une question importante : quel texte d'origine ? Non seulement il y a des variantes entre les manuscrits (et choisir entre ces variantes est le travail de l'édition critique), mais il y a beaucoup plus important que cela : on se dit naïvement que l'Ancien Testament doit être traduit à partir de l'hébreu (suivant en cela la tradition de St Jérôme). Mais les évangélistes citent fréquemment l'AT dans sa traduction de la Septante, qui présente des écarts notables avec le texte massorétique. Alors, pour lire et étudier le NT, quel texte est-il le plus fiable pour l'AT ? Une traduction de l'hébreu, ou une traduction de la Septante ?
C'est un des détails que j'apprécie chez Osty : il traduit l'AT à partir de l'hébreu, mais indique en note quand un évangéliste cite à partir de la Septante.
Quant au nombre de livres, il me semble que la question ne se pose pas : un catholique doit se référer à une traduction catholique, comprenant l'intégralité des livres au canon retenu par l'Eglise. Si on veut comparer des traductions, on peut en outre jeter un oeil dans une traduction protestante. Mais certainement pas l'utiliser comme texte de référence.
L'ordre des livres n'est pas fixé par le canon, et c'est simplement une question d'habitude pour s'y retrouver rapidement.
Et, quoiqu'il en soit, pour des études bibliques, il faut une édition "grand format" avec l'intégralité des notes. Classiquement, on recommande BJ, TOB et Osty.
Personnellement, plus je l'utilise, plus j'apprécie Osty, autant d'ailleurs pour ses notes que pour sa traduction. Mais j'utilise aussi couramment BJ, TOB, BFC (dans son édition annotée "La Bible Expliquée"), Bible des Peuples, et je jette souvent un oeil à Darby, ainsi qu'au texte grec et à la Vulgate. J'aime bien aller lire les notes de la Fillion, aussi (mais pas trop sa traduction, beaucoup trop ancienne).
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36