La complémentarité des lectures chrétiennes et juives de l'Écriture

« Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. » (Lc 24.45)
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etienne lorant
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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par etienne lorant » dim. 09 déc. 2012, 16:15

J'en suis convaincu. Je me souviens que Julien Green, après sa conversion du protestantisme au catholicisme, s'était mis carrément à apprendre l'hébreu, afin d'enrichir sa perception du Seigneur.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par Pneumatis » mar. 14 mai 2013, 12:49

OlivierT a écrit :Devant une certaine opacité du Premier Testament, je me suis mis en tête de l'approcher avec l'aide des commentaires de nos frères Juifs.
Je dois avouer que cela dépasse totalement ce à quoi je m'attendais.
Une première approche semble compliquée, une seconde passionnante.
J'étais à mille lieues d'imaginer le caractère existentiel de ce que renferme les récits bibliques de "la Torah". L'hébreu lui-même est d'une richesse immense, le symbolisme de ses caractères, la construction des mots, tout nous renvoie au plus profond de nous-mêmes.
Amis, pourquoi l'étude du Premier Testament est-elle si ignorée en nos rangs de Chrétiens?
Je vous invite vraiment à vous pencher sérieusement sur les commentaires de quelques rabbins, même contemporains.
Voilà, c'était juste une petite expérience que je tenais à partager avec vous.
Bonjour,

Je partage résolument cette démarche, et cette appréciation de l'état de notre rapport aux Ecritures. Réagissant à un propos d'actualité, j'ai d'ailleurs écrit un article sur le sujet, et c'est pourquoi je me permets de faire remonter ce fil de discussion. Mon article est à lire sur Aleteia, ici : :arrow: Le cardinal Koch évoque « la position délicate des catholiques quant à l’évangélisation des juifs ».

Je me permets de vous en citer un passage :
L’évolution des relations de l’Eglise Catholique avec le judaïsme comporte en effet de forts enjeux théologiques, en particulier pour sortir de plusieurs siècles de ce qui a été délicatement appelé antijudaïsme théologique, et qui s’exprime encore assez largement sous la notion de « théologie de la substitution ». [...]

Si en 2004, Mgr Francis Deniau, évêque de Nevers, disait que « Aujourd'hui, l'Église a répudié toute « théologie de la substitution » et reconnaît l'élection actuelle du peuple juif », cette audacieuse et salvifique entreprise spirituelle reste difficile et lente à faire connaitre. [...]

Les conséquences de cette nouvelle théologie qui nous conduit à considérer le peuple juif comme un témoin toujours vivant de la première alliance, à l’instar des chrétiens qui sont témoins vivants de la nouvelle (et qui reste malgré tout l’unique voie ultime de salut), a des répercutions pastorales qui ne sont pas évidentes à gérer. Comme l’indique le cardinal Koch dans son entretien pour l’AED, la légitimité de l’état d’Israël comme terre promise au peuple juif est plutôt difficile à accueillir pour les chrétiens de terre sainte, qui l’ont vécu comme une injustice, et plus particulièrement pour les palestiniens, comme une catastrophe. [...]

Mais au-delà de ces difficultés pastorales et politiques, il y a un autre enjeu capital pour les chrétiens dans cette réforme théologique, qui est celle de l’annonce, et avant cela, de la réception de la Parole de Dieu. Longtemps les chrétiens se sont éloignés de la culture qui leur permet de comprendre la Torah et les Prophètes qui font pourtant partie de leur canon des Ecritures, et par là, se sont coupés de précieuses clefs de compréhension du message évangélique.

[...]
Bien à vous,
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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par etienne lorant » mar. 14 mai 2013, 13:52

OlivierT a écrit : Je vous invite vraiment à vous pencher sérieusement sur les commentaires de quelques rabbins, même contemporains.
Voilà, c'était juste une petite expérience que je tenais à partager avec vous.
Oui, c'est très intéressant. A plusieurs points de vue, d'ailleurs: l'absence de voyelles, qui permet de "souffler" différentes définitions aux mots, et donc des interprétations qui vont dans toutes les directions. Le Premier Testament est ignoré de nombreux catholiques ? Ils ont tort, car dit Jésus: "le salut vient des Juifs". Et Jésus n'arrête pas de citer les Ecritures. J'aime beaucoup l'Ecclésiastique - et l'Ecclésiaste également.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par OlivierT » ven. 19 juil. 2013, 1:57

Vraiment mes amis, je vous invite à acquérir "la Voix de la Thora", d'Elie Munk. J'en tire le meilleur profit pour éveiller ma réflexion.
Cela n'altère en rien l'éveil de ma conscience à la lecture des Evangiles. Que du contraire.
Il n'y a aucun mal à essayer l'exercice.

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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par mike.adoo » jeu. 08 août 2013, 11:19

OlivierT a écrit : Amis, pourquoi l'étude du Premier Testament est-elle si ignorée en nos rangs de Chrétiens?
Je vous invite vraiment à vous pencher sérieusement sur les commentaires de quelques rabbins, même contemporains.
Bonjour Olivier

Beaucoup de chrétiens connaissent mal la Bible en général . C'est le reproche que nous font les Témoins de Jehovah .
Pour autant , beaucoup de chrétiens s'intéressent à l'Ancien Testament . Je donne un exemple qui montre l'importance de cette démarche .
Tout le monde connaît cette phrase tirée du Coran :
Sourate 5, 32 : " […] Celui qui tue un homme, c’est comme s’il tuait toute l’humanité. De même celui qui le sauve, c’est comme s’il sauvait tout le genre humain […]

Citation profonde et originale ... Voire !

Il se trouve que je regarde ( régulièrement ) les émissions religieuses du dimanche matin ... et surtout celles de Josy Eisenberg ( que je salue au passage ) .
Un matin , donc , il fut question de Caïn et de son frère Abel ...

Et comme ils étaient dans la campagne, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua. Yahvé dit à Caïn :
— “Où est ton frère Abel ?”
Celui-ci répondit :
— “Je n’en sais rien ; suis-je le gardien de mon frère ?”
Il dit :
— “Qu’as-tu fait ? Un cri monte du sol vers moi, c’est le sang de ton frère !
(Gen 4,8-10 )

J'ai appris ce jour là que le mot " sang " dans la version originale en hébreu , est écrit au pluriel . Dès lors , il ne s'agit plus du sang d'Abel mais aussi de sa descendance potentielle .
Mathématiquement et virtuellement , a l'heure du crime , Caïn avait tué le quart de l'humanité . Ce que j'ai appris , les anciens le savaient déjà et la sourate en question y perd de son originalité .

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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par p.cristian » sam. 17 août 2013, 14:39

Sur cette citation du Coran et son interprétation depuis la génèse, on trouve cela dans la Mishna Sanhédrin, un texte de nature légale qui aurait été complété au 2ème siècle avant J.C. si je comprends bien.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sanh%C3%A9 ... t%C3%A9%29
http://www.on1foot.org/text/mishna-sanhedrin-45
http://www.jewishvirtuallibrary.org/jso ... drin4.html
N.B. le P. de mon pseudo ne veut pas dire "père".

Tout ce que vous voudriez que les hommes fassent pour vous, vous aussi, faites-le de même pour eux, car c'est ce qu'enseignent la loi et les prophètes.

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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par Phileas Fogg » dim. 18 août 2013, 12:36

* Quant à la conversion des juifs l'Eglise est claire :

« Prions aussi pour les juifs. Que notre Dieu et Seigneur illumine leurs cœurs, pour qu'ils reconnaissent Jésus Christ comme sauveur de tous les hommes.
Dieu éternel et tout-puissant, qui veux que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, accorde, dans ta bonté, que, la plénitude des nations étant entrée dans ton Église, tout Israël soit sauvé. Par le Christ notre Seigneur. Amen ».

On y trouve exactement les deux vérités qu'expose Suliko :
1. le Christ est le Messie
2. tous ne l'accepteront pas, et parmi ceux là des juifs dont la conversion est un des signes de la fin des temps.

* Concernant l'apport du judaisme :

Cela pouvait être vrai dans les premiers siecles, et c'est justement ce qu'ont fait les père de l'Eglise qui ont recueilli le savoir juif encore présent, comme St Jérôme pour la Vulgate qui est ainsi bien plus riche que d'autres textes dits "originaux".

Mais 1500 ans après non seulement les juifs actuels ne sont que douteusement les descendants des tribus juives de l'Ancien Testament - ce que les antisémites ne comprennent pas - mais la religion rabbinique contemporaine n'est certainement pas la plus à même de nous parler du judaisme d'il y a deux mille ans.

Les textes rabbiniques non seulement sont postérieurs et recomposés y compris le principal : le texte même de la Bible massorétique, mais transmettent des commentaires tellement elucubrants que le doute est jetté même sur ce qu'ils pourraient contenir de transmission orales authentiques.

N'importe quel travail sérieux d'exegéte, de théologie ou d'archéologue - chrétien ou non du reste - vous apprendra ce qui est utile de savoir sur le contexte de sa naissance pour comprendre le message évangélique. Les pères de l'Eglises eux vous donneront le sens du message, St Bernand que vous citez est tres fort à ce jeu et ses textes sont un vrai feu d'artifice de citations expliquées et mises en perspectives.

Je n'ai jamais vu, du temps que je frequentais de loin ce milieu d'exegetes, que le fait d'être juif donnât une supériorité sur la compréhension des Ecritures.
Certaine reflexion du Talmud, comme telle autre d'un Rabbin contemporain, peut être excellente, comme peut l'être toute reflexion de qui étudie la question. Toute vérité vient du St Esprit.

bon dimanche
ΦΧΦΠ

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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par Toto » dim. 18 août 2013, 14:59

Suliko et Phileas Fogg ont répondu mieux que je n'aurais su le faire.
Et effectivement, je ne néglige absolument pas l'étude de l'Ancien testament (j'avais même en son temps suivi un cours au service d'information et de documentation judéo-chrétien).

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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par Pneumatis » lun. 19 août 2013, 13:16

Bonjour à tous,

Quelques précisions quant à mon précédent message :

- Je me suis permis de supposer que Toto s'accordait le droit de négliger l'ancien testament, dans la mesure où il a qualifier l'ancienne alliance dont il témoigne de "négligeable au regard de la nouvelle".

- Je n'ai pas cité saint Bernard, mais saint Paul. Et j'ai évoqué saint Bernard sans le citer (et c'est malheureux, je m'en excuse), en ayant en tête une lettre écrite à son Pape dans laquelle il lui reproche de ne pas faire d'effort d'évangélisation, de ne pas faire connaitre et exhorter les chrétiens à faire connaitre au monde entier le message du Christ, en l'excusant toutefois pour ce qui concerne le monde juif, puisque pour eux un temps a été prévu par Dieu à la fin. Il est cité par Benoit XVI dans les termes suivants : « un temps précis a été déterminé pour eux, que l’on ne peut pas anticiper. Les païens doivent les précéder dans leur totalité ». Je l'avais déjà évoqué dans :arrow: un article que j'ai écrit il y a quelques mois, dans lequel vous trouverez les références. Cet article faisait suite et commentait les récentes déclarations du Cardinal Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, disant que l’Eglise, en matière d’évangélisation, ne se donne pas de « mission à l’intention des juifs, à l’inverse de certains groupes évangéliques ».

- Si bien qu'on accueille bien évidemment avec joie les juifs convertis à la foi au Christ, et en aucun cas on ne leur cache le message du Christ, mais on n'oublie pas qu'après la Pentecôte, les apôtres, Pierre, Paul et les autres, ont essentiellement proposé l'évangile aux païens et aux craignant-Dieu et prosélytes. L'Eglise de la circoncision dont parle le Nouveau Testament est d'ailleurs restée distincte de l'Eglise des nations, jusqu'à malheureusement disparaître totalement au bout de cinq siècle. Cette disparition, qui suppose une paganisation des juifs convertis au Christ (des judéo-chrétiens devenant pagano-chrétiens) n'a jamais, jamais, été impulsée par les apôtres, pour ce que nous en laisse voir le Nouveau Testament et son exégèse. Il faut bien relire les Actes des Apôtres pour s'en rendre compte.
Phileas Fogg a écrit :N'importe quel travail sérieux d'exegéte, de théologie ou d'archéologue - chrétien ou non du reste - vous apprendra ce qui est utile de savoir sur le contexte de sa naissance pour comprendre le message évangélique. Les pères de l'Eglises eux vous donneront le sens du message, St Bernand que vous citez est tres fort à ce jeu et ses textes sont un vrai feu d'artifice de citations expliquées et mises en perspectives.
Il me semble enfin que vous devriez actualiser vos connaissances en matière de science exégétique. Aujourd'hui, précisément, les découvertes vont croissantes dans le domaine des sources juives du christianisme, et permettent une compréhension nettement renouvelée de bien des aspects de la prédication de Jésus et de ses subtilités. Si ce courant exégétique a eu bien du mal à s'imposer, c'est en grande partie parce qu'il est étouffée depuis bientôt 200 ans par un courant mainstream d'exégèse exclusivement historico-critique, d'origine protestante, que Benoit XVI a d'ailleurs largement critiqué en commentant et mettant l'accent sur Dei Verbum et ses recommandations.

Pour dire d'ailleurs ce que vous dites sur les textes rabbiniques, il faut vraisemblablement que vous n'ayez jamais pris le temps d'ouvrir le Talmud. On ne voit d'ailleurs pas bien pourquoi l'importance du recours aux sources juives ne se serait imposée qu'à saint Jérôme, et qu'elle ne nous concerne pas.

Enfin, il faut évidemment distinguer ce qui relève de l'enseignement rabbinique actuel et ce qui est plus ancien. C'est pourquoi des pionniers des études du judaïsme, comme le cardinal Jean Daniélou pour les plus mainstream, mais aussi surtout le regretté Roger le Déaut, et à sa suite aujourd'hui des exégètes comme Charles Perrot, Michel Remaud, Pierre Lenhardt, Frédéric Manns, Matthieu Colin, et bien d'autres, ont appris à dater et mettre au jour ce que la tradition rabbinique a su conserver de la torah orale contemporaine de Jésus et des apôtres ; en particulier l'essentiel du targum palestinien de la Torah, traduit en français par Roger le Déaut (qui devrait enrichir toutes les éditions sérieuses de la Bible en regard de l'Ancien Testament, si on s'intéressait un peu à ce que le lecteur comprenne ce qu'il lit). C'est le cas aussi pour bon nombre de midrashim, dont justement les évangiles attestent de l'existence au temps des apôtres.

Bref, si aujourd'hui l'Eglise enseigne que nous avons à sortir de "la théologie de la substitution", peut-être devrions-nous nous laisser un peu interpeller et bousculer dans nos certitudes : le royaume de Dieu est semblable à un trésor dont on tire de l'ancien et du nouveau. N'empêchons pas le nouveau de jaillir en nous faisant une idée trop étriquée de ce qu'est l'ancien !

Bien à vous,
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Re: Nos frères Juifs

Message non lu par poche » mar. 20 août 2013, 8:58

Je suis d'accord nous devrions étudier le Old Testament. Mais nous devons l'étudier avec une compréhension catholique. Nous devons savoir ce que c'est que l'Église catholique enseigne. Une fois que nous sommes familiers avec ce que l'Église catholique enseigne alors nous pouvons lire ce que les rabbins ont à dire au sujet de l'Ancien Testament. Il pourrait être très intéressant.

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