ledisciple a écrit :
François-Xavier a écrit :Dans ce cas, les Musulmans ont un Dieu, et nous autres, Juifs et Chrétiens, nous en avons un autre ?
Exactement.
C'est votre opinion. Elle est loin d'être partagée. La question n'est pas de savoir si nous avons la même perception de Dieu, mais bien de savoir si nous avons à nous conformer aux préceptes du Dieu unique.
Parce que si vous prenez la question d'un point de vue subjectif, pourquoi aurions-nous le même Dieu que les Juifs, qui ne reconnaissent pas Jésus comme Messie, et encore moins comme fils de Dieu ?
La tradition biblique tout comme le magistère considèrent la question de Dieu du point de vue objectif, c'est à dire une réalité qui s'impose à tout homme, mais aussi à toute chose. Dire, affirmer que nous n'avons pas le même Dieu que les Musulmans, revient à renforcer l'idée en eux que nous commettons le pire des péchés, le "Shirk", l’associationnisme.
Act 17,22-27 a écrit :
Paul, debout au milieu de l'Aréopage, dit : " Athéniens, en tout je vous vois éminemment religieux. Car, passant et regardant ce qui est de votre culte, j'ai trouvé même un autel avec cette inscription: " Au dieu inconnu. " Ce que vous adorez sans le connaître, c'est ce que je vous annonce. Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qu'il renferme, étant Seigneur du ciel et de la terre, n'habite point dans des temples faits de main d'homme, et il n'est point servi par des mains humaines, (comme) s'il avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie, le souffle et toutes choses. D'un seul (homme) il a fait sortir tout le genre humain pour habiter sur toute la face de la terre, ayant fixé des époques prescrites et les frontières pour l'habitation (des hommes), afin qu'ils cherchent Dieu, si toutefois ils le peuvent trouver en tâtonnant, et vraiment il n'est pas loin de chacun de nous.
Saint Grégoire VII, pape, XIème siècle a écrit :Lettre du pape Grégoire VII au souverain Al Nacir :Grégoire, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, A Anzir, roi de la Mauritanie, de la province sitifienne, en Afrique, salut et bénédiction apostolique.
« Votre Noblesse nous a écrit cette année pour nous prier de consacrer évêque, suivant les constitutions chrétiennes, le prêtre Servand, ce que nous nous sommes empressés de faire, parce que votre demande était juste. Vous nous avez en même temps envoyé des présents, vous avez par déférence pour le bien heureux Pierre, prince des apôtres, et par amour pour nous, rachetés les chrétiens qui étaient captifs chez vous et promis de racheter ceux que l'on trouverait encore. Dieu, le créateur de toutes choses, sans lequel nous ne pouvons absolument rien, vous a évidemment inspiré cette bonté et a disposé votre cœur à cet acte généreux. Le Dieu tout-puissant, qui veut que tous les hommes soient sauvés et qu'aucun ne périsse n'approuve en effet rien davantage chez nous que l'amour de nos semblables, après l'amour que nous lui devons, et que l'observation de ce précepte : Faites aux autres ce que vous voudriez qu'ils vous fassent. Nous devons, plus particulièrement que les autres peuples, pratiquer cette vertu de la charité, vous et nous qui, sous des formes différentes adorons le même Dieu unique, et qui chaque jour louons et vénérons en lui le créateur des siècles et le maître du monde. Les nobles de la ville de Rome, ayant appris par nous l'acte que Dieu vous a inspiré, admirent l'élévation de votre cœur et publient vos louanges. Deux d'entre eux, nos commensaux les plus habituels, Albéric et Concius, élevés avec nous dès leur adolescence dans le palais de Rome, désireraient vivement pouvoir vous être agréables en ce pays. Ils vous envoient quelques-uns de leurs hommes, qui vous diront combien leurs maîtres ont de l'estime pour votre expérience et votre grandeur, et combien ils seront satisfaits de vous servir ici. Nous les recommandons à votre Magnificence, et nous vous demandons pour eux cet amour et ce dévouement que nous aurons toujours pour vous et pour tout ce qui vous concerne. Dieu sait que l'honneur du Dieu tout puissant inspire l'amitié que nous vous avons vouée et combien nous souhaitons votre salut et votre gloire dans cette vie et dans l'autre. Nous le prions du fond du cœur de vous recevoir, après une longue vie, dans le sein de la béatitude du très saint patriarche Abraham »..
Références : saint Grégoire VII, Epist. 21 ad Anzir (Nacir), regem Mauritaniae: éd. Caspar in MGH Ep. sel. II, 1920, I, p. 288, 11-15; PL 148, 450 s.
Lumen Gentium 16, constitution dogmatique sur l'Eglise du deuxième Concile oecuménique du Vatican a écrit :Le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui, professant avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour.
Notra Aetate, déclaration sur les religions non-chrétiennes du deuxième Concile oecuménique du Vatican a écrit :L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes après les avoir ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne.
Par ailleurs, si nous parlons de deux réalités différentes, sur quoi pouvons nous échanger ? On ne leur parle ni de Dieu, ni de Jésus-Christ ? Pas tellement étonnant que dans le catholicisme il n'y ait aucune appétence pour l'évangélisation des Musulmans...
On ne peut pas considérer que le Dieu du Coran, ou d'autres personnages de l'idéologie islamique n'ait aucun rapport avec la bible ou la révélation chrétienne. Ou alors c'est renforcer la position de la légende islamique qui prétend que Mahomet l'illettré a reçu, miraculeusement, un livre divin et incréé, qui dit la vérité sur notre créateur et les prophètes.
Ils ont une image gravement déformée de Dieu et de Sa providence, de Jésus et de Sa messianité, mais aussi d'autres personnages bibliques, prophètes ou non. Et ce sont justement l'analyse de leurs propres sources, confrontée avec la tradition biblique et patristique qui est la clef du dialogue. Si on se contente de dire Allah n'est pas Dieu et Issa n'est pas Jésus, point trait fermez le ban, vous imaginez bien qu'on a perdu d'avance. Cela n'a jamais été par exemple la position d'un S. Jean Damascène...
chapitre 100/101 du De Haeresibus de Saint Jean Damascène a écrit :A partir de cette époque, un faux prophète survint au milieu d’eux ; il s'appelait Mameth. Il a entendu quelquefois l’Ancien et le Nouveau Testament, et est censé avoir rencontré un moine arien, par la suite. Finalement il créera lui-même sa propre hérésie.
Puis déçu, il fit croire au peuple qu'il était un "craignant Dieu", et fit propager la rumeur qu'un écrit saint lui avait été apporté du ciel. Il mit par écrit des sentences, qu'on ne peut que railler, dans son livre et le leur donna pour qu’ils y obéissent. Il disait qu’il n’existait qu’un seul Dieu, créateur de toutes choses, qui n'a ni engendré, ni été engendré. Il disait que le Christ était la parole de Dieu et son Esprit, qu'il a été créé et qu'il est un serviteur, qu'il est né de le semence de Marie, la soeur de Moïse et d'Aaron.
Car, dit-il, la Parole de Dieu et l'esprit entrèrent en Marie, et elle donna naissance à Jésus, qui fut un prophète et un serviteur de Dieu. Il affirme que les Juifs, ayant eux-mêmes violés la loi, voulaient le crucifier, et après l’avoir arrêté, ils crucifièrent son ombre, mais Christ lui-même, disent-ils, n'a pas été crucifié et n’est pas mort; car Dieu l’a élevé auprès de lui dans lu ciel, parce qu'il l'aimait. Il affirme que lorsque Christ monta aux cieux, Dieu le questionna en disant : " O Jésus as-tu dit que je suis Fils de Dieu, et Dieu ?" Et Jésus, affirment-ils, répondit: "Aie pitié de moi Seigneur; tu sais que je ne me vanterai pas d’être ton serviteur, et que je ne leur ai pas dit cela; mais les hommes qui se sont égarés ont écrit que c’est ainsi que j’ai parlé, et ils disent des mensonges à mon sujet, et ils se sont trompés. " Et ils disent que Dieu lui a répondu : "Je savais que tu ne dirais pas une telle chose"
Et bien qu'il introduisit dans cet écrit beaucoup d'autres absurdités, dont on ne peut que se moquer, il insiste sur le fait que cela lui a été apporté du ciel par Dieu.
Les Musulmans attendent tous de rencontrer Jésus-Christ, et l'image que donne le Coran de Jésus est évidemment un obstacle à cette rencontre. C'est à nous Chrétiens de leur proposer une image renouvelée de Celui qu'ils s’imaginent faussement connaître, et qu'ils rencontreront de toutes façons dans le mystère de la mort. Cette question est trop importante pour être réglée d'un revers de main.