Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites ; car ils exténuent leur visage, pour faire voir aux hommes qu'ils jeûnent. En vérité, Je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Mais toi, lorsque tu jeûnes, parfume ta tête, et lave ton visage afin de ne pas faire voir aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père, qui est présent dans le secret ; et ton Père qui voit dans le secret, te le rendra. La phrase est dure, comment souvent dans l'Evangile, et je suis bien certain que votre attitude n'a rien d'hypocrite, mais le jeûne ne doit pas être une occasion de fâcherie inutile au sein de la famille. Le jeûne et l'esprit de carême, cela a été dit plus haut, c'est une attitude de cœur bien plus qu'une attitude de corps.
Quelques attitudes possibles ?
- Tout le monde prend l'apéro ? eh bien, prenons un verre d'eau ou un jus de fruit avec eux, trinquons et rions avec notre entourage (c'est l'esprit du mot de Matthieu "parfume ta tête"). Ne restons pas à part, ne nous coupons pas de notre entourage, c'est ça que dit Matthieu (sauf pour la prière, pour laquelle il écrit : "retire-toi dans ta chambre").
- Vous voulez faire face au démon ... en ne mangeant pas de viande et vous ajoutez aussitôt : "ça ne me fait rien, je n'ai jamais été pour" ? Alors là, permettez-moi de vous dire en toute gentillesse que vous êtes à côté de la plaque (je vous le dis vraiment sans méchanceté). Le démon est bien trop malin : il ne nous attaque pas avec des choses que nous n'aimons pas ou qui nous dégoutent. Si c'était le cas, nous serions tous des saints capables de résister à la tentation ! J'avoue pour ma part avoir fait bien plus pénitence certaines fois en mangeant des plats qui ne m'inspiraient pas qu'en prétextant le carême pour ne pas y toucher : j'ai le souvenir d'un Jeudi Saint et d'un poisson plein d'arêtes, accompagné de fenouil, que je déteste (mon esprit de pénitence n'a quand même pas été jusqu'à en redemander)...
- Vous avouez que ce carême "vous plonge dans un état vraiment irascible ... j'en deviens désagréable" ? C'est peut-être là que le démon entre en jeu. Ce que le Seigneur attend de nous, ce n'est pas d'abord une privation alimentaire (jeûne ou abstinence), c'est la conversion du cœur. Je vous avoue que j'ai le même souci : le jeûne me colle la migraine et me met les nerfs à fleur de peau. Peut-être que travailler à maîtriser notre humeur est plus important et plus urgent à Ses yeux que ce que nous mangeons ou non ? L'aptitude au jeûne ne vient que si nous sommes au clair sur les attentes du Seigneur.
- Enfin, à vous lire, j'ai l'impression que ce qui vous coûte plus que vos inquiétudes sur le bon jeûne, c'est de ne pas avoir votre autonomie par rapport à votre famille. Confiez cela, confiez votre famille au Seigneur. Et trouvez quelqu'un pour en parler (un prêtre ?), quelqu'un d'un peu moins anonyme qu'un forum sur internet.
Jean-Mic