Petit Matthieu a écrit :
Amour&Responsabilité a écrit :Ce que vous appelez "échec de nos prières" est souvent un exaucement différent de ce à quoi on s'attendait.
Parfois sans doute. Mais rien ne nous permet de l'affirmer pour toutes nos prières non exaucées. Dieu n'a-t-il pas le droit de nous refuser catégoriquement une prière à cause de notre manque de foi ?
Dieu a évidemment tous les droits, Mathieu.
Mais perdez-vous de vue que lorsque l'on prie pour la guérison d'un être cher, l'enjeu n'est pas notre relation à Dieu, la profondeur de notre foi ou la satisfaction ou non-satisfaction de nos désirs qui pourrait en découler, mais bien le sort réservé à un autre être humain. Croyez-vous que le destin d'un homme, sa vie, sa mort, peut se jouer simplement sur la foi de son beau-frère ?
Je crois que c'est simplifier les choses un peu beaucoup. C'est aussi se donner beaucoup d'importance et manquer de respect envers la personne concernée, dans un moment si important de sa vie.
En tout cas, c'est comme ça que je vois les choses. Je peux me tromper, il y a sans doute des choses que je n'ai pas suffisamment appronfondies et que je ne comprends pas encore bien. Je peux être dans l'erreur, c'est possible.
Le 31 octobre, vous avez écrit un message dans la section "méditation" concernant la prière de demande et l'endurcissement du coeur.
Je l'ai lu et relu. Combien de fois ai-je été tentée d'y répondre.
Peut-être est-ce l'occasion de le faire ici, car les sujets se rejoignent étroitement.
J'avoue avoir toujours eu un problème avec les prières de demande.
Vous écrivez dans ce message qu'un prêtre vous a dit un jour: "Si tu aimais vraiment une personne qui souffrait devant toi, tu ne te poserais pas la question de savoir si oui ou non tes prières sont légitimes, mais tu te jetterais aux pieds de Père éternel pour lui réclamer par des larmes et des cris la fin des souffrances de cette personne."
Eh bien....non.
J'ai été confrontée à cette situation il y a un peu plus d'un an, à l'été 2010.
Un de mes frères a failli mourir. Une banale histoire de pierre au rein qui s'est compliquée d'une grave infection, de défaillance rénale et de problèmes cardiaques.
Quand je suis allée le voir à l'hôpital, il était méconnaissable. Dans le coma, les paupières légèrement entrouvertes sur des yeux vitreux qui ne voyaient plus rien, branché à une multitude d'appareils, le corps tout entier gonflé comme un ballon .
En voyant ma belle-soeur effondrée, je me suis revue à l'hôpital devant mon conjoint traumatisé crânien il y a 13 ans.
J'ai bien ressenti son sentiment d'impuissance, son incrédulité, l'affolement qu'on éprouve lorsque le sol se dérobe sous nos pieds, sa grande souffrance et sa détresse.
J'avais mal, très mal, et ne voulais que la serrer dans mes bras.
De retour à la maison, j'ai pensé rédiger une demande de prière sur le forum pour la guérison de mon frère, j'y ai pensé un peu comme quelque chose qui va de soi, que je devais faire, mais j'en ai éprouvé immédiatement un malaise. Je ne pouvais le faire, et j'en ai été troublée.
En fait je ne me sentais pas honnête en faisant une telle demande.
Je me suis posé la question à savoir si, finalement, j'avais vraiment la foi ou si je ne faisais que semblant.
Voilà ce qui en est. Ma relation à Dieu n'est pas de cet ordre, et sans doute l'ai-je compris d'autant plus intensément qu'il s'agissait ici de mon frère.
J'éprouvais un immense respect pour ce qui était en train de se produire dans sa vie, ce mystère des "malheurs" soudains et de la souffrance dans nos vies.
J'ai pensé au sujet de cette demande de prière: "mais de quoi est-ce que je me mêle ?" . Il s'agit de
sa vie, de
son destin. Ce qui arrive là est un événement important de sa vie et de celle de la femme qui l'aime. De leur cheminement. Je ne pouvais que me taire.
Une prière, oui, une prière d'humilité, d'abandon, d'accueil, de respect, d'acceptation de ce qui arrive, tout en prenant les moyens mis à notre disposition (médicaux) pour sauver la vie de mon frère. Le reste ne nous appartient pas.
"Que Ta volonté soit faite". "Guide-nous dans ce chagrin qui nous accable." Je n'avais d'autres prières que celles-là.
Coeurderoy écrivait que "tout est grâce". Je le crois.
Je ne sais si je le comprends de la même façon que lui, mais je crois qu'il faut accueillir tout ce qui nous arrive avec foi, en dépit de l'opinion que notre égo s'en fait en décrétant que c'est "bon" ou "mauvais". Cela , en fait, on ne le sais pas, et le meilleur peut jaillir de ce qui nous semblait être un malheur. Je dirais plus précisément que le meilleur
estaussi dans le pire, qu'il l'est toujours, et qu'il n'en tient qu'à notre foi de le découvrir.
Je l'ai vécu avec le grave trauma crânien de mon conjoint. Par cette épreuve, Dieu m'a fait découvrir beaucoup de choses, dont la compassion, et m'a ramenée à lui. Bonheur collatéral, pourrait-on dire, car je n'oublie pas le principal impliqué dans ce "drame", mon conjoint, qui a aussi fait un long cheminement.
Attention, je ne crois évidemment pas que Dieu a causé l'accident de mon conjoit pour me venir en aide <: , mais plutôt que ce n'est pas un hasard si mon chemin a croisé celui de cet homme.
Pour en revenir à mon frère, après ma visite à l'hôpital, il est sorti du coma et s'est remis de cette pénible épreuve.
Cela a remis en question certaines priorités dans sa vie et celle de sa femme.
J'ai rendu grâce à Dieu pour ce bonheur, mais s'il était décédé, cela n'aurait rien changé à ma foi.
Je ne crois pas que quiconque ait prié pour que mon frère guérisse, ni dans ma famille ni dans celle de ma belle-soeur, car il y a belle lurette qu'on n'y prie plus. Mais si quelqu'un l'a fait, je ne crois pas que c'est pour cela qu'il s'en est sorti.
Et je ne sais trop comment l'exprimer, mais si j'avais placé une demande sur le forum, j'aurais été très mal à l'aise de revenir en me pétant les bretelles, disant haut et fort que Dieu avait exaucé nos prières. C'aurait été de ma part malhonnête et prétentieux.
Que peut-on encore Lui demander, à Dieu, alors qu'Il est présent à tout moment dans nos vies et qu'Il nous a déjà tout donné ?