guelfo a écrit :VexillumRegis a écrit :[align=justify]Ce fameux mot : "l'Etat, c'est moi" est apocryphe ; Louis XIV ne l'a jamais prononcé. Il a même dit tout le contraire à l'heure de son décès : "Je m'en vais, mais l'Etat demeurera toujours" (F. Bluche, p. 891).
C'est possible, mais son succès tient à ce qu'il décrit parfaitement la politique de Louis XIV.
Ceci étant dit, il est faux de prétendre que l'absolutisme ait eu un "programme" bien défini visant à abolir les libertés héritées du Moyen-Age (quelles libertés au juste ?). C'est évidemment plus complexe. La seule période de l'Ancien Régime où l'on tenta réellement de remettre en cause certaines "libertés" héritées fut le court ministère "éclairé" de Turgot, qui supprima par exemple les corporations par un édit de mars 1776 (elles furent cependant rétablies dès sa chute).
Nous ne devons pas avoir la même définition de "libertés"; Turgot avait parfaitement raison de vouloir supprimer les corporations qui cadenassaient totalement l'activité économique. Le programme de l'absolutisme est par ailleurs fort clair, c'est celui qu'a réalisé à sa suite la république: centralisation, étatisation de la vie économique, idéologie officielle, etc.
En réalité, ce fut plutôt une de ces "libertés héritées" (les parlements) qui tenta d'abolir une partie de la prérogative royale. Tout le XVIIIème siècle est marqué par la lutte qui opposa les cours, qui rêvaient d'une monarchie parlementaire à l'anglaise, au pouvoir royal. C'est pour mettre fin à la rébellion incessante de l'aristocratie parlementaire que Louis XV, par l'intermédiaire de son chancelier Maupeou, réforma totalement la justice pour amoindrir la puissance des "grandes robes". Cette réforme salutaire fut cependant abandonné par Louis XVI à son accession au trône : décision qui fut en grande partie fatale à la monarchie (on oublie souvent de rappeler que le mouvement révolutionnaire prend naissance avec la révolte du parlement de Paris).
Cette "réforme salutaire" comme tu dis est tout simplement une illustration de la tyrannie royale, et si les successeurs de Louis XIV étaient certes moins énergiques que lui, ils ont cependant tenté de maintenir ce système injuste et inefficace avec les conséquences que nous savons.
D'autre part, je te rappelle que si Louis XVI est obligé de convoquer les parlements que la monarchie avait tenté de marginaliser, c'est parce que ses prédecesseurs et lui avaient ruiné l'état et le pays et devaient passer par les parlements pour lever des impôts... Très justement, les parlements en ont profité pour remettre l'église au milieu du village et, faute de pouvoir virer le mauvais gestionnaire, limiter ses pouvoirs.
Si Louis XVI avait respecté la constitution qu'il avait juré de défendre plutôt que fuir à l'étranger pour rétablir l'absolutisme à la tête d'armées étrangères, se rendant coupable de haute trahison, peut-être auriez-vous encore aujourd'hui une sympathique monarchie constitutionnelle et auriez-vous évité la Terreur, le génocide vendéen, les carnages napoléoniens, etc.
Mais il faut éviter les discours déterministes (car simplificateurs) du genre : "l'absolutisme est responsable de la Révolution". La comparaison avec l'Angleterre (qui a aussi connu une Révolution sanglante au XVIIème siècle, il faut quand même ne pas l'oublier...) est dangereuse, tant l'évolution et les moeurs politiques des deux nations sont différentes (et pas forcément au bénéfice de l'Angleterre, contrairement à ce que l'on croit souvent).
C'est précisément parce que l'Angleterre a connu elle aussi une révolution sanglante que la comparaison est intéressante...
Tu te trompes. Au XVIIIème siècle, la France a été une puissance qui recherchait un équilibre pacifique. Louis XV était un prince pacifique. Au siècle des Lumières, les nations belliqueuses sont les puissances émergentes : l'Angleterre, la Prusse et la Russie.[/align]
- VR -
Ca, c'est ce qu'on enseigne en France. Hors de l'hexagone, tout le monde sait bien que la France reste expansionniste jusqu'au Congrès de Vienne.