j'aimerais ne pas court-circuiter votre discussion avec Le Bon Seb; veuillez m'excuser si mes propos ne vous sont d'aucun intérêt : n'hésitez surtout pas à me le dire!
Il y a juste quelques points qu'il me paraît urgent de relever:
Il y a dans notre société un préjugé infondé sur la transmission orale, une méconnaissance fondamentale de ce qu'elle est en réalité. On mélange la transmission des connaissances avec le changement de style que revêt, au court des siècles parfois, tel récit mythique.Des civilisations entières se sont construites et ont perduré sur l'oral. De nombreuses connaissances historiques, médicales, juridiques, architecturales, culinaires et religieuses se sont transmises durant des siècles en tout point de la planète sans support écrit et pourtant sans variation.zélie a écrit : De plus ces écrivains ont écrit des choses dont ils n’ont pas été témoins, des faits de tradition orale, donc soumise à variation et à une perte de fiabilité. Les évangiles apocryphes témoignent largement de l’aspect « merveilleux plus émerveillement du scribe = conte de fée ». Et en quoi les évangiles apocryphes seraient-ils moins intéressants historiquement que les évangiles officiels dès lors qu’il s’agit d’étoffer une critique d’un phénomène. Au contraire ces évangiles renforcent l’idée de l’exploitation de la naïveté du public par les rédacteurs de cette croyance.
La société juive qui n'ignorait pas l'écrit utilisait cependant la transmission orale avec une précision et une technicité qui ne permettait pas la déformation, à moins de recomposer sciemment des textes antérieurs déjà fixés.
Les textes apocryphes ont, pour la plupart, des structures textuelles et linguistiques qui montrent leur postériorité très avancée par rapport aux textes canoniques, ou bien la marque de leur complémentation par des auteurs tardifs.
L'oralité structurée et fondamentalement juive des évangiles a été redécouverte depuis quelques dizaines d'années par des ethnologues, et des exégètes aramaïstes anglo-saxons et français. Elles ne trouvent d'écho que lentement et très progressivement, parce qu'elle remet en cause la pensée d'une majorité d'intellectuels et d'universitaires sceptiques sur l'authenticité des évangiles.
L'énoncé de la foi chrétienne est celle d'une résurrection qu'on ne saurait prouver. Même les témoins des apparitions du Ressuscité ne reconnaissent pas celui-ci instantanément. Les évangiles ne parlent d'aucune trace qui en serait resté.Quelle preuve historique non chrétienne relate cette résurrection ? Si résurrection il y a eu, comment se fait-il que des Flavius et autres contemporains en aient été si peu frappés qu’ils n’ont pas jugé bon de le retranscrire dans leur écrits ? Cela laisse penser qu’eux-mêmes déjà tenait cette histoire pour une fabulation, et cela met un argument de plus en défaveur du christianisme.
Le point le plus proche de la résurrection que nous pourrions trouver serait une preuve du témoignage des Apôtres et des témoins. rien de plus.
L'écrit musulman est incohérent.Oui, enfin un argument qui a ses chances. Il peut être repris pour ce qui est de la résurrection. Une mort sur la Croix, infamie suprême, est embarrassante aussi. Sauf si… Jésus ressucite !
Mais les musulmans parlent bien d’un pendu dépendu ou échangé. En quoi l’écrit religieux musulman est-il moins fiable que le rapport écrit chrétien ?
On ne voit pas pourquoi les romains auraient crucifié quelqu'un d'autre que Jésus, (comme par hasard, quelqu'un qui lui ressemblerait suffisamment pour faire illusion) et aurait berné le peuple et les juifs en présentant un Jésus crucifié alors que ce n'était pas lui.
On ne comprend pas pourquoi (ou plutôt, on ne le comprend que trop bien) les musulmans croient tout de même que jésus n'est pas mort, mais a été enlevé au ciel, comme le prophète Elie. Donc il n'aurait pas été crucifié, mais bon, ils le sacralisent quand même pas mal. Où est la cohérence dans tout cela? Qui est le témoin désigné de tout cela?
La liste ici dressée de ce qui serait accepté fonde la base historique du christianisme. Calvin n'a jamais prétendu être le Messie, et le Messie qu'est Jésus ne peut être un roi qui dominerait notre adhésion.Sinon, la pluralité des sources et leurs divergences comme argument. Oui, encore une fois, cela signe une existence, et la mise en place intentionnelle d’une idéologie religieuse, pas plus. Oui, Jésus a sûrement existé, et a fait une partie de tout ce qui est raconté sur lui. Oui Jésus procédait d’une intention bien définie, organisée, pensée, réfléchie, suite à la conviction qu’il était investi d’une mission. Oui, il est allé jusqu’au bout de ses idées. Oui, tout cela reflète une certaine logique et une construction faisant preuve d’une intention affinée, intelligente, sensible. Jésus était un schismatique qui ne s’ignorait pas, déçu de l’état de sa religion comme Calvin et d’autres furent aussi schismatiques par déception entre autres. Mais si ça n’a pas fait de Calvin un être messianique aux yeux de tous, pourquoi ça le ferait de Jésus ?
Les Evangiles ne dressent pas de Jésus le portrait de quelqu'un qui était persuadé que le monde le suivrait, bien au contraire : Les Evangiles font de Jésus un Messie controversé. Seule notre liberté personnelle peut faire de lui le Messie sur Terre.
Pardon encore si je vous importune avec mes avis. J'ose espérer que peut-être, ils pourront servir.
Fraternellement.