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par ti'hamo » mer. 09 juin 2010, 0:18
. Certains avancent comme explication possible que Judas aurait "cru" en Jésus en tant que Messie, libérateur d'Israël... mais que, en étant resté à l'interprétation classique ou à la mode de son temps - un libérateur militaire, comme Israël en a connu dans son Histoire (cf l'Ancien testament), qui bouterait les romains hors de la Terre Promise et redonnerait à Israël sa gloire et son honneur, en quelque sorte -, soit il aurait été déçu, soit il aurait été tenté de "provoquer" un peu les événements, voire aurait cru devoir les provoquer.
C'est plausible, cela est à méditer, mais on ne peut rien affirmer de certain, étant donné le peu de faits dont on dispose.
. Jésus sait que Judas va le trahir, mais il le laisse libre de son acte. Il l'aime, comme les autres, il lui offre la même parole, le même amour, la même amitié.
. Judas n'est pas particulièrement nécessaire, effectivement. Cela dit, ceux qui ont juré la perte de Jésus semblent accueillir son aide avec satisfaction, donc en avoir besoin. Pourquoi, ça, je ne sais pas.
Mais Jésus lui-même leur fait la remarque : "chaque jour j'enseignais dans le Temple, et vous ne m'avez pas arrêté".
De tout ceci cependant quelques points sont à méditer tout particulièrement :
> À l'objection courante, justification du doute ou de l'incroyance, que c'était bien facile, pour les disciples, au temps de Jésus, de croire et d'être persuadés, mais que pour nous, à notre époque, Jésus ferait bien de se montrer un peu en chair et en os et d'accomplir quelques miracles pour que nous croyions,
l'exemple de Judas oppose un démenti formel : visiblement, le fait d'avoir Jésus sous les yeux, d'être même de ses intimes !, de le toucher, de lui parler, de constater de visu ses miracles, ne "fait" pas croire, ne "fait" pas le croyant, n'est pas suffisant pour déterminer à coup sûr la foi solide et inébranlable.
Le fondement même de la foi n'est donc de toute évidence pas seulement de croire à la réalité de Jésus et à ses miracles.
> Ami de Jésus, ayant bénéficié de son enseignement, de son amour, et pourtant traître qui livre son maître (et ami !) à la mort :
c'est donc chacun de nous, tout chrétien, qui peut être Judas. Amis de Jésus, nous voulons l'être ou en tout cas c'est ce que nous prétendons ; suivre son enseignement, c'est ce qu'on fait au catéchisme et à la Messe.
L'exemple de Judas nous rappelle donc que nous sommes aussi les plus susceptibles de le trahir.
> Ami de Jésus, donc, il livre son maître à la mort, pour une raison inconnue... mais peut être (comme on l'a évoqué) en pensant bien faire.
Là encore, c'est un rappel pour nous tous : toutes les fois que nous essayons d'accommoder Jésus à nos attentes, à lui donner un air plus conforme à nos désirs, ou plus conforme à l'esprit du temps, pour se sentir moins "en décalage", pour espérer apporter à ceux à qui on l'annonce un espoir un peu plus concret et parlant selon l'esprit du moment...
> Selon la tradition et l'enseignement de l'Église catholique, le plus grand et grave péché de Judas, ce pour quoi il est donné au catéchisme comme l'exemple à ne pas suivre, ça n'est PAS sa trahison. Car St Pierre aussi trahit.
Mais c'est son désespoir : avoir désespéré de la capacité de Jésus, de Dieu, à pardonner.
“Il serait présomptueux de penser que ce que l'on sait soi-même n'est pas accessible à la majorité des autres hommes.”
[Konrad Lorenz]
“Celui qui connaît vraiment les animaux est par là même capable de comprendre pleinement le caractère unique de l'homme.”
[Konrad Lorenz]
Extrait de L'Agression