Un Gentil Athée je développe pour que vous ne restiez pas sur votre faim.
DA95 a écrit :La masturbation étant un acte désordonné en soi, car il est une recherche du plaisir pour lui même.
Ce n'est pas, en tout cas, la raison invoquée par ti'hamo, puisque pour lui, fumer du tabac modérément n'est pas un acte désordonné en soi, alors qu'à l'évidence c'est une recherche du plaisir pour lui-même. Mais peut-être avez-vous un autre avis concernant la consommation - même modérée - de tabac ?
Le sujet et la recherche du plaisir pour lui-même. La question est de savoir si c'est une bonne chose que ce soit pour la masturbation le pot de nutella ou encore un cigare.
Le Petit Robert définit le plaisir ainsi: "sensation ou émotion agréable, lié à la satisfaction d'une tendance, d'un besoin, à l'exercice harmonieux des activité vitale. Le plaisir est un des deux pôles de la vie affective, pour résumer grossièrement plaisir et douleur.
Je trouve que la définition donne déjà un élément clef de compréhension: le plaisir est lié. C'est une émotion agréable qui résulte d'un agir, lié à un acte.
Le plaisir en soit est bon, l'église n'a rien contre, c'est une émotion agréable, le résultat d'une passion (ou pulsion) que l'on à mis en acte. Les sentiments ou passions désignent les émotions ou mouvements de la sensibilité, qui inclinent à agir ou à ne pas agir en vue de ce qui est ressenti ou imaginé comme bon ou comme mauvais. Les passions sont des composantes naturelles du psychisme humain, elles forment le lieu de passage et assurent le lien entre la vie sensible et la vie de l’esprit. IL est normal que notre raison nous pousse à choisir de réaliser des actes qui nous procurent des émotions agréables source de plaisir. La pratique du bien s’accompagne d'ailleurs d’un plaisir spirituel gratuit et de la beauté morale, et procure la joie.
Cela dit je pense que jusque là nous sommes d'accord.
Pour revenir maintenant à notre question, je pense que ce
qui est bon, ce qui comble l'homme profondément c'est Dieu. Ma recherche personnelle du bien me mène à Dieu, lui mon sauveur et mon tout. Cette recherche est don de moi-même et sa dynamique est la relation interpersonnelle dans l'amour et le don. Et bien sûr je parle ici de don total. Ma vie s'ordonne autour de cette recherche du meilleur bien, donc de Dieu. Alors effectivement chercher et trouver une autre source de plaisir que Dieu, quelque chose qui me comblerai à la place de Dieu dans une recherche centré sur moi du plaisir, je le considère comme une recherche désordonnée. Déjà qu'est ce qui pourrait me combler plus que Dieu. Et de plus, cette recherche que je définie comme désordonné me conduira à chercher ma fin dans autre chose que Dieu et me conduira à l'idolâtrie.
Rechercher le plaisir pour lui-même c'est en faire son idole. C'est en faire la fin de mon agir. Hors la fin de mon agir est une personne, la fin de mon agir c'est Dieu, et non pas l'émotion agréable que je ressentirai.
Bon je sais qu'il faut croire en Dieu pour dire cela et que du coup mon discours à une certaine faiblesse pour un athée. Par contre si vous faites l'effort de prendre en donnée initiale l'existence de Dieu comme vrai, alors vous comprendrez mieux ma position.
A propos de l'idolâtrie voici ce qu'en dit le catéchisme de l'Egliser Catholique aux paragraphes 2113 et 2114:
2113 L’idolâtrie ne concerne pas seulement les faux cultes du paganisme. Elle reste une tentation constante de la foi. Elle consiste à diviniser ce qui n’est pas Dieu. Il y a idolâtrie dès lors que l’homme honore et révère une créature à la place de Dieu, qu’il s’agisse des dieux ou des démons (par exemple le satanisme), de pouvoir, de plaisir , de la race, des ancêtres, de l’Etat, de l’argent, etc. " Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon ", dit Jésus (Mt 6, 24). De nombreux martyrs sont morts pour ne pas adorer " la Bête " (cf. Ap 13-14), en refusant même d’en simuler le culte. L’idolâtrie récuse l’unique Seigneurie de Dieu ; elle est donc incompatible avec la communion divine (cf. Ga 5, 20 ; Ep 5, 5).
2114 La vie humaine s’unifie dans l’adoration de l’Unique. Le commandement d’adorer le seul Seigneur simplifie l’homme et le sauve d’une dispersion infinie. L’idolâtrie est une perversion du sens religieux inné de l’homme. L’idolâtre est celui qui " rapporte à n’importe quoi plutôt qu’à Dieu son indestructible notion de Dieu " (Origène, Cels. 2, 40).
Pour ce qui est de la sexualité ont peut dire: " Les actes qui réalisent l’union intime et chaste des époux sont des actes honnêtes et dignes. Vécue d’une manière vraiment humaine, ils signifient et favorisent le don réciproque par lequel les époux s’enrichissent tous les deux dans la joie et la reconnaissance " (GS 49, § 2).
La sexualité est source de joie et de plaisir :
Le Créateur lui-même (...) a établi que dans cette fonction [de génération] les époux éprouvent un plaisir et une satisfaction du corps et de l’esprit. Donc, les époux ne font rien de mal en recherchant ce plaisir et en en jouissant. Ils acceptent ce que le Créateur leur a destiné. Néanmoins, les époux doivent savoir se maintenir dans les limites d’une juste modération (Pie XII, discours 29 octobre 1951)
Dans ce cas nous sommes tournés vers la double finalité de l'acte conjugal et la fin recherchée n'est pas le plaisir mais l'amour des époux d'une part et la possibilité de transmettre la vie d'autre part. Le plaisir et la cerise sur le gâteau si j'ose dire.
Si mon pot de nutella ou mon cigare rempli le rôle d'une idole alors en soi le plaisir que je recherche en en consommant même modérément est désordonné.
Bien à vous.