15 novembre Saint Albert le Grand

« Que le juste pratique encore la justice, et que le saint se sanctifie encore. » (Ap 22.11)
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Message non lu par ami de la Miséricorde » sam. 15 nov. 2008, 17:00

L’Espérance

1. L'espérance parfaite et véritable, c'est l'attente certaine du bonheur futur ; cette attente provient de la grâce de Dieu et de nos mérites précédents ; et il faut ces deux causes à l'espérance, car la grâce de Dieu ne se conserve que par nos mérites, et les mérites seuls, sans la grâce, ne sauvent personne. Sans les mérites, l'espérance n'est plus l'espérance, elle est présomption.

2. Il a la véritable espérance, celui qui, malgré le fréquent exercice des bonnes œuvres, se confie en la seule bonté surabondante de Dieu et en la divine libéralité, mais nullement en ses mérites : sait-il seulement si ses bonnes actions sont agréables à Dieu ? puisque « toutes nos justices sont pareilles à un vêtement souillé » (Isaïe, ch. 64, v.6).

Celui-là possède l'espérance véritable, qui offre à Dieu le juste sacrifice, selon cette parole du Psalmiste : « Offrez des sacrifices de justice, et espérez dans le Seigneur » (Ps.4, v. 6). Ce juste sacrifice, c'est Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même. Fils unique de Dieu, à l'autel de la croix, il s'offrit à Dieu son Père, pour les péchés du monde entier, rançon infiniment supérieure à la dette. Pour racheter tout le genre humain, dit saint Ambroise (1), une seule goutte d'un sang si précieux aurait suffi ; mais il l'a répandu abondamment afin de nous montrer la plénitude de son amour. Et c'est en son sacrifice que se trouve toute notre espérance avec notre salut, selon la doctrine de saint Bernard : « J'ai commis de grands péchés ; ma conscience en est troublée, mais pas totalement, parce que je me souviens des blessures de mon Seigneur. N'a-t-il pas été « blessé à cause de nos crimes ? » (Isaïe, ch. 53, v. 5). Y a-t-il quelque chose de si mortel que la mort du Christ ne puisse détruire ? (2) Que ce remède si puissant et si efficace me vienne donc à la pensée, et aucune maladie désormais, si grave soit-elle, ne pourra m'effrayer. Évidemment, il avait tort, celui qui s'écriait : « Mon crime est trop grand pour que j'en obtienne le pardon » (Gen., ch. 4, v. 13)... Aussi, ce qui me manque de mon propre fond, c'est en toute confiance que je vais le prendre au cœur même de mon Seigneur, parce qu'il s'ouvre par miséricorde, et les ouvertures par où il se répand ne font pas défaut : il a eu les pieds et les mains percés et le côté ouvert par la lance ; grâce à ces blessures, il m'est donc possible maintenant de « sucer le miel du rocher et l'huile qui sort de la pierre la plus dure » (Deutéronome, ch. 32, v, 13), c'est-à-dire, je puis « goûter et voir combien le Seigneur est suave » (Ps. 33, v. 9)... Les clous dévoilent son secret, et le clou qui le transperce me permet de voir la volonté de mon Seigneur. Et qu'est-ce que je vois à travers ? Mais les clous, mais les blessures, tout cela crie et proclame que Dieu est dans le Christ « pour se réconcilier le monde » (IIe lettre aux Cor., ch. 5, v. 19)... Il nous livre les secrets de son cœur par les blessures de son corps. Ce grand signe sacré de la miséricorde se manifeste à nos yeux ; et il se révèle « l'intime de la miséricorde de notre Dieu par quoi le soleil levant nous a visités d'en-haut » (Luc., ch. 1, v. 78). N'est-ce pas son cœur que ses blessures mettent à découvert ? Et y a-t-il moyen, ô Seigneur, de faire paraître plus lumineusement ceci : que vous êtes doux et suave, et d'une immense, miséricorde ? Personne, en effet, n'a une plus grande pitié que celui qui donne sa vie pour des condamnés à mort. Aussi, mon mérite, c'est la miséricorde de mon Seigneur. »

Sa miséricorde, le Seigneur nous l'a manifestée de beaucoup de manières : par ses jeûnes et ses veilles, par ses prières, ses sueurs, ses fatigues et ses larmes ; il a été aussi flagellé ; il a souffert, il a été crucifié, pour suppléer de la sorte à tout ce qui nous manque.

3. Ce qui doit nous porter à l'espérance de la béatitude, c'est l'amour vraiment supérieur du Christ Jésus. N'est-ce pas cet amour qui l'a poussé et comme contraint de mériter notre salut au prix de tant de souffrances ? Et ce salut une fois assuré, pour que nous n'allions pas le perdre, il a mis le plus grand soin à nous donner des Anges protecteurs, les Écritures pour notre instruction, avec ses propres exemples, et les exemples de ses saints, pour nous montrer le chemin ; enfin il nous a donné son corps et son sang qui nous fortifient.

4. II prouve qu'il a la véritable espérance, celui qui résiste au mal virilement, et qui s'affermit dans le bien ; celui-là aussi qui entreprend, en homme de cœur, des œuvres difficiles, et qui y persévère avec courage. Il est écrit : « Ayez bon courage et que votre cœur s'affermisse, vous tous qui espérez dans le Seigneur » (Ps. 30, v. 25).

5. C'est la preuve d'une espérance fausse que de transgresser ses vœux ou les commandements de Dieu, de n'avoir pas le souci de s'amender conformément à l'Écriture, de trop présumer, sans mérites, de la bonté de Dieu. Une espérance semblable est vaine. « L'espérance de l'impie, c'est comme un flocon de laine emporté par le vent, ou une écume légère que disperse la tempête, comme la fumée qu'un souffle dissipe, et le souvenir de l'hôte d'un jour qui passe » (Sagesse, ch. 5, v. 14).

(1) Le P. Berthier (note 3, p. 126) donne la référence suivante : Commentaire de saint Ambroise sur le Ps. 35, préface. On y voit ceci : « C'est un or excellent que le sang du Christ, riche pour nous racheter, il coule abondamment pour laver tous les péchés » (P. L. t. 14, col. 953). Au chapitre 26 (Le zèle des âmes) l'auteur exprime de nouveau la même pensée – : une goutte du sang du Fils de Dieu aurait suffi pour racheter tout le genre humain– qu'il attribue encore à saint Ambroise.

Le P. Robert, dans Aurifodina Universalis (t. 7, p. 55) ou Mine d'or universelle des Sciences Divines et Humaines (éd. de l'abbé Rouquette en 1867, qui reproduit celle de 1680), attribue ce texte à saint Bonaventure, 6e sermon sur le 1er dimanche de l'Avent. On ne trouve pas ce sermon au t. 9 des Œuvres Complètes de saint Bonaventure (éd. de Quaracchi), il n'est donc pas authentique ; dans l'édition de Peltier, Paris, 1868, t. 13, p. 13, l'auteur de ce sermon donne le même texte : « une seule goutte de sang, etc. », en l'attribuant à saint Bernard.

Le P. Robert fait du Paradis de l'âme un titre général dont le traité des Vertus est la première partie. Quelle était la seconde partie ? ?

(2) J'ai eu recours au texte de saint Bernard tel qu'il est reproduit dans Migne (P. L, t. 183, col. 1072). À la place de : détruire (solvere), l'auteur a une autre leçon intéressante (salvare) : y a-t-il quelque chose de si mortel dont la mort du Christ ne puisse guérir (ou sauver) ? Les deux leçons peuvent se soutenir. Laquelle est de saint Bernard ? ?

Source : Le Paradis de l'âme de Saint Albert le Grand
livres-mystiques.com

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Message non lu par ami de la Miséricorde » dim. 15 nov. 2009, 16:56

LA MISERICORDE

1. La véritable miséricorde consiste à donner, à pardonner, et à donner encore par surcroît.

2. Aussi longtemps qu'il a lui-même quelques biens, le vrai miséricordieux procure aux indigents ce qui leur est nécessaire ; s'il ne le faisait pas, il n'aurait qu'une miséricorde incomplète, au témoignage de saint Jean Chrysostome : « Sans doute, vous avez donné une fois, mais ce n'est pas l'aumône, cela ! Vous n'avez rien accompli, si vous ne donnez pas tant que vous avez. Les vierges folles, elles aussi, avec leurs lampes, avaient de l'huile, mais elles n'en avaient pas assez » (1). Job pratiquait bien cette miséricorde : « Je n'ai pas refusé aux pauvres ce qu'ils demandaient, je n'ai point fait attendre les yeux de la veuve ; mon morceau de pain, je ne le mangeais pas seul, l'orphelin en avait sa part. La compassion a crû avec moi depuis mon enfance, et, avec moi, elle était sortie du sein de ma mère... Je ne laissais pas dehors l'étranger, ma porte était ouverte au voyageur » (Job, ch. 31, v. 16-19, 32).

Mais, dit saint Grégoire, celui qui donne son argent et qui ne pardonne pas, celui-là ne fait nullement miséricorde (2). Aussi le vrai miséricordieux, avant même qu'on l'en prie, pardonne toute injure, du fond du cœur et spontanément, sans vouloir se venger à l'avenir, directement ou par intermédiaire. Et il est même plus disposé à pardonner que l'offenseur à demander pardon, parce que le péché de celui-ci lui fait plus de peine que son propre chagrin provenant de l'injustice qu'il supporte. À Séméï qui lui jetait des pierres et qui le maudissait, David pardonna de grand cœur et sans en être prié, et il défendit aux ennemis de Séméï de le tuer, en disant : « Laissez-le, qu'il me maudisse, Dieu le lui a ordonné. Qui sait si le Seigneur ne regardera pas mon affliction et ne me rendra pas du bien pour la malédiction d'aujourd'hui ? (IIe liv. des Rois, ch. 16, v. 11 et 12). De la même manière, Joseph avait devancé la demande de ses frères, et en pleurant sur chacun d'eux, il leur avait pardonné (Gen., ch. 45, v. 15).

Même cela ne suffit pas à celui qui est vraiment miséricordieux. Il faut encore qu'il obtienne de Dieu, par ses prières, le pardon en faveur de ceux qui le traitent avec injustice. Moïse demanda grâce pour les juifs qui avaient voulu le lapider : « Seigneur, suppliait-il, pardonnez-leur ce péché ; sinon, effacez-moi du livre que vous avez écrit » (Exode, ch. 32, v. 32). Étienne fit de même pour ceux qui le lapidaient (Actes, ch. 7, v. 60), et le Seigneur Jésus obtint à ses bourreaux grâce et pardon. Ils avaient dit l'un et l'autre : « Pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Luc, ch. 23, v. 34). C'était excuser ceux qui les maltraitaient de la pire façon ; cela revenait à dire : ils n'ont pas conscience, ils ne savent pas ce qu'ils font, donc on ne doit pas leur en faire un crime, mais leur pardonner avec clémence.

3. Dieu en lui-même est souverainement miséricordieux, et il aime sans mesure chez les autres la miséricorde. Notre-Seigneur n'a-t-il pas dit : « Allez apprendre ce que signifie cette parole : Je veux la miséricorde, et non le sacrifice » ? (Matt., ch. 9, v, 13). Cela doit nous exciter à aimer la miséricorde véritable.

Autre chose encore nous conduit à la miséricorde. Ce Dieu, dans son jugement, sera sans pitié pour les hommes impitoyables. L'apôtre saint Jacques nous l'affirme : « Le jugement sera sans miséricorde pour celui qui n'aura pas fait miséricorde » (ch. 2, v. 13). Les autres, au contraire, obtiendront du Seigneur miséricorde avec abondance. Il est écrit : « Celui qui a compassion du pauvre prête à Dieu » (Prov., ch. 19, v. 17), il recevra donc, avec intérêt et grand bénéfice, tout ce qu'il aura donné aux indigents.

Que fait la miséricorde ? Elle donne à chacun sa place selon ses mérites au regard de Dieu. « Toute miséricorde, est-il dit dans le livre de l'Ecclésiastique (ch. 16, v. 14), vaudra à chacun une récompense d'après le mérite de ses œuvres. »

4. On prouve que l'on est vraiment miséricordieux, lorsqu'on se retranche tout ce que l'on peut se retirer, tout en gardant la vie sauve, et qu'on travaille continuellement, au-delà même de ses forces, afin de pouvoir subvenir davantage à ceux qui sont dans le besoin.

5. Une preuve que l'on n'est pas vraiment miséricordieux, c'est lorsqu'on ne soulage pas, autant que l'on peut, la misère d'un chacun, et qu'on se contente de dire aux malheureux : « Allez en paix, chauffez-vous et rassasiez-vous », sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps. À quoi cela sert-il, en effet ? (Jacq., ch. 2, v. 16). Saint Jean Chrysostome dit à ce sujet : « Même si vous donniez de vos propres biens à vous, vous ne devriez pas en être si parcimonieux. Or, ce que vous donnez, ce sont les richesses du Bon Dieu : il vous les a confiées seulement ; pourquoi, dès lors, les gardez-vous d'une manière si tenace ? » (3)

Il n'est pas non plus vraiment miséricordieux, celui qui pardonne parce qu'il ne peut pas se venger, celui qui ne pardonne pas simplement par amour, mais parce qu'il sait bien que s'il ne pardonne pas le premier, Dieu ne lui pardonnera pas non plus : celui-là, enfin, qui prie pour ses ennemis, mais du bout des lèvres seulement, en se réjouissant, au fond, de leur malheur.


(1) Homélie 76 sur S. Jean. P. G. t. 59, col. 420.

(2) 22e livre des Morales. P. L. t. 76, col. 229.

(3) P. G. t. 59, col. 420.

Source : Le Paradis de l'âme de Saint Albert le Grand
livres-mystiques.com

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Message non lu par ami de la Miséricorde » lun. 15 nov. 2010, 12:39

Extrait de Sermon de Saint Albert le Grand

Bienheureuse parce que tu as cru! (Lc 1, 45)

Si la béatitude est un acte conforme à la vertu parfaite de l'âme, Marie fut extrêmement bienheureuse parce qu'elle fut pleine de vertu et pleine de grâce; prudente et pleine de foi jusqu'à mériter de concevoir en vertu de cette foi et de devenir le fondement et la colonne de l'Église grâce à sa foi.

Croire signifie, comme Augustin l'affirme, donner le consentement de sa propre pensée et adhérer avec une dévotion totale à ce que l'on croit. En offrant son assentiment, Marie dit: Qu'il m'advienne selon ta parole (Lc 1, 28). En Réfléchissant, elle demanda la manière; mais avec piété, elle rechercha en qui elle devait croire lorsque, en priant, elle attira à soi le Verbe, répétant en esprit le Cantique: Mon bien-aimé est pour moi et moi pour lui (Ct 2, 16) et encore: appuyée à mon bien-aimé (Ct 8, 5). [...]

La foi est une lumière qui introduit la vérité en ceux qui croient. [...] À travers la connaissance, Marie fut placée dans la vérité et la vérité, avec l'Incarnation, fut introduite en elle. Comme le dit Gn 28, 16: Le Seigneur est "vraiment présent dans cet endroit", parce que cet endroit a été transformé par Dieu dans un mystère admirable.

Source : mariedenazareth.com

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Message non lu par ami de la Miséricorde » mar. 15 nov. 2011, 14:48

Prière pour demander l'humilité - Saint Albert le Grand

Seigneur Jésus-Christ, je crains de pécher contre toi ou contre le prochain en simulant faussement une vie parfaite, ou en m'élevant au-dessus des autres avec singularité, en jugeant témérairement ou encore par jactance ou par mensonge. Apprends-moi donc le mépris de moi-même, la révérence que je dois à Dieu, la peine qui est réservée au péché et la parfaite expression de la pénitence; apprends-moi à pleurer et à m'accuser. Dieu, sois-moi propice, moi qui suis un pécheur : qu'une sincère humilité, tant de coeur qu'en paroles et en actes, m'obtienne de redescendre justifié dans la demeure de ma conscience, en attendant d'être exalté dans la demeure de gloire. Ainsi soit-il.

Source : missa.org

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Re: 15 novembre Saint Albert le Grand

Message non lu par ami de la Miséricorde » jeu. 15 nov. 2012, 12:42

Biographie
http://nominis.cef.fr/contenus/saint/3/ ... Grand.html

Le Mépris du monde par St Albert le Grand

1. Le véritable mépris du monde consiste à renoncer aux biens et au faste du siècle, aux dignités et prélatures spirituelles, à se détacher aussi de toute amitié et des mœurs mondaines, à cause de l'espérance de l'éternelle béatitude. Saint Jean nous y exhorte par ces paroles : « N'aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde » (IIe lettre, ch. 2, v. 15)

2. Saint Augustin avait ce mépris : il ne prenait aucune joie à tout ce qui se faisait dans le monde ; et tandis qu'il parlait à sa mère avec grande douceur, le monde lui déplaisait et s'avilissait avec tous ses plaisirs (1). Sainte Agnès aussi, sainte Catherine, sainte Cécile et d'autres vierges ont méprisé les royaumes de ce monde et tout l'éclat du siècle à cause de l'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

3. Le monde, à la fin, est tellement infidèle à ceux qui l'aiment que cela doit nous exciter à le mépriser et à le haïr lui-même ! Les hommes du monde ont-ils été fidèles à leur Créateur ? Au jour des Rameaux, c'est glorieusement qu'ils le reçoivent ; ils sortent au-devant de lui, et chantent : « Hosanna au fils de David, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Matt., ch. 21, v. 9). Peu de temps après, le vendredi, ils paraissent devant Pilate en criant : Qu'il soit crucifié, qu'il soit crucifié ! « si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne vous l'aurions pas livré » (Jean, ch. 18, v. 30). Et tandis qu'il était attaché à la croix, ils se moquent de lui : « Sauve-toi toi-même ; si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix » (Matt., ch. 27, v. 40). Ils l'avaient reçu avec des palmes, des fleurs et du feuillage, puis ils l’ont couronné d'épines verdoyantes, et frappé avec des verges. Ils avaient étendu leurs vêtements sur sa route, ils le dépouillèrent de ses vêtements devant la croix ; les honneurs qu'ils lui avaient rendus, ils les changèrent en outrages.

Les dangers qui proviennent de l'amour du monde doivent aussi nous pousser à haïr le monde et à le mépriser. « Ne savez-vous pas, au témoignage de saint Jacques, que l'amitié du monde c'est l'inimitié contre Dieu ? Quiconque veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu » (ch. 4, v. 4). De plus, le monde a haï le Seigneur Jésus et tous ses amis. Lui-même l'avait annoncé aux apôtres pour leur consolation : « Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous » (Jean, ch. 15, v. 17).

4. Il prouve qu'il méprise vraiment le monde, celui qui ne prête pas attention à la noblesse de la naissance, qui ne cherche pas les plaisirs, et qui ne souhaite ni les richesses ni les honneurs. Tel fut Moïse, dont il est dit dans l'épître aux Hébreux, ch. 11, v. 24-26 : « C'est par la foi que Moïse, devenu grand, renonça au titre de fils de la fille de Pharaon (voilà le mépris de la noblesse), aimant mieux d'être maltraité avec le peuple de Dieu que de jouir des délices passagères du péché (c'est contre le plaisir), il considéra l'opprobre du Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l'Égypte (mépris des richesses), car il avait les yeux fixés sur la récompense. »

Une autre preuve que l'on méprise le monde, c'est de n’être point charmé par ses flatteries ni effrayé par ses menaces, ni ému par les louanges des hommes ou leurs reproches. Saint Paul pratiquait ce mépris du monde quand il s'écriait : « J'ai voulu tout perdre et j'ai considéré toutes choses comme de l'ordure, afin de gagner le Christ » (lettre aux Philipp., ch. 3 ; v. 8).

5. Une preuve que l'on ne méprise pas vraiment le monde, c'est de ne commencer à s'abstenir de son amour et de ses séductions que lorsqu'on ne peut plus s'y adonner, à cause de la vieillesse ou de la pauvreté ; dans ce cas, on n'abandonne pas le monde, mais c'est par lui qu'on est abandonné. Combien, hélas ! qui ne cessent de pécher alors seulement qu'ils ne peuvent plus le faire !

(1) Confessions, livre 9, ch. 10. P. L. t. 32, col. 774-775.

Source : livres-mystiques.com

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