Le Hamas n'est pas gouvernement. Le seul gouvernement officiel des Territoires palestiniens (Gaza ET Cisjordanie) est l'Autorité palestinienne, présidée par Mahmoud Abbas, dotée d'un Parlement élu, et disposant d'une police et d'une justice, mais ni d'une armée ni même d'une monnaie officielle, siégeant à Ramallah en Cisjordanie. Deux partis politiques principaux se partagent les sièges au Parlement : le Fatah et le Hamas.
Le Fatah, parti majoritaire en Cisjordanie, est l'héritier direct de l'OLP de Yasser Arafat APRÈS QUE celui-ci ait reconnu le droit d'exister à l'Etat d'Israël et renoncé à la lutte armée (1988). Depuis les accords de Camp-David II (2000), la ligne politique officielle de l'autorité palestinienne (gouvernement palestinien), du Fatah (parti majoritaire à l'Assemblée) et de Mahmoud Abbas (président élu) est la revendication de la création d'un Etat palestinien autonome et reconnu par tous dans les limites fixées par la paix de 1967 (après la Guerre des Six jours). Ils prônent officiellement une Palestine démocratique non confessionnelle ouverte aux juifs, musulmans et chrétiens sans distinction d’ethnie ou de religion. Ce qui en fait avec le Liban les deux seuls pays faisant une place à part entière aux citoyens chrétiens !
La réalité est évidemment un peu plus complexe, le Fatah comptant sa part de jusqu'au-boutistes armés...
Le Hamas, également issu d'une fraction de l'OLP et de son allié de l'époque, le FPLP, n'a quant lui jamais renoncé aux armes et au terrorisme, ni reconnu le droit à l'existence d'Israël. Armé par l'Iran, le Qatar, et plusieurs autres pays arabes (dont la duplicité se masque - pour certains au moins - sous un voile humanitaire qui ne trompe personne), il est directement issu à la mouvance des Frères musulmans. C'est un mouvement politique autant qu'un groupement militaire, qui revendique un état palestinien ET islamique. (Notez que le Hezbollah libanais présente des similitudes avec le Hamas palestinien, sans voir jamais acquis une hégémonie équivalente sur le territoire libanais.)
Le Hamas est ultra-majoritaire dans la bande de Gaza qui, il faut le reconnaître est la partie du pays où la situation de la population (pour une large part, les descendants des réfugiés de 1948 et de 1967) est la plus critique du fait de blocus israélien permanent depuis plusieurs décennies et autant de générations de réfugiés.
Entre l'éloignement avec la Cisjordanie où siègent les institutions, les insuffisances de l'administration officielle, le renoncement à la lutte armée vécue par certains (beaucoup ?) comme une preuve de faiblesse et une perte d'identité, et bien d'autres griefs plus ou moins justifiés, le Hamas, mouvement à la fois politique et militaire, a eu beau jeu de s'emparer de toutes les formes de pouvoir, organisant aussi bien la lutte armée que l'éducation, la justice, la santé, l'information, etc. Il faut bien dire que le président palestinien Mahmoud Abbas brille dramatiquement par son silence depuis le depuis de l'offensive du Hamas.
Voilà pourquoi on parle (même en Israël, notez-le bien) de guerre entre le Hamas (un mouvement politique étranger armé) et Israël (un état), et non de guerre entre Palestine et Israël, Palestiniens et Israéliens.