Carhaix a écrit : ↑ven. 23 août 2019, 0:09
Votre présentation des choses est extrêmement simpliste. Vous dites que c'est votre opinion personnelle, mais vous ne faites que dupliquer le discours officiel proclamé dans tous les grands médias, et par nos dirigeants politiques. Je ne vois rien de "personnel" dans vos idées. Faut-il vous rappeler que le président syrien n'est pas le seul belligérant dans cette guerre ? Que faites-vous des milices, et de ceux qui leur fournissent des armes ? Que pensez-vous de Daesh ? Que pensez-vous de l'armée turque qui occupe une partie du territoire ?
Bonjour,
Je suis certain que vous pouvez revendiquer un point de vue beaucoup plus personnel, original et courageux sur la question... à condition de considérer que les opinions pro-
Assad ne bénéficient d'aucun relais politique et médiatique en France, ce dont vous me permettrez de douter. Mais évitons de parler de
M. Le Pen, de
T. Mariani, d'
Eric Zemmour et des innombrables autres propagandistes, tous bien en vue, du discours officiel des adversaires de la France, je risquerais sinon la crise d'eczéma.
En revanche, je vous accorde que le régime syrien manque singulièrement de relais scientifiques en Europe, y compris dans les pays hostiles à l'interventionnisme. Et pour cause : il y a un certain consensus des universitaires sur la question, auxquels se joignent les journalistes d'investigation et les fonctionnaires spécialisés. Ce que des gens comme
Jean-Paul Ney,
Caroline Galactéros et
Jacques Myard ne sont évidemment pas. Vous aurez pourtant remarqué leur présence dans ce que vous appelez les "grands médias", j'en suis certain.
Pour ma part, je pense plutôt à des gens tels que
Gilles Dorronsora et
Adam Baczko (
Syrie. Anatomie d'une guerre civile, CNRS, 2016), qui ont fait partie des derniers chercheurs à travailler sur le terrain. Je pense aussi à
Charles Lister, à
Marie Peltier, à
Wassim Nasr et tant d'autres. Leur réquisitoire, aussi bien contre le régime syrien que contre les djihadistes, me paraît sans appel.
Pour ce qui est de l'Etat islamique, je pense avoir déjà répondu. Je vais appuyer mon propos : si vous me demandez de dire que cette organisation est notre ennemie, qu'elle a gouverné par la terreur et qu'elle a provoqué la mort de plusieurs milliers de civils innocents, alors oui je vous le dis. Comment pourrait-il en être autrement ? Par exemple, je lisais ceci récemment sur les disparitions forcées imputables à l'EI : "A Race Against Time : Demanding the US and SDF find the Disappeared by ISIS", The Syrian Campaign, 21 mars 2019. URL :
https://diary.thesyriacampaign.org/find ... ared-isis/ )
Maintenant, si vous croisez les sources d'informations crédibles, au rang desquelles je compte non-seulement les ouvrages des auteurs précités mais aussi le témoignage des rescapés et des humanitaires présents sur le terrain, vous serez frappé par l'évidence. Si l'EI est responsable de plusieurs dizaines de milliers de morts, il faut bien comprendre que
les victimes du régime et de ses alliés se comptent quant à elle en centaines de milliers.
Parmi toutes les sources d'informations que l'on peut citer sur la brutalité extrême des loyalistes syriens, il en est une en particulier qui me vient à l'esprit, il s'agit du fameux
"rapport César" ("If the Dead Could Speak. Mass Deaths and Torture in Syria's Detention Facilities", HRW, décembre 2015 :
https://www.hrw.org/video-photos/video/ ... ould-speak ).
Il est bien évident que je n'ai pas une meilleure opinion de la politique syrienne du gouvernement turc, cela va sans dire..