Les démocraties sont mortelles

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Fée Violine
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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par Fée Violine » mer. 16 janv. 2019, 0:42

Mais c'est impossible en France, où la centralisation du pouvoir est un dogme intangible...

Ou alors, il faudrait que la France change beaucoup.

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la Samaritaine
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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par la Samaritaine » mer. 16 janv. 2019, 18:19

"Quel est le républicain, de celui qui veut faire aimer la République ou de celui qui veut la faire haïr ?
Si je n’étais pas républicain, si je voulais le renversement de la République, écoutez : je provoquerais la banqueroute ; je provoquerais la guerre civile ; j’agiterais la rue ; je mettrais l’armée en suspicion ; je mettrais la garde nationale en suspicion ; je mettrais le pays lui-même en suspicion ; je conseillerais le viol des consciences et l’oppression de la liberté ; je mettrais le pied sur la corde au commerce, à l’industrie, au travail ; je crierais : mort aux riches ! Je provoquerais l’abolition de la propriété et de la famille ; je prêcherais le pillage, le meurtre, le massacre ; je réclamerais un Comité de Salut Public.
En faisant cela, savez-vous ce que je ferais ? Je détruirais la République.
Que fais-je ? Tout le contraire.
Je déclare que la République veut, doit et peut grouper autour d’elle le commerce, la richesse, l’industrie, le travail, la propriété, la famille, les arts, les lettres, l’intelligence, la puissance nationale, la prospérité publique, l’amour du peuple, l’admiration des nations.
Je réclame la liberté, l’égalité, la fraternité, et j’y ajoute l’unité.
J’aspire à la république universelle."

Victor HUGO, Choses vues, 1848

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Valentin
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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par Valentin » jeu. 17 janv. 2019, 13:38

La démocratie n'est pas l’État de droit. Ce sont deux choses différentes.
L’État de droit (donc la séparation des pouvoirs) est en réalité un développement amorcé sous l'Ancien Régime. La France s'est juridifiée tout au long du XVIIIe siècle. Ce fut l'une des conditions, pour ne pas dire une des causes, de la Révolution.

Il est donc tout à fait possible de combiner État de droit (séparation des pouvoirs) et monarchie, voire État de droit et dictature (au sens romain).

La démocratie, en France, consiste à organiser périodiquement des élections, où le bon peuple est appelé à voter non pas pour la personne la plus compétente ou la plus visionnaire, mais pour la personne ayant les faveurs du système politico-médiatique.

En théorie, n'importe quel citoyen peut se présenter candidat. En pratique, il est impossible que votre voisin, M. Jean Dupont, puisse se porter candidat aux élections sans le soutien d'un parti politique et (surtout) celui des média.

Du reste, quelle est la valeur du vote populaire ?

L'électeur moyen de Churchill, cité plus haut par Bibracte, n'a aucune compétence particulière pour juger du bien-fondé de telle mesure, telle action politique. Cette ignorance n'est pas forcément la conséquence d'un manque d'intérêt. La plupart des gens n'a tout simplement pas le temps, en rentrant du travail le soir, de lire les journaux ou de réfléchir à la meilleure façon de soutenir les Kurdes syriens sans froisser la Turquie. Ils s'occupent de nourrir leur famille : voilà ce qui les intéresse en premier lieu.

Le cirque des élections "démocratiques" n'a donc aucune valeur réelle, puisqu'il ne permet pas de déterminer la personnalité ou le parti le plus à même de régler les problèmes de notre temps. Le cirque électoral consiste simplement à orienter l'opinion publique vers tel ou tel candidat, sélectionné au préalable par le système politico-médiatique.

Dans ces conditions, on comprend mieux la faiblesse structurelle de la démocratie.
Comme les dirigeants démocratiques ne sont là que pour un délai ridiculement court, il n'ont ni le temps, ni surtout intérêt à développer une quelconque vision politique et stratégique à long terme pour le pays qu'ils sont censés gouverner.

Le mandat d'un dirigeant démocrate consiste à préparer sa propre réélection, éventuellement le maintien au pouvoir de sa maison politique, tout en distribuant au passage privilèges et faveurs à ses amis, "clients" et autres protégés.
Dernière modification par Valentin le jeu. 17 janv. 2019, 14:11, modifié 1 fois.

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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par Valentin » jeu. 17 janv. 2019, 13:54

Alors que faire ? Faut-il rétablir la monarchie ?

Eh bien... oui. :clown:
Pas la monarchie héréditaire : on connaît ses faiblesses, et son principe est perçu comme trop injuste.

Mais la monarchie élective.

En fait, je crois que le Vatican est un modèle bien plus prometteur que la Suisse.

Il faut se baser sur un collège électoral composé de personnes triées sur le volet, qui disposent d'excellentes qualifications dans tous les domaines importants (histoire, économie et philosophie avant tout, ainsi que diplomatie et géopolitique).

Ensuite, ce collège procède à une élection : il choisit parmi ses membres la personne jugée la plus apte à diriger le pays.
Et cette personne est ensuite investie à vie. Comme le pape.

Un tel système résoudra-t-il toutes les difficultés du jour au lendemain ?
Certes non.

Mais il permettrait, déjà, de rétablir un principe fondamental de tout gouvernement digne de ce nom : la hauteur de vue, la vision d'ensemble, la stratégie à long terme.

Sans cette hauteur de vue, toute politique est vouée à l'échec plus ou moins rapide : au bricolage gestionnaire.

La démocratie actuelle est taillée pour des médiocres. D'où le déclin stratégique et culturel de la France.
Ce n'est pas un hasard s'il n'y a plus, en Occident, d'hommes politiques d'envergure depuis De Gaulle.

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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par Briscard » jeu. 17 janv. 2019, 16:07

Bassmeg a écrit :
sam. 12 janv. 2019, 18:34
Elenos, je vous rejoins. Les démocraties sont mortelles. Comme les autres systèmes, d' ailleurs. Elles ne prétendent pas être immortelles. Juste ce qui se fait de moins pire et de plus consensuel à un moment donné dans un lieu donné. Moi, ça me plait, surtout quand je compare avec les systèmes hors démocratie. On est de plus en plus libre, de plus en plus instruit. Qui s' en plaindrait?
Tout à fait d'accord avec vous, Bassmeg. Beaucoup ne se rendent pas compte que s'ils ne vivaient pas en démocratie comme en France ils n'auraient pas la liberté de contester comme ils en abusent actuellement.

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Sam D.
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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par Sam D. » jeu. 17 janv. 2019, 20:52

Il faut se baser sur un collège électoral composé de personnes triées sur le volet, qui disposent d'excellentes qualifications dans tous les domaines importants (histoire, économie et philosophie avant tout, ainsi que diplomatie et géopolitique).
Bonsoir,

Vous ne décrivez rien d'autre qu'une aristocratie, littéralement, pouvoir aux meilleurs. Si on en revient toujours à la démocratie, c'est que définir un cercle des meilleurs dégénère toujours en une vaste iniquité. Et si cela marche pour la papauté, c'est que celle-ci ne traite plus de question temporelle et lorsqu'elle le faisait, le collège des cardinaux intégrait nombre de critères n'ayant rien à voir avec la sagesse supposée des papables pour opérer ses choix.
La démocratie actuelle est taillée pour des médiocres. D'où le déclin stratégique et culturel de la France.
Ce n'est pas un hasard s'il n'y a plus, en Occident, d'hommes politiques d'envergure depuis De Gaulle.
Ce n'est pas la démocratie en tant que telle, qui est taillée pour les médiocres ; si des médiocres parviennent à s'incruster en trop grand nombre dans le corps étatique, c'est parce que le système électoral favorise certaines qualités qui ont plus à voir avec le fait de parvenir au pouvoir et s'y maintenir, que la mise à l'agenda des thèmes les plus pertinents pour le devenir du pays.

Ajoutez à cela un corps électoral qui attend toujours un homme providentiel ( causalité ou effet ? un peu des deux sans doute) et vous obtiendrez toujours quelque chose d'un peu décevant, car on opère par élimination des forces de proposition plutôt que par enrichissement réciproque de celles-ci ; dès le soir de l'élection il y a des perdants qui chercheront pendant 5 ans à refaire le match et des gagnants qui se figurent plus que jamais être sortis de la cuisse de Jupiter.

Je vous suggère de lire ce billet de l'excellent Pascal Décaillet http://pascaldecaillet.blog.tdg.ch/arch ... 96750.html qui relativise totalement la notion longtemps crue essentielle d'"homme politique".
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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par Valentin » jeu. 17 janv. 2019, 23:45

Bonsoir Sam D.,
Sam D. a écrit :
jeu. 17 janv. 2019, 20:52
Vous ne décrivez rien d'autre qu'une aristocratie, littéralement, pouvoir aux meilleurs.
Oui. Le pouvoir aux meilleurs, plutôt que le pouvoir aux nullités.
Si on en revient toujours à la démocratie, c'est que définir un cercle des meilleurs dégénère toujours en une vaste iniquité.
Définir un cercle de décideurs, qu'ils soient nuls ou non, engendre de l'iniquité. Le simple citoyen n'est pas l'égal du président et des ministres ou des députés. Si j'avais été mêlé aux histoires de Sarkozy ou de Chirac, je serais en prison. Si Benalla n'était pas l'ami de Macron, il serait en prison.

Il est vain de croire qu'il existe un système politique qui fasse entièrement l'économie de l'injustice.
Surtout, il est faux de croire que la démocratie serait par nature plus "juste". Rien ne nous dit qu'un gouvernement aristocratique ou méritocratique renoncerait automatiquement à l’État de droit.
Et si cela marche pour la papauté, c'est que celle-ci ne traite plus de question temporelle et lorsqu'elle le faisait, le collège des cardinaux intégrait nombre de critères n'ayant rien à voir avec la sagesse supposée des papables pour opérer ses choix.
Il faudrait définir ce que sont les questions temporelles. L’État du Vatican dispose d'une économie, d'une justice, d'une armée, d'une diplomatie, etc. En ce sens, c'est un État qui s'occupe de questions temporelles, au même titre que n'importe quel autre État.

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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par Bassmeg » ven. 18 janv. 2019, 0:37

Valentin a écrit :
jeu. 17 janv. 2019, 13:54
Alors que faire ? Faut-il rétablir la monarchie ?

Eh bien... oui. :clown:
Pas la monarchie héréditaire : on connaît ses faiblesses, et son principe est perçu comme trop injuste.
Mais la monarchie élective.
En fait, je crois que le Vatican est un modèle bien plus prometteur que la Suisse.
Il faut se baser sur un collège électoral composé de personnes triées sur le volet, qui disposent d'excellentes qualifications dans tous les domaines importants (histoire, économie et philosophie avant tout, ainsi que diplomatie et géopolitique).
Ensuite, ce collège procède à une élection : il choisit parmi ses membres la personne jugée la plus apte à diriger le pays.
Et cette personne est ensuite investie à vie. Comme le pape.
Un tel système résoudra-t-il toutes les difficultés du jour au lendemain ?
Certes non.
Mais il permettrait, déjà, de rétablir un principe fondamental de tout gouvernement digne de ce nom : la hauteur de vue, la vision d'ensemble, la stratégie à long terme.
Sans cette hauteur de vue, toute politique est vouée à l'échec plus ou moins rapide : au bricolage gestionnaire.
La démocratie actuelle est taillée pour des médiocres. D'où le déclin stratégique et culturel de la France.
Ce n'est pas un hasard s'il n'y a plus, en Occident, d'hommes politiques d'envergure depuis De Gaulle.
Ceci reviendrait à une aristocratie élitiste. Au fait, qui trierait sur le volet? Moi ou vous? Un régime ou le peuple n' aurait pas son mot à dire et où une caste dirigeante ferait les elections et les lois sans se soucier des gens, c' est justement ce qui est combattu en ce moment, Valentin...

Vous ne connaissez pas d' hommes politiques d' envergure en occident depuis de Gaulle? Ah... Il n' est donc pas nécessaire que je vous cite les hommes politiques occidentaux d' envergure depuis de gaulle, vu que vous leur dénierez surement toute envergure. Bref.

Le système démocratique français est aujourd'hui critiqué pour sa trop grande ressemblance avec une monarchie élitiste. Valentin, je ne crois pas que passer dans une VRAIE et OFFICIELLE monarchie puisse améliorer les choses, au point où nous en sommes. Cela ne mènerait qu' à une VRAIE et OFFICIELLE prise des Tuileries version 2019. Je prie pour qu' on en arrive pas là et que le gouvernement ouvertement élitiste n' oublie pas à quel genre de peuple il parle.

ON EN A GROS.

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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par Carhaix » ven. 18 janv. 2019, 1:07

Valentin a écrit :
jeu. 17 janv. 2019, 13:54
Alors que faire ? Faut-il rétablir la monarchie ?

Eh bien... oui. :clown:
Pas la monarchie héréditaire : on connaît ses faiblesses, et son principe est perçu comme trop injuste.

Mais la monarchie élective.

En fait, je crois que le Vatican est un modèle bien plus prometteur que la Suisse.

Il faut se baser sur un collège électoral composé de personnes triées sur le volet, qui disposent d'excellentes qualifications dans tous les domaines importants (histoire, économie et philosophie avant tout, ainsi que diplomatie et géopolitique).

Ensuite, ce collège procède à une élection : il choisit parmi ses membres la personne jugée la plus apte à diriger le pays.
Et cette personne est ensuite investie à vie. Comme le pape.

Un tel système résoudra-t-il toutes les difficultés du jour au lendemain ?
Certes non.

Mais il permettrait, déjà, de rétablir un principe fondamental de tout gouvernement digne de ce nom : la hauteur de vue, la vision d'ensemble, la stratégie à long terme.

Sans cette hauteur de vue, toute politique est vouée à l'échec plus ou moins rapide : au bricolage gestionnaire.

La démocratie actuelle est taillée pour des médiocres. D'où le déclin stratégique et culturel de la France.
Ce n'est pas un hasard s'il n'y a plus, en Occident, d'hommes politiques d'envergure depuis De Gaulle.
Et comment sont désignés les membres de ce collège électoral ? Est-ce une forme de suffrage censitaire que vous nous proposez ?

J'avais pensé à un système pyramidal, où le sommet est contrôlé par la base, mais probablement utopique. On divise la population en cellules de dix électeurs, censés se réunir périodiquement. Ces dix, une fois par an, désignent l'un d'entre eux, le plus sage, pour siéger dans l'échelon suivant.
On divise de nouveau les électeurs de second échelon, cette fois en cellules de 100. On devrait donc arriver à 40 000 cellules (puisqu'il y a 40 millions d'électeurs à peu près). Ces 100 se réunissent mensuellement pour commenter la vie politique. On met à leur disposition des salles de classes pour se réunir.
Chaque année, les 100 désignent un sage, parmi eux, pour siéger au troisième échelon.
On divise les 40 000 électeurs du 3e échelon en cellules de 100. Ce qui donne 400 grands collèges à travers la France. Ils se réunissent chaque semaine, et ont, cette fois, le pouvoir de désigner tous nos représentants démocratiques : conseiller municipaux des grandes villes, conseillers régionaux, députés, chef de l'État.
Tous les élus ont des comptes à rendre à la cellule qui les a désignés et qui peut les révoquer.

Je ne sais pas trop ce que ça pourrait donner. En tout cas, ça me semble très démocratique.

L'autre solution : le tirage au sort. Statistiquement, on devrait se retrouver avec une assemblée qui reflète la population.

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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par Carhaix » ven. 18 janv. 2019, 1:20

Sam D. a écrit :
jeu. 17 janv. 2019, 20:52
Il faut se baser sur un collège électoral composé de personnes triées sur le volet, qui disposent d'excellentes qualifications dans tous les domaines importants (histoire, économie et philosophie avant tout, ainsi que diplomatie et géopolitique).
Bonsoir,

Vous ne décrivez rien d'autre qu'une aristocratie, littéralement, pouvoir aux meilleurs. Si on en revient toujours à la démocratie, c'est que définir un cercle des meilleurs dégénère toujours en une vaste iniquité. Et si cela marche pour la papauté, c'est que celle-ci ne traite plus de question temporelle et lorsqu'elle le faisait, le collège des cardinaux intégrait nombre de critères n'ayant rien à voir avec la sagesse supposée des papables pour opérer ses choix.
La démocratie actuelle est taillée pour des médiocres. D'où le déclin stratégique et culturel de la France.
Ce n'est pas un hasard s'il n'y a plus, en Occident, d'hommes politiques d'envergure depuis De Gaulle.
Ce n'est pas la démocratie en tant que telle, qui est taillée pour les médiocres ; si des médiocres parviennent à s'incruster en trop grand nombre dans le corps étatique, c'est parce que le système électoral favorise certaines qualités qui ont plus à voir avec le fait de parvenir au pouvoir et s'y maintenir, que la mise à l'agenda des thèmes les plus pertinents pour le devenir du pays.

Ajoutez à cela un corps électoral qui attend toujours un homme providentiel ( causalité ou effet ? un peu des deux sans doute) et vous obtiendrez toujours quelque chose d'un peu décevant, car on opère par élimination des forces de proposition plutôt que par enrichissement réciproque de celles-ci ; dès le soir de l'élection il y a des perdants qui chercheront pendant 5 ans à refaire le match et des gagnants qui se figurent plus que jamais être sortis de la cuisse de Jupiter.

Je vous suggère de lire ce billet de l'excellent Pascal Décaillet http://pascaldecaillet.blog.tdg.ch/arch ... 96750.html qui relativise totalement la notion longtemps crue essentielle d'"homme politique".
Le système de la candidature est la principale faille du régime démocratique électoral. L'idéal serait de se passer de la candidature, comme le collège des cardinaux élisent un pape qui n'a pas mené campagne (normalement), et ne s'est pas déclaré candidat.

Voilà pourquoi j'ai imaginé un système qui parte de la base, et qui favorise une élection sans candidature.

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Valentin
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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par Valentin » ven. 18 janv. 2019, 10:28

Bassmeg a écrit :
ven. 18 janv. 2019, 0:37
ON EN A GROS.
C'est pas faux. :clown:

Mais enfin Bassmeg, vous savez tout comme moi que la plupart des gens sur les rond-points ne demandent qu'une chose : du pain. Le peuple ne demande jamais autre chose. Le peuple ne demande pas à participer à la politique, qui le dépasse et ne l'intéresse pas.

90 % des gens sont soit complètement dépolitisés, soit n'ont qu'une compréhension très limitée des enjeux politiques. Le suffrage universel est une invention grotesque. Il n'a de sens que dans une société très politisée, où les foules seraient familiarisées avec tous les grands enjeux dès le plus jeune âge. Ce n'est absolument pas le cas en France. (Et on peut douter que ce ne soit jamais le cas quelque part.)
gouvernement ouvertement élitiste
Non. Les gouvernements bourgeois des IIIe, IVe et Ve République sont des gouvernements ploutocratiques, et non pas élitaires.
Le terme "élite" suppose des qualités dont les dirigeants bourgeois qui se succèdent depuis 1970 sont totalement dépourvus.
Dernière modification par Valentin le ven. 18 janv. 2019, 14:30, modifié 2 fois.

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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par Valentin » ven. 18 janv. 2019, 10:32

Carhaix,
Carhaix a écrit :
ven. 18 janv. 2019, 1:07
Et comment sont désignés les membres de ce collège électoral ?
Tout citoyen disposant des qualifications nécessaires peut se porter candidat. Ensuite, il y aurait une sorte d'examen d'admission, où les meilleurs seraient sélectionnés.
J'avais pensé à un système pyramidal, où le sommet est contrôlé par la base
Là encore, je ne vois pas l'intérêt si la base est majoritairement dépolitisée.

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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par Bassmeg » ven. 18 janv. 2019, 11:16

Valentin a écrit :
ven. 18 janv. 2019, 10:28
Mais enfin Bassmeg, vous savez tout comme moi que la plupart des gens sur les rond-points ne demandent qu'une chose : du pain. Le peuple ne demande jamais autre chose. Le peuple ne demande pas à participer à la politique, qui le dépasse et ne l'intéresse pas.

90 % des gens sont soit complètement dépolitisés, soit n'ont qu'une compréhension très limitée des enjeux politiques. Le suffrage universel est une invention grotesque. Il n'a de sens que dans une société très politisée, où les foules seraient familiarisées avec tous les grands enjeux dès le plus jeune âge. Ce n'est absolument pas le cas en France.
gouvernement ouvertement élitiste
Non. Les gouvernements bourgeois des IIIe, IVe et Ve République sont des gouvernements ploutocratiques, et non pas élitaires.
Le terme "élite" suppose des qualités dont les dirigeants bourgeois qui se succèdent depuis 1970 sont totalement dépourvus.
Hum. Le peuple ne demande pas du pain, Valentin. Mais des sous et le RIC et encore plein d' autres choses. Je trouve votre vision du peuple un petit peu méprisante et peu charitable. Dire que le peuple français ne s' interesse pas à la politique, c' est beau mais c' est faux, je crois.
Vous en aurez encore la preuve samedi, garanti.

Pour votre système imaginaire, vous parlez de citoyens ayant les qualifications nécessaires. Qui déterminerait ces qualités nécessaires? Vous ou moi? Comment garantir que le système que vous proposez soit autre chose qu' une des ploutocraties que vous dénoncez?

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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par prodigal » ven. 18 janv. 2019, 11:30

Valentin a écrit :
ven. 18 janv. 2019, 10:28
Valentin

Mais enfin Bassmeg, vous savez tout comme moi que la plupart des gens sur les rond-points ne demandent qu'une chose : du pain. Lepeuple ne demande jamais autre chose. Le peuple ne demande pas à participer à la politique, qui le dépasse et ne l'intéresse pas.

90 % des gens sont soit complètement dépolitisés, soit n'ont qu'une compréhension très limitée des enjeux politiques. Le suffrage universel est une invention grotesque. Il n'a de sens que dans une société très politisée, où les foules seraient familiarisées avec tous les grands enjeux dès le plus jeune âge. Ce n'est absolument pas le cas en France.
Je ne vois pas ce qui justifie votre mépris. Je ne vois pas la trace de la supériorité intellectuelle que vous revendiquez dans vos propos.
Certes, je conçois qu'on puisse éprouver le besoin de rappeler qu'il y a des imbéciles partout. Il n'est pas exclu qu'ils soient majoritaires. Il est certain que le suffrage universel, à lui seul, n'offre pas de garanties.
Mais de là à poser en principe que les gens que vous ne connaissez pas sont par définition des abrutis cela me choque. J'imagine la catastrophe que donnerait votre "examen d'admission" si on vous laissait le soin d'en être le jury! :p

Pour essayer de parler un peu plus sérieusement, j'ajouterai deux choses.
1) le mouvement des gilets jaunes part d'une colère diffuse et qui ne sait pas s'exprimer clairement. Mais cette colère s'est révélée différente de ce que les media disaient, et voulaient encourager. Ce n'est pas simplement la révolte contre l'augmentation des impôts. J'y vois pour ma part surtout un rejet du mensonge permanent que constitue la politique dans nos pays dits démocratiques ; c'est pourquoi il n'est pas exclu qu'un jour cette révolte s'attaque à la démocratie elle-même. :mal:
En attendant, je crois tout simplement les gens en ont assez qu'on se moque d'eux. Mais le pouvoir est dans l'impossibilité de tenir un discours de vérité, sinon ce serait la révolution pour de bon. Donc, d'un côté le pouvoir méprise et manipule, de l'autre le peuple réclame qu'on respecte un peu sa dignité. Les deux sont incompatibles.
2) Je crois qu'on a tort de se focaliser sur la question de savoir qui occupe le pouvoir. Le prochain sera pire, si cela se trouve, comme l'actuel se révèle progressivement, à la surprise générale, pire que le précédent. La question n'est pas de savoir qui occupe le pouvoir mais comment il l'exerce, et surtout à quelles fins.
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

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Re: Les démocraties sont mortelles

Message non lu par Valentin » ven. 18 janv. 2019, 11:58

prodigal a écrit :
ven. 18 janv. 2019, 11:30
Je ne vois pas ce qui justifie votre mépris. Je ne vois pas la trace de la supériorité intellectuelle que vous revendiquez dans vos propos.
Vous avez bien raison mon bon monsieur ! Je ne vois nulle part dans mes propos la moindre trace de supériorité intellectuelle, que par conséquent je ne revendique pas.

Et je ne vois pas non plus ce qui justifie mon mépris dans ce cas précis : et conséquemment je n'ai pas (encore ?) mobilisé ce sentiment dans "mes propos".

J'ai dit que la plupart des gens étaient apolitiques et se souciaient avant tout d'avoir assez à manger.
Ce n'est pas du mépris, si ? Éclairez-moi de votre lanterne, ô prestigieux prodigal, prodiguez-moi vos savoirs. Que signifie donc mépriser ? Et surinterpréter, dites-moi : qu'est-ce que c'est ?
Mais de là à poser en principe que les gens que vous ne connaissez pas sont par définition des abrutis cela me choque.
Ah bon, j'ai dit ça moi ? Mais où ? Aidez-moi cher prodigal, je n'arrive pas à trouver.
J'imagine la catastrophe que donnerait votre "examen d'admission" si on vous laissait le soin d'en être le jury! :p
Vous êtes bien aimable. Mais sachez, ô prodigieux prodigal, que j'ai une sainte horreur des jurys et des examens. À tel point que je n'ai pas passé le bac. Ni même le permis de conduire. Alors les hypothétiques concours pour sélectionner l'élite de la nation... très peu pour moi.
Je crois que vous vous méprenez sur mes intentions. "Mon" système de monarchie élective n'est pas destiné à me hisser personnellement sur le trône. Ce système et ce trône, je les dédie à d'autres, plus malins que moi. Ou plus fous. Il faut être un peu fou pour désirer le pouvoir, vous ne croyez pas ?

Quant à la démocratie bourgeoise, système que vous semblez aduler et qui en effet vous convient très bien, il me semble qu'on est en droit de la critiquer. D'ailleurs, la démocratie pourrait bien aboutir à quelque chose que vous n'avez pas escompté, prodigal :
Que l’on appelle « civilisation » ou « humanisation » ou « progrès » le trait pour lequel on cherche aujourd’hui à distinguer les Européens ; qu’on appelle simplement, sans éloge et sans blâme, d’une formule politique, le mouvement démocratique de l’Europe : derrière toutes ces caractéristique morales et politiques de surface, auxquelles renvoient de telles formules, s’accomplit un formidable processus physiologique qui ne cesse de s’amplifier, – le processus qui rend les Européens semblables, leur autonomie croissante à l’égard de tout milieu déterminé qui aimerait s’exprimer au fil des siècles dans l’âme et dans le corps sous forme d’exigences identiques, – donc la lente apparition d’une espèce d’homme essentiellement surpranationale et nomade qui, pour parler en termes physiologiques, possède pour trait distinctif typique un art et une faculté d’adaptation maximalisée.

Ce processus propre à l’Européen en devenir peut voir son tempo ralenti par de grandes rechutes, mais peut-être gagnera-t-il et croîtra-t-il de ce fait en véhémence et en profondeur – le déchaînement et la poussée de « sentiment national » qui continuent de faire rage aujourd’hui entrent dans ce cadre, tout comme l’anarchisme qui commence à se lever – : ce processus entraînera vraisemblablement des résultats que ses promoteurs et apologistes naïfs, les apôtres des « idées modernes », pourraient bien ne pas escompter le moins du monde. Ces mêmes conditions nouvelles à la faveur desquelles se développera, en moyenne, une égalisation et une médiocratisation de l’homme – un homme animal de troupeau, utile, dur à la tâche, utilisable et compétent dans des domaines variés –, sont au plus haut degré propices à faire apparaître des hommes d’exception possédant cette qualité d’être suprêmement dangereux et suprêmement attirants.

Alors en effet que cette capacité d’adaptation, qui fait l’épreuve de conditions variant continuellement et commence un nouveau travail à chaque génération, presque à chaque décennie, ne rend absolument pas possible la puissance du type ; alors que ces Européens à venir donneront probablement l’impression générale d’ouvriers variés, volubiles, pauvres en volonté et offrant de larges possibilités d’utilisation, qui ont besoin du maître, de celui qui commande comme de leur pain quotidien : alors que, par conséquent, la démocratisation de l’Europe aboutira à la production d’un type préparé à l’esclavage au sens le plus subtil du terme : dans des cas particuliers et exceptionnels, l’homme fort deviendra nécessairement plus fort et plus riche qu’il ne l’a peut-être jamais été jusqu’à présent, – du fait de son éducation dénuée de préjugés, du fait de sa formidable diversité de pratique, d’art et de masque. Je voulais dire : la démocratisation de l’Europe est du même coup une organisation travaillant involontairement à l’élevage de tyrans, – à tous les sens du terme, y compris le plus spirituel.
Nietzsche, Par-delà le bien et le mal

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