Les gilets jaunes

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gerardh
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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par gerardh » jeu. 06 déc. 2018, 22:20

________

Bassmeg explique :

On largue donc le surplus de kérosène avant d' atterrir en urgence.

OK mais c'est une circonstance rare et exceptionnelle.


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Cinci
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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par Cinci » jeu. 06 déc. 2018, 22:43

Briscard écrit :
On en revient presque à l'époque 1789/1794 réputée pour son ultra-violence notamment à l'égard de la royauté et de la noblesse.
Mitigé ...

La réalité est toujours assez complexe, plus que bien des clichés répétés et colportés sur la toile depuis des années le laisserait croire; à commencer par les "légendes noires"véhiculées par les uns pour discréditer les autres, tels par des gros bourgeois français enrichis et profiteurs de la Révolution, au XIXe, et qui avaient bien besoin surtout d'éviter une reprise de celle-ci, qui aurait pu leur être préjudiciable cette fois.

Il y avait intérêt à dépeindre les révolutionnaires les plus enthousiastes comme des chiens enragés, des dangereux, des malpolis osant s'attaquer sans retenue aux "gens biens" (cf. les aristocrates aux bonnes manières, portant perruque, des gens bien éduqués). Oh ! Shocking ! La plèbe qui se lève pour assaillir le "beau monde". Où s'en va-t-on ?

:exclamation:

Plus près de la réalité

Plus près de la réalité serait le fait qu'en matière de violence les torts auront toujours été bien partagés. Le pouvoir d'Ancien Régime en France ne faisait jamais tellement "dans la dentelle" lorsqu'il s'agissait de devoir mater des révoltes populaires, la "casse" de paysans malcommodes et celle d'autres Jacques mécontents de leur sort. Et puis la violence littéraire et psychologique des aristocrates conservateurs dans la presse pré-révolutionnaire et même post-1789 ne le cédait en rien à la prose littéraire véhémente des libéraux en face, quand chacun pouvait librement s'insulter à qui mieux-mieux, même si cela pouvait parfois être fait avec esprit et drôlerie.

et

Et plus près de la réalité, aussi, sera le fait que la majorité des victimes de la Révolution française n'aura pas été la haute noblesse mais bien davantage des gens d'une condition beaucoup plus humble. L'ordinaire de la répression affecte toujours les gens du peuple, dans une bien plus grande proportion en tout cas que celle touchant les prisonniers politiques.

[...]

Quand Lafayette et sa garde républicaine fait ouvrir le feu sur la foule du Champ de Mars en 1792, il ne fait pas ouvrir le feu spécialement sur la clientèle huppée du Palais Royal de l'époque mais bien davantage sur de pauvres gueux, des "sans dents" comme diraient certains aujourd'hui, sur une chienlit menaçant drôlement de verser dans des idées communistes avant l'heure. Le pire ennemi de l'immense majorité des députés (riches, bourgeois, d'origine noble) de la Convention) ce n'était pas des très riches bien raisonnables "à la duc d'Orléans" mais plutôt des suppôts du populisme à la Jean-Paul Marat; le type malpropre comme un rat dans sa cave (le lanceur d'alertes !), certainement violent dans ses diatribes journalistiques dénonçant les gros et qui avait le coeur si sensible envers ce mauvais sort fait aux pauvres. Snif !

L'horrible sort fait à des Madame de Lamballe resterait plutôt une exception, quand c'est la masse (d'humbles ex-sujets du Royaume de France) qui doit subir les acharnements des affreux à la Carrier de Nantes ou encore à la Joseph Fouché à Lyon; quand ce ne sont pas non plus des très riches qui forment les cohortes de victimes en Vendée.

Revenir aujourd'hui ...

Pour moi l'insurrection des Gilets jaunes ressemble bien plus à une "jacquerie" d'Ancien Régime, quand les Gilets jaune n'aspirent pas vraiment à implanter un nouveau régime comme ils espèrent confusément réussir surtout à se faire entendre du pouvoir, afin que ce dernier allège un peu plus leurs conditions de vie ordinaires. Les paysans révoltés du Moyen-Âge n'espéraient pas changer le système monarchique ou ils n'espéraient pas pouvoir faire disparaître la noblesse. Ils voulaient être déchargés de taxes abusives ou encore ils protestaient contre des abolitions de privilèges traditionnels ayant dû leur avoir été octroyés anciennement. Un soulèvement populaire contre une injustice ressentie ...

D'ailleurs, il n'y a pas beaucoup de nobles qui auraient été appuyer les "Jaquouilles" et leur fomentation de désordre. C'est de la même façon qu'on trouve assez peu de souteneurs du régime en place (jeunes Lucien de Rubempré), assez prompts pour s'assimiler eux-mêmes à ce désordre provoqué par les nouveaux croquants. C'est frappant comme cette révolte apparaît comme un objet non-identifié dans le système.

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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par Bassmeg » jeu. 06 déc. 2018, 23:39

Cinci, bonsoir,

Le mouvements gilets jaunes n' est pas une "jacquerie" comme vous dites. Nous ne sommes pas des Jacques. Ça, s' est le terme qu'employaient les marquis pour désigner les paysans illettrés et ignorants, il y a bien longtemps, juste avant que les marquis apprennent à baisser d'un ton et à se faire discrets. Depuis cette époque, il s'est passé bien des choses. Nous ne sommes pas non plus des sans rangs, sans dents, gueux, ou jacquouilles, malgré l'image que certains aimeraient nous accoler.

Vous dites ensuite que ce qui rapproche les gilets jaunes des jacqueries d' avant la Révolution, c' est qu'ils ne souhaitent pas instaurer un régime nouveau, mais seulement avoir plus de pain et moins de taxes. Cinci, c'était vrai. Il y a trois semaines. Dorénavant, nous n'en sommes plus à ce point. On parle de prise d' armes, de dissolution de l'Assemblée, de dissolution DEFINITIVE du Sénat, de destitution du gouvernement, de nouveaux modes de scrutins, de nouvelles manieres pour le Peuple d'être représenté... On parle de prendre la Bastille et l' Élysée, alors que ce ne sont pas des dépots de pains.

Ne comprenez vous pas ce qui se joue? On parle de faire TABLE RASE. Plus personne ne parle d' obtenir du pain et moins de taxes.
Je ne sais pas quels gilets jaunes vous fréquentez pour avoir une vision du mouvement aussi "jacquouille veut du pain". Mais je vous le dis, le mouvement n'est pas resté fixé sur les revendications d'il y a trois semaines. La taxe diesel, plus personne n' en a rien à fiche. C' est pour ça que l' annonce du PM est tombée complètement à plat. On n' en est plus là, en fait.

Depuis, il y a eu les violences policières, le mépris du gouvernement, puis sa reculade mesquine (c'était encoooore une grossière erreur tactique, ces gens sont censés être nos élites ayant eu les meilleurs formations, les meilleurs conseillers et pourtant, ils jouent comme mon neveu de 6 ans jouerait au pocker...Systématiquement en retard, systématiquement en faute tactique lourde.)

Les gens ne veulent pas d' un report des taxes dans 6 mois. Ils ne veulent même pas une annulation des dites taxes. Ils ne veulent MEME plus discuter avec le gouvernement. Ils veulent juste que ceux qui se payent de la moquette à 300 000 euros et de la vaisselle à 500 000 partent, le plus vite possible. Les croûtes de leurs brioches, on ne veut même pas qu' ils nous disent comment les utiliser. Et je m'efforce de le dire en termes polis. Ils veulent un changement de régime. Sortez et allez leur demander. Allez prendre la température. Vous verrez.

Ce n' est pas une "Jacquerie" de paysans voulant du pain. Au contraire. Les paysans en France, c'est même pas 5 pour cent. Ils viennent de se joindre au mouvement et ils vont clairement apporter un regain musclé, certes. Ajoutez à ça les banlieues, les lycéens, les étudiants, les hôpitaux, la police qui commence à fraterniser parce qu' ils sont dans la même mouscaille que tout le monde en France, plus les ouvriers plus AUJOURD'HUI, les artistes qui commencent timidement à s'exprimer en faveur du mouvement.... ET on sait que l'armée ne soutiendra pas le gouvernement en cas de problème parce que l' armée est à bout, maltraitée et méprisée, comme nous tous.

Cinci, vous ne voyez pas ce qu' il se passe? Même le gouvernement n' ose plus qualifier le mouvement de "jacquerie" tellement le terme est méprisant et surtout inadéquat pour décrire le truc. Nous n' en sommes plus à la "jacquerie des jacquouilles", Cinci. C' est dépassé depuis longtemps. Aucune fourche, aucun fauchard. Juste le peuple en colère, comme en 1789. Et 1789 n' était pas une "jacquerie".

Je vous souhaite un bon week end. Je n' ai pas encore décidé si je montais ou pas. Chacun est libre d' être solidaire de son peuple ou non.

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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par Astya » ven. 07 déc. 2018, 0:02

gerardh a écrit :
mer. 05 déc. 2018, 12:00
_________

Bonjour,

A ce stade il me semble qu'émerge la question de la détention du pouvoir.

Il subsiste certes des "héritiers", mais il y a essentiellement dans les hautes sphères des gens très intelligents, très cultivés et très diplômés. Ces gens sont sortis de rien ; ils sont sortis du peuple, même si par leurs occupations ils peuvent avoir tendance à s'éloigner du terrain.

Doivent-ils ou non avoir autorité sur le commun des mortels (dont je fais partie) ?


___________
C'est une vraie question mais j'y vois plusieurs questions :

- Est-ce que la démocratie représentative donne une réelle légitimité aux gouvernants ?

- Est-ce que des gens qui sont en majorité bénéficiaires de la technocratie (et demande à l'être davantage) sont légitimes à critiquer les technocrates ?

- Est ce que tout le monde, qui sait lire écrire et compter, n'a pas les moyens de développer sa culture économique et de comprendre la société où il vit plutôt que de la vitupérer ou la vandaliser ?

- Est il légitime de parler de misère en France, le pays du Smig, du RSA, des prestations et de la sécurité sociale ? Est-ce qu'il n'y a pas des pays ou la misère est plus grave ?

- Est-ce que le président Macron est légitime à recommander la mobilité professionnelle à quelqu'un qui vient lui dire qu'il est au chômage ?

- Est ce qu'il est normal que les médias oublient de parler des débats sur la diminution du nombre de parlementaires ?

- Last but not least : qui est-ce qui finance les gilets jaunes ?

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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par Bassmeg » ven. 07 déc. 2018, 2:29

gerardh a écrit :
jeu. 06 déc. 2018, 22:20
Bassmeg explique :
On largue donc le surplus de kérosène avant d' atterrir en urgence. OK mais c'est une circonstance rare et exceptionnelle.
Une procédure ni rare ni exceptionnelle. Mais légale et courante. Les avions sont calibrés pour çà. Certes, tous les avions ne larguent pas 89 tonnes de kérosène tous les jours au dessus de nous. C' est vrai. Mais c' est un système en place. Mis en place par nous, des humains. Donc un système modifiable. Etant donné le nombre d' avions dans le ciel européen même si seulement UN POUR CENT des avions se retrouvent en situation de larguer du kérosène au dessus de nous, c' est déjà trop. On ne doit pas extraire du petrole, puis perdre du temps à le raffiner, puis l' entreposer, puis le charger dans des avions pour ensuite le répandre sur les gens. NOUS fabriquons des avions, non? On a qu' une chose à faire: les construire de manière qu' ils puissent atterrir sans avoir à larguer du kérosène sur les gens habitant à coté de l' aéroport. Ca ne me parait quand même pas très compliqué.

Je vois pas ou est le problème, je suis dans la droite ligne du discours du gouvernement. Je vais continuer. Moins de pollution atmosphérique, moins de consommation de carburants. Si on demande aux retraités ayant un chauffage au fioul pour ne pas avoir froid de faire un effort pour la planète, pourquoi ne pas demander aux Bizness Class de faire de même? Ca ne les impactera même pas, alors pourquoi ne pas le faire? Augmenter de 20 ou 80 euros le prix d' un Paris New-york, vous savez aussi bien que moi que çà n' enlevera le pain de la bouche de personne.

Allons même plus loin si le but est vraiment (comme le prétend le gouvernement) de faire une transition écologique en taxant les pollueurs... Taxons les bateaux (complètement détaxés sur la mazout, sans jamais aucun pot d' échappement catalytique). Taxons Total. Remettons les Eco portiques de l' éco-taxe. Si le but est vraiment l' écologie (je rigole, là, je sais aussi bien que tout le monde que c' est faux et que les taxes carbu n' étaient pas destinées à l' écologie, mais à financer les cadeaux aux riches.) alors taxons les camions les avions et les bateaux. Je sais aussi bien que vous que le gouvernement ne le fera pas, parce que l' écologie n' est pas un objectif. On le sait tous, on s'en est tous rendu compte. L' écologie n' est qu' un prétexte pour prendre des sous à ceux qui étaient censés accepter sans rien dire.

J' ai posté il y a peu une vidéo étrange, sur laquelle personne n' a rebondi. On y voyait ceci: une député La république En Marche proposait une loi visant à augmenter de SEPT euros les bas salaires… Elle jouait contre son camps. Ce n' était pas mirobolant, c' est vrai. Mais elle a quand même eu le cran de le proposer et de le défendre, avec des arguments. La seconde d'après, le ministre (B. LEMAIRE) a donné son avis. Selon lui, une hausse des petits salaires de sept euros (4 millions de personnes concernées) provoquerait instantanément une perte de pouvoir d' achat de 371 euros par mois pour les gens gagnant entre 6 600 euros et 12 500. Ce qui selon lui serait BEAUCOUP à perdre, quand on gagne entre 6 500 et 12 000. Il enchaine ensuite en disant que les gens de cette tranche (entre 6 600 et 12 500 par MOIS) ne sont que 150 000 en france, mais que si on leur retire 371 euros, on va les entendre gronder. Il ne dit rien des 4 MILLIONS de personnes qui auraient bien gagné 7 euros en plus. C' était il y a deux mois. Sept euros en plus pour un smicard, çà représente presque 2 jours de nourriture pour une personne. 371 euros, pour une personne gagnant 9 000 euros, ça représente quoi, en fait? Selon le porte parole du gouvernement, ce n' est même pas suffisant pour un repas à quatre à Paris (sans les vins)
https://www.youtube.com/watch?v=n87o7DDQ7e8

Est ce que je suis vraiment la seule ici à comprendre ce qu' il se passe? L' abbé Pierre il a disparu? La solidarité, la charité elles sont parties à la Baule ou bien? Pardon pour la colère mais quand même, je suis sidérée du manque de réaction. C' est à croire que personne ici n' est en difficulté ou que personne n' a des proches en difficultés. Si c' est vraiment le cas, alors c' est bien, je suis contente de savoir que mes amis du forum ici [...] et le reste de nous n' avons pas de bonne raisons de monter.

Dans un sens je suis contente. Vraiment. Parce que çà signifie que personne ici ne souffre du froid et de la faim, ni de la peur de l' avenir. Je suis contente pour tout le monde, soyons clairs. Je ne suis pas jalouse, je suis contente pour ceux qui sont bien. J' ai moi même un toit sur la tête et à manger pour plusieurs jours, je n' ai pas à me plaindre. Mais je suis un peu surprise d' être la seule ici à prendre ouvertement parti pour ceux qui galèrent des mois ou des vies entières. Ces gens vont monter à Paris , ils savent ce qu' ils risquent. Ma tante handicapée va monter. Un ami chauffeur de bus va monter. Un autre ami médecin va monter. Je suis la seule ici à voir ça?

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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par ange2b » ven. 07 déc. 2018, 8:33

Arrêtez ! Pas de violences s.v.p. Ne cassez pas votre pays et vos vies. Vous avez déjà obtenu beaucoup de concessions.

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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par gerardh » ven. 07 déc. 2018, 13:07

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Bassmeg,

Vous semblez bien au courant sur le kérosène : quel est le % du kérosène employé qui est lâché dans la nature en cas d'urgence. Quel est le % des atterrissages d'urgence ?

Je n'ignore pas les problèmes de beaucoup de français. A noter que malgré leurs difficultés ils vivent mieux que beaucoup d'habitants de la planète. Comment considérer cette réalité ?


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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par Foxy » ven. 07 déc. 2018, 15:18

Nous sommes sur un forum CATHOLIQUE, je me permets donc de donner la parole à nos évêques :

https://fr.aleteia.org/2018/12/06/gilet ... tent=NL_fr

Gilets jaunes : Mgr Pontier appelle chacun « à accepter les voies de dialogue qui sont possibles »

Agnès Pinard Legry | 06 décembre 2018

Alors que la France s’apprête à vivre ce samedi 8 décembre la quatrième grande journée de manifestations des Gilets jaunes, une dizaine d’évêques s’est exprimée sur ce mouvement social. Des paroles d’apaisement qui invitent à l’écoute et au respect mutuel.

Il est rare que les évêques réagissent aussi rapidement sur des faits d’actualité. Mais face à l’ampleur du mouvement des Gilets jaunes, ils sont une dizaine à s’être exprimés sur ce sujet.

Alors que le gouvernement a annoncé l’annulation de la hausse des taxes sur le carburant en 2019, près de huit Français sur dix (78%) estiment que les annonces du gouvernement ne répondent pas aux attentes exprimées par les Gilets jaunes, souligne un sondage Elabe.

Pour « l’acte IV » de la mobilisation des Gilets jaunes ce samedi 8 décembre, le gouvernement a annoncé qu’il allait déployer des « moyens exceptionnels » en plus des 65.000 policiers et membres des forces de l’ordre mobilisés en France ce samedi.

Dans ce contexte de tensions et de violences, c’est un discours d’apaisement qu’a tenu à avoir l’épiscopat français de France.

Il y a d’abord eu Mgr Denis Moutel, évêque de Saint-Brieuc et de Tréguier, dans son éditorial mensuel qu’il a intitulé « La lumière de l’Avent pour un temps de crise » et Mgr Aupetit archevêque de Paris, qui a réaffirmé « l’urgence de la fraternité ».

« Cette crise montre à l’évidence un déficit d’écoute et de dialogue dans notre pays, des ruptures et des incompréhensions que vivent beaucoup de nos concitoyens, une méfiance croissante dans toute institution et la perte de confiance dans les corps intermédiaires », a indiqué Mgr Pontier, président de la Conférence des évêques de France (CEF), ce jeudi 6 décembre.

Et d’appeler chacun au nom de tous les évêques de France « à assumer ses responsabilités et à accepter les voies de dialogue qui sont possibles pour que les choix nécessaires puissent être assumés dans le respect de chacun. »

Ce mouvement résulte pour Mgr Laurent Le Boulc’h, évêque de Coutances et Avranches, d’un « sentiment d’injustice économique, sociale et culturelle, d’exclusion et de fracture territoriale, et de désarroi devant la complexité de la gouvernance du monde ».

Pour ces évêques, un dialogue courageux est nécessaire. « Aujourd’hui, nous appelons chacun à assumer ses responsabilités et à accepter les voies de dialogue qui sont possibles pour que les choix nécessaires puissent être assumés dans le respect de chacun. […] Seul, un dialogue courageux et constructif pourra contribuer à la recherche du bien commun », souligne-t-il.

Même son de cloche du côté de Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre. « Il n’appartient pas à l’Église catholique d’élaborer des solutions susceptibles de sortir de la crise que traversons. Mais il lui revient d’élaborer et de mobiliser les chrétiens et toutes les personnes de bonne volonté, à prendre part activement à la construction d’une vision partagée du bien commun », invite-t-il.

Pour Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille, « passer à l’action politique, c’est-à-dire à la responsabilité, au dialogue, aux propositions à discuter, à la représentation, voilà l’étape d’aujourd’hui ». « On sent bien que le cœur n’est pas encore prêt à ce passage… mais c’est une étape nécessaire ; il n’y a pas de société qui tienne sans cela », détaille l’archevêque.
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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par Foxy » ven. 07 déc. 2018, 15:30

Gilets jaunes : les chrétiens ont-ils un rôle particulier à jouer ?

Agnès Pinard Legry | 03 décembre 2018


Après un nouveau week-end de mobilisation des Gilets jaunes, marqué par des scènes de violences à Paris et parfois en régions, Édouard Philippe a été missionné pour recevoir les chefs de partis d’opposition et des « Gilets jaunes » prêts à dialoguer.

De la violence mais surtout de la colère. Beaucoup de colère. Ce nouveau week-end de mobilisation des Gilets jaunes a frappé les esprits par les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux et dans les médias. Une violence proportionnelle à la colère, voir au désespoir, qui anime certains gilets jaunes. Alors qu’Emmanuel Macron a chargé son Premier ministre, Édouard Philippe, de recevoir les chefs des partis politiques et des représentants du mouvement cette semaine, afin d’annoncer de nouvelles mesures, le mouvement des Gilets jaunes questionne.

Mgr Malle, évêque de Gap, a choisi de répondre avec une citation du bienheureux Frédéric Ozanam : « Car si la question qui agite aujourd’hui le monde autour de nous n’est ni une question de personnes ni une question de formes politiques, mais une question sociale ; si c’est la lutte de ceux qui n’ont rien et de ceux qui ont trop, si c’est le choc violent de l’opulence et de la pauvreté qui fait trembler le sol sous nos pas, notre devoir, à nous chrétiens, est de nous interposer entre ces ennemis irréconciliables. » Une phrase portée à son attention par Charles Vaugirard, historien, blogueur catholique et animateur des « Cahiers libres ».

« Toute proportion gardée, et sans faire d’anachronisme, il y a une dimension de lutte des classes dans l’actualité des gilets jaunes », explique-t-il à Aleteia. « Certains commentateurs mettent en évidence une élite mondialisée, des métropoles, et une classe moyenne en cours de déclassement ou qui craint le déclassement et qui vit dans la “France périphérique”. Il s’avère que Frédéric Ozanam, figure du catholicisme social, a beaucoup écrit sur cet aspect de lutte des classes. Il a des choses à nous dire sur ce qui se passe aujourd’hui ».

Comment interpréter ce passage : « Notre devoir, à nous chrétiens, est de nous interposer entre ces ennemis irréconciliables » ? « Il faut réfléchir à une médiation entre ces deux camps. Il y a une déconnexion et pour rétablir le dialogue un médiateur est nécessaire.

Je pense que les ONG et associations chrétiennes comme le Secours catholique ou la Société de Saint-Vincent-de-Paul, qui ont un rôle social et sont en contact direct avec ces réalités, ont un rôle à jouer », affirme l’historien. Une médiation qui doit être au contact de la réalité que vivent des milliers de gilets jaunes tout en ayant une connaissance des obligations gouvernementales. « Au-delà de la souveraineté populaire, la démocratie repose sur la capacité à dialoguer pour construire ensemble le bien commun. Aujourd’hui ce dialogue n’existe pas », rappelle Charles Vaugirard.

Au-delà des associations chrétiennes, la parole de l’Église est attendue. Si le contexte actuel fait que sa voix n’est pas forcément la plus audible, elle n’en demeure pas moins nécessaire, explique Charles Vaugirard. « Quand Emmanuel Macron est venu au Collège des Bernardins, l’Église l’a reçu avec des associations chrétiennes tournées vers les personnes handicapées et fragiles. Je pense que c’est dans un cadre similaire que l’Église et les associations doivent s’exprimer. Elles en ont la légitimité car elles sont présentes auprès des plus précaires et elles font partie de la société civile », détaille l’historien. « Dans ce mouvement on observe une crise des corps intermédiaires. Hors l’Église, les ONG et les associations chrétiennes sont des corps intermédiaires. À elles de jouer un rôle, au niveau local, départemental, régional ou à l’échelle d’un diocèse afin de tenter de faire ce lien citoyen-état qui est actuellement rompu ». « En tant que chrétiens, notre travail est d’être des artisans de paix. Nous avons aussi faim et soif de justice », indique encore Charles Vaugirard. « Justice et paix s’embrassent, elles marchent ensemble. Aujourd’hui plus que jamais nous devons le rappeler, inlassablement ».
https://fr.aleteia.org/2018/12/03/gilet ... r-a-jouer/
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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par Cinci » ven. 07 déc. 2018, 17:40

Bassmeg a écrit :
Le mouvements gilets jaunes n' est pas une "jacquerie" comme vous dites. Nous ne sommes pas des Jacques. Ça, s' est le terme qu'employaient les marquis pour désigner les paysans illettrés et ignorants, il y a bien longtemps, juste avant que les marquis apprennent à baisser d'un ton et à se faire discrets. Depuis cette époque, il s'est passé bien des choses. Nous ne sommes pas non plus des sans rangs, sans dents, gueux, ou jacquouilles, malgré l'image que certains aimeraient nous accoler.
Ah ! mais je serais peut-être le dernier à vouloir mépriser ces Français "à la base" et qui vont parader dans les rues. Je ne les méprise pas. Non, mais surtout pas. Attention !

Les termes littéraires que j'utiliserais font référence à ces expressions que peuvent employer ça et là des observateurs de tout acabit, aussi bien tels ce que des nobliaux d'une époque lointaine auraient pu dire au sujet de pauvres se rebellant. Et si j'écris "pauvre" mais ce n'est certainement pas parce que je me verrais,moi-même, flottant très haut, loin au-dessus. Par rapport aux divers avocats défunts des feu parlements de Bretagne, de Bordeaux ou de Dijon : le sans dents c'est moi.

Il faudra tout vous expliquer ou quoi !

:D

Je sais très bien stricto sensu que ce ne sont pas des paysans du XIIIe siècle qui se rebellent ici, ni des gens des petits métiers du faubourg Saint-Antoine du XVIIIe siècle. Mais il reste que l'on peut transposer certaines expériences par-delà les siècles, pour trouver certaines similitudes (partielles; toujours partielles, hein ?) qui ne seront pas complètement gratuites.


Un historien disait que si l'histoire ne se répète jamais, il lui arrivait en revanche de pouvoir bégayer.


Les phénomènes de déclassement social, abus de taxation, surdité du pouvoir, sentiment d'impuissance d'une bonne strate de la population, de riches qui veulent accroître leurs privilèges en pleine période où le bon peuple pique du nez ne sont pas des événements particulièrement uniques dans l'histoire. C'est un peu comme pour le péché : une certaine tendance à la répétition.



« Toute proportion gardée, et sans faire d’anachronisme, il y a une dimension de lutte des classes dans l’actualité des gilets jaunes », explique-t-il à Aleteia. « Certains commentateurs mettent en évidence une élite mondialisée, des métropoles, et une classe moyenne en cours de déclassement ou qui craint le déclassement et qui vit dans la “France périphérique”. Il s’avère que Frédéric Ozanam, figure du catholicisme social, a beaucoup écrit sur cet aspect de lutte des classes. Il a des choses à nous dire sur ce qui se passe aujourd’hui ».

- L'évêque du Gap ... Mgr Malle ... qui est sûrement un fin lettré

Traduction : une dimension de jacquerie, de révolte des Boyards, de luddites, de canuts de Lyon, de soulèvement de paysans d'Allemagne, etc.


La révolution industrielle bouleverse l'Angleterre du début du xixe siècle. Dans le milieu du textile, trois professions sont particulièrement menacées par l'apparition de métiers mécaniques : les tondeurs de draps, les tisserands sur coton et les tricoteurs sur métier. Ceux qui les pratiquent sont des artisans assez puissants, bien organisés malgré les lois de 1799 interdisant toute association en Angleterre (Combination Act), et mieux lotis que les ouvriers qui travaillent dans les usines. Ces métiers très techniques sont déterminants pour la qualité des draps ou des tissus : selon le travail d'un tondeur de draps, par exemple, le prix du produit fini peut varier de 20 %.

Les années 1811-1812 cristallisent les rancœurs des couches populaires anglaises et spécialement celles de ces artisans. C'est que, outre la crise économique, les mauvaises récoltes et la famine, ces années marquent la fin des politiques paternalistes qui protégeaient les artisans et le lancement en grande pompe de la politique du « laissez-faire » — on parlerait aujourd'hui de libéralisme économique.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Luddisme


Le 21 novembre 1831, plusieurs centaines de tisseurs parcourent la Croix-Rousse, qui est alors une commune indépendante9. Ils obligent ceux qui travaillent encore à arrêter leurs métiers à tisser, puis descendent de la Croix-Rousse par la montée de la Grande-Côte jusqu’à la rue Vieille-Monnaie. La 1re légion de la Garde nationale, composée principalement de négociants et qui barre le passage, fait feu. Trois ouvriers sont tués, plusieurs sont blessés. Les canuts remontent à la Croix-Rousse et alertent la population en criant : « Aux armes, on assassine nos frères. » On s’arme de pioches, de pelles, de bâtons, quelques-uns ont des fusils. Des barricades sont dressées et les ouvriers marchent sur Lyon, drapeau noir en tête, et bientôt, les tisseurs de la Croix-Rousse sont rejoints par ceux des Brotteaux et de la Guillotière.

Le 22 novembre, à Lyon, un combat sanglant a lieu au pont Morand10. Les soldats et gardes nationaux, battus, renoncent à contrôler la Grande-Côte et la montée Saint-Sébastien et les ouvriers prennent possession de la caserne du Bon-Pasteur et pillent les armureries. Des ouvriers de tous les quartiers se joignent aux canuts qui sont bientôt maîtres de toute la ville, à l’exception du quartier des Terreaux. Plusieurs corps de garde de l’armée ou de la Garde nationale sont attaqués et incendiés. L’infanterie essaie vainement de les arrêter, puis recule sous les tuiles et les balles, tandis que la Garde nationale, dont nombre de membres se recrutent parmi les canuts, passe du côté des émeutiers.

Au terme d’une rude bataille – environ 600 victimes dont quelque 100 morts et 263 blessés côté militaire, et 69 morts et 140 blessés côté civil –, les émeutiers se rendent maîtres de la ville que fuient, dans la nuit du 22 au 23 novembre, le général Roguet, commandant la 7e division militaire, ainsi que le maire, Victor Prunelle.

Le 23 novembre, les insurgés sont maîtres de la ville et se gardent de tout pillage. Ils occupent l’hôtel de ville, mais leurs chefs, qui n’étaient « entrés en grève » que pour obtenir la correcte application de l’accord collectif, ne savent plus que faire de leur victoire. Un comité insurrectionnel se forme sous l’impulsion de quelques républicains, mais ne prend pas de mesures concrètes, faute d’un véritable programme et aussi du soutien des canuts, qui refusent de voir leur mouvement récupéré à des fins politiques.

La semaine suivante, les ouvriers, pensant tenir leur tarif, reprennent le travail.

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_des_canuts

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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par Briscard » ven. 07 déc. 2018, 19:41

gerardh a écrit :
ven. 07 déc. 2018, 13:07
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Bassmeg,

Vous semblez bien au courant sur le kérosène : quel est le % du kérosène employé qui est lâché dans la nature en cas d'urgence. Quel est le % des atterrissages d'urgence ?

Je n'ignore pas les problèmes de beaucoup de français. A noter que malgré leurs difficultés ils vivent mieux que beaucoup d'habitants de la planète. Comment considérer cette réalité ?


_______
C'est certain. Nous avons en France beaucoup de pauvres mais ce n'est rien à coté de nombreux pays y compris occidentaux comme l'Allemagne par exemple où les salaires sont très bas.

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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par gerardh » ven. 07 déc. 2018, 19:46

_________

Briscard,

Je ne pensais pas en premier lieu à l'Allemagne !


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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par antoine75 » ven. 07 déc. 2018, 20:29

Prions pour que demain il n y ai pas de mort. Et pour nos forces de sécurité. Les gilets jaunes ne sont pas le printemps arabe en France ! On devrait plus respecter la République et ses monuments/bâtiments/institutions.

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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par Jeanne » sam. 08 déc. 2018, 7:57

Foxy a écrit :
ven. 07 déc. 2018, 15:30
Gilets jaunes : les chrétiens ont-ils un rôle particulier à jouer ?




https://fr.aleteia.org/2018/12/03/gilet ... r-a-jouer/
Merci Foxy.

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Re: Les gilets jaunes

Message non lu par Briscard » sam. 08 déc. 2018, 12:21

gerardh a écrit :
ven. 07 déc. 2018, 19:46
_________

Briscard,

Je ne pensais pas en premier lieu à l'Allemagne !


_________
sans doute, mais l'Allemagne est réputée pour les salaires bas et les emplois nombreux à temps très partiels. Mais ce ne sont pas des "gaulois"...

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