Pour une rare fois je serai d'accord avec gérardh.gérardh a écrit :
Il y a plusieurs aspects du problème. Une question classique chez les juristes est la relation entre la loi et la morale. Les deux ne peuvent pas être identiques et la loi doit optimiser les avantages économiques et sociaux pour la collectivité, ce qui ne correspond pas forcément à la morale sans pour autant lui être frontalement contraire. L'équilibre est délicat à obtenir, et il est trop facile de jeter la pierre à nos dirigeants
Puis la question est d'autant plus délicate que le gouvernant ne dirige pas un État chrétien. La France de Simone Veil n'est pas le royaume de France de Louis XIV. En maintenant la ligne dure pour réprimer l'Intervention sur le sol national, l'État français se serait retrouvé à châtier pratiquement que d'humbles citoyennes. Bonjour l'égalité ! Moralement, la situation n'aurait pas été tenable très longtemps. Les plus riches auraient toujours trouvé aisément le moyen de contourner l'obstacle légal.
Le problème réel n'est sans doute pas tant le fait de la légalisation du geste clinique posé sous certaines conditions comme le fait que la société dans son ensemble est assez hostile au fait des familles pouvant compter de nombreux enfants. Le problème c'est que la maternité n'est pas bien vue, qu'on juge la condition de l'orphelin "caserné" pire que celle de l'embryon supprimé, etc. Pratiquement rien n'est fait pour inciter positivement des jeunes femmes à garder leur enfant, etc.
Non mais ...
C'est vrai que la loi et la morale religieuse ne peuvent se confondre. C'est bien pourquoi un État politique peut tolérer certains gestes publics ou interventions de ses représentants (pu citoyens "encadrés") qu'il ne tolérerait pas autrement. Le gouvernement a le droit de conduire certaines opérations militaires ... même si dans le Décalogue de Moïse ... en dépit de l'exhortation divine ...
Le gouvernement a le droit de punir de la peine capitale un criminel ... même si Jésus ... même si un chrétien ... Le gouvernement peut accepter que l'hérésie religieuse ait cours légal sur ses terres ... quand bien même que tout le collège apostolique à Rome pourrait décréter que l'hérésie c'est l'hérésie.
La loi apparaîtra toujours comme imparfaite (religieusement parlant), et comme le fruit d'une sorte de compromis avec le mal et pour des raisons supérieures bien sûr.