De l'AED via France Catholique :
http://www.aed-france.org/actualite/egy ... nner-dieu/
Voilà un beau témoignage d'espoir et de courage.
Intéressant cette volonté d'évangéliser tout en soignant les plaies.
L'AED comme Portes Ouvertes font chaque fois qu'ils le peuvent de tels reportage pour montrer la vitalité des chrétiens même au milieu des persécutions.
Ces chrétiens sont vraiment le "sel de la Terre".
EGYPTE : «Ne pas seulement donner du pain, mais donner Dieu»
Le 15 novembre 2012
Visite du séminaire copte-catholique
Le Caire. Pas une semaine ne passe sans que l’on rapporte d’Égypte de nouvelles exactions commises contre des chrétiens et leurs institutions. Devenir prêtre dans une telle situation ? Samer Farag en est sûr : « C’est exactement le bon moment pour cela. » Âgé de 27 ans, le jeune sous-diacre originaire de Beni Suef, une ville sur le Nil en Haute-Égypte, en est à sa deuxième année d’études de théologie au séminaire de l’Église catholique copte. Il s’agit d’un grand bâtiment datant des années 1950, situé dans la banlieue verte du Caire. Des séminaristes en soutane déambulent le long des couloirs silencieux.
« Je viens d’une famille catholique. La foi était omniprésente. Dès l’âge de huit ans, alors que j’étais servant d’autel, j’étais enthousiasmé par notre prêtre. À 16 ans, j’ai voulu entrer au séminaire. Mais ma mère et notre prêtre étaient d’accord pour me dire : ‘ Apprend d’abord un métier et attend d’être un peu plus âgé. Après, tu pourras toujours devenir prêtre. ’ ».
Samer a suivi ce conseil. « Mais pendant tout ce temps, j’ai continué à aller à la messe et à participer à beaucoup de manifestations au séminaire. », poursuit-il. Enfin, il y a six ans, il est devenu séminariste. Sa motivation de devenir prêtre : « Je voudrais être témoin de l’espoir pour mon peuple. Il y a plus de choses dans la vie que l’argent, le sexe ou le pouvoir. » Il est particulièrement fasciné par la personnalité de Saint Vincent de Paul. « Il s’est occupé des pauvres. Mais il ne leur a pas seulement donné du pain, il leur a donné Dieu. Ainsi, les pauvres sont devenus pour lui les portes du ciel. Moi aussi, je veux tenter de le faire. »
Bien que l’Église copte catholique admette les prêtres mariés, Samer s’est décidé pour le célibat. « Je voudrais offrir l’amour que je porte en moi à tout le monde et pas seulement à une seule personne. Voilà pourquoi je considère que le célibat s’accorde mieux à la prêtrise. »
À l’instar de Samer, une cinquantaine d’autres séminaristes se préparent actuellement à la prêtrise célibataire. Les candidats mariés souhaitant devenir prêtres suivent leur formation dans une autre maison. Au total, au vu de seulement 200 000 catholiques coptes en Égypte, les chiffres sont positifs. Environ 200 prêtres s’occupent des fidèles dans les sept diocèses du pays.
Le recteur du séminaire, le Père Andrawes, évoque les limites financières. « Depuis la révolution, les prix pour les biens de tous les jours sont montés en flèche. Le gaz, l’électricité, la nourriture, tous ces prix ont littéralement explosés. Mais je ne peux pas faire d’économies ici. L’argent me manquerait alors dans la formation. »
L’année dernière par exemple, pour la première fois, il n’a pas pu envoyer de candidats à un stage d’été à l’étranger. « Je n’avais simplement pas les moyens nécessaires pour permettre à deux ou trois candidats d’acquérir une expérience pastorale au Kenya ou au Soudan, comme les années précédentes. »
La détresse financière menace aussi la formation continue du clergé. « Au cours des dernières années, et surtout durant l’année des prêtres, en 2010, nous avons organisé ici au séminaire des congrès consacrés à la constitution du clergé. Actuellement, je prévoie d’organiser pour le mois de janvier une manifestation sur les conseils évangéliques que sont la pauvreté, la chasteté et l’obéissance. Mais je ne sais pas si elle pourra avoir lieu, alors qu’en cette période difficile, il serait tellement important de renforcer spirituellement nos prêtres. » Le recteur remercie expressément les bienfaiteurs de l’AED. « Sans votre générosité, par exemple sous forme de bourses d’études, il y a beaucoup de choses que nous n’aurions pas pu faire ces dernières années. Nous vous en sommes très reconnaissants. »
Malgré ses soucis, le Père Andrawes ne se laisse pas abattre : « Ce qui compte vraiment, c’est la solidarité avec toute l’Église. Cela élargit notre horizon. Mes séminaristes et moi savons que le Pape, et avec lui toute l’Église universelle, nous sont proches. Même en cette période du renforcement de l’islamisme, nous ne nous sentons pas abandonnés en Égypte. »
Olivier Maksan