Viré d'une université "catholique"...

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Suliko
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Re: Viré d'une université "catholique"...

Message non lu par Suliko » ven. 21 avr. 2017, 20:04

Prodigal,
Il me semble que ce paragraphe est très clair :
Mon statut est celui d’un chargé de cours invité. C’est à la fin de chaque année académique qu’on m’informe si oui ou non j’ai une charge de cours l’année suivante. Cela dépend de toutes sortes de critères, financiers en particulier. Cette question se pose donc chaque année, pour des raisons qui ne sont là pas du tout idéologiques mais simplement budgétaires. Pour moi, cela veut dire que lorsque je suis engagé, je le suis comme chargé de cours invité à temps partiel et pour une durée déterminée. En l’occurrence mon contrat actuel se termine à la fin de l’été, en septembre, et il n’y aurait aucune injustice de leur part à ne pas reconduire le mandat puisque plusieurs critères peuvent entrer en ligne de compte. Il est clair évidemment qu’en me mettant à leur place, je me dis que quelqu’un qui les a mis dans une situation embarrassante est quelqu’un à qui ils ne proposeront pas une nouvelle charge s’ils n’y sont plus contraints. Donc, il ne s’agit pas d’une sanction à proprement parler, mais c’est très commode pour eux de savoir que je suis sur un strapontin et qu’il suffit de ne pas me réengager, et qu’il n’y a pas du tout d’injustice de ce côté-là, ce qui est tout à fait vrai.
En résumé, l'université a décidé de se débarrasser d'un chargé de cours gênant sans avoir à se justifier. Mais il est clair que ce refus d'un nouveau mandat sonnait comme une sanction.
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Re: Viré d'une université "catholique"...

Message non lu par prodigal » ven. 21 avr. 2017, 21:51

D'accord, je crois que j'ai compris. M. Mercier n'a pas été repris parce qu'il ne "faisait pas l'affaire", et on devine une certaine tension affective ou idéologique derrière ce jugement implicite.
Je trouve sa réaction très digne, quand il dit qu'il n'y a pas d'injustice en ce qui lui est arrivé.
Mais en même temps, il a raison. Et vous aussi Suliko, probablement. C'est probablement parce qu'il était gênant, indépendamment de tout jugement sur ses capacités philosophiques, qu'on ne l'a pas repris. Ce sont les beautés du système universitaire depuis le Moyen-Age.
Merci aussi à Cinci de nous avoir donné les renseignements utiles pour mieux comprendre cette affaire.
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Cendrine
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Re: Viré d'une université "catholique"...

Message non lu par Cendrine » ven. 21 avr. 2017, 22:01

J'ai lu le texte de Stéphane Mercier ; au début la mise en contact viol/avortement me paraissait hasardeuse et provocatrice telle qu'elle était rapportée ici et là. Mais une lecture attentive et éclairée par la doctrine catholique nous montre qu'il ne s'agit pas pour lui d'établir des hiérarchies entre ces deux actes pour le plaisir d'être provocateur, mais pour montrer que s'il est logique humainement, moralement, juridiquement et socialement que le viol soit condamné avec grande sévérité, l'avortement doit l'être aussi, alors qu'on voit bien qu'il ne l'est pas, et cela pose question, pour une société qui se dit juste.

S'il est à attendre qu'une société ne jurant que par la liberté de faire ce que bon lui semble se scandalise d'une atteinte à ce "droit", il est plus préoccupant que le monde catholique se dessaisisse de l'exigence de cohérence et de respect de toute vie humaine. L'idée que le viol puisse être un acte abominable n'est pas si vieille que ça et il y a encore peu de temps, y compris dans nos pays occidentaux, on pouvait entendre qu'il est un peu normal qu'un porc indigne, pardon, qu'un homme, se laisse aller à user d'une boniche comme d'un objet afin d'assouvir ses pulsions animales. Concernant le viol, il va donc falloir que l'Église continue à faire le même travail de civilisation en empêchant les gens de violenter tout "objet" humain comme ils l'entendent ; à ceci près que les femmes qui usent de l'avortement sont moins irrécupérables en apparence, dans leur misère spirituelle et morale, que l'ignoble porc content de son ventre. En ceci je comprends pourquoi Axou et Kerniou sont destabilisées car elles ressentent la fragilité féminine en bute à des enjeux dont elles se passeraient bien.

Avec Suliko et d'autres je trouve vital que soit réaffirmé le rôle de l'Église pour indiquer inlassablement la vérité, avec tact mais avec clarté, et ceci sans s'inquiéter des tomates que le monde va lui envoyer puisqu'il se sent menacé dans son droit de jouir sans entraves.

Chère Kerniou, je pense que oui, on peut guérir d'un viol, on ne peut pas se réparer soi-même, mais on peut se laisser guérir par le Christ, qui nous enlève la haine : on garde les blessures, mais avec Lui, elles deviennent belles.

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Re: Viré d'une université "catholique"...

Message non lu par Cinci » sam. 22 avr. 2017, 2:29

En passant ...

J'avais oublié ce bout du catéchisme de l'Église catholique de 1993 :
2268 Le cinquième commandement proscrit comme gravement peccamineux l'homicide direct et volontaire. Le meurtrier et ceux qui coopèrent volontairement au meurtre commettent un péché qui crie vengeance au ciel.

L'infanticide, le fratricide, le paricide et le meurtre du conjoint sont des crimes spécialement graves en raison des liens naturels qu'ils brisent. Des préoccupations d'eugénisme ou d'hygiène publique ne peuvent justifier aucun meurtre, fût-il commandé par les pouvoirs publics.

Axou,

A la lecture du catéchisme de l'Église, comment pourriez-vous déclarer que l'avortement ne serait pas un crime ou un péché plus grave que le viol aux yeux de l'Église?

On y mentionne une gravité spéciale pour l'Infanticide mais justement à raison des liens naturels brisés. Un patron qui agresse sexuellement sa sécrétaire lors d'un 5 à 7 bien arrosé ne brise pas un lien naturel très intime comme le serait celui d'une mère qui supprime son enfant, avouez-le.

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Re: Viré d'une université "catholique"...

Message non lu par Cinci » sam. 22 avr. 2017, 3:03

Kerniou :
Je ne savais pas que l'on pouvait réparer un viol ...
Comment fait-on ?
Eh bien, je pensais à la façon catholique et usuelle de comprendre le monde, la rédemption, la sainteté, etc. Il y a bien toutes sortes de viol et de gravité variable aussi. Même une épouse pourrait être violée par son mari. Il y a le pardon qui répare. Il y a des cas de femmes ayant pu être violées et qui auraient pu malgré cela marier l'agresseur. Il y a le cas de la victime d'un viol qui aura décidé de garder l'enfant et dont l'issue pourra malgré tout être heureuse. Ce n'est pas quelque chose d'impossible.

L'important ce n'est pas de proposer le péché ou le crime comme un modèle à suivre, un idéal, mais simplement voir comment la grâce ou la vie pourrait malgré tout apparaitre ou réapparaître en dépit de l'acte mauvais d'un violeur. Et l'on ne pourrait établir un tel parallèle avec l'avortement. Pas quand l'avortement vise à supprimer carrément une vie. Ceux qui auront supprimé une vie ne pourront pas réparer celle-ci.


Il ne s'agit pas de s'Imaginer au départ un cas de viol particulièrement sordide, destructeur, aggravé avec violence extrême et jusqu'à inciter la victime à se suicider ou à être interné à l'asile psychiatrique pour le reste de ses jours. Il ne s'agit pas de vouloir ramener la figure de tous les viols à "quelque" cas extrême et quand le viol peut se présenter de bien des manières.

. Mais dans le cas de l'avortement l'on ne pourrait parler d'un avortement plus soft ou d'une intervention abortive plus gentille et surmontable pour le patient dans le ventre de sa mère. Ce n'est pas cas dans la mesure où le sujet avorté est avorté définitivement. Globalement, l'avortement représente donc un crime plus grave que le viol. Je ne verrais pas de problème à raisonner de la sorte. Je n'y verrais ni problème ni scandale.

Le degré de culpabilité de la personne qui commet objectivement un crime plus grave? Ça, c'est une autre affaire. Le degré de culpabilité est un aspect de la question qui concerne les cours de justice.

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Re: Viré d'une université "catholique"...

Message non lu par Cinci » sam. 22 avr. 2017, 3:09

Cendrine :
Chère Kerniou, je pense que oui, on peut guérir d'un viol, on ne peut pas se réparer soi-même, mais on peut se laisser guérir par le Christ, qui nous enlève la haine : on garde les blessures, mais avec Lui, elles deviennent belles.
Voilà!

Merci.

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Re: Viré d'une université "catholique"...

Message non lu par prodigal » sam. 22 avr. 2017, 11:01

Cher Cinci,
l'avortement est le meurtre d'un foetus, ni plus ni moins. C'est assez grave pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en rajouter.
Dès lors, la question est de savoir s'il convient oui ou non de faire une différence entre un foetus et un enfant effectivement né.
De fait, l'Eglise en a toujours fait une, et il n'y a aucune raison de penser qu'elle pourrait varier sur ce point. Même si dans les deux cas l'Eglise a toujours souligné l'extrême gravité de l'acte qui consiste à supprimer une vie humaine, il n'en demeure pas moins qu'on ne doit pas baptiser un enfant dans le ventre de sa mère, alors qu'on peut baptiser un enfant effectivement né, quand bien même (cela arrive) on sait qu'il n'a que des chances infimes de vivre, cela fait partie des situations d'urgence.
On ne doit donc pas faire comme si cette différence n'existait pas, quand bien même en pratique, cela va de soi, l'Eglise interdit fermement l'avortement ainsi que l'infanticide.
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

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Re: Viré d'une université "catholique"...

Message non lu par Cinci » sam. 22 avr. 2017, 12:48

Il ne serait pas nécessaire de rajouter quoi au juste? Il est sûr que des différences existent. Pensez-vous à un léger agacement de votre côté, Prodigal? Peut-être mon imperfection propre? Un manque d'élégance dans le ton employé chez moi? du fait que je puisse provoquer un peu Axou?

:)


Personne songerait à nier qu'Il puisse y avoir des différences. Même que Stéphane Mercier le soulignait de son côté. C'est pourquoi je disais que son document laissait voir aussi des nuances qui s'imposent. Certes, ii y a bien une différence entre un vieillard et un jeune adulte, un adolescent, un jeune enfant, un poupon, un enfant en croissance et encore au stade embryonaire.

La difficulté pour l'Église à transmettre son message de "sensibilisation" - sur le front de l'avortement très certainement -, découle probablement du fait qu'il existe bien une différence physique assez importante entre un embryon et un enfant au biberon. La tendance naturelle est de considérer qu'un embryon n'est pas pleinement humain et n'est donc pas véritablement une personne. Pas encore! De là le caractère innocent de l'intervention remboursable par la sécurité sociale, dirait-on. Si l'intervention serait psychologiquement éprouvante pour la mère, au moins le geste ne sera-t-il pas criminel.

C'est toute la question que soulève (soulevait?) ce sempiternel débat des dernières décades. Il y aurait apparemment un petit espace temporel durant le stade de développement de l'embryon et où le sacrifice de ce dernier serait chose sans conséquence morale grave pour les acteurs (cf. promoteurs, médecins, géniteurs, mère, etc.) Ici le point de vue de l'Église heurte de plein fouet, frontalement, le consensus social qui s'est largement établit depuis quelques années.

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Re: Viré d'une université "catholique"...

Message non lu par Suliko » sam. 22 avr. 2017, 14:40

il n'en demeure pas moins qu'on ne doit pas baptiser un enfant dans le ventre de sa mère, alors qu'on peut baptiser un enfant effectivement né, quand bien même (cela arrive) on sait qu'il n'a que des chances infimes de vivre, cela fait partie des situations d'urgence.
Mauvais argument ! Si l'on ne baptise pas les enfants dans le sein de leur mère, c'est évidemment parce qu'il est physiquement impossible de les mettre en contact avec l'eau du baptême ! Il ne faut pas chercher midi à quatorze heure...
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Message non lu par axou » sam. 22 avr. 2017, 15:21

Cinci a écrit :
ven. 21 avr. 2017, 17:12

Il est assez évident que l'avortement constitue un crime plus grave que le viol aux yeux de l'Église catholique. Cinci
Non Cinci, vous déraisonnez : jamais vous ne trouverez un document officiel de l'Eglise Catholique qui commet une comparaison entre ces deux faits. L'Eglise considère l'avortement comme un crime certainement mais elle ne le compare pas aux autres, et surtout pas au viol, pour des raisons de bon sens que j'ai déja dîtes. Vous avez le droit, vous de penser que telle chose est pire que telle autre si vous le voulez, vous ne pourriez pas l'écrire si vous rédigiez le futur CEC.

Stéphane Mercie a le droit de le penser, mais il n'est pas dans sa posture de professeur de philo tant vis à vis de ses élèves que vis à vis de sa matière en "prêchant" ce genre de chose.

Pour répondre à la faim de Prodigal :

http://synergie-wallonie.org/reactions- ... nt-a-lucl/

L'association Synergie Wallonie (asso qui oeuvre pour l'égalité entre hommes et femmes) a reçu des signalements de la part d'étudiants sur ce cours et a fait connaître sa position (voir le lien) soutenue d'ailleurs par les autorités de l'université.

Pour ma part, je suis entièrement d'accord avec les points 2 et 3 des arguments de Synergie Wallonie (mépris de la femme et posture partisane non philosophique). Et si j'étais à la tête de cette université, j'aurais moi aussi licencié cette personne.

Bien à vous,

Axou

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Re: Viré d'une université "catholique"...

Message non lu par Héraclius » sam. 22 avr. 2017, 16:07

J'ai préparé une longue réponse mais ce ne serait pas très utile.


De façon générale et pour faire court, je crois que ces deux accusations sont parfaitement invalides. Sa posture est partisane parce que toute philosophie, toute recherche de la Vérité, l'est. La neutralité n'existe pas. Lorsque Spinoza défend le panthéisme, tout ce qui devrait nous importer est la crédibilité, le fonctionnement de son argumentation ; pas le fait même qu'elle tend à démontrer une thèse controversée !


Quant à son côté "méprisant et culpabilisant", il est tout entier lié à ce qu'il prétend démontrer, parce qu'une des conclusions necéssaire de son point de vue sur la dignité humaine de l'embryon est : la société Occidentale est entrain de commettre un massacre généralisé de millions d'innocents. S'attendrait-on à voir les opposants à l'esclavage aux États Unis s'efforcer de ne pas culpabiliser leurs adversaires ? S'attendrait-on à voir les défenseurs des droits civiques égaux à manifester du respect envers les arguments adverses ?

Notre sujet est encore plus grave que ces exemples, il s'agit de savoir si oui ou non nous sommes entrain de commettre un massacre. Si nous mettons à mort en toute légalité des vies innocentes. Alors oui, défendre ce point de vue EST culpabilisant. Mais il n'y a pas moyen de faire autrement.


Héraclius -
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)

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Re: Viré d'une université "catholique"...

Message non lu par axou » sam. 22 avr. 2017, 16:10

Cinci a écrit :
sam. 22 avr. 2017, 3:03
Le degré de culpabilité de la personne qui commet objectivement un crime plus grave? Ça, c'est une autre affaire. Le degré de culpabilité est un aspect de la question qui concerne les cours de justice. Cinci
Mais justement tout est là cher Cinci ! Comment ne le voyez-vous pas !!!
Vous raisonnez du côté de la victime innocente, ok. Stéphane mercier le fait aussi. Mais à partir du moment ou il tente cette comparaison avortement-viol, qu'il le fait en public à des jeunes de première année, qu'il laisse un document écrit à ce sujet, c 'est aussitôt traduit en terme de culpabilité : Stéphane Mercier accuse les femmes d'être plus coupables que les violeurs. ( Moi-même je le traduis comme cela et je trouve d'ailleurs la majeure partie de son argumentaire aussi débectant que pauvre intellectuellement). Il ne faut pas s'étonner que sa direction, les médias , les associations féministes et même l'Eglise s'en mêlent. Stéphane Mercier se tire une balle dans le pied même si ses intentions sont excellentes.

Que vous le vouliez ou non et comme la très grade majorité des gens : je considère mes amies qui ont avorté comme des filles bien, je sais que ce sont des filles bien. Si elles avaient tué leur nouveau-né, je les considérerais comme des monstres évidemment. Je pense avec l'Eglise que la vie est là dès la conception mais cette vie n'a pas le même poids avant et après la naissance, c'est ainsi et aucun argument intellectuel ne changera rien à cette impression sensible.
Si une amie porte un stérilet, cela ne me fait ni chaud ni froid, bien que je sache que cela agit après la conception. De mêmepour la pillule du lendemain. Ce savoir intellectuel pèse peu de poids par rapport à ce que me dit ma sensibilité, en l'occurrence rien du tout parce qu'il s'agit de cellules microscopique qui vont disparaître, pas d'une personne. Ma raison me dit qu'une personne est peut-être déja en route mais cela ne "pèse" pas, je ne sais pas si je me fais bien comprendre.

Je considère les violeurs comme des criminels et-ou des pauvres types. lls se sont attaqué en conscience à une personne consciente plus faible qu'eux qui leur dit non.

Si une amie me dit me dit qu'elle va avorter (et cela m'est arrivé plusieurs fois), je ne visualise pas qu'elle va s'attaquer à une victime innocente, je visualise un embryon de 2 cm sans conscience et sans système nerveux, je suis désolée pour elle parce qu'elle arrête la vie en elle et j'ai peur qu'elle en soit meurtrie mais c'est à elle que je pense, pas au petit être qui ne pèse pas beaucoup à mes yeux bien que je sache que c'est une personne en devenir mais c'est un savoir purement intellectuel, mon coeur et ma sensibilité y sont peu engagés.
Une personne en devenir, ce n'est pas la même chose qu'une personne. Et ce n'est pas manquer de respect à la personne en devenir que le dire. Comme le dit Prodigal, aucun foetus n'a jamais été baptisé dans le sein de sa mère.

Avec une amie qui veut avorter, Je ne pense pas que j'ai à faire à une criminelle mais à une femme qui vit quelque chose de terrible, qui pensera peut-être plus tard à l'âge que l'enfant aurait pu atteindre, qui risque d'avoir des regrets. C'est à elle que je pense, pas au petit être parce qu'il n'est pas tangible, il n'est pas encore là.

Mais toutes le tabou et les résistances sur la question de l'avortement sont liées à cela, la victime n'est pas là, elle n'est pas visible, elle n'est pas tangible, et elle est portée par une femme qui est responsable d'elle et c'est elle seule qui est là et c'est elle seule qui peut vraiment avoir conscience de QUI est là.

C'est un sujet très complexe l'avortement et je répète avec les évêques qu'il faut en parler avec tact et nuance.

Bien à vous,

Axou

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Re: Viré d'une université "catholique"...

Message non lu par Héraclius » sam. 22 avr. 2017, 16:28

Stéphane Mercier accuse les femmes d'être plus coupables que les violeurs
Il ne dit pas cela. Il dit que le meurtre (auquel on peut réduire l'avortement) pris abstraitement est d'un degré de gravité supérieure au viol pris abstraitement (soit, toutes choses étant égales par ailleurs).

Mais dans la réalité véritable, si j'ose dire, on est pas confronté au viol absrait ou au meurtre absrait de la phiosophie morale. On est en plein dans les circonstances atténuantes. Je ne dirait jamais moi même que "les femmes sont plus coupables que les violeurs", même si je suis en plein accord avec S. Mercier. Le contraire est évidemment vrai. La question ne mérite même pas d'être pensée du reste ; quelqu'un nous a commandé de ne pas juger.

Mais dire que l'avortement est un meurtre, avec tout ce qui s'ensuit, cela ne doit pas apparaître comme un jugement personnel. Je n'ai aucune envie de chercher à définir la culpabilité morale personnelle d'une femme qui a avorté. Je veux, j'exige de moi même d'avoir une regard d'avoir, de compassion, et de retrait.
Avec une amie qui veut avorter, Je ne pense pas que j'ai à faire à une criminelle mais à une femme qui vit quelque chose de terrible, qui pensera peut-être plus tard à l'âge que l'enfant aurait pu atteindre, qui risque d'avoir des regrets. C'est à elle que je pense, pas au petit être parce qu'il n'est pas tangible, il n'est pas encore là.
Oui mais c'est justemment parce qu'il est caché, qu'il ne peut se défendre, qu'il est aisé pour la société de s'en débarrasser. Il n'y a pas de sentiment, de pathos dans notre réfléxion sur un petit "amas de cellule". Mais je crois que les sentiments ne doivent pas être juges de notre moralité. Souvent ils nous aident, il sont juste dans leur colère contre le violeur ou notre peine pour la victime d'un meurtre. Mais les sentiments peuvent aussi nous amener à contempler d'abord le monde du visible, du sensible, de l'immédiat. Un foetus ne pleure pas, ne crie pas, ne nous regarde pas avec les grands yeux fascinants du petit nourrison, n'est pas cette douce incarnation de la faiblesse humaine.


Mais cela ne doit pas agir sur la froideur de la réfléxion morale. Souvent, cette dernière est drappée des flammes des passions. Mais parfois elle va à revers des ces flammes, dans la glace de l'impératif catégorique : Tu ne tueras pas.



Héraclius -
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Re: Viré d'une université "catholique"...

Message non lu par axou » sam. 22 avr. 2017, 17:01

Héraclius a écrit :
sam. 22 avr. 2017, 16:07
Notre sujet est encore plus grave que ces exemples, il s'agit de savoir si oui ou non nous sommes entrain de commettre un massacre. Si nous mettons à mort en toute légalité des vies innocentes. Alors oui, défendre ce point de vue EST culpabilisant. Mais il n'y a pas moyen de faire autrement.
Héraclius -
Hello Héraclius, je rebondis sur le mot massacre.

voici ce qu'en dit Wikipédia :

Histoire
La pratique du massacre de population date de temps immémoriaux. Les fouilles archéologiques3 des 30 dernières années ont en effet mis en évidence que des exterminations étaient courantes notamment pour l'époque antique.

Le xxe siècle reste néanmoins la période qui aura connu le plus grand nombre de personnes massacrées de par la puissance des moyens mis en œuvre (planification, armes destructrices).

Motivations

Le massacre peut notamment répondre à une logique d'extermination, à une logique de punition (massacre de représailles perpétré par un régime en réponse à l'assassinat de l'une de ses personnalités) ou à une logique de terreur, comme dans le cadre d'une guerre, pour démoraliser l'ennemi.


Dans le cas de l'avortement, il n'y a pas de volonté politique de tuer en masse une foule d'individus parce qu'ils sont considérés comme des ennemis. Personne n'a la volonté de tuer en masse. Dans les faits, les avortement se comptent en millions sur la planète mais le mot massacre ne peut pas leur être associé car il n'y a a pas de personnes tuées en masse, ensemble, ennemies.

Il y a des millions de femmes qui décident d'avorter, de tuer la vie en elle. un phénomène de masse qui a toujours exister mais ce n'est pas parce que cela a toujours existé qu'il faut le laisser perdurer.
Il y a des millions d'histoires individuelles, de femmes, de couples aussi, qui sont confrontés à ce choix. Est ce une bonne idée que de laisser aux femmes ce choix là ? Quand elles ne l'ont pas, elles le prennent quand même et avortent en cachette. Quand on menace ce "droit", elles manifestent avec virulence (comme en Pologne). Des personnes remarquables, engagées, altruistes luttent pour préserver ce droit.
Et aujourd'hui, il devient difficile de dire seulement comme le faisait Simone Veil que "l'avortement est un drame et restera un drame", la volonté de préserver ce droit qui semble à certain menacé rend impossible d'en parler au niveau de la morale.

L'argumentaire de pro-vie renforce l'argumentaire des pro-choix et on n'arrive à rien.

Comment aider les femmes ? Quelle parole leur dire ? Leur parler d'"acte plus grave que le viol", de "massacre" et autre démesure ne leur sera d'aucune aide, cela donne juste de l'eau au moulin des pro-choix qui utilisent le vocabulaire outrancier de certains pour décridibiliser toute parole chrétienne. (en le taxant d'intégrisme)
Quelle parole de vie dire ? de manière individuelle à une personne qui veut avorter (tout en respectant sa liberté) et de manière publique ?
J'ai croisé l'an dernier une Marche pour La Vie dans les rues de Paris, je me demandais vraiment quel sens cela pouvait bien avoir. Cela empêche t-il les femmes d'avorter ?

Je crois que dans les lycées et les universités chrétiennes , la première chose à faire est de faire connaître les associations qui aident les jeunes filles en situation de grossesse non désirée. Parler de l'avortement avec pudeur sans culpabiliser à l'avance : dire que l'avortement est une chose grave, et que l'éviter est possible et qu'on peut être aidée, concrètement.
Je pense aussi que les femmes ont besoin d'un vrai accompagnement psy et-ou spirituel dans cette situation : comment les aider à se connecter à leur coeur profond, à leurs ressources profondes, à Dieu. Sortir du sentiment d'urgence de se "débarasser" du fruit non voulu, sortir de la panique qui empêche de trouver la paix.

L'invitation du pape François faite aux femmes qui ont avorter à aller se confesser pendant l'année de la miséricorde est une belle chose : il envoie un signal fort aux femmes, leur dit qu'elles peuvent être entendues et accompagnées.

Bien à vous,

Axou

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prodigal
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Re: Viré d'une université "catholique"...

Message non lu par prodigal » sam. 22 avr. 2017, 17:37

Cher Axou,
je vous remercie d'avoir sustenté ma faim de sources fiables.
Je suis d'accord avec vous sur tout, aussi vais-je me taire pour ne pas faire doublon, d'autant que vous n'avez pas besoin de moi pour vous défendre. :boxe:
Je vous remercie de traiter le sujet comme vous le faites avec le maximum d'impartialité possible, c'est si rare sur cette question! :clap:
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

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