Le Poutinisme : un retour aux valeurs traditionnnelles ?
Publié : lun. 26 déc. 2016, 18:32
Un flot d'analyses diverses dans les média :
Conservatisme contre la dégénérescence morale de l’Occident, défense d’une « voie russe » spécifique, affirmation d’une puissance eurasiatique, ces vecteurs de la nouvelle idéologie du Kremlin sont affirmés par les plus hautes instances de l’État. Dans ses interventions, le Président cite régulièrement un philosophe de l’émigration, l’ultraréactionnaire Ivan Ilyine (1883-1954), dont il a fait rapatrier les restes en Russie en 2005. Il évoque le penseur anti-occidental Constantin Leontiev (1831-1891). Il exalte le concept de « passionarité », énergie vitale propre à certains peuples et loue l’inventeur du concept, l’eurasiste soviétique Lev Goumilev (1912-1992). Ces emprunts ne font certes pas de Vladimir Poutine un président-philosophe. Ils sont des signaux idéologiques destinés à donner de la profondeur à la politique identitaire initiée par le Kremlin. Mais cet ensemble kitsch forme ce qu’on peut appeler le poutinisme.
http://www.laviedesidees.fr/Aux-sources ... nisme.html
Conservatisme contre dégénérescence morale de l'Occident, défense d'une "voie russe" face aux manœuvres hostiles de l'étranger, affirmation d'une puissance eurasiatique en contrepoids à la sphère atlantiste, ces vecteurs de la nouvelle idéologie du Kremlin sont affirmés avec force par les plus hautes instances de l'État. Ils sont enseignés aux hauts fonctionnaires, font l'objet de colloques et d'émissions de télévision. En 2015, alors que l'économie russe souffre, ces fragments d'idéologie sont destinés à créer l'adhésion. Il est bien évident que ces emprunts à une certaine philosophie russe -- sa partie la plus anti-occidentale, belliciste et à prétention scientifique -- ont avant tout une portée pragmatique, et que Poutine n'a rien d'un président-philosophe. Néanmoins, la preuve de l'efficacité de ce patchwork idéologique est son influence, désormais mondiale. En France, politiques et intellectuels se découvrent pro ou contra. Une partie de l'opinion, anti-américaine et anti-système, ou conservatrice, se reconnaît dans la politique russe de l'homme fort qui ne mâche pas ses mots.
http://www.huffingtonpost.fr/michel-elt ... outinisme/
Dans un pays qui se redécouvre majoritairement orthodoxe, de nombreux jeunes reçoivent le baptême. Ils poussent leurs parents, autrefois athées convaincus, à les suivre. Le mouvement de redécouverte du patrimoine architectural prend de l’ampleur. La littérature interdite durant la période soviétique est publiée. Le grand public cultivé peut découvrir un pan de sa culture peu ou mal diffusée jusqu’alors. Des nouvelles éditions des philosophes religieux russes, des penseurs slavophiles ou qualifiés jusque là de réactionnaires ou d’impérialistes fleurissent. Une génération d’étudiants découvre cette « pensée russe » jusqu’alors semi-clandestine. Les idoles officielles soviétiques étaient les penseurs révolutionnaires ou progressistes : Belinski, Pissarev, Dobrolioubov, Tchernychevski. Quant à ceux que l’on considérait comme de renégats ¬— Constantin Leontiev, Nicolas Danilevski, Vladimir Soloviev, Nicolas Berdiaev, Pavel Florenski, le Père Serge Boulgakov, Léon Chestov —, ils sont maintenant adulés.
http://www.laviedesidees.fr/Aux-sources ... inisme.htm
L’événement le plus retentissant qui a eu lieu en Russie en 2012 n’a pas été le retour de Vladimir Poutine à la présidence en mai. C’était le procès des trois jeunes femmes du groupe punk Pussy Riot, accusées de « hooliganisme motivé par la haine » pour une manifestation en forme de protestation réalisée dans une église de Moscou. Leur infraction consistait en une brève chanson chorégraphiée dans la Cathédrale du Christ-Sauveur en février, commençant par une prière chantée : « Mère de Dieu, sainte Vierge, chassez Poutine ». Le 17 août, après un procès sans jury au cours duquel le juge a ouvertement favorisé la partie accusatrice, Maria Alekhina, Nadejda Tolokonnikova et Ekaterina Samoutsevitch ont été déclarées coupables, et condamnées à une peine de deux ans de prison. En octobre, deux d’entre elles ont été déplacées dans des colonies pénitentiaires éloignées.
Le procès, qui a été condamné par des personnalités allant de la chancelière allemande Angela Merkel à la chanteuse islandaise Bjork en passant par l’ancien président et dissident polonais Lech Walesa, est devenu dans le monde un symbole de l’approche brutale du Kremlin face à ses dissidents et à la liberté artistique. Mais à la base, le procès des Pussy Riot nous montre l’union malsaine de la religion organisée et de l’État autoritaire dans la Russie contemporaine.
La protestation des Pussy Riot ne parlait pas seulement de Poutine, mais aussi des liens chaleureux qui unissent le Kremlin et l’Église Orthodoxe Russe sous l’égide du Patriarche Cyrille, favorable à Poutine. L’acte d’accusation contre les rockeuses punk mentionnait non seulement l’atteinte portée aux croyances des chrétiens orthodoxes, mais aussi « l’abaissement des fondements spirituels de l’État ».
https://www.contrepoints.org/2014/12/30 ... ient-a-lui
Conservatisme contre la dégénérescence morale de l’Occident, défense d’une « voie russe » spécifique, affirmation d’une puissance eurasiatique, ces vecteurs de la nouvelle idéologie du Kremlin sont affirmés par les plus hautes instances de l’État. Dans ses interventions, le Président cite régulièrement un philosophe de l’émigration, l’ultraréactionnaire Ivan Ilyine (1883-1954), dont il a fait rapatrier les restes en Russie en 2005. Il évoque le penseur anti-occidental Constantin Leontiev (1831-1891). Il exalte le concept de « passionarité », énergie vitale propre à certains peuples et loue l’inventeur du concept, l’eurasiste soviétique Lev Goumilev (1912-1992). Ces emprunts ne font certes pas de Vladimir Poutine un président-philosophe. Ils sont des signaux idéologiques destinés à donner de la profondeur à la politique identitaire initiée par le Kremlin. Mais cet ensemble kitsch forme ce qu’on peut appeler le poutinisme.
http://www.laviedesidees.fr/Aux-sources ... nisme.html
Conservatisme contre dégénérescence morale de l'Occident, défense d'une "voie russe" face aux manœuvres hostiles de l'étranger, affirmation d'une puissance eurasiatique en contrepoids à la sphère atlantiste, ces vecteurs de la nouvelle idéologie du Kremlin sont affirmés avec force par les plus hautes instances de l'État. Ils sont enseignés aux hauts fonctionnaires, font l'objet de colloques et d'émissions de télévision. En 2015, alors que l'économie russe souffre, ces fragments d'idéologie sont destinés à créer l'adhésion. Il est bien évident que ces emprunts à une certaine philosophie russe -- sa partie la plus anti-occidentale, belliciste et à prétention scientifique -- ont avant tout une portée pragmatique, et que Poutine n'a rien d'un président-philosophe. Néanmoins, la preuve de l'efficacité de ce patchwork idéologique est son influence, désormais mondiale. En France, politiques et intellectuels se découvrent pro ou contra. Une partie de l'opinion, anti-américaine et anti-système, ou conservatrice, se reconnaît dans la politique russe de l'homme fort qui ne mâche pas ses mots.
http://www.huffingtonpost.fr/michel-elt ... outinisme/
Dans un pays qui se redécouvre majoritairement orthodoxe, de nombreux jeunes reçoivent le baptême. Ils poussent leurs parents, autrefois athées convaincus, à les suivre. Le mouvement de redécouverte du patrimoine architectural prend de l’ampleur. La littérature interdite durant la période soviétique est publiée. Le grand public cultivé peut découvrir un pan de sa culture peu ou mal diffusée jusqu’alors. Des nouvelles éditions des philosophes religieux russes, des penseurs slavophiles ou qualifiés jusque là de réactionnaires ou d’impérialistes fleurissent. Une génération d’étudiants découvre cette « pensée russe » jusqu’alors semi-clandestine. Les idoles officielles soviétiques étaient les penseurs révolutionnaires ou progressistes : Belinski, Pissarev, Dobrolioubov, Tchernychevski. Quant à ceux que l’on considérait comme de renégats ¬— Constantin Leontiev, Nicolas Danilevski, Vladimir Soloviev, Nicolas Berdiaev, Pavel Florenski, le Père Serge Boulgakov, Léon Chestov —, ils sont maintenant adulés.
http://www.laviedesidees.fr/Aux-sources ... inisme.htm
L’événement le plus retentissant qui a eu lieu en Russie en 2012 n’a pas été le retour de Vladimir Poutine à la présidence en mai. C’était le procès des trois jeunes femmes du groupe punk Pussy Riot, accusées de « hooliganisme motivé par la haine » pour une manifestation en forme de protestation réalisée dans une église de Moscou. Leur infraction consistait en une brève chanson chorégraphiée dans la Cathédrale du Christ-Sauveur en février, commençant par une prière chantée : « Mère de Dieu, sainte Vierge, chassez Poutine ». Le 17 août, après un procès sans jury au cours duquel le juge a ouvertement favorisé la partie accusatrice, Maria Alekhina, Nadejda Tolokonnikova et Ekaterina Samoutsevitch ont été déclarées coupables, et condamnées à une peine de deux ans de prison. En octobre, deux d’entre elles ont été déplacées dans des colonies pénitentiaires éloignées.
Le procès, qui a été condamné par des personnalités allant de la chancelière allemande Angela Merkel à la chanteuse islandaise Bjork en passant par l’ancien président et dissident polonais Lech Walesa, est devenu dans le monde un symbole de l’approche brutale du Kremlin face à ses dissidents et à la liberté artistique. Mais à la base, le procès des Pussy Riot nous montre l’union malsaine de la religion organisée et de l’État autoritaire dans la Russie contemporaine.
La protestation des Pussy Riot ne parlait pas seulement de Poutine, mais aussi des liens chaleureux qui unissent le Kremlin et l’Église Orthodoxe Russe sous l’égide du Patriarche Cyrille, favorable à Poutine. L’acte d’accusation contre les rockeuses punk mentionnait non seulement l’atteinte portée aux croyances des chrétiens orthodoxes, mais aussi « l’abaissement des fondements spirituels de l’État ».
https://www.contrepoints.org/2014/12/30 ... ient-a-lui