Lundi 12 juin 2017,
Les traits tirés par la fatigue mais tout sourire,
Alexeï Navalny réunit ses partisans autour de lui pour un selfie: l'opposant parcourt la Russie pour défier Vladimir Poutine à la présidentielle l'année prochaine.
Ce jour-là, il est accueilli par des centaines de personnes à Tver, à 160 kilomètres de Moscou, sur la Volga. "Nous pouvons gagner les élections!", lance-t-il à la foule. "Nous pouvons gagner parce que la majorité est avec nous".
A 41 ans, l'opposant s'attaque aux puissants dans ses vidéos anticorruption partagées par des millions d'internautes et a fait descendre une nouvelle génération dans la rue.
Pendant que Vladimir Poutine refuse pour l'instant d'officialiser sa candidature à la présidentielle de mars prochain, Alexeï Navalny multiplie les déplacements en province pour ouvrir des bureaux de campagne. Son objectif: réunir les 300.000 signatures nécessaires pour se présenter en dépit des multiples embûches.
Depuis qu'il s'est fait connaître par ses discours enflammés lors des manifestations accompagnant le retour au Kremlin de Vladimir Poutine en 2012, Alexeï Navalny s'est imposé comme son premier opposant.
Evoqué à la télévision publique uniquement sous un jour négatif, il se sert de YouTube, Twitter et Instagram pour s'adresser aux électeurs. Il multiplie aussi les apparitions publiques, un exercice auquel cet avocat de formation excelle.
Il a été la cible de nombreuses agressions mais aussi de plusieurs poursuites judiciaires, dont l'une a abouti à l'emprisonnement de son frère, visant selon ses partisans à entraver ses ambitions.
Il a été condamné à une peine de prison avec sursis cette année pour détournement de fonds, ce qui pourrait légalement l'empêcher de se présenter.
"Nous ne pouvons que les forcer à enregistrer ma candidature", insiste-t-il devant son public. "C'est évident que Poutine ne veut pas venir débattre avec moi".
Sa campagne commence pourtant à donner du fil à retordre aux autorités. En mars, l'une de ses vidéos accusant le Premier ministre Dmitri Medvedev de corruption a fait descendre dans la rue des milliers de personnes en plein centre de Moscou et dans des dizaines de villes.
Une telle mobilisation, marquée par un millier d'arrestations dans la capitale, n'avait plus été vue depuis plusieurs années et l'opposant espère répéter ce succès lundi avec de nouveaux rassemblements dans plusieurs villes du pays et dans le centre de Moscou.
Les dernières manifestations ont été marquées par la présence de nombreux jeunes, parfois encore adolescents, qui n'ont connu que Vladimir Poutine au pouvoir.
http://www.linternaute.com/actualite/de ... agne.shtml
Retour à la case prison. Alexeï Navalny, opposant numéro un au Kremlin, a été une nouvelle fois condamné à 30 jours de détention pour avoir appelé à des manifestations non autorisées qui se sont tenues ce lundi dans toute la Russie.
Près de 1500 de ses partisans ont été interpellés à travers le pays lors de cette journée de mobilisation contre la corruption du pouvoir et des élites. Mais cette huitième condamnation administrative pour participation à des rassemblements interdits n’est pas de nature à décourager le blogueur de 41 ans, qui entend défier Vladimir Poutine à la présidentielle de mars 2018. Retour sur le parcours de ce militant atypique.
Avocat de formation, ce fils de militaire diplômé de l’Université de l’amitié des peuples de Moscou s’investit très tôt en politique. A 24 ans, il rejoint le Parti démocratique russe Iabloko. Une formation d’opposition libérale dont il est exclu en 2007 pour ses prises de position nationalistes. Le militant, qui a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, change alors de stratégie. Il prend des parts dans des groupes semi-publics – dont des banques et le géant gazier Gazprom – dans le but de dénoncer les malversations de l’intérieur. Parallèlement, il se fait connaître en créant, avec une équipe de juristes, RosPil, un site spécialisé dans la traque de fraudes relatives aux marchés publics.
Percée dans les urnes
En 2011, il crée le Fonds de lutte contre la corruption (FBK), une ONG qui vise à dénoncer le «parti des escrocs et des voleurs» et ses représentants, à savoir le parti au pouvoir Russie Unie et le président Vladimir Poutine. En décembre de la même année, à la faveur des législatives entachées d’irrégularités, qui déclenchent une contestation sans précédent, Alexeï Navalny gagne en notoriété. Ses interventions devant des dizaines de milliers de manifestants et la virulence de ses propos contre le Kremlin sont particulièrement remarquées. Fort de ce succès, il se lance officiellement en politique. En septembre 2013, à la surprise générale, il obtient 27,3% des voix aux élections municipales et arrive deuxième juste derrière Sergueï Sobianine, le maire sortant et ancien chef de cabinet de Poutine.
http://www.tdg.ch/monde/Alexei-Navalny- ... y/31449025