Bonjour Amica,
Je tiens d'abord à vous souhaiter la bienvenue sur ce forum ; félicitation aussi pour votre relation avec Wanderer, qui, pour le peu que je le connaisse, me semble être quelqu'un de très gentil, qui recherche la Vérité avec constance et sincérité. Pour que vous sachiez à qui vous avez à faire, je rappelle que je ne suis ni baptisé ni par conséquent pratiquant (pas pour l'instant du moins) ; je m'intéresse cependant de près aux affaires de l'Eglise, particulièrement sous l'angle de ses rapports avec ce que l'on nomme la "Tradition". Je me suis moi-même senti proche de la FSSPX, dont je me suis éloigné depuis.
Amica a écrit :Je ne crois pas que l’on puisse affirmer que la fraternité a une base politique, je pense que sa première raison d’être est une question religieuse, doctrinale, théologique, qui a ensuite pu avoir des suites politiques, mais ce n’était pas le but premier
Certes, il ne s'agit pas de nier une telle évidence. Il faut cependant rappeler (fait significatif) que lors du concile Vatican II, Mgr Lefèbvre ne s'est pas opposé au vote de la réforme liturgique, mais a par contre pris position contre le texte sur la liberté religieuse (dont on connaît les retombées politiques...) et sur la non-culpabilité collective des Juifs (
Nostra aetate).
Mgr Lefebvre aurait d'ailleurs déclaré un jour à des journalistes qu'il avait consacré ses évêques en 1988 dans la crainte d'une invasion soviétique (on ne voit pas trop le rapport...). Mais je ne sais si ce fait est juste.
Amica a écrit :La réaction de Mgr Lefebvre après les sacres n’était pas une affaire d’orgueil personnel ou une volonté de briser avec Rome
Oui. D'ailleurs, en 1988, on était proche d'une entente entre le primat et Rome ; il semble que ce soit la pression de son entourage qui ait fait échouer l'accord.
Amica a écrit :A mon avis, son premier souci était de garder la foi catholique, une foi qui est fondée dans deux millénaires d’histoire de l’Eglise, la foi qui a été donnée par le Christ et transmise à travers l’Ecriture Sainte et la Tradition. Certains points de Vatican 2 ne paraissent pas dans la ligne de l’enseignement de l’Eglise, certains même y sont en contradiction.
Je doute fort que le Saint-Siège fasse preuve d'un moindre zèle à conserver dans sa pureté le dépôt de la Foi.
J'ai aussi cru un moment qu'il y avait des contradictions entre Vatican II et l'enseignement précédent de l'Eglise. Mais lorsqu'on lit attentivement les textes, on s'aperçoit que ce n'est nullement le cas : il y a un changement d'orientation, pour tout dire un changement de tactique dans la façon dont l'Eglise se comporte par rapport au monde profane. Mais la Foi, elle, reste intacte.
Ce serait cependant faire preuve d'un angélisme dangereux que de croire que tout va bien dans le meilleur des mondes possibles. Il y a des problèmes dans l'Eglise ; il y a même sans doute des ecclésiastiques, et non des moindres, qui sont tombés dans l'indifférentisme et dans l'apostasie. Mais il faut de garder de faire des généralisations hâtives...
Cette situation n’est pas facile pour eux, c’est une grande souffrance de sentir un fossé avec Rome, avec Rome qui reste dans notre respect et notre amour la mère de l’Eglise.
Nous nous en doutons bien. Le schisme (car il y a schisme, même si seulement partiel) ne peut qu'entraîner déchirements et cas de conscience douloureux.
Il faut rappeler que l'attitude vraiment catholique face à un conflit avec Rome, voire même une erreur et une injustice de Rome, est toujours le silence et la résignation ; la fronde de l'autorité n'a jamais été une vertu chrétienne.
D'ailleurs, la FSSPX aurait pu et peut toujours poursuivre son combat, dans ce qu'il a de juste, dans le sein de l'Eglise, en pleine et entière communion avec le Saint-Siège. Il est même probable qu'une telle attitude lui eut permis de gagner en influence.
Amica a écrit :Si, nous nous éloignons du Concile Vatican 2, nous reconnaissons le Pape actuel mais refusons d’accepter une nouvelle doctrine qui nous paraît contraire à la foi et par là déviée du chemin préparé par Dieu pour son Eglise.
Voilà où pèche justement l'attitude de la FSSPX : soit le concile fut hérétique, soit il ne le fut pas ; soit le pape actuel est hérétique, soit il ne l'est pas. Il faudrait se mettre d'accord. Car comment imaginer un concile et un pape à la fois hérétiques et orthodoxes ?
A vrai dire, selon le point de vue que l'on adopte, on peut interpréter de manière catholique ou au contraire hérétique n'importe quel document de n'importe quel pape. Qu'il y ait des ambigüités dans cerains textes, cela est certain, mais on n'y trouvera des hérésies que si on les veut trouver.
Amica a écrit :C’est un choix de devoir et non pas un choix de plaisir. Je prie pour que l’Eglise actuelle retrouve la foi de toujours, pour qu’elle retrouve le chemin et que la Fraternité n’ait plus lieu d’être, car alors la foi serait à nouveau gardée par Rome. Je prie et j’espère la fin de cette crise de l’Eglise.
Tous les catholiques sincères prient avec vous, mais tous ne font pas le même diagnostic des causes de cette crise.
Amica a écrit :Je n’ai pas développé ce qui ne me semble pas acceptable d’un point de vue doctrinal dans le Concile Vatican 2. Je le ferai dans un premier poste.
Nous l'attendons avec impatience... :roll:
Amica a écrit :En réponse pourtant à ce que j’ai pu lire dans les messages précédents, je peux dire que la fraternité n’est pas pour le moment quelques centaines de fidèles en extinction. Je crois qu’elle vit, des prêtres sont ordonnés chaque année, des vocations fleurissent, des missions s’ouvrent un peu partout dans le monde, des familles grandissent.
Il y a cependant certains échos selon lesquels la Fraternité traverserait elle-aussi une "crise"...
Amica a écrit :Je ne prétends pas à la perfection de ses membres, je ne refuse pas d’admettre qu’il peut y avoir certaines dérives, certains abus, mais affirmer qu’il y a en elle aucun amour de Dieu. Je peux dire que c’est faux, qu’une religion qui serait basée que sur la crainte et la politique ne m’intéresserait pas, car je ne pourrais la vivre, l’Amour de Dieu reste la base de la religion catholique et c’est celle que nous professons.
Seul Dieu est un être parfait, en effet.
Ce que je repproche principalement à la FSSPX, c'est sa conception figée de la "Tradition", alors que la vraie Tradition ne peut qu'être vivante et évolutive (non pas dans ses principes, mais dans ses modalités). Il suffit de regarder les ouvrages des maisons d'édition qui lui sont affiliées : 90% des livres proposés datent du XIXe siècle. Je ne nie pas qu'ils soient souvent d'un grand intérêt, mais ils illustrent tous une époque où l'Eglise avait une mentalité de citadelle assiègée, si j'ose dire. Cela n'est plus le cas aujourd'hui, il faut en tenir compte.
Bien à vous,
- VR -