L'Opus Dei

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Philarête
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« Bénie soit la douleur… »

Message non lu par Philarête » mar. 08 mars 2005, 13:48

Je reprends le fil, un peu rapidement peut-être car le temps me manque un peu… Toutes les questions soulevées me semblent importantes, et au risque de sembler revenir en arrière, je voudrais m'efforcer d'exposer mon propre point de vue sur chacune d'entre elles : le rapport au "capitalisme", la place des femmes, les mortifications, le sens de la douleur, etc.
Je vais commencer par la douleur, puisque c'était le début du premier post. En préalable, je ne peux que m'associer à la vision donnée, je crois, par Kristof : l'essentiel du message de saint Josémaria est d'optimisme, d'attitude positive à l'égard du monde (en rupture totale, il faut peut-être le souligner, avec l'idéologie dominante, dans les milieux catholiques de cette époque, qui était au contraire une attitude de refus et de nostalgie : le « monde moderne » était réputé hostile à Dieu, fondé sur des principes incompatibles avec les « droits de Dieu », et exigeant une sorte de révolution à l'envers, pour revenir à une chrétienté largement mythique. Nous y reviendrons sans doute). D'autre part, du point de vue de la spiritualité proprement dite, l'accent a toujours été mis sur la liberté, la modération (le « sens commun », même) et la responsabilité personnelle. Mais cela n'a jamais empêché saint Josémaria de se sentir en accord avec toute la tradition spirituelle de l'Eglise, et de puiser dans l'expérience des saints : il n'a jamais prétendu « réformer » ou « ré-inventer » quoi que ce soit, ni faire le tri entre ce qui était « actuel » ou « dépassé » dans la pratique de la vie spirituelle.
J'en viens donc au fameux point de Chemin (n° 208) : Bénie soit la douleur. — Aimée soit la douleur. — Sanctifiée soit la douleur… Glorifiée soit la douleur !
Ces paroles sont rudes, elles choquent sans doute aujourd'hui. Avant d'en rapporter le contexte précis, que nous connaissons notamment grâce à une édition critique de Chemin parue récemment en Espagne, je voudrais souligner qu'elles expriment un aspect constant du message chrétien : le Christ nous a rachetés par sa Passion, et si la vie de tout chrétien consiste dans son identification progressive au Christ, cette identification passe, mystérieusement, par la participation à sa Passion. Qui ne connaît les paroles de saint Paul : « Je complète en ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ, pour son corps qui est l'Eglise » (Col 1, 24) ? Ou encore : « Nous portons toujours et partout en notre corps les souffrances de mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre corps. Quoique vivants, en effet, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre chair mortelle. Ainsi, la mort fait son œuvre nous, et la vie en vous » (2 Cor 4, 10-12).
Le christianisme n'a pas prétendu faire disparaître la souffrance, qui est hélas une conséquence du péché originel : mais il l'a transfigurée, en faisant, de cet héritage de la rupture avec Dieu, un instrument de la réconciliation avec Dieu. Je ne crois pas qu'un seul maître spirituel ait soutenu sur ce sujet quelque chose de différent, malgré toutes les nuances d'accent qu'on peut trouver.
Dans les années 30, saint Josémaria consacrait une grande partie de son temps à assister des mourants, des tuberculeux notamment, dans les hôpitaux de Madrid. C'est auprès d'eux, expliqua-t-il plus tard, qu'il cherchait le soutien dont il avait besoin pour son travail de fondation. Un jour, en 1931, il se trouva ainsi auprès d'une moribonde, qui avait connu la gloire et la richesse, avant de se retrouver là, abandonnée, tordue par la souffrance, après une vie tumultueuse, ayant quitté mari et enfants. Et auprès de cette femme qui avait retrouvé Dieu alors que sa mort approchait, et qui soudain se hissait aux sommets de l'amour, saint Josémaria se souvint de Marie Madeleine. Pour l'aider, dans sa souffrance terrible, il lui souffla les mots que recueille Chemin, que cette femme repétait avec bonheur : elle comprenait qu'en cet instant, sa souffrance était le chemin de son retour à Dieu, l'ultime purification avant de partager sa gloire. Elle mourut peu après.
Faut-il rappeler qu'en ce temps-là, les moyens de soulager la souffrance n'existaient pas ? Que pouvait faire un prêtre, voyant cette femme découvrir enfin l'amour de Dieu ? Oui, ces paroles sont rudes ; mais si un jour Dieu devait m'envoyer de telles souffrances, j'espère être capable d'y découvrir sa main paternelle, tout comme nous devons la voir derrière les joies et les succès que nous rencontrons. Saint Josémaria ne prêche pas la douleur pour la douleur : il prêche la sanctification de l'instant présent — la joie si c'est la joie, le repos si c'est le repos, la solitude si c'est la solitude, la douleur si c'est la douleur. Nous ne choisissons pas toujours notre lot : notre grandeur est de choisir la manière d'y correspondre.
Bien amicalement à vous tous !
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Message non lu par Holy See » mer. 23 mars 2005, 22:34

Bonjour à tous,

Je ne sais pas si c'est vraiment la place réservé à ce sujet et je m'en excuse d'avance. Ayant étudié en cours la guerre civile espagnole, mon professeur me dit que l'Opus Dei avait eu une grande influence sur le gouvernement franquiste et que c'était une organisation terrible. N'ayant jamais entendu parler de cette organisation je me suis renseigné via Google et j'ai découvert un mouvement créé par le Père José Maria Escriva et que le but était simplement d'éviter les déviances et de rétablir les chrétiens sur le chemin lumineux de la Foi.

Que pouvez vous me dire concernant l'Opus Dei ?

Je vous remercie d'avance :)

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Saint François de Sales

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Message non lu par Philarête » jeu. 24 mars 2005, 1:25

Bonsoir, Holy See, et bienvenu sur ce fil, que je m'en veux d'avoir un peu négligé, après ce dernier message. Il faut dire que l'absence de réponse ou de commentaire m'avait "légèrement" démobilisé!
Le plus simple pour se renseigner de façon un peu synthétique sur l'Opus Dei est d'aller voir sur son site http://www.opusdei.fr/, qui présente l'esprit de cette institution, son fondateur, certaines réalisations de par le monde, etc. (les œuvres de saint Josémaria, le fondateur, sont accessibles sur http://www.escrivaworks.org/index.php?lang=fr/)
Juste un mot (il est bien tard…) sur la question du franquisme, qui a donné lieu à toute une légende… Pour l'Opus Dei, les choses sont à la fois simples et claires : ses membres jouissent, dans le domaine temporel, de la même liberté que tous les autres fidèles catholiques. L'Opus Dei ne leur impose aucune doctrine spécifique, et se garde de toute action dans ce domaine. Par conséquent, il appartient aux membres de l'Opus Dei, à titre individuel, d'assumer leurs choix. Il y a, de fait, une grande disparité d'opinions et de types d'engagements sociaux et politiques parmi les membres de l'Œuvre (comme on dit en français…).
Lorsque, en Espagne, vers la fin du régime de Franco, certains membres de l'Opus Dei ont été appelés à faire partie du gouvernement, beaucoup n'ont pas voulu comprendre que ces personnes agissaient en leur seul nom, sans engager aucunement l'institution (il n'est pas inutile de rappeler, quoi qu'on en pense par ailleurs, que le régime franquiste n'a jamais été condamné par l'Eglise, et qu'il n'y avait rien d'absurde, pour un catholique espagnol, à y participer — et je le dis d'autant plus volontiers que je n'ai aucune sympathie pour ce régime ou d'autres semblables). Si vous souhaitez plus de détails, je vous en donnerai volontiers. Le fond de l'affaire, d'après moi, est que certains ne comprennent pas ce que c'est que la liberté. Et comme l'Opus Dei n'a jamais voulu, précisément par amour de la liberté de ses membres, défendre ou au contraire accabler ceux qui avaient été ministres de Franco, on a pu colporter les rumeurs sans souci… J'ajoute enfin que la "légende" grossit considérablement le phénomène : les membres de l'Opus Dei n'ont jamais été plus d'une petite poignée, au milieu de dizaines d'autres ministres, représentant toutes les sensibilités du gouvernement de l'époque.
Si vous aimez lire, il y a un très résumé de cette question en annexe d'un livre de Vittorio Messori sur l'Opus Dei, paru il y a quelques années (je ne sais pas si on peut encore le trouver).
Bonne nuit!
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Message non lu par aramis » sam. 02 avr. 2005, 20:20

Si le franquisme n'a jamais été condamné par l'Eglise, toutes les formes de totalitarisme l'ont été, et le franquisme était un régime totalitaire. D'autre part, l'Opus Dei n'accepte pas me semble-t-il de socialistes en son sein, et ses membres politiquement parlant sont tous à droite sur l'échiquier politique. Enfin, il me semble que la liberté de conscience est bien pratique dans son cas, puisque les libéraux de tous poils ( libéralisme économique, pourtant contraire à la doctrine sociale de l'Eglise... ) peuvent via l'Opus Dei s'acheter une "conduite" : Je délocalise, je licencie pour contenter mes actionnaires, mais je participe à l'oeuvre financièrement, donc je suis chrétien, et nul ne peut rien me reprocher.

Si le chemin spirituel de l'Oeuvre est acceptable (chacun le sien pourvu qu'il mène au Christ), ses options politiques me semble donc trés discutables...
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Message non lu par guelfo » lun. 04 avr. 2005, 12:01

Le franquisme était une dictature militaire tout ce qu'il y a de plus classique, certainement pas un totalitarisme.

Je n'ai aucune sympathie pour le franquisme ni pour l'OD, mais les accusations rituelles dont cette dernière fait l'objet m'agacent, surtout quand elles émanent des compagnons de route du bolchévisme, qui sont les derniers à pouvoir faire la morale à qui que ce soit.

Quant au libéralisme, je m'étonne de lire ici les dénonciations rituelles dont il fait l'objet, alors que c'est sans nul doute le courant politique le plus compatible avec le catholicisme.
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Message non lu par sola » lun. 04 avr. 2005, 12:29

merci pour ce débat très intéressant.
dire les choses en sachant qu'elles seront écoutées, pas déformées, permet d'être transparent. c'est un avantage de ce forum.
je n'avais pas d'opinion sur l'opus dei mais je me méfie maintenant de toutes les rumeurs et de tous les "fantasmes" comme l'un de vous l'a si bien dit.
un livre était sorti il y a quelques années: "des sectes dans l'église catholique" (le "?" prévu par les auteurs avait sauté pour que ça se vende plus...), ça avait fait beaucoup de bruit mais quand on étudiait de près ce qui était "dénoncé" comme ça à la truelle, sans nuance, il n'y avait plus de quoi fouetter un chat... ni faire un best-seller...
tant de choses fausses ont été dites sur le pape aussi... certains catholiques (dont moi) les ont crues, à une certaine époque.
cela m'a servi de leçon, autrefois j'aurais cru tout et n'importe quoi sur l'opus dei, maintenant je me tais et j'essaie de m'instruire avant de répéter certaines choses, de m'indigner, de juger... je lis, j'écoute autant les réactionnaires et les progressistes (comme ils s'appellent mutuellement! :roll: ), j'apprends beaucoup des deux côtés et c'est dommage de se priver des uns ou des autres.
et j'espère qu'entre frères et soeurs nous saurons tous dialoguer de mieux en mieux comme vous venez de le faire. :heart:
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Message non lu par Philarête » lun. 04 avr. 2005, 22:59

Je réponds surtout à Aramis, car je n'ai pas dû être assez clair ni convaincant… Peut-être est-ce parce que je me suis abstenu de donner mon opinion personnelle (ce n'était pas le sujet), et que j'ai simplement voulu dire qu'à mon avis, ceux de l'Opus Dei qui ont été avec Franco n'ont rien fait de contraire à la foi ou à la morale catholiques ; savoir s'ils ont fait une erreur politique est une autre question, fort complexe, qui demanderait d'étudier en profondeur les circonstances de cette époque. Tout au plus ferai-je remarquer ce que tous les connaisseurs concèdent, à savoir que ces personnes, jointes à d'autres qui n'avaient rien à voir avec l'Œuvre, sont celles qui ont contribué de façon décisive à la "transition démocratique" du régime. Je reviens au sujet.
Il n'existe, ni en droit ni en fait, aucune doctrine politique dans l'Opus Dei. Ses membres jouissent sur ce plan d'une liberté totale, dans les seules limites imposées par la foi catholique. Ce pluralisme appartient depuis l'origine à l'esprit de l'Opus Dei, tel qu'il a été formulé par son fondateur à de multiples reprises, de la façon la plus claire. Une seule citation peut-être : « J'ai écrit, il y a longtemps déjà, que si, à un moment donné, l'Opus Dei avait fait de la politique ne serait-ce que pendant une seconde, moi, dans ce moment d'erreur, je serai parti de l'Opus Dei (…). Les hommes et les femmes de l'Opus Dei jouissent, dans leurs choix de citoyens, de la liberté personnelle la plus totale, respectée par tous (…). Un Opus Dei impliqué dans la politique est un fantôme qui n'a jamais existé et qui ne pourra jamais exister : si ce cas impossible devait se présenter, l'Opus Dei se dissoudrait immédiatement. » Tous les membres de l'Opus Dei connaissent cette doctrine et en tirent les conséquences : on ne parle jamais de politique dans un centre de l'Opus Dei, et toutes les opinions y sont respectées. J'ajoute, par expérience personnelle, que ce pluralisme est une des choses qui m'a le plus frappé dans l'Opus Dei quand je l'ai connu, car je fréquentais jusque là des milieux catholiques, disons, très "homogènes" du point de vue politique.
Qu'en est-il, non plus dans les principes, mais dans les faits ?
Il y a quelques jours à peine, j'ai parlé de cela avec un ami qui est dans l'Opus Dei depuis longtemps. Il a appartenu au PCF avant sa conversion. Il est syndiqué dans un gros syndicat franchement marqué à gauche (inutile de faire un dessin, une fois exclue la CGT), parce qu'il estime que ce sont eux qui défendent le mieux les travailleurs. Il a même dit (c'est son point de vue et son expérience) qu'il n'excluait pas en principe qu'il existe de bons patrons, mais il ajoute qu'il n'en a jamais rencontré…
Cette personne n'est évidemment pas le seul membre de l'Opus Dei qui soit syndicaliste. J'en connais d'autres, dont un notamment dont le patron veut la peau depuis des années. Ces personnes sont aussi des gens qui vont à la messe tous les jours, qui prient peut-être une heure par jour, et qui s'efforcent d'approcher du Christ leurs collègues. Je pense qu'on trouverait sans peine d'autres exemples dans le monde : mais à vrai dire cela ne m'intéresse pas vraiment de chercher, car l'important pour moi est justement cette liberté qui existe dans l'Opus Dei, que je constate, que j'aime, et que j'essaie moi aussi de faire aimer autour de moi. Je suis très heureux de n'avoir aucune idée de pour qui vote le type qui est assis à côté de moi à la messe.
D'autres exemples? Il se pourrait bien que, de tous les cardinaux dont on parle tant en ce moment, le seul qui ait fait de la prison dans sa vie, en tous cas l'un des seuls, soit un de l'Opus Dei, qui a fait de la prison sous Franco pour activités "subversives". D'autres membres de l'Opus Dei, sous Franco également, en Espagne, ont été emprisonnés pour hostilité au régime. L'un d'eux a été exilé après avoir publié dans son journal un article très critique sur Franco. Son journal a été saisi et fermé, et ce gars a tout perdu.
Aujourd'hui, le seul membre de l'Opus Dei qui occupe des fonctions importantes dans un gouvernement est une femme, elle est ministre de Tony Blair, et journaliste au Guardian de son état (pour ceux qui connaissent, le Guardian n'est pas ce qu'on appelle un journal de droite…).
Et il y a bien sûr beaucoup de membres de l'Opus Dei qui ne s'occupent pas de politique, et certains qui sont de droite, certains de gauche. Le signataire de ces lignes n'a pas voté pour la droite depuis des années et des années, et ne pense pas changer prochaînement.
Si je devais exprimer ma pensée profonde sur ce débat, ce serait en disant qu'à mon sens, beaucoup de catholiques n'ont toujours pas compris la liberté. Tant ceux qui pensent qu'on ne peut qu'être de droite, que ceux qui pensent qu'on ne peut qu'être de gauche, quand on est catholique, n'ont pas encore saisi de quoi parle le christianisme. Voici, pour ma part, ce que j'ai appris de saint Josémaria :
« Un homme qui sait que le monde — et non seulement l'église — est son lieu de rencontre avec le Christ, aime ce monde, tâche d'acquérir une bonne préparation intellectuelle et professionnelle, établit en toute liberté ses propres jugements sur les problèmes du milieu où il évolue; et, par conséquent, il prend ses propres décisions, lesquelles, parce qu'elles sont les décisions d'un chrétien, procèdent en outre d'une réflexion personnelle, qui tente humblement de saisir la volonté de Dieu dans les détails, petits et grands, de la vie.
« Toutefois, il n'arrive jamais à ce chrétien de croire ou de dire qu'il descend du temple vers le monde pour y représenter l'Église, ni que les solutions qu'il donne à des problèmes sont les solutions
catholiques. Non, mes enfants, cela ne se peut pas ! Ce serait du cléricalisme, du catholicisme officiel, ou comme vous voudrez l'appeler. En tout cas, ce serait faire violence à la nature des choses. Vous devez diffuser partout une véritable mentalité laïque, qui conduit aux trois conclusions suivantes : être suffisamment honnête pour assumer sa responsabilité personnelle; être suffisamment chrétien pour respecter les frères dans la foi, qui proposent, dans les matières de libre opinion, des solutions différentes de celles que défend chacun d'entre nous; être suffisamment catholique pour ne pas se servir de notre Mère l'Église en la mêlant à des factions humaines. »
Ces paroles ont été prononcées lors d'une homélie publique, devant plusieurs milliers de personnes, sur un campus d'université, en Espagne, en 1967. Je pense qu'elles « détonaient » fortement dans l'ambiance de l'époque… et je crains, ou plutôt je me réjouis, qu'elles puissent encore « détoner » aujourd'hui !
Ubi Spiritus Dei, ibi libertas, Où est l'esprit de Dieu, a dit saint Paul, là est la liberté.
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Message non lu par aramis » lun. 04 avr. 2005, 23:50

tu as raison Philaréte, et je pense sincèrement que Saint José Maria Escriva était un grand homme. Je suis persuadé que beaucoup de membre de l'Opus Dei sont de bons et sincères chrétiens. Peut m'importe à dire vrai qu'ils soient de droite ou de gauche, s'il mènent une vie droite et pacifique.
Cependant, comme dans toute entreprise humaine, il y a des imperfections. Et je reste persuadé que certains s'achètent une morale en finançant l'Oeuvre... Comment expliquer sinon, certains livres ou certains reportages ?

Bien sur on peut nier. On peut réfuter untel ou untel qui est anticlérical ou gauchiste...
Mais il serait à mon avis préférable que l'Opus Dei fasse le ménage en son sein. Des dérives ont lieu, comme dans toutes les congrégations. (On en a vu également chez les charismatiques.)

Mon cher Guelfo,

Peux tu m'expliquer la différence qu'il y a entre une dictature et un régime totalitaire... :lol:

Tu m'accuses d'être un ancien compagnon de route des bolcheviks (je pensais que personne ne se souvenait que j'avais été 6 mois, membre du PCF :sick: ), mais visiblement tu manie mieux que moi les arguments staliniens.

Quand au libéralisme économique il a été condamné avec vigueur par l'Eglise et par Jean Paul II en personne, parce qu'il mettait le profit au centre de la société et non l'homme.

L'Eglise est favorable à l'économie de marché (la seule possible en ce monde), mais n'accepte pas l'exploitation de l'homme par l'homme.

Sans rancune...
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Message non lu par Philarête » mar. 05 avr. 2005, 9:06

Cher Aramis, je constate avec joie que nous commençons à nous comprendre. Dieu soit loué!
aramis a écrit : Cependant, comme dans toute entreprise humaine, il y a des imperfections. Et je reste persuadé que certains s'achètent une morale en finançant l'Oeuvre... Comment expliquer sinon, certains livres ou certains reportages ?
Bien sur on peut nier. On peut réfuter untel ou untel qui est anticlérical ou gauchiste...
Mais il serait à mon avis préférable que l'Opus Dei fasse le ménage en son sein. Des dérives ont lieu, comme dans toutes les congrégations.
Mon problème en te répondant, jusque là, était peut-être de ne pas savoir à quoi tu faisais allusion. En fait, je n'ai rien contre les reportages anticléricaux ou gauchistes quand il s'agit de bons reportages ! Mais un journaliste qui ne vérifie pas ses sources, qui recopie ce qu'un autre a écrit, et qui souvent a lui-même recopié, etc., cela, non, je ne le prend pas au sérieux. Donc, face à certaines accusations (par exemple concernant des « dérives », ou des financiers qui « s'achètent une morale »), mon premier réflexe est : quelles sont les sources, où sont les preuves, sur quels documents se fonde telle assertion ? Comme tu restes imprécis, je ne sais pas exactement à quoi ou à qui tu penses : mais jusqu'à ce jour, lorsque j'ai lu ce genre de choses dans des « enquêtes », et que j'ai voulu vérifier par moi-même, j'ai toujours trouvé que la réalité était assez différente… Si tu me cites des cas précis, je pourrais te faire part de mes propres renseignements!
Cela dit, je suis 100% d'accord avec toi pour admettre que l'Opus Dei, dans la mesure où il s'agit d'une institution composée d'hommes et de femmes, est faillible. À vrai dire, cela ne me gène pas ni ne m'étonne : toute l'Eglise est ainsi !
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Message non lu par guelfo » mar. 05 avr. 2005, 10:48

aramis a écrit :Mon cher Guelfo,

Peux tu m'expliquer la différence qu'il y a entre une dictature et un régime totalitaire... :lol:
Je te conseille la lecture de Hannah Arendt.
aramis a écrit :Tu m'accuses d'être un ancien compagnon de route des bolcheviks (je pensais que personne ne se souvenait que j'avais été 6 mois, membre du PCF :sick: ), mais visiblement tu manie mieux que moi les arguments staliniens.
Houlà, ce n'est pas toi que je visais, rassure-toi, si ç'avait été le cas, je l'aurais dit clairement. Désolé d'avoir laissé planer le doute. Je songeais plutôt à nos chers médias qui ne ratent pas une occasion de taper sur l'OD et d'insister sur sa soi-disant collaboration avec Franco ou divers régimes autoritaires d'Amérique latine.

aramis a écrit :Quand au libéralisme économique il a été condamné avec vigueur par l'Eglise et par Jean Paul II en personne, parce qu'il mettait le profit au centre de la société et non l'homme.

L'Eglise est favorable à l'économie de marché (la seule possible en ce monde), mais n'accepte pas l'exploitation de l'homme par l'homme.
L'Eglise a condamné, non pas le libéralisme économique, dont je ne vois d'ailleurs pas en quoi il diffère de l'économie de marché (du moins dans le contexte de ta phrase), mais certains excès que les adversaires du libéralisme aiment lui imputer, presque toujours à tort, puisqu'ils sont généralement le fait d'entreprises protégées par les pouvoirs publics. Je songe notamment à la fermeture de Renault en Belgique. Mercantilisme (ce qu'il est convenu d'appeler "libéralisme" en France, pays pourri par le gauchisme le plus primaire et où la droite est dirigiste et anti-libérale) et libéralisme ne se confondent pas, bien au contraire.

Par contre, sa condamnation du communisme, du socialisme et des excès de la social-démocratie est particulièrement claire et nette.

Sans rancune !
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Message non lu par sola » mar. 05 avr. 2005, 11:26

:) les dérives chez les charismatiques ont été corrigées depuis.

le problème des étiquettes, de la "pensée par catégories", ne touche pas que l'opus dei etc.
quand je faisais du syndicalisme, tout ce que je faisais, tout ce que je disais, était perçu par les gens comme étant l'émanation du syndicat (alors que sur certains points il y avait de grands désaccords en interne, aucune position ne reflétait celle de l'organisme, très divisé).

pour toutes les institutions on est en face de cette attitude qui consiste à attraper n'importe quel quidam qui en fait partie, à le dépersonnaliser ('est bien connu, quand on adhère à quoi que ce soit, on dépose son cerveau à l'entrée, c'est ce que soutiennent les gens mordicus), à lui faire endosser n'importe quelle rumeur qui traîne. je ne connais rien contre ça en dehors d'une communication outrancière, inlassable (mais lassante).

et communiquer, répéter sans arrêt la même chose (définition de la pédagogie), c'est ce que fait mal l'église, l'opus dei n'en parlons pas.
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Message non lu par aramis » mar. 05 avr. 2005, 12:35

LIBERALISME-SOCIALISME
Deux frères ennemis face à la doctrine sociale de l'Eglise.
Benjamin Guillemaind, Pierre Tequi éditeur.
Préfacé par Mgr Georges Lagrange, évêque de Gap.

"...... Tel Janus à deux visage, l'un et l'autre système donnent l'illusion de s'opposer. Ils relèvent en fait d'une même conception individualiste de l'homme qui transforme le monde du travail en une jungle impitoyable ou en une immense caserne et isole l'homme de ses communautés naturelles : famile, métier, village, province... et tue les solidarités organiques à l'échelle humaine."

...............

" Ce livre veut faire écho à la préoccupation de Jean Paul II. Il présente les remède offerts par une conception chrétienne de l'homme pour rétablir une économie à visage humain."


Ce livre a été présenté sur Radio Notre Dame, qui n'est pas une radio gauchiste, me semble-t-il ? Les pesanteurs de l'état jacobin, les désastreux résultats du socialisme, ne doivent pas être le prétexte pour imposer un libéralisme économique qui voit chaque jour les riches s'enrichir et les pauvres s'appauvrir.
Responsable syndical, je constate tous les jours les dégats de cette économie qui n'est libérale que pour les patrons et les actionnaires, mais dictatoriale pour les ouvriers, les salariés, ceux qui peinent, et qui gagnent à peine de quoi se nourrir et se loger.
Dire que la gauche ne fait pas mieux est certainement vrais, mais ce n'est pas une réponse recevable pour ceux qui souffrent, et qui se désinteressent de plus en plus de la politique, cette chose publique qui ne leur appartient plus.
Je ne suis plus de gauche depuis longtemps, mais je ne pense pas être un jour de droite. D'ailleurs, "être de droite, être de gauche, c'est être hémiplégique." disais Raymond Aaron.

Pour le reste, ( Opus Dei ou charismatique ), je me range à l'avis des autorités catholiques qui dans leur grandes sagesse permettent à chacun de suivre la voix spirituelle qui lui convient. Les fondateurs de ces grandes communautés, ainsi que leurs dirigeants actuels sont des chétiens emminement respectables. Mais chacun, au sein de sa communauté garde à mon avis un devoir de vigilance, qui permet que les causes premières de la fondation d'une communauté ne soient pas trahies au profit de quelques uns.

Amitiées.
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mon mea culpa

Message non lu par bajulans » lun. 31 oct. 2005, 6:19

Précisions au sujet de l’Opus Dei.

Afin de ne pas encourir le reproche
16 Celui qui vous écoute m'écoute, et celui qui vous rejette me rejette; or celui qui me rejette, rejette celui qui m'a envoyé. "
Luc X, 16

Je ne prétends pas me substituer à l’autorité du pape, ni à celle des évêques et en conséquence, je retire ce qui a pu choquer ceux qui sont attachés à l’Opus Dei.

Personnellement, je me permets de regretter le culte du secret qui entraîne de très importants inconvénients sociaux, selon moi, et ce qui m’apparaît comme une excessive sévérité dans la direction des individus, et ce qui m’apparaît comme un manque de discrétion dans la pratique de la vertu ; etant donné que j’apprécie la distinction entre perfection et justice, il me semble qu'elle n'est pas assez marquée, à mon goût, dans l’enseignement de l’Opus Dei. Puisque même l’amour de Dieu doit être pratiqué avec discrétion, selon la bienheureuse Angèle de Foligno.

Mais je retire le mot de secte (si j’ai pu l’utiliser) en raison du fait qu’il a pris une connotation défavorable. Je n’ai aucun titre à l’utiliser pour qualifier une société reconnue par le Saint Siège. Chacun est libre d'adhérer ou non à cette société.
Loué soit Jésus-Christ

Lucie
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Message non lu par Lucie » ven. 02 déc. 2005, 12:35

Bonjour,
j'ai lu que l'opus dei , les membres s'infligeaient des "châtiment corporels" ou des douleurs physique.

J'avoue que ça me choque un peu, si Dieu vous a fait cadeau d'un corps ce n'est pas pour le maltraiter mais plutôt pour en prendre soin non?

C'est un peu comme si on m'offrait un pull-over et que je le déchire en disant c'est pour trouver du réconfort dans mon esprit, j'éprouve ma chair car elle va avoir froid mais en mon esprit qui grandira je trouverai du réconfort....
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Hélène
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Message non lu par Hélène » ven. 02 déc. 2005, 13:56

Lucie a écrit :Bonjour,
j'ai lu que l'opus dei , les membres s'infligeaient des "châtiment corporels" ou des douleurs physique.
Bien sûr que ce serait choquant...si c'était vrai ! :lol: C'est le Code Da Vinci qui a sali l'Opus Dei et toutes ces rumeurs viennent de ce polar dont le seul but est de détruire l'Église et faire apostasier les baptisés.

Vous pouvez faire la connaissance d'un de ses membres bien sympathique sur ce reportage de KTO : http://www.ktotv.com/video_data.php3?numero=908

Amitié,
Hélène
"Le Père n'a dit qu'une seule Parole, c'est son Fils et, dans un éternel silence, il la prononce toujours". (Saint Jean de la Croix)

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