1. Le document Fiducia supplicans est matériellement de la DDF, formellement du Pape François.
- « La présente Déclaration prend en considération diverses questions qui ont été soumises à ce Dicastère, tant au cours des années passées que plus récemment. Pour sa rédaction, comme il est d'usage, des experts ont été consultés, un processus de rédaction adéquat a été mis en œuvre et le projet a été discuté lors du Congresso de la Section Doctrinale du Dicastère. Pendant cette période de rédaction du document, les discussions avec le Saint-Père n'ont pas manqué. La Déclaration a finalement été soumise au Saint-Père, qui l'a approuvée en y apposant sa signature. »
Cette signature vaut approbation en forme spécifique. L’autorité du texte est donc celle du Pape exerçant son magistère pontifical faillible auquel est normalement dû l’assentiment religieux et prudent de l’intelligence et de la volonté, sauf précisément à pouvoir démontrer son erreur ou son venin.
2. Ce document est d’ordre doctrinal. il est le présupposé doctrinal de la pastorale bergoglienne.
Il donne la doctrine sous-jacente à la pastorale qu’il vise à initier. Cette pastorale ecclésiale, confiée aux prêtres, à son fondement doctrinal tout entier dans les considérants doctrinaux du document de la DDF. C’est une « réflexion théologique, basée sur la vision pastorale du Pape François ».
3. Cette pastorale s’adresse aux personnes unies irrégulièrement, en offrant à leurs unions irrégulières la possibilité d’une bénédiction ecclésiale.
La bénédiction extra-liturgique pour les couples concubinaires, adultérins, homosexuels, est une bénédiction ecclésiale. À preuve, elle est autorisée par la pape afin que des prêtres, agissant en leur qualité de prêtres, donc au nom et en la personne du Christ-Tête, bénissent. Cette bénédiction litigieuse est « une simple bénédiction
du pasteur » (34), visant à ne pas « empêcher ou interdire la proximité
de l'Église avec toute situation où l'on recherche l'aide de Dieu au moyen d'une simple bénédiction » (38), le document de la DDF ayant pour objet de modifier « la sensibilité pastorale
des ministres ordonnés [qui] doit également être éduquée à effectuer spontanément des bénédictions » (35), lesquelles sont des
sacramentaux (8).
4. Comment les unions irrégulières pourraient être l’objet d’une bénédiction ecclésiale alors que ces unions sont essentiellement caractérisées par une sexualité peccamineuse que Dieu maudit ?
4a. Il est d’abord évident que la DDF n’envisage pas seulement les bénédictions données aux personnes, mais aussi les bénédictions données à leurs unions, et plus précisément encore, à leurs unions en tant qu’elles sont peccamineuses par leur sexualité extra-maritale.
La bénédiction extra-liturgique dont il est question en
Fiducia supplicans s’adresse à des unions extra-maritales marquées par le peché, à des unions extra-maritales peccamineuses parce que sexuelles. La sexualité est ici centrale, puisque d’une, elle confère aux unions extra-maritales d’être peccamineuses ; de deux, c’est en tant qu’elles sont sexuellement peccamineuses, et malgrê qu’elles le soient, qu’elles sont bénies.
La DDF envisage tant les bénédictions données aux personnes que les bénédictions données à leurs unions, et plus précisément encore, à leurs unions en tant qu’elles sont sexuées, la distinction entre les deux sortes de bénédictions (liturgique / extra-liturgique) découlant, en le document de la DDF, de la moralité respective de la sexualité des diverses unions. La bénédiction liturgique est réservée au mariage, parce que seule la sexualité maritale peut êre moralement licite. La bénédiction liturgique ne peut donc être donnée aux autres unions sexualisées, de crainte d’ « offrir une forme de légitimité morale à une union qui se présente [faussement] comme un mariage ou à une pratique sexuelle extra maritale ». La bénédiction extra-liturgique vise donc les unions extra-maritales porteuses d’une sexualité peccamineuse. Bref, la bénédiction ecclésiale des couples ewtra-maritaux n’est pas celle de couples vivant dans les liens de l’amitié en s’abstenant de tout acte sexuel, mais celle de couples sexuellement engagés dans des pratiques sexuelles. Bref, il s’agit de bénir des unions peccamineuses en tant qu’elles sont peccamineuses.
- « 9. D'un point de vue strictement liturgique, la bénédiction exige que ce qui est béni soit conforme à la volonté de Dieu telle qu'elle est exprimée dans les enseignements de l'Église. »
- « 11. C’est pourquoi, étant donné que l'Église a toujours considéré comme moralement licites uniquement les relations sexuelles vécues dans le cadre du mariage, elle n'a pas le pouvoir de conférer sa bénédiction liturgique lorsque celle-ci peut, d'une certaine manière, offrir une forme de légitimité morale à une union qui se présente comme un mariage ou à une pratique sexuelle extra maritale. La substance de cette prise de position a été réitérée par le Saint-Père dans ses Respuestas aux Dubia de deux Cardinaux.
- 12. Il faut aussi éviter le risque de réduire le sens des bénédictions à ce seul point de vue, car cela nous conduirait à exiger pour une simple bénédiction les mêmes conditions morales que celles qui sont exigées pour la réception des sacrements. Ce risque exige que nous élargissions encore cette perspective. En effet, le danger existe qu'un geste pastoral, si aimé et si répandu, soit soumis à trop de conditions morales préalables qui, sous prétexte de contrôle, pourraient obscurcir la force inconditionnelle de l'amour de Dieu sur lequel se fonde le geste de la bénédiction.
Les unions extra-maritales sont donc bénies
en tant qu’elles sont sexuellement peccamineuses, puisqu’elles sont bénies en tant qu’unions sexuelles. Preuve en est que, parlant d’union, n’est pas référé au lien interpersonnel abstraction faite de sa composante sexuelle, mais en la mentionnant explicitement (cf. 11). S’il fallait encore le prouver, ceci que ce qui fait que les unions adultérines, concubinaires, homosexuelles, sont peccamineuses, et ainsi irrégulières, est la sexualité qui s’y déploie. Or c’est précisément en tant que ces unions sont irrégulières que François prétend leur accorder la bénédiction ecclésiale extra-liturgique, comme appert du titre III de
Fiducia supplicans : « III. Bénédiction des couples en situation irrégulière et des couples de même sexe. » Les couples, donc les unions, sont bénis en tant qu’ils sont en situation irrégulière., et malgré qu’ils le soient.
4b. La DDF envisage encore les bénédictions données aux unions malgré qu’elles sont peccamineuses par leur sexualité extra-maritale, ce que cette sexualité soit hétérosexuelle ou homosexuelle.
Cet aspect du document n’offre aucune difficulté pour peu qu’on lise les bénédictions comme accordées aux personnes malgré qu’elles vivent en une union inadmissible par la sexualité qui s’y déploie : pour peu qu’on considère la bénédiction comme avcordée aux personnes et non aux unions.
La DDF souligne que ces bénédictions supposent chez ceux qui la demandent un début de repentir accompagné d’une demande d’aide au Dieu secourable.
- « 20. Celui qui demande une bénédiction montre qu'il a besoin de la présence salvifique de Dieu dans son histoire, et celui qui demande une bénédiction à l'Église reconnaît l'Église comme sacrement du salut que Dieu offre. Chercher une bénédiction dans l'Église, c'est admettre que la vie de l'Église jaillit du sein de la miséricorde de Dieu et nous aide à avancer, à mieux vivre, à répondre à la volonté du Seigneur. »
- « 21. Pour nous aider à comprendre la valeur d'une approche plus pastorale des bénédictions, le Pape François nous a invités à contempler, avec une attitude de foi et de miséricorde paternelle, le fait que ´´lorsqu’on demande une bénédiction, il s’agit d’une demande d’aide adressée à Dieu, d’une prière pour pouvoir vivre mieux, d’une confiance en un Père qui peut nous aider à vivre mieux’´ »
- « 30. … le ministre ordonné s'associe aux prières des personnes qui, bien que vivant une union qui ne peut en aucun cas être comparée au mariage, désirent se confier au Seigneur et à sa miséricorde, invoquer son aide et être guidées vers une plus grande compréhension de son dessein d'amour et de vérité.
- « 33. Cette bénédiction, bien qu'elle ne fasse pas partie d'un rite liturgique, unit la prière d'intercession à l'invocation de l'aide de Dieu par ceux qui s'adressent humblement à lui. Dieu ne rejette jamais celui qui s'approche de lui ! »
La bénédiction que demandent ces personnes, qui suppose de leur part un commencement d’attrition, a donc pour finalité de faire cesser leurs unions en ce qu’elles ont de peccamineux, donc le les faire cesser
en tant qu’elles sont peccamineuses. Ce ne sont donc pas les unions peccamineuses qui sont bénies, en contradiction à ce que FS affirmait peu avant : la bénédiction va seulement les personnes, ce
malgré qu’elles soient engagées dans une union peccamineuse.
4c. L’impossible conjonction du en tant qu’elles sont et du malgré qu’elles sont. L’invalidité de la dialectique de la DDF oblige à rejeter Fiducia supplicans.
Il est contradictoire de bénir des unions en tant qu’elles sont peccamineuses, et de bénir les personnes engagées en ces unions pour qu’elles y mettent fin. Si la bénédiction a pour fin la conversion des personnes, elle ne peut bénir les unions faisant obstacle à cette conversion. Certes, certains aspects de ces unions peuvent être maintenus. Par exemple, le maintient du lien d’amour et de solidarité de ceux anciennement engagés dans une union adultérine. On pourrait donc, sous cet angle, dire que les unions sont bénies en ce qu’elles n’on pas de peccamineux. Sauf qu’hélas, c’est en ce qu’elles ont de peccamineux par leur sexualitê extra-maritale qu’elles ont été d’abord envisagées. Relisons ces passages de
Fiducia supplicans :
- « 9. D'un point de vue strictement liturgique, la bénédiction exige que ce qui est béni soit conforme à la volonté de Dieu telle qu'elle est exprimée dans les enseignements de l'Église. »
- 12. Il faut aussi éviter le risque de réduire le sens des bénédictions à ce seul point de vue, car cela nous conduirait à exiger pour une simple bénédiction les mêmes conditions morales que celles qui sont exigées pour la réception des sacrements.
La bénédiction extra-liturgique peut donc bénir ce qui n’est pas conforme à la volonté de Dieu, savoir ici les unions en tant qu’inclusives d’une sexualité peccamineuse. Ce d’autant que ces unions sexualisées sont explicitement envisagées au titre 3 dans la bénédiction des couples en situation irrégulière
- « 11. C’est pourquoi, étant donné que l'Église a toujours considéré comme moralement licites uniquement les relations sexuelles vécues dans le cadre du mariage, elle n'a pas le pouvoir de conférer sa bénédiction liturgique lorsque celle-ci peut, d'une certaine manière, offrir une forme de légitimité morale à une union qui se présente comme un mariage ou à une pratique sexuelle extra maritale.
Qu’en conclure d’autre, par conjonction de 11 à 12, que l’Église a le pouvoir de bénir extra-liturgiquement des unions intrinsèquement peccamineuses parce qu’essentiellement inclusives d’une sexualité extra-maritale.
5. Toute pastorale s’appuyant sur le fondement doctrinal qui l’irrigue, le fondement de la pastorale bergoglienne étant hétérodoxe, à quoi sa pastorale aboutit-elle ?
La pastorale envers les personnes engagées dans des unions sexuellement peccamineuses n’est-elle pas de leur dire que leur situation est mauvaise, qu’elles doivent y mettre fin, et que la bénédiction est toujours offerte aux pécheurs pour qu’ils cessent de l’être en réformant leur conduite ? La pastorale ne doit-elle pas rappeler que tout chrétien doit porter sa propre croix, et qu’à s’y refuser on sera damné ? Où donc est la charité à jouer d’ambiguïté (euphémisme) en affirmant formellement, et quasi explicitement, les prêtres légitimes à bénir des unions peccamineuses en tant qu’elles sont telles ? Le scandale donné à l’Église et au monde est inouï.
Comment donc François justifie-t-il l’injustifiable ? En excipant de l’amour miséricordieux qu’est Dieu : c’est « la force inconditionnelle de l’amour de Dieu » (DDF, 12) qui légitime la bénédiction ecclésiale des unions extra-maritales.sexualisées EN TANT QU’ELLES SONT sexualisées. Et bien sûr, s’opposer aux délires doctrinaux du pape François posés sous couvert de volonté pastorale serait « perdre la charité pastorale qui doit passer par toutes nos décisions et nos attitudes » pour « nous constituer en juges qui ne font que refuser, rejeter, exclure » (DDF, 13). C’est bien là la méthode du pape pour disqualifier ceux s’opposant à son hétérodoxie manifeste. On en avait eu un aperçu dans
Amoris Lætitia.