A été publiée hier par le Dicastère de la Doctrine de la Foi la déclaration Fiducia supplicans sur la signification pastorale des bénédictions.
Il peut notamment y être lu :
Concrètement, il n'y a rien à redire d'un point de vue théologique à cette déclaration, parfaitement orthodoxe, puisqu'elle se résume in fine à rappeler que le prêtre peut réaliser une prière sur un couple en situation irrégulière ou un couple de même sexe pour demander à Dieu de les faire revenir dans le droit chemin ("investi, guéri et élevé par la présence de l'Esprit-Saint").31. Dans l'horizon ainsi tracé, il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage. Dans ces cas, on donne une bénédiction qui n'a pas seulement une valeur ascendante, mais qui est aussi l'invocation d'une bénédiction descendante de Dieu lui-même sur ceux qui, se reconnaissant indigents et ayant besoin de son aide, ne revendiquent pas la légitimité de leur propre statut, mais demandent que tout ce qui est vrai, bon et humainement valable dans leur vie et dans leurs relations soit investi, guéri et élevé par la présence de l'Esprit Saint. Ces formes de bénédiction expriment une supplication à Dieu pour qu'il accorde les aides qui proviennent des impulsions de son Esprit – que la théologie classique appelle « grâces actuelles » – afin que les relations humaines puissent mûrir et grandir dans la fidélité au message de l'Évangile, se libérer de leurs imperfections et de leurs fragilités et s'exprimer dans la dimension toujours plus grande de l'amour divin.
Ainsi, si cette déclaration est bien lue, il y est expressément dit au numéro 32 : "La grâce de Dieu agit en effet dans la vie de ceux qui ne se prétendent pas justes mais se reconnaissent humblement pécheurs comme tout le monde". De même : " l'Église accueille tous ceux qui s'approchent de Dieu avec un cœur humble, en les accompagnant avec ces aides spirituelles qui permettent à tous de comprendre et de réaliser pleinement la volonté de Dieu dans leur vie."
Il s'y trouve donc bien premièrement la reconnaissance du caractère peccamineux de la relation, donc une certaine attrition. Il s'y trouve deuxièmement la volonté de faire la volonté de Dieu, i.e. de sortir, d'une manière ou d'une autre, de cette relation peccamineuse.
En d'autres termes, un couple en situation irrégulière ou un couple de même sexe, conscient du caractère peccamineux de sa situation mais s'estimant incapable d'en sortir par ses seules forces, peut légitimement solliciter une bénédiction de la part d'un prêtre, lequel pourra la lui accorder tout aussi légitimement.
Après tout, comment commence le sacrement de Réconciliation, sinon par le pécheur demandant la bénédiction du prêtre pour la raison qu'il a péché : "Bénissez-moi, mon père, parce que j'ai péché".
Mais je reconnais bien humblement que je ne peux me départir d'une certaine gêne à la lecture de ce document, sans parvenir à en identifier précisément la cause...
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