Bonjour Lys,
La crise, c’est avant tout, il me semble, l’effondrement de l’Eglise en Europe, les églises vides, l’abscence de vocation. Cette crise, et ses causes, font l’objet de controverses parmis les Catholiques, en particulier au niveau du rôle du Concile Vatican II. En effet, c’est dans les années 60 et 70 que toutes les courbes de vocations et de pratique se sont effondrées, à une époque de réforme et de grands bouleversements dans l’Eglise à la suite de ce Concile.
En gros, certains pensent que la crise à dûe à une perte de foi, au fait que la doctrine, la tradition, la liturgie auraient été attaqués dans l’Eglise au cours de ces années et jusqu’à aujourd’hui. La Fraternité St Pie X (en oubliant les sédévacantiste) est particulièrement extrême en ce sens, puisqu’elle juge que la cause de la crise est le Concile lui-même, qui contiendrait des hérésies. Elle n’est pas reconnue par Rome, en conséquence. D’autres catholiques sont également traditionnalistes, comme la fraternité Saint Pierre, mais ils ne remettent pas en cause l’orthodoxie du Concile Vatican II et vivent leur foi en union avec Rome. Certains pratique dans le cadre d’une fraternité traditionnaliste approuvée par Rome, d’autres dans le cadre diocésain "normal" en assistant à des messes en latin célébrées par des prêtres "normaux". D’autres catholiques pensent que dans l’ensemble, les réformes post-Vatican II se sont bien passées, mais pensent que les catholiques ont été trop moux, trop peu engagés pour transmettre leur foi et désirent changer de pastorale, en instant plus sur la doctrine, l’évangélisation, etc...
Un autre grand groupe pense que la crise est dûe à un manque d’adaptation de l’Eglise au monde moderne. Ils pensent que Vatican II n’a pas été assez appliqué, que les laïcs n’ont pas un rôle assez important, que l’Eglise se préoccupe trop de doctrine et de morale sociétale et pas assez de l’être humain concret, des pauvres, des marginaux. Certains vont plus loin en remetant en cause la doctrine elle-même et en appelant des changement massifs (doctrine morale sexuelle, avortement, célibat des prêtres, etc...).
Ces désaccords sont-ils d'ordre dogmatique ?
En partie. Pour les membres de la Fraternité Saint Pie X, en tout cas certainement, puisqu’ils pensent que Vatican II a enseigné, ou favorisé, des hérésies. Pour les "modernistes" aussi, parce qu’ils pensent que les dogmes, ou en tout cas certains dogmes, sont des reliques du moyen-âge qui n’ont rien à faire dans le monde moderne.
Plus généralement, les débats portent sur le rôle et la place des dogmes, sans forcément leur remise en cause. Un grand débat, par exemple, est d’ordre liturgique. Pour caricaturer, est-ce que la Messe est un sacrifice avant d’être un repas ou un repas avant d’être un sacrifice ? La première option va vous amener vers des célébrations plus rituelles et hiératiques, insistant sur la solennité de la mort du Christ sur la Croix. La seconde vous amènera vers des célébrations qui mettront l’emphase sur le caractère communautaire de la messe, en cherchant moins à créer du sacré qu’une ambiance fraternelle.
Et si oui, pourquoi le Pape ne rétablit pas ces dogmes une fois pour toutes ?
Le Vatican est très clair, en condamant à la fois ceux qui rejettent Vatican II et ceux qui rejettent la Doctrine traditionnelle.
Et si ce ne sont que des "subtilités' de théologien, pourquoi cela affecte-t-il les fidèles ? J'ai parfois entendu des conciliaires traiter avec mépris des traditionalistes et inversement. Cela signifie-t-il que pour chacun des "camps", l'autre n'est pas catholique ?
Il y a beaucoup de rancoeur dans les deux camps. Les Progressistes ont oeuvrés dans les années 70 à détruire le hiératisme de la messe, le caractère sacré du sacerdoce, la position de l’Eglise comme une hiérarchie plutôt qu’un peuple. Ils avaient peur que l’Eglise s’enferme sur elle-même et en oublie le devoir de l’Eglise d’être au côté des pécheurs, de les aimer et de les aider dans les marges où ils se trouvent. Ils voulaient rompre avec un catholicisme de convenance, plus soucieux du culte que du service des pauvres.
Les Traditionalistes ont vécu cette période comme un traumatisme, où toutes les traditions les plus sacrés de l’Eglise étaient jetées à terre, ou l’Evangile était présenté par certains prêtres comme une variante du communisme, où l’hérésie se réâpandait sans opposition de la part du clergé. Ils en veulent aux progressistes à cause de cela, en particulier de l’hostilité des progressistes à la messe en latin vue comme une superstition loin du message du Christ.
Depuis, le progressisme s’est essouflé et trouve peu d’appuie dans la jeunesse, alors que beaucoup de jeunes prêtres et fidèles, sans forcément devenir traditionnalistes, renouent avec un plus grand souci de la liturgie et de la doctrine. Beaucoup de progressistes voient cela comme un retour des pharisiens de l’ancien testament, d’une religion légaliste et intolérante.
Un point important : je pense que votre catégorie de conciliaire n’est pas très utilie dans ce contexte. Certains traditionnalistes adhèrent sans problème, après tout, aux textes du Concile. Même parmi les conciliaires non-traditionnalistes, il y a une très grande diversité d’opinion. Certains sont plus conservateurs, d’autres plus progressistes. C’est souvent difficile de tracer des frontières dans cette forêt.
Du point de vue Catholique, il est central (1) d’accepter le Concile Vatican II, parce que c’est un véritable Concile Oeucuménique qui a la plus haute autorité, et (2) de tenir la Sainte Doctrine dans son entièreté. Le reste n’est pas indifférent, mais c’est le strict minimum. Vous pouvez sans crainte aller à la messe de Paul VI ou à la messe de Saint Pie V, en gardant à l’esprit pour la première qu’il vaut mieux éviter les endroits où elle est célébrée sans respect des rubriques du missel, et pour la seconde qu’il faut de même éviter les lieux de messe de la Fraternité Saint Pie X, qui est dans une situation canonique irrégulière et qui s’oppose au Pape et aux évêque.
En Jésus !
Héraclius