Doutes et certitudes dans la vie de la foi

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Carhaix
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Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par Carhaix » mar. 08 oct. 2019, 12:48

J'ai assisté à un sermon, dimanche, qui abordait la question de la foi (en écho à un passage bien connu de l'Évangile qui était lu ce dimanche). Ce sermon débute par une attaque assez frontale contre les catholiques persuadés d'avoir la foi, alors qu'ils surtout pétris de certitudes. Des certitudes volontiers présentées sous l'angle de la médiocrité et de l'étroitesse d'esprit. Ceux qui se revendiquent du catéchisme, notamment, qu'ils connaissent et débitent par cœur, sont qualifiés de "dangereux", car probablement enclins à un certain fanatisme religieux, porteur évidemment d'intolérance et de crimes. Et d'égratigner au passage tous ceux qui ont des certitudes, ceux qui "Savent", ceux qui connaissent avec conviction de façon indubitable "La Vérité".

Ce sermon, assez violent, m'a quelque peu indisposé. Non pas que je sois en désaccord avec l'idée générale : en effet, la récitation bornée du catéchisme n'est pas la foi. Je n'ai rien à redire là dessus. Mais pourquoi présenter sous un mauvais jour la référence au catéchisme ? Et surtout, pourquoi présenter une image aussi caricaturale et négative de ceux qui s'y référent, en les traitant au passage de fanatiques "dangereux" ? Le catéchisme est dangereux ? Ce qu'il contient n'est pas "vrai" ? Qu'attend-on alors pour l'abroger ?

L'idéologie qui se dégage de cette "école de pensée" n'est pas sans écho avec les échanges que j'ai pu lire ici ou là, récemment, sur ce forum : même regard dévalorisant sur le catéchisme, même défiance contre "ceux qui savent", qui se réclament de "La Vérité", façon ironique de traiter de pharisiens - en fin de compte, c'est bien l'idée - les conservateurs à l'intérieur de l'Église, qui s'accrochent au catéchisme comme à une bouée de salut face aux courants progressistes et réformateurs.

Pour résumer, il y aurait d'un côté les bons, authentiques disciples du Christ, favorables aux réformes, et de l'autre les sombres pharisiens hypocrites, sépulcres blanchis, qui portent avec ostension sur des phylactères les articles du CEC. Voilà en gros l'idée. Et bien sûr, on fait d'eux un portrait déshumanisé, on les traite de "dangereux", on les présente comme de médiocres individus à l'esprit étroit et borné. Sont-ils seulement humains, cette engeance de serpent ? On a peine à leur prêter la moindre sympathie, vu le degré de haine et de mépris avec lequel on les dépeint.

Alors, oui, je n'étais pas très à mon aise, car je me sentais quelque peu visé, moi qui me réfère volontiers au catéchisme pour y trouver - je ne sais si c'est La Vérité - du moins le point de vue officiel et synthétisé de l'Église catholique.

Je me sentais d'autant plus mal à l'aise que je partage cette méfiance envers les certitudes bien arrêtées et étroites d'esprit, et dont j'espère être peu "infecté". S'ensuit ainsi un phénomène d'ambivalence où tout en réprouvant les raisonnements bornés, on est bien obligé à un moment donné de prendre position, et d'avoir ses convictions. À quel moment est-ce possible de savoir si telle conviction est bornée, et fausse, et telle autre bonne, et "ouverte". Ouverte sur quoi, d'ailleurs ? Ouverte sur la "vérité", je suppose. Et voilà la mauvaise et vilaine "Vérité" qui montre de nouveau le bout de son nez.

Finalement, les inquisiteurs se font face, et se lancent au visage des "éléments de langage" (pour reprendre l'expression consacrée), consistant à reprocher à l'autre d'avoir ses certitudes, d'avoir sa "Vérité", et de lui cracher au visage (c'est toujours bien dans les actes de guerre verbale), alors que celui qui jette l'anathème est lui-même pétri de ses certitudes et de sa propre "Vérité".

Voilà donc les idées qui me traversent l'esprit tandis que j'entends le préambule de ce sermon peu sympathique où un inquisiteur me soufflète le visage, et du coup, la suite m'a paru peu audible. Car où est le Christ, là dedans ? Nulle part, j'ai bien l'impression.

Et s'il faut mettre en doute la "Vérité" portée par l'Église - et il m'arrive d'avoir de tels doutes, si ça peut rassurer les odieux inquisiteurs "progressistes" - je suis désolé de vous dire que tout peut être remis en doute jusqu'au Christ lui-même...

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Re: Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par Trinité » mar. 08 oct. 2019, 13:21

Bonjour Carhaix,

Vous connaissant un peu...maintenant, cela ne m'étonne pas que ce sermon vous ait secoué ! :D

Cordialement!

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Re: Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par mikesss » mar. 08 oct. 2019, 13:51

Bonjour Carhaix,

Je ne sais pas où vous avez entendu ce sermon, mais effectivement, je le trouve un peu "bizarre".
D'après ce que vous en dites, je dirais qu'on y retrouve une fois de plus le relativisme qui fait tant de mal à notre époque. Relativisme qui permet, comme vous le soulignez, de jeter la pierre au "conservateurs" qui continuent de proclamer haut et fort, avec assurance, les vérités de Foi et le catéchisme de l'Eglise catholique. Et traiter ses contradicteurs de "pharisiens" est le meilleur moyen de discréditer son adversaire (je sais de quoi je parle, on m'a traité plus d'une fois de "pharisien" pour ne pas accepter le remariage d'un divorcé, ou le fait que l'homosexualité est normale).
En fait, bien des catholiques (clercs ou laïcs) réfutent le catéchisme au titre de l'amour du Christ (chose totalement paradoxale d'ailleurs). On en arrive à un comportement, chez certains, qui frôle le protestantisme, puisqu'on veut systématiquement se référer aux Saintes Ecritures et plus au catéchisme.

Bref, il serait temps que les gens comprennent que déclamer le catéchisme n'est pas incompatible avec l'esprit du Christ (ce qui serait un comble) et que connaitre son catéchisme par cœur ne signifie pas l'appliquer par automatisme.

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Re: Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par gerardh » mar. 08 oct. 2019, 14:27

Bonjour Carhaix, vous relevez :
Ce sermon débute par une attaque assez frontale contre les catholiques persuadés d'avoir la foi, alors qu'ils surtout pétris de certitudes. Des certitudes volontiers présentées sous l'angle de la médiocrité et de l'étroitesse d'esprit.
Je compatis à votre malaise, et ce d'autant plus que l'on me fait aussi ce genre de reproches.
Ceux qui se revendiquent du catéchisme, notamment, qu'ils connaissent et débitent par cœur, sont qualifiés de "dangereux", car probablement enclins à un certain fanatisme religieux, porteur évidemment d'intolérance et de crimes.
Les catholiques conservateurs ont au moins le mérite à mes yeux de la cohérence : il ne devrait y avoir rien de nouveau sous le soleil. J'ai un jour un peu consulté le catéchisme, et je le trouve pas mal conçu (bien sûr dans les limites de ce que je pense). Quant au fanatisme, on pourrait rappeler la parabole de la paille et de la poutre.


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Re: Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par prodigal » mar. 08 oct. 2019, 15:22

Bonjour à tous,
je crois que les défauts des Pharisiens, d'hier et d'aujourd'hui, ont été mal ciblés.
On ne peut pas reprocher aux Pharisiens d'avoir des certitudes, si ce sont de vraies certitudes. Celui qui est sûr du vrai est supérieur à celui qui en doute.
Le problème des Pharisiens est d'avoir des certitudes mal placées. D'avoir la certitude de leur impeccabilité doctrinale en l'occurrence, ce qui se traduit trivialement par "se croire dans la vérité".
La foi, quand elle est pure, est une forme de certitude. Mais elle n'est pas la certitude d'avoir raison, mais la certitude de pouvoir accorder sa totale confiance à Dieu.
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Re: Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par Carhaix » mar. 08 oct. 2019, 15:29

prodigal a écrit :
mar. 08 oct. 2019, 15:22
Bonjour à tous,
je crois que les défauts des Pharisiens, d'hier et d'aujourd'hui, ont été mal ciblés.
On ne peut pas reprocher aux Pharisiens d'avoir des certitudes, si ce sont de vraies certitudes. Celui qui est sûr du vrai est supérieur à celui qui en doute.
Le problème des Pharisiens est d'avoir des certitudes mal placées. D'avoir la certitude de leur impeccabilité doctrinale en l'occurrence, ce qui se traduit trivialement par "se croire dans la vérité".
La foi, quand elle est pure, est une forme de certitude. Mais elle n'est pas la certitude d'avoir raison, mais la certitude de pouvoir accorder sa totale confiance à Dieu.
Ne prenez pas mal m'a remarque, Prodigal, mais je pense que le sens général de mon message vous a entièrement échappé. Et vous enfoncez le clou. Faut-il y voir le signe d'un étrange et formidable autisme qui semble, de façon récurrente, caractériser le courant catholique progressiste, absolument incapable (ou volontairement ?) ne serait-ce que d'écouter ce que l'autre cherche à lui dire ? Il y a vraiment là, pour moi, un mystère.

C'est vraiment étonnant. Je suis émerveillé. Vous n'avez absolument rien pris en compte de l'écrit initial que vous commentez. Fascinant. Ça laisse songeur. Un vrai mystère, réellement.

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Re: Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par Carhaix » mar. 08 oct. 2019, 15:39

gerardh a écrit :
mar. 08 oct. 2019, 14:27
Bonjour Carhaix, vous relevez :
Ce sermon débute par une attaque assez frontale contre les catholiques persuadés d'avoir la foi, alors qu'ils surtout pétris de certitudes. Des certitudes volontiers présentées sous l'angle de la médiocrité et de l'étroitesse d'esprit.
Je compatis à votre malaise, et ce d'autant plus que l'on me fait aussi ce genre de reproches.
Ceux qui se revendiquent du catéchisme, notamment, qu'ils connaissent et débitent par cœur, sont qualifiés de "dangereux", car probablement enclins à un certain fanatisme religieux, porteur évidemment d'intolérance et de crimes.
Les catholiques conservateurs ont au moins le mérite à mes yeux de la cohérence : il ne devrait y avoir rien de nouveau sous le soleil. J'ai un jour un peu consulté le catéchisme, et je le trouve pas mal conçu (bien sûr dans les limites de ce que je pense). Quant au fanatisme, on pourrait rappeler la parabole de la paille et de la poutre.


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Je vous remercie pour cette sympathique réaction, cher Gerhard.

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Re: Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par prodigal » mar. 08 oct. 2019, 15:49

Difficile de ne pas prendre mal votre remarque!
1) vous prétendez que je n'ai rien compris, mais vous ne dites même pas à quoi! "le sens général de votre message" dites-vous. Eh bien ayez la bonté de le préciser ce sens général, dont je n'ai rien dit soit dit en passant. Mais vous avez l'air de le juger important!
2) vous m'enfermez sans savoir dans un camp qui n'est pas le mien, et dont vous estimez qu'il ne mérite même pas qu'on l'écoute.
3) vous inversez les rôles en proclamant que l'on ne vous écoute pas, ce qui tout de même est un peu fort de café de la part de quelqu'un qui s'estime trop haut pour condescendre à s'expliquer davantage.
Bref, je comprends que la question puisse vous passionner et la passion vous aveugler, mais vous mériteriez d'être le destinataire de votre propre message, en remplaçant pour vous faire plaisir le mot "progressiste" par le mot "conservateur".
Et maintenant ce serait bien de reprendre la discussion de façon paisible, en étant un peu attentif à ce que les autres disent, bref il faudrait effacer votre message absurde et insultant et le mien aussi par voie de conséquence.
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Re: Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par aldebaran » mar. 08 oct. 2019, 16:30

Bonjour Carhaix,
Un sermon a-t-il plus de poids qu'un catéchisme travaillé et imprégné de la Tradition, des Pères et des docteurs de l'Eglise? Je ne rentre pas dans la confrontation entre le catéchisme de St Pie X que je ne connais pas âge oblige et celui de St Jean-Paul II.

Ce qui m'effraye davantage personnellement, c'est que des catholiques (une majorité?) puissent désormais aussi légèrement et ouvertement contredire des pans entiers de ces catéchismes, dont le dernier n'est pourtant pas si vieux (1992 de mémoire) et déjà trouvé trop moderne par certains. Sans que cela ne heurte nullement leur conscience.
J'y vois le signe que la doctrine catholique est devenue une vérité avec un petit v en occident, et donc discutable et imparfaite comme un simple texte philosophique ou une moindre théorie scientifique. C'est un peu l'esprit de ce sermon si j'ai bien compris.
J'y vois le signe que chacun, suivant cet individualisme forcené (que je nommerai plutôt orgueil) de plus en plus en vogue, fait son marché et adapte sa croyance selon sa raison ou ses convenances, sans se rendre compte de la limite parfois énorme de sa raison ou de l'incontournable subjectivité de sa pensée. N'est plus admis ce qui n'est pas compris par son propre mental.
A ce titre, je dirais que les plus modernes ont perdu la foi pour n'embrasser que la seule raison et le doute (et donc le sermon ferait un contresens total).
Cela se soigne assez bien, en relisant quelques textes sûrs, encore faut-il faire l'effort.

Mais certainement quand cela atteint les clercs, c'est choquant. Je dirais donc que votre réaction est logique. Mais je pensais que vous en seriez moins étonné.

P.S : je reste persuadé que c'est un effet secondaire d'une erreur de tenir l'Ancien Testament et le Nouveau sur un même pied d'égalité doctrinaire. L'Ancien étant le fruit d'une très longue histoire et d'une transmission peu connue, et contenant des passages critiquables au travers des recherches archéologiques ou scientifiques, beaucoup en déduisent à tort que le Nouveau souffrirait de la même relativité ou nécessité de réinterprétation permanente. La Tradition n'étant plus qu'une erreur ancienne qu'il faut constamment corriger.
Mais je sais que je suis assez peu suivi dans cette analyse.

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Re: Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par Carhaix » mar. 08 oct. 2019, 16:46

prodigal a écrit :
mar. 08 oct. 2019, 15:49
Difficile de ne pas prendre mal votre remarque!
1) vous prétendez que je n'ai rien compris, mais vous ne dites même pas à quoi! "le sens général de votre message" dites-vous. Eh bien ayez la bonté de le préciser ce sens général, dont je n'ai rien dit soit dit en passant. Mais vous avez l'air de le juger important!
2) vous m'enfermez sans savoir dans un camp qui n'est pas le mien, et dont vous estimez qu'il ne mérite même pas qu'on l'écoute.
3) vous inversez les rôles en proclamant que l'on ne vous écoute pas, ce qui tout de même est un peu fort de café de la part de quelqu'un qui s'estime trop haut pour condescendre à s'expliquer davantage.
Bref, je comprends que la question puisse vous passionner et la passion vous aveugler, mais vous mériteriez d'être le destinataire de votre propre message, en remplaçant pour vous faire plaisir le mot "progressiste" par le mot "conservateur".
Et maintenant ce serait bien de reprendre la discussion de façon paisible, en étant un peu attentif à ce que les autres disent, bref il faudrait effacer votre message absurde et insultant et le mien aussi par voie de conséquence.
Prodigal, votre réaction m'apparaît comme une paraphrase du sermon qui m'a fait réagir. Quel est le sujet de départ, selon vous ? Et à quel niveau se situe votre commentaire ? C'est incompréhensible.

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Re: Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par prodigal » mar. 08 oct. 2019, 17:09

Ce qui m'intéresse dans votre anecdote, c'est qu'un prêtre ait pu prêcher en disant du mal de la certitude, et le récit que vous en faites.
Y a-t-il autre chose d'intéressant qui m'aurait échappé? Dans ce cas, je vous fais mes excuses mais c'est tout à fait involontaire.
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Re: Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par Carhaix » mar. 08 oct. 2019, 17:14

aldebaran a écrit :
mar. 08 oct. 2019, 16:30
Bonjour Carhaix,
Un sermon a-t-il plus de poids qu'un catéchisme travaillé et imprégné de la Tradition, des Pères et des docteurs de l'Eglise? Je ne rentre pas dans la confrontation entre le catéchisme de St Pie X que je ne connais pas âge oblige et celui de St Jean-Paul II.

Ce qui m'effraye davantage personnellement, c'est que des catholiques (une majorité?) puissent désormais aussi légèrement et ouvertement contredire des pans entiers de ces catéchismes, dont le dernier n'est pourtant pas si vieux (1992 de mémoire) et déjà trouvé trop moderne par certains. Sans que cela ne heurte nullement leur conscience.
J'y vois le signe que la doctrine catholique est devenue une vérité avec un petit v en occident, et donc discutable et imparfaite comme un simple texte philosophique ou une moindre théorie scientifique. C'est un peu l'esprit de ce sermon si j'ai bien compris.
J'y vois le signe que chacun, suivant cet individualisme forcené (que je nommerai plutôt orgueil) de plus en plus en vogue, fait son marché et adapte sa croyance selon sa raison ou ses convenances, sans se rendre compte de la limite parfois énorme de sa raison ou de l'incontournable subjectivité de sa pensée. N'est plus admis ce qui n'est pas compris par son propre mental.
A ce titre, je dirais que les plus modernes ont perdu la foi pour n'embrasser que la seule raison et le doute (et donc le sermon ferait un contresens total).
Cela se soigne assez bien, en relisant quelques textes sûrs, encore faut-il faire l'effort.

Mais certainement quand cela atteint les clercs, c'est choquant. Je dirais donc que votre réaction est logique. Mais je pensais que vous en seriez moins étonné.

P.S : je reste persuadé que c'est un effet secondaire d'une erreur de tenir l'Ancien Testament et le Nouveau sur un même pied d'égalité doctrinaire. L'Ancien étant le fruit d'une très longue histoire et d'une transmission peu connue, et contenant des passages critiquables au travers des recherches archéologiques ou scientifiques, beaucoup en déduisent à tort que le Nouveau souffrirait de la même relativité ou nécessité de réinterprétation permanente. La Tradition n'étant plus qu'une erreur ancienne qu'il faut constamment corriger.
Mais je sais que je suis assez peu suivi dans cette analyse.
Bonjour Aldébaran.

En fait, c'est un sujet que j'aborde avec une certaine hésitation, car je crains de donner le mauvais exemple, mais il m'arrive, moi aussi, de douter. Profondément ! Plusieurs choses, à mes yeux, ne tournent pas rond. À commencer par l'idée de l'Enfer et de la damnation éternelle. En fait, je trouve ça complètement absurde. L'homme est une poussière, très imparfaite, une brindille sans importance, aux connaissances très limitées. Dieu Tout-puissant, à côté de l'homme, est un extraordinaire colosse. Quel besoin a-t-il de condamner l'homme, sa créature, parce qu'elle s'est fourvoyée durant sa vie ? C'est ridicule. Qu'il nous écrase d'un coup, comme une punaise, et qu'on n'en parle plus. Voilà, chez moi, ce qui me fait douter. Le catéchisme m'informe que je fais erreur. Très bien, je suis un être limité, je fais confiance en l'Église qui est mieux éclairée que moi. Très bien, je ne discute pas. Et voilà que des prélats, bien imbus de leur très grande intelligence, viennent me cracher à la figure, en me disant que je suis un infect petit Pharisien étroit d'esprit, "dangereux" disent-ils, parce que je m'accroche au catéchisme comme à un socle qui me sécurise, d'une certaine façon, et m'empêche de dévier ? Attendez. C'est une blague ? Et ces mecs font partie de l'Église ? Si c'est ça, alors qu'est-ce qui me retient, moi, de tout envoyer valser ? Je ne leur permets pas de me faire la leçon alors que je cherche à suivre les préceptes de Notre-Sainte-Mère-l'Église. Je ne viens pas là par masochisme, non plus.

À quoi bon la messe ? A quoi bon les Sacrements ? À quoi bon les prêtres ? Qu'est-ce que c'est que cette comédie ? Le catéchisme est sans importance mais il donne la confession, il célèbre la messe, et il distribue aussi la communion ? On se fout de qui ? Tout est faux, en fait ! Et si le christianisme se trompait depuis le début ? Et si Jésus-Christ n'était qu'un homme comme vous et moi, qui a simplement connu une expérience mystique extraordinaire ? Et si les premiers chrétiens n'en avaient pas fait un dieu par fanatisme ? D'où ensuite le culte des morts (à commencer par le tombeau du Christ), l'écriture des évangiles, des actes, des épîtres, de l'apocalypse, et tout ce qui s'ensuit ?

Et de là, on peut se demander si au fond Dieu n'échapperait pas aux hommes, qui n'en ont qu'une connaissance très imparfaite, à travers les religions qui sont toutes à la fois vraies et fausses ? Mais dont le christianisme serait peut-être la version la plus intéressante, car la plus humaine ?

Si la Vérité change tous les quarts d'heure, comme dans 1984, c'est qu'elle n'est nulle part. Si des hommes d'Eglise ont le culot de déconseiller le catéchisme, ils scient la branche sur laquelle ils sont perchés, parce que je ne vois pas pourquoi j'irai plus les écouter eux que d'autres qui ont une autre vision. Et plutôt que d'adhérer à la vision progressiste, qui est pour moi d'un non-sens total, il n'y a plus rien qui ne me retient de couper les ponts non seulement avec l'Église, mais même d'une façon générale avec le christianisme, et de retrouver du même coup ma liberté intellectuelle, me faisant ma propre idée de Dieu, rejetant toute espèce de religion comme nécessairement erronée.

Voilà dans quelle voie je me sens attiré lorsque j'entends de pitoyables sermons comme celui de dimanche dernier.

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Re: Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par aldebaran » mar. 08 oct. 2019, 18:22

Cher Carhaix,
Votre sincérité me touche beaucoup.
Vous savez j'ai entendu de tout venant de clercs, que les miracles n'existaient pas, les anges non plus, que le péché originel était un joli conte, la résurrection oui bien sûr on verra bien après et même récemment sur une radio très catho que Dieu n'était pas tout-puissant et que si le petit garçon cancéreux n'avait pas été guéri malgré nos prières et bien c'était parce qu'Il n'y était pas arrivé (et même qu'Il avait besoin de notre aide c'est pourquoi il y avait la science). On en est là, ou on est passé par là.

St Jean-Paul II avait pressenti cette errance, aussi avait-il insisté pour cette nouvelle édition du catéchisme pour qu'il soit le socle de référence. S'y accrocher est donc non pas utile mais absolument nécessaire. Le reste est fumisterie, et je prends souvent les sermons au second degré, cela m'évite de fatiguer mon cœur par de l'énervement inutile.

Vous êtes dans le vrai, c'est aussi simple que ça. Gardez l'espérance et surtout une certaine sérénité. Je relis de St Thérèse d'Avila 'Le Château intérieur', croyez-moi cela fait un bien fou, pour la foi comme pour la raison c'est d'une telle cohérence.
Et puis de temps en temps Dieu ou la Vierge nous envoie un petit signe pour nous soutenir. Fatima est une grande grâce qui nous a été faite il y a peu.

Un autre point : je suis vos commentaires, et vous êtes tout sauf étroit d'esprit ou "dangereux". Je vous trouve au contraire doté d'une logique assez étonnante, et suis bien souvent d'accord avec vous.

Sur l'enfer, ma façon de comprendre la position de l'Eglise et les évangiles, c'est que ce sont les hommes qui s'excluent sciemment et non Dieu qui exclut de manière sévère.
N'avez-vous jamais rencontré comme moi ces gens qui clament qu'ils ne veulent pas du paradis tel celui des chrétiens, qu'ils préfèrent le néant ou bien continuer à jouir de leurs péchés plutôt que d'être purifiés? Dieu ne fait rentrer personne de force. Mais quiconque lui demande et prononce seulement "pardonne-moi" en se jetant aux pieds du Christ y entrera (au pire avec un peu de purgatoire). Là encore restez confiant.
Ne ressortez-vous pas "très léger" et plein de joie d'une confession?

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Re: Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par Fernand Poisson » mar. 08 oct. 2019, 20:46

Bonjour Carhaix,

À mon avis, il convient d'interpréter un sermon avec charité pour le recevoir dans un sens acceptable. D'après ce que vous dites, je suppose que votre prêtre parlait des personnes qui, comme le dit le pape François, se servent des doctrines comme de pierres pour blesser les autres. Pas toutes les personnes attachées au catéchisme (c'est-à-dire les catholiques formés, soyons clair) donc, mais plutôt une partie d'entre elles. Mieux : il décrivait, de manière plus générale, une tentation à laquelle les catholiques cultivés peuvent facilement succomber et contre laquelle ils doivent se mettre en garde.

Dans cette interprétation charitable, ce n'est pas tant l'attachement au catéchisme lui-même que la manière de l'utiliser, à la façon d'une arme, qui serait en cause. Les personnes visées par le sermon ne seraient pas tant (sur le moment) animés par la volonté d'annoncer la vérité à leurs interlocuteurs que par celle d'avoir raison, de remporter sur elles une victoire ou d'avoir la satisfaction d'être "droit dans ses bottes". S'il est vrai que nous avons parfois tendance à "tourner autour du pot" lorsqu'il est temps de dire clairement les choses, il y a beaucoup de situations où la prudence et la prise en considération de l'interlocuteur (et de son cheminement personnel) imposent de ne pas se contenter de citer sèchement le catéchisme. En bref, je crois (je choisis de croire) que le prêtre critiquait avant tout le manque de douceur de certains dans l'annonce de l'Évangile.

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Re: Doutes et certitudes dans la vie de la foi

Message non lu par Trinité » mar. 08 oct. 2019, 21:56

Je cautionne complètement ce point de vu d'Arnaud Dumouch.

L'enfer est un choix d'après St Faustine, ce n'est pas Dieu qui condamne le damné, c'est celui-ci qui choisit son état!

https://youtu.be/wYn_v0zop-4

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