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par Cinci » ven. 04 oct. 2019, 18:53
Cher Kérygme,
Le cardinal nous explique les différents degrés d'appartenance à l'Église, c'est à dire dans la division entre deux grandes catégories de personnes, et lorsque 1) dans un cas nous aurons peut-être des justes qui s'orientent vers une appartenance à l'Église tout en ne l'étant point ici-bas pour le moment, ne faisant que subir de loin une sorte d'attirance. Et 2) quand nous aurons des personnes qui sont bel et bien des membres de l'Église de plein droit et bien que pécheurs en même temps.
Voici :
"... on pourrait distinguer trois degrés principaux de l'appartenance tendancielle de charité :
1) La charité est toute sacramentelle bien qu'insuffisamment orientée. C'est le cas pour les justes adultes des Églises orthodoxes dissidentes, ou sont conservés le sacrifice et tous les sacrements de la loi nouvelle, notamment le baptême ou l'unité de communion et connexion s'inaugure, et l'eucharistie ou elle se consomme. L'unité sacramentelle de communion ou de connexion ne peut aller elle-même jusqu'au bout de ses propres voeux, lorsqu'elle n'est point servie, par l'unité juridictionnelle d'orientation. C'est la plaie la plus néfaste des Églises orthodoxes dissidentes. Coupées de la catholicité, elles sont toujours, Soloviev l'a bien vu, victimes sous quelques aspects, de l'idéologie d'un peuple. Mais que leurs saints sont proches des nôtres !
2) La charité n'est plus qu'incomplètement sacramentelle. C'est le cas pour les justes adultes des Églises dissidentes protestantes ou le baptême seul (et le mariage) est validement donné.
3) La charité n'est plus sacramentelle. C'est le cas des justes adultes non baptisés, relevant de certaine dénominations protestantes ou vivant dans le judaïsme, l'islam, les religions d'origine non chrétiennes."
et
L'appartenance en acte achevé comporte des justes et des pécheurs.
L'influx plénier de la hiérarchie chrétienne donne naissance à la charité sacramentelle et orientée, qui est l'âme crée et indivise de l'Église, et à l'Église en acte achevée, ou la puissance obédentielle des sujets humains peut être totalement actualisée.
Or, l'âme crée et indivise de l'Église est tout entière présente, mais de deux manières distinctes et inégales dans certains membres qui sont justes, et dans d'autres membres qui sont pécheurs. Et c'est pourquoi l'Église en acte achevé comporte à la fois, mais à titre inégal, des membres justes et des membres pécheurs.
1. Dans les membres justes, l'âme crée et indivise de l'Église est présente immédiatement "par soi, premièrement, primo, per se, per prius" : une Église chrétienne dont accidentellement, à un heureux moment de sa durée, tous les membres seraient justes, est concevable et pourrait fort bien subsister. La charité sacramentelle et orientée anime et informe les membres justes directement, par sa propre essence. Aussi, les sanctifie-t-elle intrinsèquement. Ils sont de l'Église en acte achevé, par une appartenance salutaire, "re et voto".
2. Dans les membres pécheurs, l'âme crée et indivise de l'Église n'est plus présente que d'une manière dépendante et dérivée, per posterius : une Église chrétienne sont accidentellement, à un instant malheureux de sa durée, tous les membres seraient pécheurs, est inconcevable : les portes de l'enfer auraient prévalu contre elle. La charité sacramentelle et orientée continue d'animer et d'informer les membres pécheurs, mais seulement d'une manière indirecte, par l'influx collectif qu'elle exerce encore sur eux au travers des membres justes, auxquels ils demeurent liés, tant qu'ils n'ont pas péché ni par un schisme ni par une hérésie, et que subsistent en eux avec les caractères sacramentels, la foi et l'espérance théologale. Mais cette survivance en eux de la charité sacramentelle et orientée est défaillante et a cessé d'être personnellement vivifiante. Ils sont de l'Église en acte achevé, par une appartenance non immédiatement salutaire "re non voto".
Ainsi l'âme indivise de l'Église est présente immédiatement, par son essence, chez les justes, et efficiemment ou extensivement, par son influx, chez les pécheurs, en d'autres mots, par une motion, une impulsion qui ne peut venir que de son essence et par laquelle les pécheurs continuent, tant qu'ils n'ont pas rompu avec l'Église, d'être entraînés, dans une certaine mesure, dans le sillage de sa vie collective.
Source : L'Église du Verbe incarné, p. 1738