Bonsoir à tous,
concernant les chiffres de l'avortement avant la loi Weil, voici ce qu'en dit Wikipedia.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Interrupt ... _en_France
Le chiffre de 300000 (très sous estimé selon certains sociologues) était avancé, de mémoire, par Simone Weil dans son livre "les hommes aussi s'en souviennent". A priori, elle connaissait très bien son sujet. Ce chiffre très élevé ne doit pas nous étonner : l'avortement servait de moyen de contraception pour beaucoup de femmes. En 2005, au moment de l'anniversaire de la loi, des femmes ont témoigné à la TV qu'elles avaient à l'époque avorté plusieurs fois dans leur vie ( parfois 10 fois !). Je ne vois pas l'intérêt qu'ont certains sur ce forum à ne pas vouloir regarder la réalité en face.
Quand aux siècles passés, l'infanticide a été répandu à certaines époques. Dans le livre "l'amour en plus", Elizabeth Badinter raconte qu'au 17 et 18 ième siècle, les femmes de l'aristocratie et de la bourgeoisie envoyaient systématiquement leurs bébés en nourrice à la campagne, sachant que 2 enfants sur 3 mourraient dans ces lieux malpropres, ce qui parraissait un infanticide déguisé. (mme Badinter en déduit que l'instinct maternel n'existe pas mais que l'amour maternel est culturel et doit s'apprendre et s'éduquer).
Aujourd'hui, le chiffre encore très élevé de 220000 avortements serait dans les 3 quarts des cas à des oublis de pilule ou des ruptures de préservatif. Dans les cas des jeunes filles, on se heurte à la puissance des désirs d'enfant inconscients : des jeunes filles veulent inconsciemment se prouver qu'elles peuvent être mères et lorsqu'elles sont enceintes, ne veulent pas garder l'enfant. Elles voulaient juste être enceintes ! La question de l'éducation morale et sexuelle des jeunes se pose vraiment. A force de leur répéter qu'ils et elles doivent 'se protéger" et que l'avortement est un droit absolu, ils n'apprennent pas la beauté et la fragilité de l'amour et le fait précieux et indicible de porter la vie.
L'importance de porter la vie, les éduquer à ce respect là, à cette conscience là, cela me paraît bien plus important que militer pour une loi d'interdit, sachant que de toute façon, on ne reviendra pas en arrière dans nos contrées.
Difficile d'offrir un discours audible sur le respect de la vie, tant le sujet est hystérisé. Mais on doit pouvoir parler du respect de la vie tout en respectant la loi.
Ensuite, le sujet est vraiment difficile, car à chaque fois, c'est une histoire unique, c'est l'histoire d'une femme qui porte la vie dans son corps à elle, qui est responsable d'elle et une voix extérieure à ce qu'elle vit doit veiller à la respecter, à respecter son statut d'adulte. Que dire? Que faire ? j'ai eu autour de moi plusieurs amies qui ont avorté. Très conscientes d'avoir tué la vie en elles, c'est ce qui m'a frappée : cette décision implacable qui voisine avec la conscience aigue de la mort donnée. J'ai écouté, j'ai dit que j'allais prié pour elles, j'ai passé le jour J en prière, le moins qu'on puisse dire, c'est que je me suis sentie infiniment démunie.
Une dame bénévole à Marie de Miséricorde m'a dit que la majorité des jeunes filles et des femmes qui les contactaient avortaient quand même, alors ces dames prient, elles jeûnent, elles accompagnent. Que faire ?
Simone Weil disait que l'avortement était un drame et resterait un drame. Elle s'est trompée : il est devenu un droit (et non plus une concession), il est devenu remboursé par la suite par la sécurité sociale (contrairement à la loi initiale prévue par Mme Weil qui avait promis cela aux évêques de France en échange de l'absence de manifestation anti-IVG), l'entretien pré-ivg qui devait dissuader la femme d'avorter n'est plus obligatoire et toute personne qui dit que l'avortement tue une vie est dénoncée comme un fasciste. On ne peut plus dire les choses, il ne faut surtout pas "culpabiliser les femmes". Hors, elles culpabilisent quand même, mais cette culpabilité, elle dérange, on refuse de l'entendre, sauf dans l'Eglise qui propose un parcours de réconciliation.
Hors, un nombre croîssant de médecins refusent de pratiquer des avortements au point qu'on manque de centres opérationnels. Hors, de nombreuses femmes témoignent qu'elles sont traitées avec un manque de respect et de compassion par des médecins dans certains centres, comme si on les traitaient en coupables...Il y a, quoi qu'on en dise, un profond malaise.
Autrement dit, le sujet révèle d'incroyables contradictions chez tout le monde, les femmes qui avortent, les médecins ... Pour moi qui ai du respect pour la démarche de Mme Weil et cette loi tout en considérant que c'est tuer une vie, je regarde cette contradiction bien en face. Et à part demander l'aide de Dieu, que faire ? comment lutter contre le drame de l'avortement? Comment en parler en sortant du "pour ou contre" qui hystérise la question ? (c'est la cas de le dire !) Comment poser une parole de vie, une parole qui sert la vie ?
Bien à vous,
Axou