Message non lu
par Cinci » mar. 27 févr. 2018, 16:08
Relief,
L'Église n'a jamais fait une nécessité pressante de ce que chaque fidèle aille lire la Bible sur une base régulière, en privé, indépendemment de tout. En 1950, l'Église demandait encore et surtout que les paroissiens soient dociles à la voix de leurs chefs religieux, qu'ils écoutent les enseignements donnés par les gens autorisés. Évidemment que la Bible était bien vue (respectée, encensée, sacralisée, en association avec le reste). En 1970, l'Église demande toujours que les paroissiens soient malléables à la voix de leurs évêques et du Pape. On n'y autorise pas moins qu'avant les fidèles à approfondir un peu les bases de leur foi, à écouter des sermons aussi bien que de participer à des groupes d'étude biblique. On trouve des Bibles partout, plus que jamais, téléchargeable, vendu pour une bouchée de pain dans des librairies d'occasion . Le problème du paroissien qui n'a jamais lu la Bible ou qui ne veut pas la lire n'est pas le problème de monsieur le curé ne faisant pas son travail. Non, c'est le problème de ce paroissien qui est un gros paresseux, un gros pécheur endormi, hébété, encroûté, indifférent ou je ne sais quoi.
Personnellement, partout où je vais, je ne fais que croiser des catholiques intéressés par les choses de la foi, la Bible et tout. L'immense majorité sont initiés aux textes de la Bible. C'est rien d'exceptionnel.
Ce qui disparaît pour vrai du paysage entre 1950 et 1970 : c'est toute la pratique d'une certaine piété populaire. Et c'est vrai que nos chefs religieux ont collaboré plus qu'activement à faire disparaître les anciennes pratiques traditionnelles. Il est vrai que nos leaders catholiques ont pu souhaiter alléger la marche chrétienne des fidèles dans le but de les recentrer sur l'essentiel. On a chercher à faire ce qu'il fallait pour rompre certaines vieilles habitudes mentales, certains travers, parfois mauvais plis. Et parce que en effet des mauvais plis il y en avait. La reconnaissance que tout n'était pas parfait avant est l'élément manquant dans la critique des conservateurs les plus féroces.
Maintenant le problème de l'incroyance qui grimpe en flèche ¸a partir de l'après-guerre en gros, pour moi c'est un autre problème qui se superpose à celui des inconforts de la mise en place d'une nouvelle manière de pratiquer sa foi catholique. Ce que personne n'avait prévu : c'est la force de la vague d'incroyance s'abattant sur le peuple à partir du tournant des années 1960. C'est un peu comme si tout le monde avait pu sous-estimer la puissance des effets démobilisateurs de notre société industrielle et de son paradis matériel promis. C'est l'hédonisme, le confort et la recherche du plaisir qui vient étouffer la foi. Le problème relève du combat spirituel à mon avis. Le gros des paroissiens n'était pas vraiment équipé pour cette lutte et ne souhaitait pas beaucoup le faire non plus. En supprimant la force de la contrainte, les menaces, l'obligation de faire comme tout le monde : le troupeau s'est immédiatement débandé. Chacun se précipitant à la poursuite de son petit carré de bonheur, pendant que "Big Brother" sur grand écran, en technicolor (avec Elvis et le reste), encourageait certainement la masse à le faire.