hs L'Église catholique, la laicité et la liberté religieuse
Publié : mar. 14 mars 2017, 21:00
Le sujet est fort subtil.
Entre la laïcité et la théocratie autoritaire il y a un certain nombre de positions médianes qui s'accomodent bien plus souplement des différents enseignements pontificaux.
Il n'y en soi, pas d'incompatibilité à la reconnaissance par la société, et donc par l'état - et pas l'inverse, l'état et donc la socitété, qui procède du concept moderne d'état-nation - d'une religion (ici, la Vraie - avec le plus "v" le plus grand et gras qui soit ) et la liberté de conscience et de religion.
Le Royaume-Uni, je vous le rappelle, est un pays qui a une religion d'état, l'Anglicanisme, et qui pourtant est considérablement plus multiculturel et tolérant que notre Très Laïque République. Bien sûr en l'état des choses l'Anglicanisme est une religion fantôme faite de structures vides en voie d'effondrement et son statut de religion d'état est plus une breloque du passé qu'on sort pour les grandes occasions qu'autre chose, MAIS cela prouve bien qu'il existe des positions intermédiaires.
Personnelement, je suis, pour des raisons aussi bien purement philosophique (la nécessité reconnut par les post-modernes d'un récit commun pour fonder le droit et les grandes orientations métapolitique de la société) que religieuse (le magistère est toujours en faveur de la reconnaissance du Catholicisme par les sociétés et la Sainte Religion a vocation a transfigurer le monde politique en lui donnant un but et des intuitions fondamentales - en terme de droit, de morale, etc...). Nature et surnature condamnent la laïcité comme une aberration sur le plan théorique ; maintenant elles ne nous invitent pas pour autant à nier la liberté de religion des gens. C'est pas parce que le droit divin est la seule option valable pour une philosophie politique non-relativiste qu'on doit mettre les hérétiques au bûcher. L'État peut certes être un instrument positif de l'Eglise dans la lutte contre les hérésies - en promouvant le catholicisme dans l'espace public - mais je suis beaucoup moins sympathique de l'idée de l'état comme instrument négatif, imposant le silence aux dissidents.
L'Eglise est à l'évidence plus grande lorsqu'elle réfute l'hérésie sur la place publique par la force de la Vérité qui l'habite que lorsqu'elle se contente de les faire taire, ce qui est beaucoup moins exigeant et donc moins propice à susciter en elle une vibration intellectuelle et spirituelle.
Et surtout, il faut conserver la séparation institutionnelle et fonctionelle de l'Eglise et de l'État - même si il convient que les deux soient unis sur le plan de la foi. En d'autre terme, il ne faut pas que l'État finance l'Eglise - ce qui créé la faiblesse de la dépendance et de l'abondance gratuite pour cette dernière - et il faut que leurs rôles soient bien compris comme distincts - l'Eglise n'a pas à dicter la mise en oeuvre pratique de la politique, elle se contente de définir son cadre - les limtes morales et son but spirituel).
Mais ce qui rend la société chrétienne, c'est moins la force coertitive d'un état - c'est l'erreur moderne des religions d'états - que la force de l'Eglise au sein de la société. En d'autre terme, c'est parce que la majorité de la population est catholique, animée par une impulsion évangélique authentique, que par conséquent il convient que l'état s'adapte à la société et au récit qui de facto l'anime. Je ne ré-abilite pas la une sorte de souverainté populaire qui soit juge de la Vérité, non, mais un simple constat logique. Ce n'est pas à l'état de christianiser la société, c'est à la société de christianiser l'état. Le christianisme public se manifeste d'abord par l'extension de la dimension sociale de l'Eglise visible, comme relation d'amour interpersonnelle ordonnée à l'Amour de Dieu manifestée au monde. Le Royaume des cieux s'impose par l'amour et la foi - dire le contraire revient à céder un point important à la modernité, c'est-à-dire l'idée d'une violence ontologique : une vision Hobbienne de la société dans laquelle l'état forge la société en lui donnant un role et un cadre s'imposant par la violence à sa violence naturelle. A cette vision, la compréhension médiévale du monde - loin d'être parfaite, surtout dans sa mise en pratique - me semble beaucoup plus chrétienne. L'homme médiévale conçoit la société d'abord - la Chrétienté - comme un rapport d'amour réciproque : un ensemble de rapports interpersonnels (en l'occurence, les rapports de vassalités scellés par des serments de fidélité). L'État monarchique n'est qu'un élément parmis les autres qui composent la société - un élément capital certes, mais différent en degré, pas en nature, des autres éléments qui la composent et qui jouent tous leur rôle nécessaire à la mise en marche de la société. Les processions de la Fête-Dieu reflétait cette vision du monde dans leur ordonnancement symbolique : vision hiérarchique certes puisque le corps social était ordonné comme tel, mais dans laquelle chacun trouvait sa place : du moellon à la dalle de marbre, tout est nécessaire au maintient de l'édifice.
Si j'oppose la vision médiévale à la vision moderne (sans se faire trop d'illusion sur l'état pratique de la société médiévale) c'est que la vision que les catholiques en France ont souvent présenté (et particulièrement au 19ème, temps des documents pontificaux dont nous parlons) une vision politique anti-moderne à certains égards (monarchique et pro-religion d'état) mais au fond remplie à ras-bord de pré-supposés moderne dans leur conception même de l'état, qui à bien des égards était la même que celle de leurs adversaires. Les deux camps de la guerre des Deux Frances étaient d'accord sur beaucoup plus de choses que l'on peut le croire.
Bon, je m'étale en longueur, mais c'est parce que je veux bien me faire comprendre, particulièrement par rapport à la vision des choses qu'apporte Suliko, dont je crois connaîre substantiellement la position. Elle pense sans doute que le problème de ce que je propose, c'est qu'elle subordonne de fait la Vérité à l'assentiment du peuple : en soi, la Vérité est plus grande que la faillible opinion populaire, et il est donc bon que l'état travaille activement à la soumission de la population à la Vérité, quelle que soit l'expression de la souveraineté populaire. Mais ce que je pense, c'est que cette vision elle-même pré-suppose une statut particulier à l'état, comme une force extérieure et disciplinatrice (civilisatrice pourrait-on dire) par rapport à la société. Mais c'est un pré-supposé moderne. En réalité, l'état n'est qu'une partie de la société, une émanation de cette dernière, et il convient donc de passer par la société qui est le coeur du du projet d'une chrétienté authentique.
Bref, si la société engendre l'état, la christianisation suit ce chemin-là ; si l'état engendre la société, la christianisation doit se faire dans cet ordre. MAIS la seconde option est une vision au mieux protestante, marquée par la dogme calviniste de la dépravation totale, au pire moderne et séculière, soumise à la doctrine de la violence ontologique des rapports humains. La vision Catholique authentique, elle, doit se garder de ce chemin qui contredit la bonté fondamentale du genre humain (bonté blessée, bien corrompu, mais bien quand-même).
Héraclius -
Entre la laïcité et la théocratie autoritaire il y a un certain nombre de positions médianes qui s'accomodent bien plus souplement des différents enseignements pontificaux.
Il n'y en soi, pas d'incompatibilité à la reconnaissance par la société, et donc par l'état - et pas l'inverse, l'état et donc la socitété, qui procède du concept moderne d'état-nation - d'une religion (ici, la Vraie - avec le plus "v" le plus grand et gras qui soit ) et la liberté de conscience et de religion.
Le Royaume-Uni, je vous le rappelle, est un pays qui a une religion d'état, l'Anglicanisme, et qui pourtant est considérablement plus multiculturel et tolérant que notre Très Laïque République. Bien sûr en l'état des choses l'Anglicanisme est une religion fantôme faite de structures vides en voie d'effondrement et son statut de religion d'état est plus une breloque du passé qu'on sort pour les grandes occasions qu'autre chose, MAIS cela prouve bien qu'il existe des positions intermédiaires.
Personnelement, je suis, pour des raisons aussi bien purement philosophique (la nécessité reconnut par les post-modernes d'un récit commun pour fonder le droit et les grandes orientations métapolitique de la société) que religieuse (le magistère est toujours en faveur de la reconnaissance du Catholicisme par les sociétés et la Sainte Religion a vocation a transfigurer le monde politique en lui donnant un but et des intuitions fondamentales - en terme de droit, de morale, etc...). Nature et surnature condamnent la laïcité comme une aberration sur le plan théorique ; maintenant elles ne nous invitent pas pour autant à nier la liberté de religion des gens. C'est pas parce que le droit divin est la seule option valable pour une philosophie politique non-relativiste qu'on doit mettre les hérétiques au bûcher. L'État peut certes être un instrument positif de l'Eglise dans la lutte contre les hérésies - en promouvant le catholicisme dans l'espace public - mais je suis beaucoup moins sympathique de l'idée de l'état comme instrument négatif, imposant le silence aux dissidents.
L'Eglise est à l'évidence plus grande lorsqu'elle réfute l'hérésie sur la place publique par la force de la Vérité qui l'habite que lorsqu'elle se contente de les faire taire, ce qui est beaucoup moins exigeant et donc moins propice à susciter en elle une vibration intellectuelle et spirituelle.
Et surtout, il faut conserver la séparation institutionnelle et fonctionelle de l'Eglise et de l'État - même si il convient que les deux soient unis sur le plan de la foi. En d'autre terme, il ne faut pas que l'État finance l'Eglise - ce qui créé la faiblesse de la dépendance et de l'abondance gratuite pour cette dernière - et il faut que leurs rôles soient bien compris comme distincts - l'Eglise n'a pas à dicter la mise en oeuvre pratique de la politique, elle se contente de définir son cadre - les limtes morales et son but spirituel).
Mais ce qui rend la société chrétienne, c'est moins la force coertitive d'un état - c'est l'erreur moderne des religions d'états - que la force de l'Eglise au sein de la société. En d'autre terme, c'est parce que la majorité de la population est catholique, animée par une impulsion évangélique authentique, que par conséquent il convient que l'état s'adapte à la société et au récit qui de facto l'anime. Je ne ré-abilite pas la une sorte de souverainté populaire qui soit juge de la Vérité, non, mais un simple constat logique. Ce n'est pas à l'état de christianiser la société, c'est à la société de christianiser l'état. Le christianisme public se manifeste d'abord par l'extension de la dimension sociale de l'Eglise visible, comme relation d'amour interpersonnelle ordonnée à l'Amour de Dieu manifestée au monde. Le Royaume des cieux s'impose par l'amour et la foi - dire le contraire revient à céder un point important à la modernité, c'est-à-dire l'idée d'une violence ontologique : une vision Hobbienne de la société dans laquelle l'état forge la société en lui donnant un role et un cadre s'imposant par la violence à sa violence naturelle. A cette vision, la compréhension médiévale du monde - loin d'être parfaite, surtout dans sa mise en pratique - me semble beaucoup plus chrétienne. L'homme médiévale conçoit la société d'abord - la Chrétienté - comme un rapport d'amour réciproque : un ensemble de rapports interpersonnels (en l'occurence, les rapports de vassalités scellés par des serments de fidélité). L'État monarchique n'est qu'un élément parmis les autres qui composent la société - un élément capital certes, mais différent en degré, pas en nature, des autres éléments qui la composent et qui jouent tous leur rôle nécessaire à la mise en marche de la société. Les processions de la Fête-Dieu reflétait cette vision du monde dans leur ordonnancement symbolique : vision hiérarchique certes puisque le corps social était ordonné comme tel, mais dans laquelle chacun trouvait sa place : du moellon à la dalle de marbre, tout est nécessaire au maintient de l'édifice.
Si j'oppose la vision médiévale à la vision moderne (sans se faire trop d'illusion sur l'état pratique de la société médiévale) c'est que la vision que les catholiques en France ont souvent présenté (et particulièrement au 19ème, temps des documents pontificaux dont nous parlons) une vision politique anti-moderne à certains égards (monarchique et pro-religion d'état) mais au fond remplie à ras-bord de pré-supposés moderne dans leur conception même de l'état, qui à bien des égards était la même que celle de leurs adversaires. Les deux camps de la guerre des Deux Frances étaient d'accord sur beaucoup plus de choses que l'on peut le croire.
Bon, je m'étale en longueur, mais c'est parce que je veux bien me faire comprendre, particulièrement par rapport à la vision des choses qu'apporte Suliko, dont je crois connaîre substantiellement la position. Elle pense sans doute que le problème de ce que je propose, c'est qu'elle subordonne de fait la Vérité à l'assentiment du peuple : en soi, la Vérité est plus grande que la faillible opinion populaire, et il est donc bon que l'état travaille activement à la soumission de la population à la Vérité, quelle que soit l'expression de la souveraineté populaire. Mais ce que je pense, c'est que cette vision elle-même pré-suppose une statut particulier à l'état, comme une force extérieure et disciplinatrice (civilisatrice pourrait-on dire) par rapport à la société. Mais c'est un pré-supposé moderne. En réalité, l'état n'est qu'une partie de la société, une émanation de cette dernière, et il convient donc de passer par la société qui est le coeur du du projet d'une chrétienté authentique.
Bref, si la société engendre l'état, la christianisation suit ce chemin-là ; si l'état engendre la société, la christianisation doit se faire dans cet ordre. MAIS la seconde option est une vision au mieux protestante, marquée par la dogme calviniste de la dépravation totale, au pire moderne et séculière, soumise à la doctrine de la violence ontologique des rapports humains. La vision Catholique authentique, elle, doit se garder de ce chemin qui contredit la bonté fondamentale du genre humain (bonté blessée, bien corrompu, mais bien quand-même).
Héraclius -