J’aimerai donc vous lire concernant le « traditionalisme » mais pas sur des aspects concernant la pratique religieuse ou du moins pas la liturgie. Bref ses fondements, ce qu’il est ou ce qu’il n’est pas.
Comme traditionnaliste, j'aime partir de la racine des mots, des définitions etymologiques. «Tradition» vient d'un verbe latin qui signifie transmettre, passer plus loin, confier à quelqu'un. Comme dans
poculum alicui tradere = transmettre la coupe à quelq'un (Cicero, cité par Gaffiot).
Le traditionalisme est, donc, transmettre ce qu'on a reçu. Le traditionalisme catholique est la foie de nos ancêtres, de ma grand-mère, de mon grand-père.
Ce que le traditionalisme n'est pas ?
-Il n'est pas immobilisme. Il n'est pas figé, il n'est pas muséification. Il est vivant. Le traditionalisme n'est pas transmettre comme un tuyau transmet l'eau, mais vivre. On a reçu la foie vivante, on transmet la foi vivante, car nous ne sommes pas la religion du Livre, mais la religion de la Vie.
-donc il n'est pas archéologie. On ne fait pas des choses parce que ceux il y a 20 génération l'ont fait, car nos grands-mères n'ont pas vécu il y a 20 générations. Par exemple, on peut rencontrer un argument plaidant pour la communion habituelle sous les deux espèces: c'est comme ça qu'on a fait à la Cène, la première Messe. Ce n'est pas un argument traditionaliste, c'est de l'archéologie biblique, de la panoplie des protestants. Ce n'est pas de cette manière que nos grand-mères avaient l'habitude de communier.
-il n'est pas passéisme en ce qui concerne les acquisitions de la technique. Les traditionalistes utilisent beaucoup l'Internet et ils ont l'habitude d'éclairer leurs maisons à l'électrique. Si Dieu le Fils aurait choisi de venir de nos jours, il est très probable qu'il ne serait pas entré dans la cité sur une ânesse, mais plutôt au bord d'un Renault Clio. Mais il est certain qu'il aurait prêché la même doctrine.
-finalement, le traditionalisme ce n'est pas le rejet de la nouveauté. Mais ni faire de la nouveauté un critère de valeur et adopter des nouveautés par amour de la nouveauté. Tout dépend du sens de la nouveauté. Est-ce cette nouveauté dans le sens de la tradition ? Elle l'a soutient, elle l'enrichit ? Par exemple, la pratique de l'adoration eucharistique est très nouvelle. Quand grand-maman était jeune, ça n'existait pas, en tout cas pas dans la façon organisée et formelle de nos jours. Un jour, le saint curé d'Ars se rend compte qu'il a oublié le saint ciboire sur l'autel et rentre dans l'église pour le remettre dans le tabernacle. En rentrant, il voit, abasourdi, un paysan, un de ses ouailles, qui regardait, agenouillé, le saint ciboire. Pas seulement il regardait, mais il disait quelque chose difficilement intelligible. «Mais qu'est-ce que vous faites là-bas ?». «Je Le regarde et Il me regarde. Je Lui parle et Il me parle» répond, sereinement, le paysan. Eh bien, les traditionalistes ont adopté à bras ouverts cette nouveauté. Parce qu'il s'agit 1) d'une nouveauté dans le sens de la tradition 2) d'une nouveauté qui vient à l'appui de la tradition (=de ce qu'on a reçu) et 3) d'une nouveauté développé d'une façon organique.
Fraternaliter in Christo,
A.