Pierre Carhaix a écrit : ↑mer. 15 mars 2017, 19:24
Je sais bien que ce n'est pas ce qu'il a dit, comme je le dis moi même plus haut, ce qui n'empêche pas certains de faire ici la promotion du mariage des prêtres, comme vous par exemple, et c'est à cela que je réponds.
Je ne crois pas être plus têtu que vous, je ne fais que vous expliquer pourquoi c'est une mauvaise idée selon moi. Pourquoi d'ailleurs avez-vous cette obstination de vouloir que les prêtres se marient ? Je suis sûr que vos raisons ne sont pas très claires. Vous parliez de donner plus de poids au "point de vue féminin" dans l'Église, plus haut. Est-ce cela, votre motif ? Une question de pouvoir, en somme. Pierre Carhaix
Je ne fais la promotion de rien du tout ici, je réagis comme vous à l'article et je me positionne par rapport à ce que propose le Pape François, comme vous le faîtes vous-même. Ses arguments de "pallier à la pénurie de certaines régions désertées par des hommes viri probati" me paraît censée et je trouve sa démarche prudente : faire l'essai dans certains lieux puis faire le point sur la question. Je suis sensible à ses arguments et favorable au pragmatisme de sa démarche.
De manière plus générale, ce que je pense de l'ordination d'hommes mariés ? J'ai toujours pensé que ce serait une bonne chose que les hommes aient le choix : se donner entièrement à la suite du Christ dans le célibat, ou se donner également mais en famille d'une autre manière et servir également le Christ. Rien ne peut remplacer le don de soi absolu dans le célibat. Imagine -t-on l'abbé Pierre se battant jour et nuit pour les gens de la rue avec femmes et enfants ?
Je pense cependant qu'il serait bon que le célibat soit un vrai choix et pas quelque chose d'imposé dans la prêtrise. Je ne nie pas que cela serait un gros changement avec quelques difficultés à la clé.
Toto a écrit :
C'est quand même plutôt spécial ; le Pape et Arturo Sosa, le boss des Jésuites, nous expliquent que la conscience est très importante, qu'on peut la suivre, etc., pour ce qui est du divorce et de la communion par des divorcés remariés ; mais par contre cette conscience ne serait pas valable pour rejeter une innovation allant à l'encontre du Magistère de toujours, de la Tradition, et des Ecritures! Curieux, non? En fait la conscience ne serait que valable dans le sens progressiste et moderniste! Toto
Mais Toto personne ne vous demande de forcer votre conscience pour adhérer à quelque chose que vous n'admettez pas. Certes si la décision est prise, vous n'aurez pas d'autre choix que d'accepter que cela existe dorénavant dans l'Eglise latine. Mais personne ne vous demandera de vous forcer à trouver cela bien ni de fréquenter une paroisse guidée par un prêtre marié. Nous gardons tous notre liberté d'agir et de penser.
Toto a écrit :
(...)
D'ailleurs, si l'on se limite aux hommes d'âge mûr, cela posera un problème pratique évident ; quid de la vocation? Normalement, les hommes sont ordonnés tôt, et l'on sait que les ordres religieux sont réticents à accueillir des vocations à plus de 30-35 ans. Comment croire que des hommes, qui ont pu exercer des fonctions importantes dans la vie, pourront facilement se mouler dans une vie complètement différente? A moins de dégrader la vocation, de considérer que le sacerdoce n'est plus un appel, un changement total de vie, mais qu'il serait simplement une activité au même titre que de donner un coup de main au conseil paroissial pour les comptes ou la décoration de l'Eglise. Et puis rappelons que ces prêtres mariés auront encore leur épouse et donc seront beaucoup moins disponibles.
Il y a actuellement un certain de nombre de vocations tardives, d'hommes qui deviennent prêtres ou moines après une vie bien remplie sur tous les plans. Des médecins, des hommes d'affaire, certains psychanalystes célèbres et des artistes comme le père Zanetti-Zorkine. Ils s'adaptent très bien et apportent une ouverture et une richesse considérable à l'Eglise.
Toto a écrit :
Pourquoi suis-je totalement opposé à l'ordination d'hommes mariés?
Alors déjà c'est mal poser le problème. Ce n'est pas aux opposants du changement de donner des arguments contre, c'est aux partisans du changement de donner des arguments favorables. Et le seul argument trouvé, à savoir l'augmentation des vocations, n'est qu'un lamentable prétexte. D'abord parce que l'Eglise a été florissante en vocations durant des siècles, alors que le célibat, ou à tout le moins la continence, existait déjà. Ensuite parce que la crise des vocations touche d'autres mouvements religieux où le mariage est autorisé. On sait très bien que l'on n'accueillera qu'une poignée de prêtres en plus, alors que la voie de revenir en arrière sur 55 ans de délabrement, de reculades et de compromissions donnerait de bien meilleurs résultats. Il suffit de voir ce qui se passe chez les protestants ; les luthériens et calvinistes n'attirent plus personne, au contraire des évangélistes. Et simplement en restant chez nous, ce sont les mouvements plus conservateurs (Communauté Saint Martin, abbayes traditionnelles) qui attirent. Donc remettre une couche de modernisme ne résoudra pas le problème ; cela l'aggravera.
On me dit ensuite que cela existe déjà. Certes. Pour une région spécifique, qui représente quelques pourcents des catholiques ; c'est de l'ordre de l'exception, parce que le contexte (la forte présence des orthodoxes, le caractère minoritaire des chrétiens) a pu provoquer cela. Mais ce n'est pas parce que l'on a une exception que l'on devrait l'étendre stupidement à tout le monde! Je n'ai absolument rien contre le slavon, qui est utilisé par certains rites ; et pourtant j'espère qu'un pape n'aura pas l'idée idiote d'imposer le slavon aux catholiques de rite latin (bon, on a bien tenté d'éliminer le latin, avec le succès que l'on connaît)!
Je suis contre parce que l'Eglise n'est pas en très bonne situation ; chute des vocations en Europe, tensions provoquées par les réformes voulues par François, cardinaux qui se critiquent...Est-ce réellement le bon moment, où on est encore en train de digérer péniblement Amoris Laetitia, de rajouter une nouvelle couche de crise, de tensions et de problèmes? Franchement!
Je suis contre parce que c'est piétiner les Ecritures ; à ce que je sache, Jésus n'était pas marié, et il a plusieurs fois (comme Saint Paul) évoqué la question de la virginité
je suis contre parce que c'est piétiner le Magistère, qui s'est élevé plusieurs fois, arguments théologiques, moraux, doctrinaux, à l'appui (et voir que l'on ose invoquer des problèmes de gros sous ne fait que montrer le parti-pris et l'indigence de l'analyse) contre la remise en cause du célibat ecclésiastique
Je suis contre parce que c'est piétiner au moins 1700 ans, et plus probablement 2000 ans, de Tradition
je suis contre parce que cela tend à avoir un prêtre qui ressemble de plus en plus aux laïcs ; habillé comme eux, il deviendra marié comme eux.
Je suis contre parce que cela dégrade la vocation, qui deviendra d'un appel, un simple "coup de main", du style "oh, s'il en faut un, je veux bien m'y coller, mais bon, pas à plein temps parce que j'ai ma femme à côté"
je suis contre parce que cela posera un grand nombre de problèmes pratiques que manifestement personne ne s'est posé, comme la question du prêtre divorcé. En attendant, sans doute, les grands débats sur l'ordination d'hommes divorcés remariés, ce qui permettrait de joindre les deux réformes modernistes...Restera à voir si les hommes mariés à d'autres hommes pourront être ordonnés. Un grand pas en avant vers l'oecuménisme avec les protestants, n'est-ce pas! (ironie, évidemment)
Je respecte tout à fait vos arguments. Le seul auquel je suis sensible est celui-ci :
Je suis contre parce que cela dégrade la vocation, qui deviendra d'un appel, un simple "coup de main", du style "oh, s'il en faut un, je veux bien m'y coller, mais bon, pas à plein temps parce que j'ai ma femme à côté" C'est quelque chose en effet à laquelle il faudrait vraiment faire attention : que cela corresponde à un vrai appel u Seigneur et non à un simple besoin de coup de main.
Cinci a écrit :
Mais je pense bien que tout catholique est libre d'avoir ses propres réserves personnelles à l'égard d'une décision politique ou diplomatique du Vatican ou concernant la manière de gérer tel problème organisationnel.
Un catholique peut bien penser comme vous le faites que le moment serait inapproprié pour réaliser tel changement, qu'il vaudrait probablement mieux ne rien faire ou ne rien faire dans le sens indiqué par le pape. Il y a sans doute une manière d'exprimer tout cela qui pourrait être à la fois respectueuse et permettant donc de donner son opinion contraire, mais sans pour autant accuser le pape et les autres de trahir la foi ou Dieu-le-Père, d'être des agents de la cinquième colonne.
On peut être en désaccord, il me semble, tout en laissant la porte ouverte à la possibilité d'avoir pu mal jugé de l'affaire soi-même ou ne serait-ce qu'à la possibilité qu'il puisse y avoir du vrai dans les deux opinions contraires.
Il me semble que l'important reste de demeurer fidèle au magistère authentique et obéissant même en cas de divergence d'opinion comme dans l'exemple suggéré. "Je ne suis pas d'accord mais si les évêques demandent à ce que telle crise soit gérée de cette façon, on va faire avec." Cinci
les propos de Cinci sont pleins de sagesse et très apaisants. C'est aussi un appel à l'humilité du questionnement.
Bien à vous,
Axou