Le problème de l'authanasie est qu'il lie la valeur de la vie au bonheur et à la souffrance. L'euthanasie dit qu'une vie de souffrance ne vaut pas la peine d'être vécue, qu'elle n'est précisément pas "digne" (on veut donc mourir dans sa dignité, avant la souffrance et l'agonie, comme si cette dernière était une négation de la dignité). Dans sa logique, l'euthanasie, criticable en elle-même du reste, préfigure beaucoup d'autres mesures qui découlent de sa logique, comme le suicide assisté ; en effet, elle induit la logique selon laquelle la vie d'une personne n'appartient pas à Dieu, elle n'est pas vécue en relation avec le corps social, et donc elle appartient totalement à la personne qui a droit de vie ou de mort sur elle-même. Plus largement, elle affecte la conception de la vie elle-même, et menace les pauvres, les souffrants, de voir la valeur de leur existence dégringoler sur le "marché des exitences". On passe d'un paradigme où la vie humaine revêtue d'une dignité supérieure est tenue pour sacré par elle-même à un paradigme où la capacité au bonheur (la capacité à se conformer aux standards de bonheur imposés par la société) est l'aune à laquelle est mesurée la valeur d'une vie.papillon a écrit :Ce que je remarque c'est que les humains font grand cas de la mort en l'opposant à la vie. Mais le fait est que la mort fait partie intégrante du cycle de la vie. Tout vit, meurt, et renaît sous une forme ou une autre. C'est notre égo et les angoisses qu'il nous cause qui nous conduisent à faire tout un plat de ce passage de la vie...à autre chose, qu'on ne peut définir avec certitude.Héraclius a écrit : Après je suis d'accord (mille fois d'accord !) pour dire qu'il faut aussi avoir un souci de bienveillance malgré la teinte du péché et de la culture de mort ; mais cette préoccupation n'est pas, je crois, incompatible avec la nécessiter de livrer une guerre culturelle à une société dont l'antropologie s'écarte de plus en plus des standards chrétiens de dignité et de valeur absolue de toute vie, (sans parler des questions plus théologiques comme la non-appartenance de la personne à elle-même).
Les malades en fin de vie qui demandent l'aide médicale à mourir n'enlèvent rien à la valeur de leur vie. Ils ont simplement un regard plus serein sur leur mort et sur la vie terrestre qui l'a précédée, et cela, je crois, peu importe leurs croyances sur la suite des choses (paradis, éternité, réincarnation ou néant).
Cette conception du monde, c'est l'utilitarisme, et elle est directemment liée à la libéralisation croissante de nos sociétés qui s'opère au détriment des normes universelles et sacrées qui protège les individus de la dictature de l'efficence, de l'efficacité, de l'individualisation.
A la conception ancienne du mourir, ou l'on priait pour obtenir la bonne mort, soit la mort longue qui donne le temps à la famille d'être réunie, des rites de s'accomplir et qui placait l'amour des autres et l'amour de Dieu au centre (merci seigneur pour ces quelques minutes de plus passées avec ceux que j'aime et à te rendre gloire !), on soustrait l'idéal d'une mort individuelle, ou l'homme, juge et exécuteur de son existence, conserve l'illusion du contrôle sur la terreur de sa propre mort, se tient pour inutilement en vie et se tue.