Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

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Kerniou
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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par Kerniou » lun. 26 sept. 2016, 17:27

J'étais adolescente lors du concile Vatican II !
Jusqu'alors on ne nous parlait que du péché ! Que l'étau de la peur paralysante du péché se soit desserré fut salutaire !
Le chemin vers Dieu n'était pas un sentier suivi avec enthousiasme face aux difficultés rencontrées mais un parcours du combattant qui devait de protéger sans cesse du péché qui ne manquerait pas de nous kidnapper !
¨Pour moi le concile a apporté une vision positive de la foi. Il y avait enfin, une vision joyeuse du cheminement dans la foi avec le hauts et les bas, avec les doutes et les certitudes ... Il ne s'agissait pas que d'un chemin parsemé des embûches permanentes du péché ! Péché dont il fallait à tout prix et constamment se défendre !
La lutte inlassable et sans fin contre le péché, s'est transformée pour moi en un cheminement difficile, certes, mais choisi, accepté, heureux et confiant dans la Miséricorde Divine. Comme il est réconfortant de pouvoir, sans commettre le péché d' orgueil ( !) de pouvoir mesurer sa progression sans ne voir que les manquements ou les imperfections !
Peut-être certains me trouveront-ils trop laxiste mais, depuis Vatican II, je vis une foi moins obnubilée par le péché, un foi plus optimiste, plus humaine, plus ouverte sur les autres. En un mot une foi plus positive ! Sachant que dans le christianisme , l'humain et le divin sont indissociables.
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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par Cinci » lun. 26 sept. 2016, 19:49

Salut Paxetbonum,

Je comprends qu'il puisse exister différente façon d'agir en vu d'un bien quelconque. Et ce n'est pas toujours l'idée de camoufler le conflit qui est le mieux, le silence, la bonasserie, etc.

Mais ...

Je voulais dire que la réaction première des gens au tempérament conservateur est plus souvent liée à une motivation justicière : la loi, la règle, l'obligation, la sanction, pénaliser les fautifs, on ne se moque pas de l'autorité, la loi est dure mais c'est la loi, il est juste de faire ceci, il est injuste que des bons paient pour des pas bons, etc, Les conservateurs semblent prioritairement attachés à des principes déclarés plus justes et advienne que pourra pour tous ceux n'ayant pas l'heurt de pouvoir entrer dans le bon format. La souffrance des inadéquats, incorrects, non-conformes est le prix à payer pour sauvegarder les principes. Il importe de sacraliser les bons principes.

Les progressistes vont paraître animés davantage par un souci premier de réduire les différences, rétablir une équilibre, corriger le système, introduire une nouvelle règle pour faciliter la vie à ceux qui pourraient plus difficilement sauter dans le train en marche ou s'exposer sans protection à l'inflexible loi de notre monde cf. "notre monde" = les principes conservateurs les "plus justes", la loi divine ... Dieu a voulu que les pécheurs souffrent dans cette vallée de larmes, etc.; il est juste que l'alcoolique souffre, qu'il soit pointé du doigt, conspué; les buveurs doivent confesser leur indignité devant les gens sains, ramper, mendier la pitié du révérend père, reconnaissant leur plus grande faute et qu'ils n'ont droit à rien, etc.

Les notions de justice ou de charité sont bien présentes partout. Oui, c'est vrai.

Mais l'organisation du monde n'y sera pas semblable, on ne valorisera pas un même type d'économie ou de rapport entre les gens selon que l'on participe de l'idéal des uns ou des autres.

Faut voir

Les conservateurs sont comme des gens plus pessimistes, plus désabusés, qui ne croient pas que nous pourrions établir la "Jérusalem céleste sur la terre", qui sont soucieux du mal, obsédé par le mal qui menace tellement, qui sont convaincus de la nature irréformable des délinquants, qui souhaitent imposer l'ordre à coup de fusil si nécessaire , qui ne souhaitent pas encourager le vice par des tolérances mal avisées, ou faiblesses coupables.

Les progressistes réclament un idéal pour les tirer en avant, des espoirs pour une plus grande fraternité, la vision de projets afin que des déshérités puissent sortir de la misère dès ici-bas, des moyens pour affranchir les esclaves, etc. Les progressistes pensent qu'il faut être optimiste.

Il y a un conflit entre ces différentes visions du monde.

Il peut y avoir un autoritarisme étouffant d'un côté, un excès de raison; un messianisme révolutionnaire de l'autre côté, une certaine anarchie.

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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par Mac » lun. 26 sept. 2016, 20:08

Chère Kerniou :)

Peut-être que Dieu n'attendait pas de vous d'être une mystique (c'est une voie pour des personnes choisi par Dieu commes Saint Padre Pio :D ) mais d'aimer simplement votre prochain comme vous-même ainsi vous aimer Dieu.

Après si j'ai bien compris on entre au ciel que si on n'a plus de péché (sans être obnibulé par le peché on doit en tenir compte), ce qui signifie qu'il nous est utile de recourir aux sacrements de réconcialiation régulièrement.... les derniers sacrements.

Pour ce qui sont au purgatoire ils parviennent au ciel par la messe entre autre. Pour ceux qui y sont cela leur fait du bien sans doute parce que cela les sanctifient, efface leur dette.

Hier, j'écoutais une émission juive, et quelle ne fut pas mon étonnement d'entendre des interprétations que Jésus Christ donnait il y a 2000 ans. Ils interprétaient certains commandements comme Jésus. Ca je pense que c'est les fruits du dialogue.

Et après une émission protestante, et ma mère qui me dit qu'ils chantaient des chants catholiques. Là aussi je pense que c'est le dialogue. C'est vrai que l'Eglise a fait un sacré job alors même que Léon XIII avait prophétisé que l'Eglise serait persécuté.

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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par hussard » mar. 27 sept. 2016, 9:12

En même temps c'est une vérité de Foi que le règne du Christ ne s'établira pas sur Terre avant la fin des temps...
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« Il faut tout calculer, mais ne pas tout craindre. » Cardinal de Bernis
« Quand il n’est pas nécessaire de changer, il est nécessaire de ne pas changer. » Georges Bidault
« Il faut être avare de son mépris, vu le grand nombre de nécessiteux. » Chateaubriand
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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par PaxetBonum » mar. 27 sept. 2016, 9:15

Cinci a écrit :ieu a voulu que les pécheurs souffrent dans cette vallée de larmes, etc.; il est juste que l'alcoolique souffre, qu'il soit pointé du doigt, conspué; les buveurs doivent confesser leur indignité devant les gens sains, ramper, mendier la pitié du révérend père, reconnaissant leur plus grande faute et qu'ils n'ont droit à rien, etc.
Je ne sais pas quelle catégorie vous imaginez avec de tels sentiments mais cela ne me semble pas catholique.
Nul n'a à se confesser, à ramper devant quiconque si ce n'est devant Dieu seul, par l'intermédiaire du prêtre.
Dans cette vallée de larmes nous souffrons tous car nous sommes une communion de pécheurs…
Pax et Bonum !
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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par Kerniou » mar. 27 sept. 2016, 10:47

Cher Mac,
Loin de moi l'idée que le péché n'existe pas mais on peut vivre en référence au bien à faire et pas en ne voyant que le mal dont il faut absolument se protéger sans cesse ! ...
Je me souviens avoir entendu dans les années d'après guerre que manquer la messe était un péché mortel donc une faute beaucoup plus grave que d'avoir dénoncé des innocents à la Gestapo ! A fortiori quand il s'agissait de juifs !
Dans ce cas, on n'avait fait son devoir de bon chrétien en faisant punir ceux qui avaient tué le Christ !
Le seul péché dont on parlait, la faute suprême, c'était le sexe. On pouvait, par exemple, escroquer les petites gens, ne pas payer ses employés convenablement et mettre la vie de leur famille en péril ! Tout cela n'était d'aucune gravité par rapport aux relations sexuelles extraconjugales ! Qu'elles soient réelles ou supposées, elles faisaient, sans cesse, l'objet des conversations !
La crainte du péché était telle que pour s'en protéger, certain(e)s vivaient complètement replié(e)s, recroquevillé(e)s et fermé(e)s aux autres.
La peur du péché était telle qu'elle en devenait une entrave à leur vie sociale !
Je trouve plus sain de se référer à l'évangile pour mener sa vie. Sachant que nul n'est parfait et que chacun fait ce qu'il peut.
Pour moi, mieux vaut vivre dans l'initiative positive que dans l'évitement constant. Je ne suis pas une mystique, vous avez raison ...
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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par Cepora » mar. 27 sept. 2016, 12:13

Peut-on vraiment dire qu’il y ait deux partis au sein du catholicisme ? Je ne crois pas, car il est difficile de concilier cet esprit de parti avec le fait que tous les catholiques doivent être soumis au Magistère. Mon impression est que, dans une volonté de remplacer une certaine pastorale qui, par la crainte, enchaînait les âmes aux pieds des autels, certains désormais prêchent l’excès inverse. C’est-à-dire, une miséricorde et un amour divins qui excluent toutes les peines relatives au péché, avec une tendance à diminuer, à amoindrir, jusqu’à voir disparaître complétement la notion même du péché. Il s’en suit une conception de Dieu totalement puérile ; une spiritualité naïve ; une révoltante et inacceptable infantilisation.
Dernière modification par Cepora le mar. 27 sept. 2016, 16:22, modifié 1 fois.

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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par Mac » mar. 27 sept. 2016, 13:48

Chère Kerniou :)

Je comprends ce que vous voulez dire. Vous ne voulez pas être obnibulé par le péché pour ne pas vivre une vie paralysante. Cela est parfaitement compréhensible et même souhaitable. Mais le souci final du chrétien est d'être au paradis, ce qui n'est pas possible avec des péchés ( selon l'évangile ) qu'on ne peut voir comme une petite grippe mais comme ce qui a nécessité que Jésus souffre la crucifixion car Jésus livre un combat spirituel contre le diable avec lequel un lien est établi par le péché (selon l'évangile). Tout cela est caché aux yeux des hommes et tant mieux.

Selon l'évangile :
4Quiconque pèche transgresse la loi, et le péché est la transgression de la loi....
8Celui qui pèche est du diable, car le diable pèche dès le commencement.Le Fils de Dieu a paru afin de détruire les oeuvres du diable (le péché)....
8Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n'est point en nous.
http://saintebible.com/lsg/1_john/3.htm

Comme vous le soulignez, vous pouvez et devez vivre chrétiennement et charitablement en ne faisant pas une fixation sur le mal dont il faut absolument vous protéger, mais oublier d'obtenir la rémission des péchés par les sacrements, la messe me semble être une erreur puisque si nos péchés ne sont pas effacés nous finirons au purgatoire et la purification se fait par les messes pour les défunts et c'est dommage de ne pas être au paradis qui est quand même le but.

Vous parlez de la différence entre les péchés et Jésus en parle en matthieu 15 (sauf erreur de mémoire), et l'Eglise a structuré son enseignement sur ces différences, mais il est certain que les petites gens comme moi, ce qui m'intéresse c'est comment obtenir leur rémission puisque mon intelligence ne me permet pas de connaître tous les péchés, puisque je ne suis pas un grand intellectuel comme le sont les papes. De plus comme vous l'avez relevé, dire que tel péché est plus grave que tel autre peut être relatif, cependant les moyens de les remettre ne sont pas subjetifs mais connus, comme les sacrements, la charité...

Vous citez l'exemple du sexe extra-conjugal qui serait plus grave que d'autres manquements à la loi Divine, cela peut être relatif dans une certaine mesure effectivement mais pas toujours. Car pour ces relations extra-conjugales il faudrait dénombrer les péchés capitaux qui s'y greffe, ainsi que les sous-catégories et pareillement pour le péché mis en comparaison. AInsi dans le cas de l'adultère, vous pouvez avoir l'orgueuil, le mensonge, la manipulation, l'envie de faire disparaitre la personne trompé etc...et là on est quand même au sommet de la hiérarchie de vices.

Sachant que nul n'est parfait et que chacun fait ce qu'il peut, et je dirais qu'il nous impossible de nous sauver nous même mais que cela a été rendu possible par Jésus Christ (selon l'évangile), la question est de savoir comment Jésus palie à notre incapacité. Bien évidemment par les sacrements, la messe, son enseignement tourné vers la charité.

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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par Kerniou » mar. 27 sept. 2016, 16:41

Merci, Mac, pour votre réponse sensée, constructive et très chrétienne .
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par axou » mar. 27 sept. 2016, 17:59

Envoyé dans le monde

... aux hommes de son temps et de son milieu
... se laisser questionner par les problèmes nouveaux posés par le monde moderne
... admirer l'Esprit à l'oeuvre en dehors des structures de l'Église
... défendre les droits de l'homme dans un monde d'injustice et de violence
,,, travailler à la libération de l'homme qui est la tâche de tous les hommes
... travailler en collaboration avec les institutions humaines (Amnesty, etc.)
... assumer des responsabilités syndicales, municipales, etc.
(...)

Envoyés dans le monde (... et progressistes)

... les hommes sont différents, il faut adapter les principes aux circonstances
,,, le Royaume des cieux est à venir!
... le Christ nous propulse vers nos frères (immanence de Dieu au monde)
... l'Esprit envoie des apôtres aux quatre coins de l'horizon
... l'importance des charismes qui naissent dans le peuple de Dieu
... le monde est crée par Dieu, il est fondamentalement bon



Cher Cinci,

c'est intéressant, en relisant cette partir de votre document, de voir à quel point notre pape est concerné par ces point et obsédé par la question de l'envoi au monde. Il est clairement de cette tendance là, comme tout le monde, il est d'une tendance. Il a d'ailleurs été élu pour cette raison là !
Lors des réunions préparatoires au synode, il s'est levé (habité par une certaine colère paraît-il) pour affirmer qu'il était temps que l'Eglise sorte de sa sclérose, cesse de vivre repliée sur elle même et sur ses petites affaires mais "sorte à la périphérie", devienne une "Eglise en sortie". Il a dit "j'ai l'impression que le Christ est prisonnier de son Eglise et qu'il crie ! qu'il dit "je veux sortir! je veux sortir !"
Cet éclat de l'évêque de Buenos Aires a été accueilli dans un silence d'une qualité particulière, et à partir de ce moment là ses confrères ont commencé à se dire "et si c'était lui ?"

C'est donc pour une Eglise en sortie qu'il a été élu et c'est certainement notre époque qui appelle ainsi l'Esprit Saint. A chaque époque et à chaque pape, une mission particulière.
Ce pape là est politique, il encourage chacun à un engagement politique (il dit que c'est un devoir !), à la défense des plus faibles contre l'injustice (son engagement écologique trouve ici tout son sens parce que ce sont les plus pauvres qui souffrent le plus des désastres écologiques). En matière de vie privée, il est notable qu'il ne rappelle pas les lois morales, à la règle (il répète que "le magistère le dit déja") mais il ne cesse d'appeler les pasteurs à l'accompagnement des personnes, dans la miséricorde. (en bon jésuite !) , il apelle à "soigner les blessures.

défendre les droits de l'homme dans un monde d'injustice et de violence
,,, travailler à la libération de l'homme qui est la tâche de tous les hommes
... le Christ nous propulse vers nos frères (immanence de Dieu au monde)


Il se situe là. Cela ne veut pas dire qu'il n'est pas ailleurs et qu'il délaisse l'aspect "conservateur" de sa mission mais cela veut dire que sa mission est là en priorité. Tel qu'il est, avec le tempérament qui est le sien, son expérience d'évêque proche du peuple et impliqué socialement dans un pays d'Amérique du sud, le Seigneur emploie ses dons et l'envoie en mission et le soutient dans cette mission.(mission dans son cas non seulement d'encourager l'Eglise aux périphéries mais aussi de nettoyer les écuries d'Augias en interne !)

Il ne faut pas s'étonner que ceux qui ont une sensibilité conservatrice se sentent en quelque sorte délaissés, voir trahis, parce que ce qui est pour eux essentiel,sans être négligé, passe en second. Le Pape est pasteur avant tout, le maître mot de son pontificat est miséricorde.
Je pense que tous nous avons un effort de distance à faire, de relecture de notre "tendance", cela éclaire beaucoup de choses.
Cepora a écrit :Peut-on vraiment dire qu’il y ait deux partis au sein du catholicisme ? Je ne crois pas, car il est difficile de concilier cet esprit de parti avec le fait que tous les catholiques doivent être soumis au Magistère. Mon impression est que, dans une volonté de remplacer une certaine pastorale qui, par la crainte, enchaînait les âmes aux pieds des autels, certains désormais prêchent l’excès inverse. C’est-à-dire, une miséricorde et un amour divins qui excluent toutes les peines relatives au péché, avec une tendance à diminuer, à amoindrir, jusqu’à voir disparaître complétement la notion même du péché. Il s’en suit une conception de Dieu totalement puérile ; une spiritualité naïve ; une révoltante et inacceptable infantilisation.
C'est vrai, c'est l'éternel retour du balancier. Mais la soumission au magistère sans le moindre esprit critique n'est - elle pas elle même infantilisation ? Qui dit quoi dans le Magistère et sur quels sujets ? Qui est compétent pour le dire ? C'est tout à fait naturel et adulte que de ne pas tout gober et de se laisser dicter sa vie. il y a une réflexion à mener, et des choses à discerner. Amoindrir le péché au nom de la miséricorde, cela peut être infantilisant. Mais dire telle chose est péché de manière générale, sans connaître la vie des personnes, c'est aussi infantilisant.
En vérité, il me semble que l'attitude est adulte est de discerner son péché.
Discerner, ce n'est surtout pas amoindrir, diminuer ou nier le péché. Discerner, c'est se poser en vérité devant Dieu.

Bien à vous,

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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par Cinci » mar. 27 sept. 2016, 18:20

Paxetbonum,
Je ne sais pas quelle catégorie vous imaginez avec de tels sentiments mais cela ne me semble pas catholique.
... plus janséniste peut-être, plus puritain de Boston ou calviniste, si vous voulez, Possible. Vous ne trouverez pas ça dans la doctrine social de l'Église en tout cas; c'est sûr.

Aussi, je pensais, pour l'observation, à une orientation "naturelle" de fond que l'on retrouve pas mal plus souvent chez les uns que les autres, chez les conservateurs plus que chez les autres.

La religion peut faire en sorte que beaucoup vont privilégier des voies de gouvernement qui, elles, ne seront pas plus chrétiennes qu'il ne le faut non plus, pas spécialement chrétiennes ou catholiques. C'est pour cela que je parle de tempérament conservateur entre autres. Le mélange du tempérament susdit avec la religion donne toujours un résultat discutable.

Les problèmes de langage ou les impossibilités de d'échange proviennent de ces tendances de fond qui s'opposent, "en conflit", des tendances ou des goûts qui ne peuvent pas se rejoindre. Ce conflit inextinguible existe dans le sein même de l'Église catholique, entre les membres.

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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par Mac » mar. 27 sept. 2016, 18:39

Kerniou a écrit :Merci, Mac, pour votre réponse sensée, constructive et très chrétienne .
Merci Kerniou pour votre bonté . :)

"Heureux celui qui croit sans avoir vu".

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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par Cinci » mar. 27 sept. 2016, 20:22

Axou,

Vous avez raison. Votre observation est très au point.

:)

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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par Cinci » mar. 27 sept. 2016, 21:40

Cepora,
Peut-on vraiment dire qu’il y ait deux partis au sein du catholicisme ? Je ne crois pas, car il est difficile de concilier cet esprit de parti avec le fait que tous les catholiques doivent être soumis au Magistère.
Il est impossible de nier les différences de caractère ou de mentalité. On ne fera pas disparaître les oppositions. Le discours de l'Église n'en fera rien à l'affaire.

Voyez ceci :
Dans les années 1960, elle gagne le respect d'un nombre significatif de catholiques américains et s'attire dans le même temps les éloges de leaders de la contre-culture américaine : Abbie Hoffman parlait d'elle comme de la première hippie. Cependant, bien que Dorothy Day se soit engagée en faveur des droits des femmes, de l'amour libre et du contrôle des naissances dans sa jeunesse, elle s'est opposée à la révolution sexuelle des années 1960. Elle avait une attitude progressiste en ce qui concerne les droits économiques et sociaux mais défendait une morale catholique orthodoxe. Son attachement à l'Église ne l'empêchait pas, en revanche, de critiquer certains notables catholiques, dont des membres du clergé.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dorothy_Day
Il n'est pas un seul catholique traditionaliste de notre forum qui aurait le droit, je dis bien le droit, de ronchonner par-ici, nous suggérant que cette catholique ne serait pas catholique, catholique en apparence ou crypto-hérétique. Et pourtant? On peut se douter qu'elle n'aurait pas eu le même caractère que le Padre Pio en Italie. On imagine assez bien qu'elle n'aurait pas voté pour le même parti politique, pas eu les mêmes préventions à l'égard de telle politique réformiste, scolaire, sociale ou autre.



Mon impression est que, dans une volonté de remplacer une certaine pastorale qui, par la crainte, enchaînait les âmes aux pieds des autels, certains désormais prêchent l’excès inverse. C’est-à-dire, une miséricorde et un amour divins qui excluent toutes les peines relatives au péché, avec une tendance à diminuer, à amoindrir, jusqu’à voir disparaître complétement la notion même du péché. Il s’en suit une conception de Dieu totalement puérile ; une spiritualité naïve ; une révoltante et inacceptable infantilisation.
C'est le souci relatif à quelque dérive dangereuse et pouvant toujours être le fait de tel ou tels progressistes. Bien sûr qu'il est possible de verser dans l'erreur et à partir d'idées progressistes!

Cependant, cela ne vous donnerait pas le droit de décréter que les progressistes dans l'Église catholique seraient de facto des membres de la cinquième colonne, des suspects bons à inscrire sur les fiches, des responsables de la dégradation des moeurs ou de la disparition de la foi chez les ouvriers, des mauvais catholiques, plus pécheurs nécessairement que des conservateurs qui admirent la discipline de Pie X, etc.

C'est assez évident que le conflit aura pu exister entre une Dorothy Day et ces membres du clergé critiqués. Un conflit, mais qui n'est pas obligé de se solder par l'incendie de l'un au profit de l'autre, par l'excommunication d'un mouton noir. Il n'est pas nécessaire d'y voir une lutte pour déterminer lequel des deux devra être jeté aux requins.

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Re: Progressistes et traditionalistes : 2 langages différents

Message non lu par Cepora » mer. 28 sept. 2016, 6:22

axou a écrit : C'est vrai, c'est l'éternel retour du balancier. Mais la soumission au magistère sans le moindre esprit critique n'est - elle pas elle même infantilisation ? Qui dit quoi dans le Magistère et sur quels sujets ? Qui est compétent pour le dire ? C'est tout à fait naturel et adulte que de ne pas tout gober et de se laisser dicter sa vie. il y a une réflexion à mener, et des choses à discerner. Amoindrir le péché au nom de la miséricorde, cela peut être infantilisant. Mais dire telle chose est péché de manière générale, sans connaître la vie des personnes, c'est aussi infantilisant.
En vérité, il me semble que l'attitude est adulte est de discerner son péché.
Discerner, ce n'est surtout pas amoindrir, diminuer ou nier le péché. Discerner, c'est se poser en vérité devant Dieu.
Oui Axou, bien sûr, c'est tout à fait naturel d'avoir une refléxion sur ce qu'enseigne l'Eglise, je ne dis pas qu'il faille tout croire naïvement sans examen, bien que je considère qu'il y a dans la « foi du charbonnier » quelque chose de merveilleux. La foi est un don de Dieu, alors il ne faudrait pas se moquer de la foi du charbonnier, d'une part, car ce n'est pas charitable, et aussi parce que saint Augustin disait à ce sujet « crois et tu comprendras ; car la foi précède l'intelligence » Sermon CXVIII. Alors peut-être que ce charbonnier est plus intelligent qu'on le croit. Mais oui, évidemment, on peut réfléchir, on peut se poser des questions, mais il ne faudrait pas se considérer soi-même comme la mesure de toute chose, il ne faudrait pas, dis-je, se faire le juge de la doctrine, se dissocier de l'Eglise et persister dans ses opinions. Ce serait imiter les principes protestants, et en faisant preuve de cohérence, on pourrait alors pousser la scission jusqu'à ses dernières extrémités.
Cinci a écrit :Il est impossible de nier les différences de caractère ou de mentalité. On ne fera pas disparaître les oppositions. Le discours de l'Église n'en fera rien à l'affaire.
Il y a quand même, me semble-t-il, une base commune sur laquelle nous devrions nous entendre, ne pas diverger. Cette base commune, c'est ce que nous croyons en matière de foi et de morale, mais force est de constater que sur beaucoup de sujets, il y a de grandes divergences. On peut être en « situation irrégulière » au niveau personnel, nous sommes tous des pécheurs, mais il y a des choses qui doivent être acceptées en principe et reconnues comme vrais par tous.

Cinci a écrit :Il n'est pas un seul catholique traditionaliste de notre forum qui aurait le droit, je dis bien le droit, de ronchonner par-ici, nous suggérant que cette catholique ne serait pas catholique, catholique en apparence ou crypto-hérétique. Et pourtant? On peut se douter qu'elle n'aurait pas eu le même caractère que le Padre Pio en Italie. On imagine assez bien qu'elle n'aurait pas voté pour le même parti politique, pas eu les mêmes préventions à l'égard de telle politique réformiste, scolaire, sociale ou autre.
J'entends bien. Aussi, je ne nie pas qu'il puisse y avoir des différences de caractères ou de mentalités, nous avons tous une personnalité qui s'exprime de différentes manières et c'est heureux. La diversité est bonne et voulue par Dieu, cela n'empêche pas l'unité bien au contraire. Pour être tout à fait clair, je ne conçois pas l'unité catholique comme une sorte d'uniformité fascisante, loin de moi cette idée. Néanmoins, au niveau politique et sociétal, il ne faudrait pas voir dans la religion catholique uniquement une croyance et des rites cloisonnés dans la sphère privée, et des fidèles qui ne s'exprimeraient que de façon individuelle dans la société civile. Ce serait réducteur, car notre religion enveloppe un système social très étendu, c'est un mode de vie particulier et une culture globale, c'est une civilisation. De fait, lorsque les catholiques s'engagent en politique, ils ne doivent pas se trouver en contradiction avec les enseignements de l'Eglise.
Cinci a écrit :Cependant, cela ne vous donnerait pas le droit de décréter que les progressistes dans l'Église catholique seraient de facto des membres de la cinquième colonne, des suspects bons à inscrire sur les fiches, des responsables de la dégradation des moeurs ou de la disparition de la foi chez les ouvriers, des mauvais catholiques, plus pécheurs nécessairement que des conservateurs qui admirent la discipline de Pie X, etc.

C'est assez évident que le conflit aura pu exister entre une Dorothy Day et ces membres du clergé critiqués. Un conflit, mais qui n'est pas obligé de se solder par l'incendie de l'un au profit de l'autre, par l'excommunication d'un mouton noir. Il n'est pas nécessaire d'y voir une lutte pour déterminer lequel des deux devra être jeté aux requins.
Je pense sincèrement que beaucoup de progressistes sont dans l'erreur dans pas mal de domaines. Mais je crois aussi qu'ils ont des bonnes intentions, ils veulent faire le bien, ils ne se trompent pas intentionnellement. Dans le fond ce sont des gens biens, mais ils veulent appliquer à l'Eglise les idées du siècle, les principes mondains. Ce sont des gens qui vivent un déchirement intérieur profond, ce sont des mutilés qui veulent être du monde tout en étant disciples de Notre Seigneur.

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