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par Cinci » sam. 09 nov. 2019, 2:51
Il n'y a pas de Marthe Robin non plus sans la présence du Diable. Comme dans les meilleurs histoires du XIIe ou du XIIIe siècle. Et nous sommes pourtant dans la France du XXe siècle. Là, aussi, j'ignorais à quel point ces attaques violentes furent si nombreuses, si acharnées, de 1928 à 1981 et sans discontinuer.
Voir :
"Le démon a beaucoup compté pour Marthe, comme pour la plupart des mystiques chrétiens. Marthe n'éprouvait aucun doute à son égard. Il la troublait pour entraver en elle l'action divine et son union au Christ.
Le 2 novembre 1928, dans la nuit qui suivit son adhésion au tiers ordre de saint Françcois, sa mère fut réveillée à ses côtés par un cri déchirant. Marthe dira : "Le diable m'a donné un coup de poing." Elle avait deux dents cassées ! Elle y vit une action directe sur elle, mais aussi pour entraver la fondation du Foyer. Marthe disait à Jean Guitton : "Il machine des incidents pour démolir le Foyer."
Le père Finet a témoigné : "A la fin de la seconde retraite, c'était à Noël en 1936, j'ai voulu terminer nos cinq jours par une nuit d'adoration. A l'aube, les retraitantes sont parties. Je me suis reposé à neuf heures du matin. A dix heures j'ai été éjecté de mon lit par un tremblement de terre qui avait pour épicentre l'endroit même ou se trouvait le Foyer de Charité . Marthe considéra que c'était le démon qui, dans sa rage, voulait détruire le Foyer. Le démom était pour elle un adversaire acharné qu'elle affrontait personnellement, y compris dans les moments les plus intenses de la sa vie mystique.
Cette infestation a été confirmée par de nombreux témoins.
Une fois, rapporte mère Lautru, je suis entrée chez Marthe. On sentait le brûlé. Le père Finet m'a dit : "Je vais vous faire voir." Il m'a montré le bras de Marthe. Il y avait une brûlure longue d'un doigt."
Le chanoine Bérardier, curé de Saint-Louis à Saint-Étienne, qui, en compagnie du père Finet et du Dr Ricard, a assisté en aout 1942 à la passion de Marthe, raconte cette "possession" . un jeudi soir.
"Marthe gémit doucement, mais d'un gémissement douloureux. Nous commençons le chapelet et, brusquement, nous voyons son corps violemment projeté à droite, à gauche. Elle va durement frapper de la tête le meuble qui se trouve entre le mur et son lit." Or Marthe est paralysée. Comment imaginer qu'elle retrouve une mobilité dans son état d'inconscience ? Bérardier poursuit :
- L'intervention diabolique paraît manifeste. Le Dr Ricard nous révèle qu'il a relevé des traces de strangulation très nettes [...] et nous l'entendrons plusieurs fois pousser des cris rauques comme quelqu'un qu'on saisit à la gorge et qui étouffe. Elle a d'ailleurs confié plusieurs fois à son directeur spirituel que "ce sont les démons, ils sont légions, dit-elle, qui rôdent autour d'elle et tentent de l'étrangler. "
Vendredi, à seize heures trente-cinq, nous rejoignons M. Finet qui est près de Marthe depuis plus de deux heures. Il a trouvé le corps presque hors du lit, la tête à quelques centimètres du plancher. Une plainte continue s'échappe des lèvres de Marthe et l'angoisse nous étreint l'âme. La tête va de droite à gauche sur l'oreiller. "Oh, va-t-en ! Tais-toi !" Parfois, Marthe ajoute : "Veux-tu te tenir tranquille ? Tu n'arriveras à rien !" A ce moment-là, sans doute, Satan lui suggère comme une tentation de désespoir et tend à la persuader que ses souffrances sont vaines.
Selon les définitions de l'Église, le démon n'a aucun pouvoir sur le baptisé, sinon de le troubler. Chez Marthe de la faire douter de sa mission, parfois de tout saccager autour d'elle. Il fait ainsi claquer les volets de la ferme, déchire son cahier. Il lui apparaît sous forme d'animaux monstrueux ou d'apparences humaines. "Il met des peaux de banane partout" dit Marthe résignée. Lorsqu'il s'attaquait à son corps virginal, note Jean Guitton, il le déportait, le frappait contre le mur, le jetait à terre.
On note comme une escalade dans les tentatives démoniaques pour déstabiliser le psychisme de Marthe. Le 1er novembre 1980, écrit Jean Barbier, le grappin lui tordit la colonne vertébrale. La souffrance fut intolérable, Le père Finet va plus loin qui écrit : "Le démon lui brisa la colonne vertébrale, si bien qu'elle souffrait terriblement et ne pouvait plus bouger". Ce qui n'empêchait pas le démon de la secouer dans tous les sens. En plus, il lui faisait taper la tête, couronné d'épines, contre le meuble, derrière son divan.
Puis, revenant des années en arrière :
"Quand le démon faisait cela, moi-même et Mgr Pic avons plusieurs fois essayé de la retenir sous les deux bras. Parfois elle m'échappait des mains et tapait quand même. J'arrivais difficilement à la retenir. Quand à Mgr Pic, elle lui a été tout de suite arrachée des mains pour être projetée sur la commode. Parfois le démon cherchait à l'étrangler. Le Dr Ricard, étant présent une fois, a observé les muscles du cou qui étaient contractés par une main qu'il ne voyait pas.
Le prince du mensonge disait à Marthe : "Tu crois que ton père spirituel t'aime bien ? Lorsqu'il est loin il se moque de toi !" Marthe en restait tellement troublée que j'était obligé de la tranquiliser. Et pendant que le démon agissait ainsi, la Sainte Vierge apparaissait à Marthe. Naturellement, c'est elle qui empêchait et arrêtait l'étranglement.
On n'en finirait plus de citer le père Finet :
"Il s'acharnait de plus en plus contre elle tantôt s'en prenant aux objets qui l'entouraient, tantôt à son propre corps, mais surtout il essayait d'atteindre les fibres les plus intimes de son être. C'est ainsi qu'il cherchait à la troubler, essayant de la convaincre de l'inutilité de ses souffrances pour le salut des âmes, l'engageant même à quitter sa ferme pour cesser d'être une gêne au travail de Dieu."
"Quand J'entrais dans sa chambre au matin (chambre qui était fermée à clé), je trouvais tout projeté à terre, les livres, les objets. Marthe disait qu'il s,attaquait à elle directement. Il enlevait l'oreiller, châle et linge, et cognait la tête de Marthe contre le meuble."
Françoise Degaud, qui a été l'une des assistantes les dix dernières années de sa vie, me disait combien elle était choquée de la solitude de Marthe dans ces moments terribles. Un jour elle avait osé demander au père Ravanel : "Pourquoi la laisse-t-on seule quand elle avait le démon ?" Il répondit que personne n'aurait pu le supporter.
Donc, si gênant cela soit-il pour les esprits rationnels, impossible de faire l'impasse dans la vie de Marthe sur le démon, ou la force négative que l'on désigne par ce mot. Elle en parlait trop souvent, de même que les témoins de sa vie.
Un jésuite de Toulouse la visite. Soudain, il entend couler le robinet du lavabo de la chambre.
- C'est curieux, ce robinet qui s'ouvre tout seul !
- J'ai de petits ennuis avec lui. Il s'est amusé à ouvrir le robinet parce qu'il savait que j'avais les lèvres sèches. Pourriez-vous fermer ce robinet, mon père ?
Naturellement, Jean Guitton a tenté d'en savoir davantage. Marthe ne s'est pas dérobée.
- Je le connais. Il est si intelligent ! Et si vous saviez comme il est beau ! Dieu lui a laissé sa beauté, sa grandeur. C'est un malin. Il prend de drôle de biais. Quand vous le cherchez d'un côté, ne voila-t-il pas qu'il revient d'un autre ! Mais il est sûr d'être battu. Vraiment, son métier n'a pas beaucoup d'intérêt.
- Alors, Marthe, vous avez des rapports avec lui ?
- Oh, pas proprement des rapports ! Je me borne à subir ses atteintes. Parfois il m'est arrivé de voir son visage. Je vous ai dit qu'il était beau; c'est vrai. Mais on ne peut pas dire que son visage soit clair. Il faudrait plutôt dire qu'il éblouit. Toujours il a de la rage. Mais lorsque la Vierge paraît, il ne peut rien sur elle. La Vierge est si belle, pas seulement dans son visage mais dans tout son corps. Quant à lui, il est capable de tout imiter. Il imite même la Passion. Mais il ne peut pas imiter la Vierge. Il n,a pas de pouvoir sur elle. Quand la Vierge paraît, si vous voyiez cette dégringolade.
Même les agnostiques qui ont approché Marthe sont troublés. On constate auprès de Marthe, et d'elle seule, une présence indésirable, celle d'une entité venue troubler.
[...]
Yveline Le Cerf m'a dit : "On sentait physiquement le démon à Châteauneuf; c'était une présence. On avait peur. La nuit, on avait des cauchemars. C'était d'ailleurs pareil à La Flatière. On ne parlait jamais du démon, mais de l'Adversaire. Parce que je l'ai éprouvé, je le respecte. Et j'en ai peur. "
Voici un autre témoignage, que me donne le Docteur Alain Assailly, spécialiste des états mystiques, dont la haute probité morale et la compétence de neuropsychiatre font un témoin privilégié. Pour lui, le démon est bien une réalité vivante.
"Un jour ou le père Finet et moi conversions avec Marthe, la tête de notre amie a été projetée subitement et très violemment contre le petit meuble qui se trouvait à gauche de son lit. Le phénomène se répétant à une cadence impressionnante, je me suis levé d'un bond et j'ai tenté d'amortir les chocs en prenant Marthe par les épaules. Je sentais avec effroi que ce petit corps innocent subissait ces violences, comme au pauvre pantin disloqué absolument passif. Je l'affirme, ces mouvements ne ressemblaient en rien aux contorsions des hystériques qu'il m'avait été donné de voir dans la longue pratique médicale.
Le père Finet s'est levé à son tour. "Lâchez-là", me dit-il, Puis, s'adressant à Satan avec autorité : "Au nom du Christ Jésus, de sa sainte mère la Vierge Marie, et de la sainte Église, je t'ordonne de laisser Marthe sur-le-champ ! Le calme revint aussitôt, elle reposa paisiblement sur son lit.
- Antier, p. 306