Conférence des évêques de France (CEF)

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jean_droit
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Le "recentrage" de l'épiscopat français

Message non lu par jean_droit » ven. 03 mai 2013, 9:52

http://www.riposte-catholique.fr/perepi ... YNqodtXs-U
Un recentrement de l’épiscopat

Après plusieurs décennies passées clairement à gauche, la présidence du cardinal André Vingt-Trois, à la tête de la CEF, a occasionné un recentrage (nous n’irons pas jusqu’à parler de droitisation) de l’épiscopat. Ainsi, Laurent Dandrieu écrit dans Valeurs Actuelles :

« [...] Quand Mgr Vingt-Trois fut élu à la tête de la Conférence épiscopale, en 2007, ce ton ferme n’était pas une évidence, tant parce que l’Église de France, dans les dernières décennies, nous avait habitués à une certaine discrétion dont elle ne sortait guère que pour critiquer les politiques de restriction migratoire, que parce que l’archevêque de Paris apparaissait comme une personnalité réservée.

Mais en portant à leur tête celui qui fut longtemps le bras droit du cardinal Lustiger, il semble que les évêques français aient voulu se réconcilier avec la conception de l’épiscopat, plus offensive, qu’incarnait celui-ci.

Et Mgr Vingt-Trois a révélé, à l’usage, un tempérament volontiers combatif.

De fait, s’appuyant sur la montée en puissance d’un jeune clergé plus “identitaire”, ses deux mandats auront présidé à un repositionnement d’une Église de France qui apparaît maintenant largement “décomplexée”.

Le tournant à cet égard aura été son implication dans le débat sur la loi de bioéthique, entre 2009 et 2011.

La réaction ferme de l’Église face à des oeuvres d’art blasphématoires, en 2011, aura été une autre étape décisive de cette mue — même si elle aura pu apparaître sur ce sujet à la remorque de mouvements traditionalistes.

Ayant retenu la leçon pour le projet de loi sur le mariage gay, Mgr Vingt-Trois aura soin, en revanche, d’intervenir très en amont, demandant à tous les diocèses de France de faire lire une prière pour la famille, le 15 août 2012.

Le nouveau statut de l’école catholique, qui donne plus de place aux évêques, s’inscrit aussi dans ce mouvement de réaffirmation de l’identité catholique.

Cette combativité nouvelle aura eu l’effet secondaire de considérablement réchauffer les relations entre Rome et une Église de France volontiers perçue comme frondeuse.

Peu en cour au début du pontificat de Benoît XVI, Mgr Vingt-Trois aura pu noter, lors des visites ad limina rendues au pape par les évêques français à l’automne 2012, que la “voie française” mise en oeuvre par l’Église dans le débat sur le mariage homosexuel avait notablement changé l’atmosphère.

Le succès de la visite de Benoît XVI en France, en septembre 2008, qui aura notamment fourni l’occasion au pape, avec sa conférence au Collège des Bernardins, de l’un des temps forts de son pontificat, avait déjà préparé ce meilleur climat.

Plus combative, plus sûre d’elle-même, l’Église de France que “lègue” Mgr Vingt-Trois à Mgr Pontier n’est évidemment pas sans faiblesses : outre la crise persistante des vocations, une situation financière critique, la difficile question de la réorganisation territoriale, une nouvelle évangélisation qui reste trop souvent un slogan et un conservatisme épiscopal qui peine à laisser toute sa place à la diversité des sensibilités pastorales ou liturgiques ; ou encore une certaine distance vis-à-vis des médias, qui empêche l’Église de France de mettre sur pied une politique de communication digne de ce nom. »

Il reste à savoir si l’élection de Mgr Pontier signe la fin de ce recentrage et un retour « à gauche ». Laurent Dandrieu estime toutefois :

« Deux éléments plaident malgré tout pour une certaine continuité. Tout d’abord, Mgr Vingt-Trois, tant du fait de son poids médiatique que d’un certain primat de l’archevêché de Paris, gardera une parole qui compte.

Ensuite, sa présidence a vu décroître le “centralisme démocratique” qui donnait à la CEF le quasi-monopole de la parole épiscopale : le débat sur le mariage gay a montré à quel point les évêques de France sont désormais prompts à multiplier les prises de position.

Il y a fort à parier que le successeur de Mgr Vingt-Trois restera fidèle à sa conception minimaliste de la CEF, qu’il voyait, dit un bon connaisseur de l’Église, « moins comme le siège central d’une entreprise dont les diocèses seraient les humbles succursales, que comme une structure de coordination au service des diocèses ». »

Selon certains, la personnalité effacée de Mgr Pontier (bon nombre de journalistes et même de catholiques ignoraient de quel diocèse il était issu lorsque son élection a été annoncée) a pesé dans le choix des évêques.

Le cardinal André Vingt-Trois aurait ainsi préféré que lui succède un épiscope sans aura médiatique, afin de ne pas lui faire d’ombre. L’archevêque de Paris garde ainsi son rôle primordial au sein de l’Eglise de France, qu’il soit président de la CEF ou non.

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Re: Le "recentrage" de l'épiscopat français

Message non lu par jean_droit » ven. 10 mai 2013, 10:05

Le problème de l'Eglise de France c'est sa lenteur à évoluer.
Nous assistons vraiment à un "recentrage" de l'Eglise de France.
Bien sûr il correspond à la volonté de certains évêques de résister au déclin de l'Eglise de France.
Ce fut, par exemple, le cas de monseigneur Lustiger qui a repris en main un diocèse qui "filait un mauvais coton".

Il faut dire que nous revenons de loin.
N'oublions pas la période de tentation de rapprochement d'avec les communistes des années 70 et 80.
Penser qu'à cette époque le curé de ma paroisse était communiste peut faire rêver.
Il soutenait donc tous ceux qui ont massacré des dizaines de milliers de prêtres de par le monde, détruit des dizaines de milliers d'Eglise ...
Cette tentation a eu des effets dramatiques pour l'Eglise.
Beaucoup de ceux qui ne participaient pas à cette gauchisation ont quitté l'Eglise ou sont allés "ailleurs".

Encore actuellement une partie importante de l'épiscopat à son coeur "à gauche".

Le problème est que cela n'a guère profité à l'Eglise et il ne me semble pas que la gauche se soit convertie. La vérité est qu'elle devient de plus en plus anticatholique. L'épisode de mariage homosexuel, la volonté de mettre en place une laïcité de combat sont des preuves quasi quotidiennes de la lutte de la gauche contre l'Eglise.

D'autre part je suppose qu'une majorité des catholiques sont plutôt de droite.

Donc les évêques ne représentaient qu'une partie minoritaire des pratiquants.

Regardez sur le site sur lequel nous nous trouvons.

Il y a une entrée : "Ce que pense la CEF du programme du FN".

Et je ne vois vraiment l'entrée correspondant aux socialistes qui pourtant, pour certains d'entre eux, bouffent du curé à longueur de journée.

C'est significatif. Alors même que le FN s'installe dans le paysage politique français malgré toutes les actions de dénigrement des politiques et des médias.

Alors un "recentrage" équilibré est le bienvenu ... à moins que l'on veuille que l'Eglise de France soit encore plus minoritaire et que les chrétiens aillent voir ailleurs.

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Re: Le "recentrage" de l'épiscopat français

Message non lu par jean_droit » sam. 18 mai 2013, 15:06

Je n'ai aucun à priori sur monseigneur Ponthier que je ne connais pas.
J'attends de lui une déclaration au nom des évêques de France après la validation de la loi sur le mariage homosexuel.
Le fait que l'on n'ait eu droit, pour l'instant, qu'à une déclaration de Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre, Président du Conseil Famille et Société, est pour moi un mauvais signe.
Et en plus que l'on en revienne au "le débat doit se poursuivre" qui était le mot d'ordre les années passées est loin d'être réjouissant. Parler, parler sans fin avec des sourds n'est pas une solution.

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Re: Le "recentrage" de l'épiscopat français

Message non lu par seba15 » sam. 18 mai 2013, 15:15

J'aurai jamais cru que la hierarchie de l'église était de gauche. :s

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Réaction italienne au texte de "Famille et société" du CEF

Message non lu par jean_droit » mar. 25 juin 2013, 9:38

Long texte mais intéressant.

Il montre, d'une part, qu'une partie des évêques n'a adhéré que du bout des lèvres au mouvement contre le mariage homosexuel. Par la déclaration du conseil "Famille et société du CEF ceux-là ont voulu, dès la fin des manifestations, siffler la fin de la récré.

Mais, aussi, l'adhésion de Notre Saint Père aux raisons de ce mouvement.

Enfin un mot dans cet article me semble important.

"La fatigue".

Il est vrai que nombreux sont ceux, dans notre Eglise de France, qui se sentent las. Qui constatent son déclin "inexorable". Je les comprends ces évêques et ces prêtres devant le peu de résultats de certaines de leurs actions.

Mais il faudrait qu'ils se demandent si ce n'est pas l'attitude de l'Eglise de France depuis des décennies à vouloir toujours suivre un monde qui leur échappe qui est à l'origine de ce trou d'air.

Je pense que nous devons méditer cette parole de notre Pape François en communion avec ses prédecesseurs :
Celui qui est magnanime, a dit le Pape le 7 Juin, «n’a pas peur d’aller à contre-courant, même si ce n’est pas facile». Il combat également les batailles impossible, car il sait que rien n’est impossible à Dieu.
http://benoit-et-moi.fr/2013-II/article ... anais.html

Remarque : le titre me parait tout à fait exagéré.
L’attitude de la CEF vue de l’étranger

Sur benoît-et-moi, on trouve une traduction d’un article de Massimo Introvigne sur l’attitude des évêques français face à la loi Taubira, et surtout face à la contestation de la loi Taubira. Massimo Introvigne craint que cette attitude ne se propage en Italie :

« 4 juin: le Conseil «Famille et société» de la Conférence des évêques de France (CEF), présidée par l’évêque du Havre Mgr Jean-Luc Brunin et qui comprend des évêques et des experts, publie le document «Poursuivons le dialogue!», où il invite à la réconciliation entre ceux qui – y compris au sein du monde catholique – ont combattu sur des bords opposés dans la question du mariage homosexuel.

10 Juin: diverses voix du monde catholique conservateur – pas nécessairement liées aux milieux dits «lefebvristes» – demandent à la CEF de révoquer la nomination des membres de «Famille et société» accusés d’enseigner une doctrine en matière d’unions homosexuelles non conforme au Magistère de l’Eglise.

13 juin: le Conseil permanent de la CEF interveint et, sans désavouer le Conseil «Famille et société» – et bien sûr sans en révoquer les membres – précise toutefois que, parmi ceux qui manifestaient contre et ceux pour la loi Taubira, l’Eglise n’est pas neutre; que ceux qui s’opposaient à une loi qui ouvre des «blessures» dans le corps social avaient raison; que leur engagement «n’a pas été en vain» et qu’ils devront continuer en soccupant «d’autres domaines où la surveillance est nécessaire pour le respect de la personne», allusion évidente humaine à la loi sur l’euthanasie dont le processus législatif a déjà commencé en France.

* * *

Mais que lit-on dans le document «Continuons le dialogue!»?
En le lisant à l’endroit et à l’envers – mieux deux fois, parce qu’il cède parfois à cette langue «ecclésiale» , compréhensible seulement aux professionnels des plans pastoraux, et si souvent déconseillée par le Pape François – on découvre avant tout qu’il n’inclut aucune apologie de l’homosexualité, de sorte que certaines critiques sur ce point apparaissent «au dessus des lignes» et injustifiées. Le document affirme que la personne homosexuelle doit être accepté «inconditionnellement» dans la communauté chrétienne, expression qui peut sans doute se prêter à des équivoques. Mais elle précise que «l’acceptation inconditionnelle de la personne ne signifie en aucune façon l’approbation de tous ses actes», que «la différence sexuelle entre un homme et une femme est l’élément fondamental» pour que l’on puisse parler de mariage, lequel – pour être conforme à ce que l’Eglise enseigne – doit être caractérisé par «l’unité, l’indissolubilité, la fidélité et l’ouverture à la vie»

Jusqu’ici, donc, tout va bien. On peut discuter de l’approche pastorale qui conseille à ceux qui se sentent fortement attirés par une personne du même sexe de maintenir avec cette personne une «amitié», laquelle, sans nier la présence d’une «attraction sexuelle», «choisit de ne pas céder» à cette attraction. Le Conseil «Famille et société» explique qu’au fond, cette «amitié chaste» est la même que celle que l’on peut recommander à quelqu’un qui se sent attiré par une personne du sexe opposé qui n’est pas son époux légitime. On peut partager les considérations sur le fait que notre société ne conçoit plus une amitié séparée de la sexualité, et que ce qui semble ambigu aujourd’hui, était à d’autres époques normal et permettait de cultiver des amitiés durables qui ne se transformaient pas en relations sexuelles. Sur le plan prudentiel, toutefois, on peut se demander si le conseil de maintenir une fréquentation et une amitié avec une personne envers laquelle on ressent une attraction illicite, résistant sans relâche à cette attraction, est réaliste aujourd’hui. La majorité des confesseurs offre probablement des conseils différents.

Ce qui toutefois me dérange le plus dans le document «Continuons le dialogue!» – et qui a probablement conduit le Conseil permanent de la CEF, sans désavouer ouvertement le Conseil «Famille et société» , à intervenir – est l’aspect, pour ainsi dire, politique.
Le document est la reconnaissance d’une défaite, et invite les catholiques à faire «preuve de maturité démocratique, acceptant sans violence que leur point de vue n’a pas prévalu».
Le ton général du texte est celui d’un triste invitation à replier les banderoles, à rentrer à la maison et à accepter sportivement la défaite, ouvrant une saison de témoignage silencieux, qui se contente de prêcher par l’exemple, preuve de «maturité spirituelle». Tout en oeuvrant pour la réconciliation, la «cohésion nationale» et l’unité entre catholiques qui ont combattu dans des camps opposés, étant donné qu’ «au sein de la communauté catholique, ces divergences ne mettent pas en danger l’unité de l’Eglise». La réconciliation, ajoute le document, pourra être trouvée en impliquant les mouvements et les paroisses sur d’autres thème davantage partagés, parmi lesquels sont cités les droits des Roms et ceux des exilés (qui existent aussi en France). Les jeunes gens qui considèrent ces questions comme sans importance après s’être enthousiasmés pour les manifestations contre la loi Taubira, doivent être «accompagnés» avec patience à une étude plus complète de la doctrine sociale de l’Eglise.

Il est vrai que le document attribue les «divergence» entre catholiques sur la loi Taubira à des façons différentes de tirer des «conséquences politiques» des principes, et non à des principes différents, et contient une réserve sur l’adoption par les homosexuels, sur laquelle il manifeste une opposition plus résolue. Mais l’instance supérieure, c’est-à-dire le président de la Conférence épiscopale, a eu raison de souligner que, dans ces «divergences», il y en avait qui avaient raison, et d’autres tort.

Je me permets cependant de dire que la déclaration du Conseil de Présidence de la CEF ne va pas non plus au cœur du problème, qui nécessite en France – comme ailleurs – une réflexion plus approfondie.

S’agit-il vraiment d’accepter la défaite, de «se comporter en citoyens» – comme l’affirme le document «Continuons le dialogue!» – «assumant démocratiquement la position de minorité»? Ou la minorité, même vaincue, peut-elle légitimement aspirer à devenir la majorité de demain?

Des lois injustes doivent-elles être acceptées et contestées seulement avec le témoignage silencieux, ou – comme l’a dit le Pape François le 15 Juin aux parlementaires français – les lois peuvent-elles également être abrogées? Et, si on se limite au témoignage silencieux, ou si l’on parle d’autre chose, comment créer un climat dans lequel les lois injustes peuvent être changées?

Certains ont vu dans le document «Continuons le dialogue!» un exemple supplémentaire de la dérive homosexualiste dans certains secteurs de Église. Cela me semble exagéré: même s’il «murmure» la vérité plutôt que de la proclamer avec vigueur, le document réaffirme sur le plan strictement moral les principes fondamentaux du Catéchisme.

Sur le plan politique, en revanche, il me semble percevoir dans le texte une grande fatigue. Les évêques et les experts du Conseil «Famille et société» se demandent si vraiment «être catholique requiert toujours d’être « contre » des réformes présentées par d’autres comme un progrès», si l’on ne risque pas de donner l’impression de vouloir «imposer la foi ou un point de vue religieux».

Se glissent ici les risques présentés par le cardinal Burke à la conférence de Rome pour la «Journée Evangelium vitae» le 15 Juin.

On va se laisser intimider par la critique selon laquelle les catholiques n’épouseront pas de personnes du même sexe, mais ils ne peuvent pas empêcher les non-catholiques de le faire, au lieu de répondre que sont en jeu des principe de la loi naturelle que la raison peut et doit reconnaître indépendamment de toute option religieuse.

Pire encore, on se laisse piéger par le mythe du progrès irréversible et inévitable, et ainsi on publie avec lassitude quelque document «chuchoté», mais finalement, on reste convaincu que la défaite est inévitable et certaine, et qu’il vaut mieux l’accepter «démocratiquement» pour éviter d’être désignés par les médias comme des mauvais perdants. (cf. Vie et famille, la «trahison» des catholiques )

Si l’on ne dépasse pas ces deux authentiques superstitions que la propagande laïciste insinue même chez les «bons» – parfois même chez les évêques – chaque défaite prépare la défaite suivante.

Il ne sert à rien d’indiquer l’euthanasie comme prochain arrêt, si l’on pense que là aussi, les catholiques ne pourront pas «imposer un point de vue religieux» aux non-croyants – comme si la défense de la vie humaine ne valait que pour ceux qui croient, et n’était pas, elle aussi, une exigence de la loi naturelle – ni, finalement, se présenter comme ceux qui sont toujours « »contre » des réformes présentées par d’autres comme un progrès».

Dans un beau discours du 7 Juin aux élèves des Jésuites, le pape François a invité à la vertu oubliée de la «magnanimité», qui pousse aux grandes choses et à mener des batailles apparemment impossible.

Détourner ses propres énergies des rudes batailles pour la vie et pour la famille vers d’autres – comme les Roms ou les exilés – qui recueillent les applaudissements faciles des médias correspond à la tentation de ne pas être dérangeant, de plaire au monde, d’être applaudi au lieu d’être critiqués par les puissances qui contrôlent l’opinion.

C’est la tentation de la «mondanité spirituelle» dont parle souvent le Pontife. Celui qui est magnanime, a dit le Pape le 7 Juin, «n’a pas peur d’aller à contre-courant, même si ce n’est pas facile». Il combat également les batailles impossible, car il sait que rien n’est impossible à Dieu.

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Le Pape à l'église de France

Message non lu par etienne lorant » mer. 06 nov. 2013, 11:31

Le pape François a fait parvenir un message à Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, pour l'Assemblée plénière d'automne à Lourdes, du 5 au 10 novembre 2013.

Il encourage les baptisés à avoir « le souci de la personne de la personne humaine » et à demeurer « en état permanent de conversion au Christ ».

Le pape invite aussi à donner « une formation solide » aux futurs prêtres afin qu'ils soient « profondément attachés au Christ et proches des personnes qui leur sont confiées, n'ayant pas peur d'aller vers les hommes et les femmes qui ne connaissent pas encore Jésus Christ ».

Lettre du pape François à Mgr Pontier

A Son Excellence Monseigneur Georges Pontier

Archevêque de Marseille

Vous m'avez informé de la tenue à Lourdes de l'Assemblée plénière de votre Conférence épiscopale, du 5 au 10 novembre prochain. A cette occasion, je tiens à saluer chaleureusement tous les évêques de France, les assurant de ma prière fraternelle pour le bon déroulement de leurs travaux.

C'est dans la longue tradition missionnaire de l’Église en France que se situent les différentes questions que votre Assemblée se propose de traiter. Ainsi, votre souci d'une formation solide des futurs prêtres doit-il viser à préparer des hommes de foi, profondément attachés au Christ et proches des personnes qui leur sont confiées, n'ayant pas peur d'aller vers les hommes et les femmes qui ne connaissent pas encore Jésus Christ. Dans la contribution spécifique qu'au nom de l’Église vous apportez aux grandes questions de société auxquelles votre pays est confronté, je vous encourage à poursuivre votre engagement au service de l'homme, particulièrement des personnes les plus délaissées, ainsi que le récent rassemblement Diaconia a voulu le montrer. Que ce souci de la personne de la personne humaine soit aussi, en même temps, témoignage fort de la miséricorde de Dieu à l'égard de chacun ! Cela exige que vos communautés diocésaines demeurent en état permanent de conversion au Christ afin de pouvoir accomplir leur mission évangélisatrice de manière crédible.

Je me réjouis de l'ouverture de votre Assemblée à des évêques d'autres pays, manifestant ainsi votre attachement à l'exercice collégial de votre ministère épiscopal, en communion avec l'évêque de Rome, et votre souci de la mission universelle de l'Eglise qui doit aussi être au cœur des préoccupations de tout disciple du Christ.

Vous encourageant cordialement dans votre ministère épiscopal, je confie chacun de vous à l'intercession de Notre-Dame de Lourdes et de sainte Bernadette, et je vous adresse une affectueuse Bénédiction.

http://www.zenit.org/fr/articles/france ... de-l-homme
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Pour une réforme de la CEF

Message non lu par jean_droit » lun. 23 nov. 2015, 10:56

L'article suivant est intéressant parce qu'il essaye d'analyser un des problèmes de l'Eglise de France. Ce qui y est dit me semble, globalement, exact. De toute façon je suis, personnellement, tout à fait en faveur d'une réforme profonde de la CEF.

http://www.riposte-catholique.fr/perepi ... episcopale
Supprimer les instances permanentes de la conférence épiscopale
22 NOVEMBRE 2015

Dans Liturgie et transmission de la foi, Zachée, descends de ton arbre, Arnaud de Beauchef nous livre une analyse intéressante sur la crise de l’Eglise, crise de la foi, crise de la liturgie.

Les familles chrétiennes, comme Zachée en son temps, attendent de leurs pasteurs, évêques et prêtres, qu’ils les visitent et les conduisent à celui qui, seul, est «  La voie, la vérité et la Vie  ». La crise de la transmission de la foi atteint l’Église en plein cœur. Or, il existe un rapport étroit entre la liturgie et la foi. L’Église croit comme elle prie. Restaurer une liturgie digne de Dieu est un devoir de justice mais aussi une condition de la « ré-évangélisation ».

Dans un chapitre, l’auteur évoque la fragilisation de l’autorité au sein de l’Eglise.

La crise a d’abord été structurelle : le clergé local a été dépouillé d’une partie de ses prérogatives de son statut au profit de l’évêque. Dans le même temps, l’évêque s’est appuyé plus fortement sur la communauté épiscopale et sur l’institution permanente qui la supporte : la conférence des évêques. Cette centralisation a eu pour effet un éloignement des évêques de la réalité pastorale de leur diocèse. Elle a aussi fait naître un écart sans cesse grandissant entre le pouvoir accru des nouvelles structures anonymes du type conférence épiscopale et l’affaiblissement de l’autorité des personnes, curés et évêques.

L’auteur parle ensuite de l’instabilité des curés, qui, contrairement au saint curé d’Ars, reçoivent des mandats assez court, 6 ans, éventuellement renouvelables.

Le « rapport de forces » entre l’évêque et le prêtre, curé pasteur d’une communauté, a considérablement évolué en faveur de l’évêque qui, seul, dispose du bénéfice de la durée. On en est au point où le terme même de curé est en voie de disparition, faisant place à la notion de délégation et d’assignation d’un prêtre par l’évêque à un secteur géographique régulièrement remodelé.

Le prêtre est donc soumis en quelque sorte aux caprices de son évêque, capable de le muter d’une année sur l’autre, et à la pression des fidèles activistes, qui font la pluie et le beau temps dans les paroisses. Mais cet effacement du curé ne profite pas tant à l’évêque, puisque lui-même a démissionné au profit de la conférence des évêques, devenue la conférence épiscopale, sorte de Sénat supérieur et non plus lieu de l’exercice de la collégialité.

Et l’auteur pointe le problème de fond, qui explique la crise d’autorité et la crise de foi :

Dans la société chrétienne, il n’y a pas d’autorité sans relation personnalisée de paternité et sans esprit de service. Par la création de ces instances administratives nouvelles et leur mode de gestion en assemblées, il n’existe plus de responsabilité personnelle de quiconque.

Par exemple, qui blâmer pour la publication dans les années 80 du parcours catéchistique ambigu Pierres vivantes, promu par une des instances de cette conférence épiscopale et imposé, en son temps, à tous les diocèses de France ?

L’intérêt de cet ouvrage c’est aussi que l’auteur ne se contente pas de pointer les défauts structurels qui nuisent à l’Eglise qui est en France. Il propose aussi des solutions. Celles-ci seront-elles acceptées ? Seront-elles seulement discutées ? La nouvelle évangélisation est à ce prix : soit la conférence épiscopale reste une structure mondaine, dénoncée par le pape François, c’est-à-dire loin des fidèles, auto-référentielle, soit elle renoue avec sa véritable vocation.

Pour sortir de l’ornière, la solution est sans doute de réévaluer d’abord le rôle du curé de paroisse, et de redéfinir son rôle par rapport à celui de l’évêque : en replaçant la réalité de l’autorité au plus près des fidèles et en faisant de l’évêque le serviteur de ses curés, service par et pour lequel il est doté d’une autorité paternelle, incluant les droits d’inspection et de contrôle.

La concentration des pouvoirs de fait entre les mains de la conférence épiscopale a été un échec ; il faut maintenant en tirer les conséquences et rétablir la légitimité du curé, dans le respect de la doctrine des corps intermédiaires, tout en réduisant considérablement, voire en supprimant les instances permanentes de cette conférence épiscopale.

Et l’auteur ajoute :

En renouant avec une organisation plus claire, il deviendra possible de rendre à l’évêque son rôle de gardien de la mémoire en son diocèse.

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