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Christophe écrivait :
Je ne comprends pas que la diplomatie Vaticane ne s'engage pas beaucoup plus activement qu'elle ne le fait pour la reconnaissance légale de cette christianophobie qui s'exerce violemment dans de très nombreux pays...
Dans le cas de l'Inde, Alexandre del Valle expliquerait plutôt bien ce qui se passe ("pas tellement de raisons pour douter de ce qu'il rapporte en ce qui me concerne") et on peut mesurer aussi, par contraste, la profondeur du silence médiatique touchant de lointaines persécutions de chrétiens.
Qui connaît la situation des chrétiens en Inde? Personne ...
Le petit historique ...
Les adeptes de l'hinduvat à l'assaut des chrétiens
En Inde, l'un des pays où l'on déplore chaque année le plus d'assassinats de chrétiens [...] A bien des égards, les méthodes et mobiles prises par les fanatiques hindouistes pour diaboliser les chrétiens et justifier les persécutions rappellent ceux des islamistes radicaux les plus fanatiques. L'idéologie extrémiste de l'
hinduvat est d'ailleurs née en réaction au fanatisme islamiste, dans un contexte initial d'affrontements entre hindouistes et musulmans.
L'origine de l'idéologie politique de l'hindouvat remonte au débat sur l'indépendance de l'Inde moderne. A cette époque, face au parti du Congrès, qui voulait une Inde plurielle et laïque, la Ligue Musulmane prônait la séparation des Indes islamiques, ce qu'elle obtint en 1947 avec la naissance du Pakistan.
Aux antipodes des deux premières options, le RSS ("Rastriya Svayamsevak Sang") fondé en 1925 par le Dr Edgewar, prônait l'hindouanité, c'est à dire une Inde conçue comme la "nation des hindous". Le RSS est devenu le mouvement nationaliste hindouiste le plus puissant et le plus radical du pays. Il est notamment à l'origine de l'assassinat de Gandhi, tué par un de ses militants, Nathuram Ninayak Godse, ce qui valut au mouvement d'être un temps totalement banni.
La particularité du mouvement est de mélanger, comme chez les mouvements islamistes radicaux, l'extrémisme religieux, le nationalisme, des emprunts au nazisme et un racisme envers certaines minorités, en l'occurence les "intouchables", les chrétiens et les musulmans. Un de ses idéologues et cofondateur, Madhsavrao Sadashrivao Golwalkar, exprime explicitement son admiration pour Hitler. Selon lui, l'inde "nation des Aryens", ne devrait pas être une nation séculière mais adhérer au système religieux hindou.
En 2008, dans un contexte de préparation aux pogroms anti-chrétiens, le RSS a fait circuler dans les États contrôlés par les nationalistes hindous, sous la forme d'une "circulaire confidentielle", un manuel haineux où l'on explique comment violer des femmes chrétiennes, vendre des jeunes filles chrétiennes au "marché des esclaves", recruter des médecins pour qu'ils prescrivent des médicaments empoisonnés, assassiner les activistes, missionnaires et humanitaires qui s'opposent au système des castes et viennent en aide aux intouchables, etc.
Le mouvement a commencé véritablement à
prendre de l'essor en 1989, à la suite du départ de 400 000 kashmiri hindous - communauté dont est issue la famille Nehru - de la vallée du Cachemire, sous la pression et les menaces des islamistes radicaux. Ceci explique en partie les positions violemment anti-musulmane des adeptes de ce courant politico-religieux qui ont d'ailleurs été les auteurs d'une série de pogroms anti-musulmans d'une violence inouïe entre 1993 et 1996, notamment autour de l,ancien temple hindou d'Ayodhya (lieu de naissance du dieu Ra-ma), transformé en mosquée, que les fanatiques hindouistes appelèrent à prendre d'assaut.
Les chrétiens
Jusqu'à présent, les violences contre les chrétiens concernaient des missionnaires occidentaux et des institutions isolées et non les chrétiens en tant que communauté. Mais depuis quelques années, les chrétiens sont assimilés en globalité aux "missionnaires" et, par conséquent, à "l'étranger" ou à "l'Occident", notamment pour les adeptes de l'hindouvat.
Pourtant, comme l'explique bien Shashi Tharoor, essayiste hindouiste renommé, ancien sous-secrétaire des Nations-Unies, "nombre d'Indiens ont des ancêtres qui sont devenus chrétiens bien avant que beaucoup d'Européens n'aient découvert le christianisme et avant que les tenants de l'actuel chauvinisme hindouiste n'aient pris conscience qu'ils étaient eux-mêmes hindouistes", ce qui discrédite les thèses des hindouistes radicaux assimilant systématiquement les chrétiens en Inde aux Occidentaux ou à l'étranger.
Attaques contre les bien fonciers des églises
Les États gouvernés par les partis nationalistes hindous ne se contentent pas de voter des lois anti-conversion. Ils bâillonnent également la liberté d'expression des religions non-hindoues, en particulier le christianisme. Leur cible première est le patrimoine foncier de l'Église. Dans l'État du Chtattisgarh, le gouvernement a réquisitionné les terres de l'Église catholique au prétexte qu'elles devaient retourner aux tribus aborigènes.
Le 22 janvier 2007, les représentants des tribus aborigènes ont pris la défense de l'Église, lorsque plus de 80 000 d'entre eux ont manifesté pour protester contre la décision d'un tribunal local ordonnant aux soeurs de la Sainte-Croix de restituer les 4,80 hectares de terrain où elles avaient construit leur monastère et une école. Les aborigènes ont rappelé que leurs anciennes terres avaient été vendues légalement pour construire les centres chrétiens qui leur viennent en aide aujourd'hui.
Attaques contre le système éducatif
Les institutions d'éducation catholiques sont souvent destinés aux groupes les plus pauvres de la société, tels que les aborigènes ou les intouchables, qui, sans elles, ne pourraient accéder à une instruction décente.
Certains États veulent néanmoins les fermer ou les placer sous le contrôle direct du gouvernement. Les chrétiens représentent 19% des habitants du Kérala, mais ils ne sont pas considérés comme une minorité, si bien qu'ils ont perdu le droit de gérer leurs écoles, qui sont passées sous contrôle gouvernementale alors qu'elles sont implantées au Kérala depuis 150 ans ...
Les intouchables et les aborigènes chrétiens, doublement persécutés
En Inde, les violences anti-chrétiennes sont autant provoquées par les conversions à proprement parler que par l'action des chrétiens en faveur des populations pauvres et opprimées, les aborigènes et les intouchables, base du système pyramidal inégalitaire sur lequel la société des castes hindous repose. Pour les hindouistes radicaux, l'engouement des intouchables pour le christianisme risque, à terme, de faire disparaître cette classe sociale, certes méprisée. mais servant de bouc-émissaire corvéable pour les basses oeuvres (funérailles, travaux d'éboueurs, etc.).
Pour les fondamentalistes hindous, les chrétiens remettent en question l'équilibre traditionnel des castes en convertissant des intouchables devenus ainsi des "traîtres à l'indianité" et des complices de "l'Occident ex-colonial". En fait, les intouchables sont attirés par le christianisme parce que cette religion universaliste, qui pose la sacralité de tout être humain, les libère des castes dominantes qui les ont toujours opprimés.
Les extrémistes hindouistes ne supportent pas le fait que tant d'Indiens veulent envoyer leurs enfants dans les écoles chrétiennes, réputées pour leur bon niveau intellectuel. Bien qu'issues de classes extrêmement pauvres, les aborigènes et les intouchables, lorsqu'ils sont chrétiens, réussissent souvent là où les autres échouent. Et ils sont souvent mieux éduqués que les indiens moyens. Ceci augmente la jalousie et la haine qu'ils suscitent.
Dans les États quadrillés par les nationalistes hindous, la sécurité et même la vie des chrétiens issues des sous-castes est en danger, surtout lorsque ces derniers refusent d'abjurer leur foi chrétienne et de se convertir à la religion hindoue
Depuis 2007, les associations chrétiennes comme l'AED, Portes Ouvertes ou Fides ont recensé plus d'un millier d'actes anti-chrétiens. Ceux-ci se déroulent la plupart du temps sous le regard indifférent ou passif des autorités et des médias. L'impact médiatique sur l'opinion publique internationale y est donc quasiment nul. "Tout se passe en silence, dans l'indifférence et dans l'impunité, mais la communauté chrétienne est dans une souffrance évidente", témoigne Joe Dias à Fides.
Des exemples ...
C'est ainsi qu'Eusebio Ferrao, curé de Saint-François à Macasana (État de Gao) fut assassiné le 17 mars 2006 pour avoir critiqué dans un journal local la violence interconfessionnelle. Fin 2006, un autre responsable catholique, Bashir Tantry, fut assassinéau Jammu-et-Cachemire. Le 22 septembre 2007, la Haute Cour de l'État d'Orissa condamna Dara Singh pour le meurtre barbare d'Arul Doss. curé d'Anandpur, le 1er septembre 1999. Dara Singh et dix complices avaient tiré des flèches sur le prêtre avant d'incendier son église. Le 26 octobre 2007, à Raseli dans l'État du Madhya Pradesh, cinq religieuses clarisses furent frappées à coups de bâton par des activistes du Dharma Raksha Samiti [...]
Les violences contre les protestants sont encore plus courantes : le 8 juin 2006, le pasteur Prem Kumar, de l'Église de l'Inde du Sud, fut retrouvé mort, la tête fracassée et le corps mutilé. Le 10 février 2007, S. Stanley, propriétaire d'un temple, fut assassiné à Kalliyoor (Kérala). Le 29 février 2007, Goda Israël, 29 ans, pasteur de la MIssion internationale de l'Emmanuel, fut tué dans le district de Krishna (Andhra Pradesh) à cause de ses activités évangélisatrices. Le 28 juin 2007, Hemanta Das, hindouiste converti au christianisme, fut battu à mort à Chand Mari, près de Guwahati (État de l'Assam)
[...]