Nos évêques sont surprenants...

« Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde. » (Mt 5.13-14)
Règles du forum
Forum de discussions entre chrétiens sur les questions ecclésiales
Avatar de l’utilisateur
Boris
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 2428
Inscription : lun. 21 août 2006, 17:46
Localisation : France - Centre (28)

Nos évêques sont surprenants...

Message non lu par Boris » lun. 23 oct. 2006, 7:43

Pris sur le site de l'association Pro Liturgia
Les évêques de France sont, pour le moins, des gens surprenants.
A les entendre, tout ne va pas très bien: les séminaires sont vides, les messes deviennent rares, la pratique dominicale est en baisse, la catéchèse est en crise... et voilà que - horreur! - des communautés traditionalistes émergent çà et là et attirent des fidèles grâce à une liturgie célébrée dans un décorum hérité de ce que le XIXème siècle a fourni de plus lourd et de plus compassé.
Pourtant, les évêques de France avaient tout fait pour que l'Eglise soit dynamique, les fidèles nombreux et motivés, les traditionalistes définitivement réduits au silence. Oui, ils avaient tout fait: ils ont interdit le latin et le chant grégorien (alors qu'ils n'en avaient pas le droit, mais passons); ils ont fait l'expérience des messes célébrées sur des tables de cuisines, en HLM, par des prêtres en civil; ils ont inventé l'animation liturgique, comme si le Bon Dieu n'était pas le meilleur des animateurs de la messe; ils ont orné (!) les sanctuaires avec des panneaux aux couleurs de la gay-pride; ils ont multiplié les messes anticipées du samedi soir; ils ont envoyé sur les roses les fidèles qui se plaignaient de la b... lisation des messes; ils ont encouragé les "bible's boom", les "messes rock", les rondes et les farandoles autour des autels, les sermons à coloration socialo-communiste, les quêtes de carême à but politique, les absolution collectives; ils ont restructuré les paroisses et nommé des personnes compétentes à la tête des bureaux diocésains...
Et tout cela semble avoir fait "pschitt", comme aurait pu dire un homme politique bien connu. On ne comprend pas les raisons de ces échecs qui atteignent une pastorale qui devait être promise à un grand avenir.
Nous avons pourtant eu, en France, des évêques à la hauteur: des "hommes de terrain" toujours "à l'écoute" et prêts à "cheminer"; des hommes prêchant l' "ouverture", la "tolérance", l' "écoute de l'autre" et ayant même le courage de critiquer l'intransigeance (supposée) de l'ancien cardinal Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Quel magnifique programme! Mais voilà notre épiscopat soudain un peu moins "tolérant", un peu moins "ouvert", un peu moins "à l'écoute" depuis qu'il sent peser sur lui la menace du retour d'une vie liturgique qui pourrait profiter aux baptisés...
C'est vrai, nos évêques ont tout essayé... et incontestablement raté un certain nombre de choses.

Tout essayé? Peut-être pas: ils n'ont jamais essayé, depuis plus de 40 ans que le Concile est achevé, d'obliger leurs prêtres diocésains de célébrer la liturgie exactement comme elle figure dans le missel romain actuel. Ça non: ils ne l'ont jamais essayé... L'expérience de la liturgie authentique de l'Eglise, ils n'ont jamais voulu la faire. Pourquoi? Qu'est-ce qui les en aurait empêché? Mystère et boule de gomme: aucun évêque de France n'a jamais pu ou voulu répondre à cette question. Curieux, non?
UdP,
Boris

Avatar de l’utilisateur
Etienne
Censor
Censor
Messages : 83
Inscription : dim. 10 sept. 2006, 18:42
Localisation : FRANCE

Message non lu par Etienne » mer. 01 nov. 2006, 1:43

Bonjour à tous,

Tout cela est sans doute cyclique, un signe fort comme Bernadette, Ste Thérèse, le padre Pio ou le curé d'Ars, cela arrive à chaque génération.... Ou en son temps. Forcemment cela prépare quelque chose :heart:

Fraternellement.
(Mt 26.63-66)
Mais Jésus se taisait. Le Grand Prêtre lui dit:" Je t'adjure par le Dieu Vivant de nous dire si tu est le Christ, le Fils de Dieu. " Tu l'as dit, lui dit Jésus..."
Qu'en pensez vous?" Ils répondirent: " Il est passible de mort."

Avatar de l’utilisateur
Aigle
Civis
Civis
Messages : 7
Inscription : mer. 28 févr. 2007, 21:15
Localisation : Paris

Message non lu par Aigle » jeu. 01 mars 2007, 0:13

James a écrit :l'esprit du concile... :-x

Ce n'est pas l'esprit du concile qu'il faut rechercher, c'est l'Esprit de Dieu!
Il reste à savoir si l'un équivaut à l'autre...

Paix
Me voilà pour la première fois sur ce forum où je découvre...
Toutefois, ayant parcourru plusieurs rubrique, je suis très surpris du sens ecclésial de bon nombre. L'exemple ci-dessus n'en est qu'un parmi d'autre. Quel amour de l'Eglise !? Pourquoi croire toujours que l'on a raison contre l'institution ? Pourquoi ne développer un peu de confiance vis à vis de ceux qui ont reçu mandat pour guider la barque ?
Le Concile a été un temps animé par l'Esprit. Qu'il y ait eu des dérives est vrai également mais ce n'est pas le concile qui est en cause.
Regardez tout ce que le Concile a permis plutôt que de vous désoler de ses manques !
En tout cas je ne saurais souscrire à cette dichotomie Esprit de Dieu / Esprit du Concile ; ce sont des phrases faciles qui égratignent sans construire.
Bonne réflexion et bonne lecture des actes du Concile Vatican II !

Aigle.

Avatar de l’utilisateur
Christophe
Consul
Consul
Messages : 7674
Inscription : mer. 28 avr. 2004, 0:04
Conviction : Catholique
Localisation : Frankistan

Esprit du Concile

Message non lu par Christophe » jeu. 01 mars 2007, 0:23

Bonsoir Aigle, et bienvenue chez vous. :)

Je suis tout à fait d'accord avec votre message.
Néanmoins, après-concile, les pires dérives ont parfois été justifiées au nom d'un pseudo "esprit du concile" (le plus souvent ce pseudo-"esprit du concile" étant invoquée pour "dépasser" (sic.) voir nier la lettre même des textes conciliaires...)

Peut-être est-ce dans ce sens là que l'expression "esprit du concile" a été utilisé par James et opposé à l'Esprit de Dieu ?

Bien à vous
Christophe
« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

Avatar de l’utilisateur
Aigle
Civis
Civis
Messages : 7
Inscription : mer. 28 févr. 2007, 21:15
Localisation : Paris

Message non lu par Aigle » jeu. 01 mars 2007, 1:49

Merci Christophe de cet accueil.
Vous avez raison ; il faudrait préciser les propos que je commentais !
A bientôt.

Aigle.

Avatar de l’utilisateur
Boris
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 2428
Inscription : lun. 21 août 2006, 17:46
Localisation : France - Centre (28)

Message non lu par Boris » jeu. 01 mars 2007, 8:39

Aigle a écrit :Toutefois, ayant parcourru plusieurs rubrique, je suis très surpris du sens ecclésial de bon nombre. L'exemple ci-dessus n'en est qu'un parmi d'autre. Quel amour de l'Eglise !? Pourquoi croire toujours que l'on a raison contre l'institution ? Pourquoi ne développer un peu de confiance vis à vis de ceux qui ont reçu mandat pour guider la barque ?
Pourquoi ?

Parce qu'ils nous ont donné suffisamment de preuve de leur manque de Foi orthodoxe !

Quand un evêque interdit à ses prêtres de célébrer la Messe dans les paroisses le Dimanche, peut-on encore le suivre ? (cf. diocèse de poitiers et de Strasbourg)

Quand des Evêques cherchent à faire la leçon au Pape actuel sur des questions de Liturgie alors qu'il est impossible de trouver dans leur diocèse la Messe selon les livres actuels, peut-on encore les suivrent ? (cf. diocèse de la province de l'Est et diocèses concordataires)
Pire : ils interdisent la célébration selon les normes (donc selon la lettre du concile et l'enseignement de Sa Sainteté Jean-Paul II).

Je suis désolé, mais mon sens écclésial m'indique de suivre le Pape plutôt que ces hommes qui n'ont pas le pied marin et qui prétendent mener la barque.
UdP,
Boris

Avatar de l’utilisateur
Aigle
Civis
Civis
Messages : 7
Inscription : mer. 28 févr. 2007, 21:15
Localisation : Paris

Message non lu par Aigle » jeu. 01 mars 2007, 10:57

J'ignorais que des évêques empêchaient des prêtres de célébrer !!?? Je trouve ça vraiment curieux ; il faudrait préciser les faits et le contexte. Il y a quelques fois des raccourcis qiui ne servent pas au mieux la vérité ! Je ne pense pas qu'il puisse s'agir là de l'intention d'un pasteur.

Par ailleurs il me semble important de rappeler que les évêques ne 'prétendent' pas mener la barque !... Ils la mènent ; et c'est avant tout un regard de foi que nous sommes appelés à poser sur ces hommes qui se dépensent sans compter pour l'annonce de l'Evangile. Certes, ils le font avec leurs limites et leur péché. Mais nous ne rêvons pas une Eglise de 'purs' et détournant le regard de ce qui nen nous plait pas et en en appelant au pape !!! C'est lui qui a nommé ces évêques, non ?! Alors si l'on déplore la médiocrité des évêques - ce que je ne partage pas - il faut être cohérent et reconnaître que celui qui les a nommé a également fait fausse route - ce que je ne crois pas plus !

C'est la foi qui guide notre attachement à l'Eglise et non notre sentiment.

Aigle.

Avatar de l’utilisateur
Boris
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 2428
Inscription : lun. 21 août 2006, 17:46
Localisation : France - Centre (28)

Message non lu par Boris » jeu. 01 mars 2007, 12:11

Aigle a écrit :J'ignorais que des évêques empêchaient des prêtres de célébrer !!?? Je trouve ça vraiment curieux ; il faudrait préciser les faits et le contexte. Il y a quelques fois des raccourcis qiui ne servent pas au mieux la vérité ! Je ne pense pas qu'il puisse s'agir là de l'intention d'un pasteur.
Dans le cadre de la transformation des secteurs en paroisse unique multi clocher, les prêtres du secteur n'ont pas le droit d'aller célébrer la Messe dans les différents village à leur charge lorsqu'il y a une "Messe de Secteur".
J'ai beau cherché dans tous les missels dont je dispose, je ne trouve nul part la "Messe de Secteur". Par contre je trouve sans problème la Messe Dominicale Paroissiale.

De plus, la concélébration n'est autorisée que si cela ne porte pas préjudice aux fidèles. Ce qui dans ce cas est le contraire.

Enfin, si vous cherchez sur Internet, vous trouverez les témoignages des fidèles qui disent préférer ne pas avoir de Messe plutôt que d'aller à ces mascarades (je ne vous parle du niveau Liturgique extrêmement bas de ce type de rencontre, je n'ose dire célébration)
Aigle a écrit :Par ailleurs il me semble important de rappeler que les évêques ne 'prétendent' pas mener la barque !... Ils la mènent ; et c'est avant tout un regard de foi que nous sommes appelés à poser sur ces hommes qui se dépensent sans compter pour l'annonce de l'Evangile. Certes, ils le font avec leurs limites et leur péché. Mais nous ne rêvons pas une Eglise de 'purs' et détournant le regard de ce qui nen nous plait pas et en en appelant au pape !!! C'est lui qui a nommé ces évêques, non ?! Alors si l'on déplore la médiocrité des évêques - ce que je ne partage pas - il faut être cohérent et reconnaître que celui qui les a nommé a également fait fausse route - ce que je ne crois pas plus !
Il n'est pas question de ce qui plait ou non. Il est juste question de la Foi donnée par Dieu et transmise par les Apôtres.
Pourquoi les Evêques laissent-ils le Credo être remplacé par un vulgaire texte dans la majorité des messes paroissiales ?
Ont-ils un problème avec la Confession de la Foi ?

Pourquoi prennent-ils des droits qu'ils n'ont pas ? (en Liturgie par exemple)
Pourquoi ne défendent-ils pas la Vie alors que le Pape parle de point non négocaible à ce sujet ?(4 Evêques sur environs 100 se sont prononcés en faveur de la Marche pour la Vie en 2007)

Je suis désolé, le constat est là : la majorité des Evêques en France mènent la barque droit dans le mur !
Pourquoi ? Par refus de l'Eglise !
Il suffit pourtant d'appliquer les règles de l'Eglise.
Entre autre, les conseils de laïcs, ne sont que des conseils et non des organes de direction ou d'adminsitration. Cela vient d'être fermement rappelé à l'Eglise en Allemagne mais cela vaut aussi pour la France.
Le document sur la catéchèse provenant des Evêques en France a été refusé 3 fois par Rome pour manque de catholicité !
Et pourtant de nombreux "parcours" se fondent sur ce document. Le résutat est que le Christ n'est plus présenté comme le Fils de Dieu dans certains diocèse (Chartre par exemple) !
SE le Cardinal Ratzinger a été très clair à l'époque : les parcours sont à mettre au placard où ils remplaceront avantageusement les catéchismes, qui pourront ainsi reservir et porter du fruit (comme chez les "tradis").

Lisez le site "Pro Liturgia" et vous allez déchanter sur la Foi, l'orthodoxie et la catholicité des Evêques en France !
Prenons les Evêques de Reims, Nancy et Toul :
- pourquoi refuser de confier une chapelle aux "tradis" ? En vertu de quoi sinon l'opposition au Motu Proprio "Ecclesia Dei Adflicta" de Jean-Paul II ?
- pourquoi refuser que la Messe soit célébrer correctement, dignement et selon les normes et rubriques ? En vertu de quoi sinon l'opposition au Concile (Sacrosanctum Concilium n°22) et à l'encyclique de Jean-Paul II (Ecclesia des Eucharistia N°52) ?
Et en plus ils se prétendent conciliaires !
Au contraire : ils refusent ouvertement le Concile : la lettre et le véritable Esprit tel que Sa Sainteté Benoît XVI l'a décrit dans son discour à la Curie de Décembre 2005.
Aigle a écrit :C'est la foi qui guide notre attachement à l'Eglise et non notre sentiment.
Vous avez raison, mais nos Evêques se laissent guider par le sentimentalisme des certains Laïcs trop proche d'eux et trop ignorant de la Foi.
UdP,
Boris

Avatar de l’utilisateur
Aigle
Civis
Civis
Messages : 7
Inscription : mer. 28 févr. 2007, 21:15
Localisation : Paris

Message non lu par Aigle » jeu. 01 mars 2007, 13:12

Il me semble que je dois reconnaître que j'ai de la chance ! Nous ne rencontrons pas les mêmes réalités ecclésiales ! En même temps, la messe reste le rassemblement du peuple chrétien par le Christ ; c'est pourquoi je comprends qu'un prêtre ne passe pas sa journée à célébrer la messe dans des villages. Je crois qu'en semaine, sauf motif exceptionnel bien sûr, il est demandé à un prêtre de ne pas 'biner'.
Mais bon, je ne veux pas me battre !

En revanche, il me semble plus important de revenir sur les soupçons que vous faites peser sur la foi de nos évêques. S'il suffisait qu'un évêque dise quelque chose pour que ça ait des répercussions immédiates, ça se saurait ! Ils ne sont pas tout puissant. Je pense que nous avons tous à nous convertir et les prêtres aussi sans doute mais il est difficile de leur faire des procès d'intention.

Il y a chez bon nombre de contestataire de l'Eglise en raidissement qui n'oeuvre pas à la communion. Oui, il ne faut pas perdre son sens critique mais celui-ci doit aussi s'objectiver dans une prière plus insistante et une action pour le bien de l'Eglise. Un acte de charité comme le Motu proprio "Ecclesia Dei Adflicta" est perçu par certains comme la revendication d'un droit, une exigence. C'est dommage de se durcir ainsi. Oui, il peut-être bon de permettre aux fidèles qui le souhaitent de pouvoir bénéficier de célébration selon le missel de 1962 mais on ne peut s'en servir pour faire le jeu d'un missel contre l'autre. C'est cela qui ne témoigne pas d'un juste sens ecclésial.

En Ile de France nous sommes visiblement gâtés. Pas d'aberrations liturgiques notables !
Bon courage à vous

Aigle.

Avatar de l’utilisateur
VexillumRegis
Senator
Senator
Messages : 951
Inscription : ven. 21 mai 2004, 22:32
Localisation : Provence

L'erreur de l'épiscopat français

Message non lu par VexillumRegis » sam. 17 nov. 2007, 12:43

L'erreur de l'épiscopat français : avoir tout fait, depuis plus de 40 ans, pour apparaître comme le principal obstacle à l'application des directives magistérielles en général, et de Vatican II en particulier.

Il y a eu l'ignorance de la Ratio fundamentalis dans les séminaires diocésains; il y a eu la publication de "Pierre Vivantes" - qui n'était pas un catéchisme - suivie par la parution de "parcours catéchétiques" qui, bien que défaillants, furent rendus obligatoires pour la catéchèse; il y a eu l'affaire du Missel "Ephata" qui a été l'occasion d'un différent entre la "clérocratie" française - dénoncée par Jean-Claude Didelot - et le Vatican; il y a eu les tracas - le mot est faible - faits à l'éditeur Téqui dont la fidélité aux enseignements du Magisère ne s'est jamais démentie (c'est là son tort!); il y a eu les connivences des évêques diocésains avec le socialo-communisme; il y a eu l'affaire du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD) mouvement qui, officiellement soutenu par les évêques français, finançait les promoteurs de la théologie de la libération; il y a eu les critiques de certains pasteurs diocésains contre Jean-Paul II - critiques dénoncées par André Frossard et par François-Georges Dreyfus - et contre le Cardinal Ratzinger; il y a eu les grincements de dents à l'annonce de l'élection du Cardinal Ratzinger sur le siège de Pierre; il y a eu le silence orchestré autour du discours sur la liturgie prononcé par le Cardinal Arinze à l'Institut catholique de Paris en octobre 2006; il y a eu les levées de boucliers à l'annonde de la publication d'un Motu proprio sur la liturgie par le pape Benoît XVI; il y a toujours l'absence d'une édition française du missel romain actuel...

Bref, autant de faits qui, accumulés, laissent à penser qu'entre Rome et l'épiscopat français, quelque chose ne passe plus.

Or les fidèles catholiques de France ne veulent plus de ce corporatisme d'un épiscopat gallican; il ne veulent plus de cette "exception française" qui, en gangrénant depuis plus de 40 ans la catéchèse et la liturgie, vide les églises et les sémianires. Les fidèles catholiques de France ne se reconnaissent plus dans les slogans d'une pastorale mise en place par des clercs qui ont comme soviétisé les instances diocésaines après avoir réussi à se présenter abusivement comme les vrais du courant conciliaire, alors que leur vision de l'Eglise était faussée par les a-priori hérités des courants de la pensée soixante-huitarde.

Oui : aux yeux de beaucoup, l'épiscopat français apparaît bien aujourd'hui - à tort ou à raison - comme le premier obstacle à la réception des enseignements magistériels et à leur application. Non pas que ces enseignements soient refusés; mais ils sont sans cesse atténués, relativisés, édulcorés, réinterprétés dans un sens qui fait qu'entre les directives romaines et leurs applications "sur le terrain", apparaissent de multiples décalages quand ce ne sont pas carrément des contradictions. Et c'est ce qui fait que de plus en plus de fidèles se demandent, à l'instar de Mgr Gaidon (1), s'ils peuvent toujours se dire en pleine communion avec des évêques qui ont pris l'habitude de faire part de points de vue pastoraux souvent discordants dès qu'il ne devrait s'agir que d'appliquer sans arrières pensées les enseignements du Souverain Pontife (2).

Ce que les fidèles catholiques de France attendent aujourd'hui de leurs évêques, ce ne sont ni des négociations ni des tergiversations portant sur la façon d'appliquer tel ou tel document magistériel; ce qu'ils attendent, c'est la diffusion la plus large de tous les textes émanant du Siège apostolique et leur application immédiate sans le moindre faux-fuyant.

Cela concerne essentiellement la Constitution Sacrosanctum Concilium dont beaucoup attendent encore la mise en oeuvre, l'Exhortation Sacramentum Caritatis dont il y a beaucoup à espérer, et le Motu proprio Summorum pontificum dont l'application devrait être soumise davantage à la prudence pastorale qu'à cette actuelle réticence épiscopale qui sonne d'autant plus faux que la liturgie restaurée à la suite de Vatican II n'est elle-même pas respectée dans nos diocèses.


Notes.
(1) Voir son livre "Un évêque français entre crise et renouveau de l'Eglise", éd. de l'Emmanuel.
(2) Mgr Ranjith, Secrétaire de la Congrégation pour le Culte divin, a expressément appelé les prêtres, les évêques et les cardinaux à l'obéissance aux directives du Souverain Pontife.
__________

Source : Pro Liturgia.

jean_droit
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 8381
Inscription : jeu. 08 déc. 2005, 13:34
Localisation : Périgord

Re: L'erreur de l'épiscopat français

Message non lu par jean_droit » dim. 18 nov. 2007, 14:09

Je suis tout à fait d'accord avec votre analyse.
Cela fait bien longtemps que l'Eglise de France est en lutte contre le Vatican.
L'affaire du Motu Proprio et de la désobéissance des évêques ( collectivement à travers le CEF et individuellement pour une majorité ) en est une des dernières manifestations.
Personnellement, et depuis toujours, je suis un opposant à la ligne du CEF.
Je pense que le CEF a fait beaucoup de mal à l'Eglise de France.
Bien sûr c'est un peu lâche de ma part d'accuser un organisme et non ses membres.
Tout simplement parce que le CEF ne représente, en réalité, qu'une partie des évêques, celle qui a le pouvoir et veut le garder à tout prix. Ou, du moins, qu'il est traversé par des courants divergents qui empêchent toute décision forte. L'affaire de la déclaration de monseigneur Cattenoz sur l'enseignement catholique en est l'illustration parfaite.
Sur ce forum nous savons faire la distinction entre les évêques qui font avancer les choses, ceux qui font du sur place et ceux qui au nom de l'idéologie en cours font décliner l'Eglise.
Nous parlons des uns et nous nous taisons sur les autres. C'est, sans doute, mieux.
Bien sûr que depuis la fin des années 50 l'Eglise de France est traversée par des courants soixante huitard qui creusent la tombe de l'Eglise. Ce n'est pas une opinion de ma part mais la lecture des faits.
Comme je l'ai déjà dit, nous devrions juger nos évêques aux résultats, c'est Notre Seigneur lui même qui nous le demande, et non selon nos préférences ou notre propre sensiblité.
Nous pouvons, aussi, peser de tout notre poids pour que l'Eglise de France remonte la pente.
Et j'ai toujours pensé que la vérité était dans le Saint Père.
N'oublions jamais qu'il a été élu sur un programme connu de tout le monde. Elu, cela veut dire que la majorité des cardinaux est, au fond, d'accord avec lui.
D'une certaine façon désobéir au Pape est désobéir à l'Eglise du Christ.
Prions pour que nos évêques retrouvent le chemin de la communion avec Rome.

Avatar de l’utilisateur
giorgino
Barbarus
Barbarus

Re: L'erreur de l'épiscopat français

Message non lu par giorgino » lun. 19 nov. 2007, 13:09

J' aimerais comprendre ! Vous parlez en initié mais en quoi concrètement les évêques sont en rupture avec Rome ? Ils ne croient plus en Dieu ? Ou n'est ce pas une simple question de forme ?
Prenez conscience qu' une personne peu familiarisée a de tels débats ne comprendrait à peu près rien .
" sur ce forum nous savons très bien faire la distinction " écrit jean Droit ; d 'accord mais si ça devient un dialogue confidentiel , ce n'est pas mieux .
soyez un peu plus clairs et pédagogiques .

Avatar de l’utilisateur
Boris
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 2428
Inscription : lun. 21 août 2006, 17:46
Localisation : France - Centre (28)

Re: L'erreur de l'épiscopat français

Message non lu par Boris » lun. 19 nov. 2007, 14:53

giorgino a écrit :J' aimerais comprendre ! Vous parlez en initié mais en quoi concrètement les évêques sont en rupture avec Rome ? Ils ne croient plus en Dieu ? Ou n'est ce pas une simple question de forme ?
En ce domaine, la forme est l'expression de la croyance.

Mais de toute manière, nous ne les avons entendu concernant l'avortement. Aujourd'hui encore ils sont plus que discrets sur ce sujet.
idem sur quantité de points sur lesquels le Pape se bat.
UdP,
Boris

jean_droit
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 8381
Inscription : jeu. 08 déc. 2005, 13:34
Localisation : Périgord

Re: L'erreur de l'épiscopat français

Message non lu par jean_droit » lun. 19 nov. 2007, 16:40

Giorgino,
Pour ce qui est des ruptures avec Rome, elles sont très nombreuses depuis bien longtemps. Le mot même de gallicanisme est employé dans ce cas.
Depuis, au moins, Jean Paul II il y a bien des points de rupture entre le Saint Siège et les évêques ( certains évêques ) de France.
Boris en a donné des exemples nombreux.
La dernière opposition concerne le Motu Proprio. Son texte est tout à fait clair mais les évêques font tout pour ne pas l'appliquer.
Un prélat du Vatican a même parlé de "désobéissance". Un évêque qui désobéit au Pape.
Ceci s'étend, aussi, sur bien d'autres points comme la défense de la Vie où Jean Paul II s'est impliqué de toute son autorité mais n'a pas été, au début, suivi par l'Eglise de France.
Pour ce qui est des jugements que nous pouvons avoir sur les évêques et sur les conseils presbytéraux il faut être prudent. D'abord parce que juger quelqu'un est difficile. Juger un fait est, des fois facile, mais un homme est complexe.
Se taire c'est, aussi, signifier que le sort de l'Eglise ne nous importe guère.
Se taire c'est, aussi, cautionner les erreurs qui ont été faites dans les décades précédentes.
Car je ne veux pas croire que l'Eglise de France n'a pas de responsabilités dans son déclin.
Giogino, je pense que chacun de nous en a sa part moi le tout premier.

Avatar de l’utilisateur
giorgino
Barbarus
Barbarus

Re: L'erreur de l'épiscopat français

Message non lu par giorgino » lun. 19 nov. 2007, 21:05

C'est bien jean droit que tu dises ça : on a tous fait de grosses erreurs sur terre . Tous .

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 107 invités