zefdebruz a écrit
cette plénitude absolue, n'a pas empéché Dieu de créer avec une TOTALE GRATUITE
Je ne suis pas sûr d’être entièrement d’accord. Mais de toutes façons, en affirmant qu’il n’existe pas d’acte gratuit, je me référais aux mortels que nous sommes, pas à Dieu. Et en ajoutant que pour les êtres humains, un acte gratuit serait immoral, je faisais allusion à l’altruisme kantien.
Kant soutient comme vous qu’un acte n’est pas vertueux si son auteur y trouve une utilité, un plaisir ou un intérêt. Faire le bien est un devoir, mais ce n’est plus faire le bien si c’est pour mon bien.
Cette position morale m’a toujours répugnée. Illustration : Je m’imagine grabataire ou en prison. Tartemolle vient me voir. « Tu sais, me confie-t-il, je ne prends aucun plaisir à cette visite. Je suis ici par devoir, pour accomplir un acte de pure gratuité, et je t’assure, je ne reçois rien en retour ».
Que puis-je répondre à ce pignouf ? qu’il rentre chez lui ; qu’il cesse de m’insulter ; même grabataire, je veux avoir encore des échanges capitalistes avec autrui, mesure pour mesure, donnant-donnant. Car n’est-il pas humiliant d’être celui qui reçoit et à qui on ne permet pas de rendre ? N’est-ce pas le comble de l’arrogance, de la prise de pouvoir, d’être celui qui donne, parce qu’il attache une grande valeur au don, et qui refuse à l’autre l’occasion de donner aussi ?
L’échange ne se pratique jamais pour des biens identiques. On échange une tablette de chocolat contre un jus d’orange ou contre 2 euros, mais pas 2 euros contre 2 euros ni une tablette contre une tablette. Et de même, je repaye le déplacement de Tartemolle par le plaisir que je lui apporte. Mais s’il ne trouve pas ce plaisir, s’il veut que sa visite soit une offrande, une gratuité, un don, alors qu’il reste chez lui.
Il n'y a pas de véritable amour si l'on attend quelque chose en retour
Je crois exactement le contraire. Il n’y a de l’amour
que si l’on attend (au moins secrètement, lointainement, désespérément) d’être aimé en retour. Il faut à l’amour cette vulnérabilité. Pour moi, la création ne se comprend que parce que Dieu est amour et l’amour a besoin d’un objet d’amour. Si Dieu était complet, autosatisfait, n’éprouvait pas de besoin, Il n’aurait pas pris le risque insensé de créer des objets dignes de Son amour, c'est-à-dire des sujets libres (libres de Lui tourner le dos, libres de tuer Son Fils), et la perfection de Son amour ne se mesure pas au fait qu’Il n’attend rien, mais qu’Il continue d’aimer en dépit de Sa souffrance de n'être pas aimé en retour.
Je vous souhaite un bon dimanche.
Christian