Le dogme, la foi et le prêtre - Texte du Cardinal Ratzinger

[VexillumRegis]

[align=justify]A la suite d'une conférence sur l'historicité du dogme, un aumônier d'étudiants m'a déclaré que de quelque manière qu'on s'y prenne, le dogme sera toujours en vérité l'obstacle principal à toute espèce de prédication. Cette remarque me semble symptomatique d'une fausse compréhension qui se manifeste un peu partout aujourd'hui, au sujet du rôle du prêtre. En réalité, c'est le contraire qui est vrai. Beaucoup de chrétiens, moi compris, se sentent emplis d'un secret malaise avant de participer à un office dans une église étrangère, quand on se demande quelles théories mal comprises ou quelles opinions privées, bizarres et insipides, il va falloir supporter durant le sermon de la part de tel ou tel prêtre, sans parler des inventions personnelles en matière liturgique. C'est à cause de ces opinions privées qu'on ne va plus à l'Eglise. Cela ne m'intéresse pas du tout de savoir quel refrain celui-ci ou celui-là s'est composé au sujet des questions concernant la foi chrétienne. Cela peut suffire pour une conversation le soir, mais non pas pour maintenir le lien qui m'appelle à l'Eglise dimanche après dimanche. Celui qui se prêche lui-même de cette manière, celui-là se surestime et s'attribue une importance qu'il n'a pas. Si je vais à l'Eglise, c'est pour y rencontrer non pas ce que, moi ou celui-ci ou celui-là, nous avons inventé, mais ce qui nous est donné déjà comme la foi de l'Eglise présente à travers les siècles et qui peut nous soutenir tous.

Exprimer cette foi, cela donne aux paroles d'un prédicateur, fût-il minable, le poids des siècles ; la célébrer dans la liturgie de l'Eglise, cela mérite la participation à une cérémonie, si démunie soit-elle extérieurement. La substitution à la foi de l'Eglise des inventions privées sera toujours ressentie comme de trop peu de poids, même si le nouveau produit se présente avec des prétentions intellectuelles ou techniques (rarement esthétiques).

Assurément, la foi de l'Eglise en son aspect objectif a besoin, pour rester vivante, de la chair et du sang des hommes, du don de leur pensée et de leur volonté. Mais, précisément, il s'agit d'un don, et non pas d'un abandon à l'instant présent. Le prêtre manque toujours à sa mission s'il veut cesser d'être un serviteur, un envoyé qui sait qu'il ne s'agit pas de lui mais de ce que lui-même ne peut que recevoir. Dans la mesure seulement où il accepte de devenir sans importance en lui-même, il pourra devenir vraiment important parce qu'il sera pour le Seigneur un lieu d'irruption dans le monde. A celui-là, il appartient de nous faire entrer dans cette immédiateté de l'amour éternel, laquelle est le propre du vrai Médiateur.[/align]

Cardinal Joseph Ratzinger, Les principes de la théologie catholique, Téqui, 1982, pp.317-318.

[guelfo]

Cela ne m'intéresse pas du tout de savoir quel refrain celui-ci ou celui-là s'est composé au sujet des questions concernant la foi chrétienne. Cela peut suffire pour une conversation le soir, mais non pas pour maintenir le lien qui m'appelle à l'Eglise dimanche après dimanche. Celui qui se prêche lui-même de cette manière, celui-là se surestime et s'attribue une importance qu'il n'a pas. Si je vais à l'Eglise, c'est pour y rencontrer non pas ce que, moi ou celui-ci ou celui-là, nous avons inventé, mais ce qui nous est donné déjà comme la foi de l'Eglise présente à travers les siècles et qui peut nous soutenir tous.

Pan dans le mille ! Ca me rappelle en effet de très ennuyeux souvenirs. :lol:

Je suis certain qu'on ne va pas s'embêter avec Benoît XVI...

[LumendeLumine]

Cher Benoît XVI! Sans aucun doute le plus grand théologien vivant en ce monde. Il n'a pas fini de nous secouer les puces, ça, c'est inévitable.

Dieu soit loué!

[Benoit Douville]

Oui je suis tout à fait d'accord que Benoît XVI est un grand théologien, il à écris 20 livres et je conseille à tous de lire "Voici Quel est notre Dieu" qu'il à écris lorsqu'il étais Cardinal. Un des meilleurs livres que j'ai lus.

Salutations