Nécessité des dogmes et d'une bonne compréhension

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etienne lorant
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Nécessité des dogmes et d'une bonne compréhension

Message non lu par etienne lorant » lun. 11 août 2008, 14:35

Toujours occupé de découvrir le Journal tenu par Julien Green, j'ai réalisé combien celui-ci, lorsqu'il a abjuré le protestantisme (à l'âge de quinze ans) était encore très loin de la foi catholique. Dans le récit qu'il donne de cette époque, j'avais été très intrigué de lire, à côté de l'enthousiasme de sa conversion... qu'il n'avait aucune notion ni aucune conscience d'avoir péché. C'est pourquoi le sacrement de réconciliation lui posait un problème qu'il ne comprenait pas. Il pouvait bien rapporter des actes qu'il répartissait lui-même entre "pur" et "impur" (dont certains m'ont fait sursauter - et pourtant j'ai lu beaucoup !), lui ne sentait pas de gêne dans sa conscience. Cette sorte "d'obturation", ou de blocage de la conscience a duré quelque temps, car j'ai terminé le récit d'enfance sans avoir découvert comment il avait passé ce cap - et même s'il l'avait passé !

Et puis, en prenant "Ce qui reste de jour", toujours le même Journal, mais ici rapportant de petits faits à l'âge de 66 ans, j'ai découvert à la fin d'un paragraphe, qu'il s'était senti "agacé" de rencontrer un jeune protestant qui, comme lui-même à son âge, était "persuadé que son protestantisme lui garantissait le salut" (alors que rien du tout, aucune garantie).

C'est là que j'ai réalisé: pour un protestant, il n'y a pas de purgatoire qui tienne: il n'y a que le paradis ou l'enfer. Bon, maintenant, petit problème pratique: Julien Green avait de forts penchants homosexuels - qu'il avait d'ailleurs commencé de satisfaire à l'époque de son abjuration. Mais pour lui, psychologiquement, en tant que protestant, puisqu'il n'y avait que le ciel ou l'enfer, puisque (dans le credo protestant) 'il n'y a que la foi qui sauve... alors, étant donné qu'il croyait en Dieu, donc il était sauvé ! Quand bien même il aurait commis les actes les plus repoussants qui soient, aussi longtemps qu'il se limitait à la simple équation: "j'ai la foi, donc le salut", ses confessions ne valaient rien.

Heureusement (cela m'aurait très déçu), Julien Green ajoute que dans son cas, il n'y avait qu'une et seule issue : la chasteté, et qu'il avait dû toute sa vie mener ce "dur combat".

Au-delà du cas de Julien Green, je comprends mieux les réfutations parfois incisives et virulentes de certains internautes protestants qui n'admettaient aucunement ce que j'avais écrit, par exemple, au sujet de la scène du jugement dernier.

Dans cette scène que le Seigneur déploie longuement à son auditoire, parmi "les bénis de mon Père" comme les désigne Jésus, beaucoup sont ceux qui diront ne l'avoir pas connu et qui s'étonneront : "Quand sommes-nous venus à ton secours ?" et le Christ leur répondra: "Chaque fois que vous l'avez fait au plus petit d'entre mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait". En effet, dans cette scène, il y a beaucoup d'hommes de bonne volonté, pas forcément protestants ou catholiques, qui seront sauvés à cause de la miséricorde qu'ils auront manifesté - puisqu'ils auront accompli la volonté de Dieu.

Et en définitive, je constate, je réalise, je comprends l'ampleur des problèmes de compréhension qui peuvent survenir de quelques points de foi qui divergent. D'où l'importance des dogmes, pour lesquels je rends grâce à Dieu en ce jour.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Nécessité des dogmes et d'une bonne compréhension

Message non lu par BenBornAgain » dim. 17 août 2008, 0:40

Comme vous, il n'y a pas un jour où je ne remercie pas Dieu de l'immense cadeau de l'Eglise et du Magistère. Je rencontre tellement d'évangéliques qui se trouvent dans de profondes ornières parce qu'ils ont reçues de fausses doctrines. Et c'est particulièrement vrai dans le domaine de la rémission des péchés.

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Re: Nécessité des dogmes et d'une bonne compréhension

Message non lu par etienne lorant » lun. 18 août 2008, 17:37

Bonjour BenBornAgain,

Je me suis permis de recopier intégralement cette analyse que je trouve en même temps simple et claire à propos du dogme de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. C’est le même désir de simplicité et de clarté, à propos de ma propre foi, qui m’avait conduit en 2004 à suivre une formation par correspondance. Je voulais savoir, entre autres, quel est le plus grand attribut de Dieu : Sainteté, Justice ou Amour miséricordieux ? J’ai appris que c’est l’Amour, sauf que ce n’est pas aussi simple que cela, et qu’il y a des rapports entre Amour, sainteté, justice et miséricorde… qui ne font qu’agrandir le mystère plutôt que de le résoudre. Je voulais savoir également quelle est la principale des vertus cardinales ? J’aurais répondu l’humilité, alors qu’il s’agit de la prudence (du moins si l’on suit saint Thomas d’Aquin.) Et les sept dons de l’Esprit ? Il faut consulter un sermon de saint Bernard pour en savoir plus… etc.

Au sujet des « aveuglements de conscience » que Julien Green avait découvert en lui lors de sa conversion au catholicisme, j'ai découvert, beaucoup plus tard dans le Journal (en mai 1951, près de quarante ans plus tard) un point de vue qui donne sa part aux personnalités, plus qu'aux énoncés et à la lecture des textes:

« Les différences entre protestantisme et catholicisme sont irréductibles, car elles se ramènent à une affaire de tempérament. C’est d’une vue du monde qu’il s’agit. Il y a un tempérament protestant et un tempérament catholique. Essayer de prouver que l’un a tort et que l’autre a raison, c’est porter la question sur un plan où elle n’a que faire. »

Ce témoignage de saint Paul sur l’Eucharistie est en réalité plus important pour « ancrer » ma propre foi qu’en vue d’un débat éventuel. Jusqu’à ce jour, chaque fois que je suis entré en débat sur un point de foi, sur un forum ou dans la vie, j’en suis toujours sorti meurtri ou « éjecté », car les développements des argumentations, souvent à grands renforts de citations et de versets, finissent par obscurcir rapidement la simple et douce lumière de la charité fraternelle... hélas !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Nécessité des dogmes et d'une bonne compréhension

Message non lu par BenBornAgain » mar. 19 août 2008, 17:16

Il me semble que, souvent le principal obstacle au dialogue, c'est l'absence d'une réelle recherche de la vérité, quel en soit le prix. C'est lorsque quelqu'un cherche de façon radicale la vérité sur Dieu et sur lui-même, que l'Esprit Saint peut illuminer son intelligence et fortifier sa volonté pour vivre au niveau de la vérité qu'il a reçu.
Or, et cela est un fait qui me réjouis et que je vois à l'oeuvre tous les jours dans mon apostolat, la vérité a sa propre splendeur, et de fait nous n'avons pas tant à la défendre qu'à l'annoncer et cela produit des fruits magnifiques.
Et dans le cas de Julien Green, en particulier dans sa relation avec Maritain, on voit combien cette recherche de vérité conduit à exprimer dans un langage moderne et magnifique les vérités relatives au péché, à la miséricorde et à l'espérance.

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