Les miracles de Jésus et les dons préternaturels dans le jardin d'Eden

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Xavi
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Les miracles de Jésus et les dons préternaturels dans le jardin d'Eden

Message non lu par Xavi » sam. 17 févr. 2024, 19:21

Olivier JC a écrit :
mer. 06 déc. 2023, 10:29
J'irai d'ailleurs jusqu'à dire, mais ce n'est qu'une opinion personnelle, que le jardin d'Eden est une réalité matérielle et historique, mais que ce n'est pas tant un lieu dans lequel l'homme a été initialement créé que ce que le lieu où a été créé l'homme est devenu du fait de cette création et des grâces préternaturelles dont il était nanti, un peu comme une lumière s'allumant au cœur des ténèbres, et s'éteignant ensuite du fait du péché originel.
Merci à Olivier JC pour cette réflexion qui me semble juste.

Il y a là une réalité à redécouvrir à notre époque où les découvertes scientifiques ont brisé, à tort, la foi de beaucoup en la création réelle et historique de l’humain sur la terre.

Dans la réalité historique, il est vain d’imaginer qu’Adam et Ève auraient vécu dans d’autres conditions terrestres que les nôtres, que celles dans lesquelles Dieu lui-même s’est fait homme. Le lieu terrestre du jardin d’Eden était terrestre. Olivier JC a raison d’écrire que c’est « une réalité matérielle et historique » mais que c’est aussi davantage.

Le lieu terrestre du jardin d’Eden existait avant la création d’Adam et Ève et il n’a pas disparu, mais il est devenu davantage, à l’époque d’Adam et Ève, pour et par l’humanité nouvelle créée par Dieu. Il est devenu un « lieu » de présence de Dieu, de vie spirituelle sur la terre, un lieu où l’humain, avec sa nature spirituelle et terrestre, vivait pleinement cette double réalité du ciel et de la terre.

C’est en ce sens que l’Écriture nous dit que Dieu a « planté » un jardin « dans » l’Eden, de sorte que ce lieu terrestre, comme Olivier JC l’écrit fort bien, « est devenu du fait de cette création et des grâces préternaturelles dont il était nanti, un peu comme une lumière s'allumant au cœur des ténèbres ».

Adam et Ève ont bénéficié, sur la terre, d’un baptême spirituel, d’une lumière. Ils ont reçu, dans la réalité spirituelle autant que terrestre du jardin d’Eden, des grâces, dites « préternaturelles » (qui dépassent les seules possibilités naturelles), ce qui leur permettait d’avoir un plein accès à la puissance miraculeuse du Père, d’éviter tout mal physique et même de franchir toute mort. Comme le dit le Catéchisme, « Bien que l’homme possédât une nature mortelle, Dieu ne le destinait pas à mourir » et, sans le péché, il aurait été « soustrait » à la mort (C.E.C., n° 1008).

Mais, rien n’indique cependant qu’ils aient vécu, dans le jardin d’Eden, de manière miraculeuse ou qu’Adam ou Ève y aient expérimenté un quelconque miracle avant le péché originel.

En fait, les grâces préternaturelles dont Dieu les avait comblés ne pouvaient se vivre concrètement que dans la communion avec le Père, la source de toute vie. Même plongés dans l’Eden et avec toutes les grâces possibles, Adam et Ève ne pouvaient en vivre concrètement qu’en communion d’amour avec Dieu.

À cet égard, il leur restait un choix déterminant à faire.

On regarde souvent l’aspect négatif de ce choix, de la tentation devant l’arbre de la connaissance du bien et du mal, du péché originel ou de la chute.

Mais, lors de son audience générale de ce 3 janvier 2024, le pape François a attiré l’attention sur une parole très surprenante mais pertinente de saint Antoine le Grand qui a vécu aux troisième et quatrième siècles : « Supprimez la tentation, et personne ne sera sauvé » !

Observons que Jésus lui-même, plongé dans les eaux du Jourdain par un baptême qui évoquait la plongée d’Adam et Ève dans l’Eden spirituel de Dieu, n’a fait aucun miracle, ni manifesté aucun pouvoir « préternaturel » non seulement avant ce baptême, mais pas davantage avant une confrontation à la tentation qui évoque celle d’Adam et Ève.

La tentation, ce n’est pas une épreuve arbitraire imaginée par Dieu pour vérifier la qualité de ce qu’il venait de créer, c’est le face-à-face décisif de tout humain en présence de la communion d’amour que Dieu lui propose et de la possibilité libre de s’en détourner. Parce que sans liberté, il n’y a pas d’amour et que sans amour il n’y a pas de vie éternelle dans la communion de Dieu. Sans liberté, il n’y aurait pas d’humain à l’image de Dieu mais que des robots.

Avant ce choix devant l’arbre de la connaissance, Adam et Ève avaient tout reçu, mais il leur restait à choisir la communion d’amour de Dieu, en pleine connaissance de cause de l’alternative que leur montrait la tentation.

Les grâces préternaturelles dont Dieu a nanti Adam et Ève étaient une lumière qui, comme Olivier JC l'écrit très bien, s’est hélas éteinte par l’effet du péché originel qui fut aussi une réalité historique bien concrète.

Ces grâces préternaturelles n’ont d’ailleurs pas disparu mais nous en sommes seulement éloignés par le péché.

Cependant, en se faisant homme, Dieu lui-même vient nous montrer le chemin qui peut restaurer ce qui a été perdu, le chemin qu’Adam et Ève auraient pu suivre.

Tous les miracles de Jésus et sa résurrection elle-même nous montrent ce que permettaient les grâces préternaturelles d’Adam et Ève.

Mais, la vie terrestre de Jésus de Nazareth nous montre aussi que, dans une vie humaine, il y a un cheminement, des étapes. Même pour Dieu fait homme, la puissance des grâces préternaturelles ne s’est pas déployée immédiatement.

Nous sommes souvent si éblouis par la divinité du Christ, que nous avons difficile à percevoir simultanément qu’il fut pleinement homme comme nous et qu’il est venu vivre en homme, avec les étapes d’une vie humaine terrestre.

Les évangiles ne rapportent aucun miracle surnaturel pendant les trente premières années de la vie de Jésus.

Ce n’est qu’à environ trente ans que Jésus, pourtant vrai Dieu sans interruption, fut plongé dans les eaux du baptême et rempli du Saint-Esprit dans son humanité.

En cela, le baptême du Christ semble reproduire la plongée d’Adam et Ève dans l’Eden. Ils y bénéficiaient de toute la lumière de Dieu et vivaient dans l’harmonie.

Mais, pour Adam et Ève comme pour Jésus, il restait une étape décisive, celle d’un choix libre de vivre ou non dans la communion d’amour du Père.

Les évangiles nous racontent qu’après son baptême et le don de l’Esprit Saint dans son humanité, il y eut encore une étape décisive avant que Jésus ne soit concrètement revêtu de la puissance de l’Esprit. Il fallait encore que Jésus, au contraire d’Adam et Ève, choisisse d’écarter la possibilité du mal.

Rejeter la tentation pour vivre en communion avec Dieu n’est pas et ne peut pas être imposé directement par Dieu. Il faut un choix libre, et donc une possibilité de rejet, pour que l’humain entre pleinement en communion avec Dieu dans sa réalité terrestre autant que dans sa réalité spirituelle. Même pour Jésus, en tant qu’homme.

L’Évangile de ce premier dimanche de carême nous invite à méditer cette tentation de Jésus au désert.

Ce n’est qu’après avoir franchi la tentation au désert et avoir choisi de s’unir pleinement à la volonté du Père que Jésus a été rempli de toute la puissance de l’Esprit et en a multiplié les signes miraculeux.

Bref, Adam et Ève avaient tout reçu, y compris des grâces préternaturelles leur permettant d’accomplir des miracles semblables à ceux de Jésus, mais ils n’en ont pas fait usage car ils se sont écartés de la communion d’amour avec leur créateur qui en était le chemin d’accès.

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