Est-ce que Dieu change ?

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Cinci
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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par Cinci » mar. 26 mai 2015, 15:34

Salut Mac,
Je pensais que Jésus savait tout? Cela ne me semble pas plausible qu'Il sache après Marie ce que projette le Père.
Jésus devait prendre des décisions. Il lui fallait discerner "quand même" ce qui pouvait venir de son Père ou pas. Il lui fallait du temps avant de recevoir certains signaux, le temps de les lire, etc.

Je n'ai jamais dit que Marie aurait su mieux que Jésus (avant lui) ce qu'était le projet du Père. Je disais que l'Esprit poussait Marie à intervenir auprès de son Fils à Cana, un peu comme je dirais que le Père influence Pierre à Césarée. Dans les deux cas, ce sera tout de même Jésus qui va comprendre de quoi il retourne. C'est Jésus qui comprend mieux, plus clairement ou avec une portée plus grande quant à l'avenir (une claire vision des choses que Marie ne pouvait pas avoir à Cana).

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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par etienne lorant » mar. 26 mai 2015, 16:06

Je reprends le titre : "Dieu change-t-il ?" pour citer le prophète Malachie au chapitre 3 :

Car je suis l'Eternel, je ne change pas. Et vous, enfants de Jacob, vous n'avez pas été consumés. Depuis le temps de vos pères, vous vous êtes écartés de mes ordonnances, Vous ne les avez point observées. Revenez à moi, et je reviendrai à vous, dit l'Eternel

Si les enfants de Jacob n'ont pas été consumés, cela veut dire qu'en dépit de la désobéissance, Dieu ne change pas - et Il nous exhorte tous à "revenir"....
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par Mac » mar. 26 mai 2015, 16:13

etienne lorant a écrit :Je reprends le titre : "Dieu change-t-il ?" pour citer le prophète Malachie au chapitre 3 :

Car je suis l'Eternel, je ne change pas. Et vous, enfants de Jacob, vous n'avez pas été consumés. Depuis le temps de vos pères, vous vous êtes écartés de mes ordonnances, Vous ne les avez point observées. Revenez à moi, et je reviendrai à vous, dit l'Eternel

Si les enfants de Jacob n'ont pas été consumés, cela veut dire qu'en dépit de la désobéissance, Dieu ne change pas - et Il nous exhorte tous à "revenir"....
Bonjour Etienne, :)

Oui, J'ai déjà répondu à cette problématique dans les messages précédents.
Dieu ne change pas ses ordonnances, sa loi, et Jésus n'a pas aboli la loi. Dans ce sens Dieu ne change pas mais à Cana le plan est changé, ce n'est pas l'heure de la manifestation de Jésus Christ et pourtant comme l'explique Saint Jean Chrisostome Jésus se plie aux désirs de Sa mère et accomplit un miracle pour elle.

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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par Cinci » mar. 26 mai 2015, 16:37

Mac,
Saint Jean Chrysostome résoud la problématique pour moi dans ce qu'il dit ci-dessus. Grosso-modo si Dieu a un plan, une heure, il n'est pas soumis à ce plan, cette heure.
Parler de projet, plan, grande orientation : ce n'est pas parler de minutage précis non plus.

Je ne sais pas où vous pourriez trouver que le Père décide que le ministère de Jésus doit commencer le 2 février de l'an 31 à 17 heures, mais finalement décide que ce sera plutôt le 3 mai de l'an 30 à 9 heures du matin, et ce, parce que Marie sera venue placer un mot (!)

Je croirais plutôt que Jésus savait que le moment était «proche» et où lui-même devrait se manifester au monde tout simplement, et alors l'Esprit Saint vient éclairer Jésus là-dessus et pour lui dire «C'est le moment». L'Esprit le fait pour Jésus via l'intervention de sa mère. Personne ne vient affirmer que le Père change d'idée; il n'y a pas un mot là-dessus dans l'Évangile.

Bien que Jésus vienne de dire à sa mère : « Mon heure n'est pas encore venue, » il se rend cependant à ses désirs, et démontre amplement par là qu'il n'était point soumis à l'heure. Car s'il était assujetti à une heure déterminée, comment se fait-il qu'il opère ce miracle avant que l'heure soit arrivée ? Un autre motif de cette conduite, c'est le témoignage d'honneur qu'il veut donner à sa mère, pour ne point paraître la contredire et la couvrir de honte devant tant de témoins ; car elle avait fait approcher les serviteurs, pour faire appuyer sa demande par un plus grand nombre de personnes : « Sa mère dit à ceux qui servaient, faites tout ce qu'il vous dira. » - saint Jean Chrysostôme
Bien que je respecte Jean Chrysostôme, je n'aime pas du tout son raisonnement pour le coup.

Jésus ne se rend pas aux désirs de sa mère (cf "volonté charnelle", volonté propre, pour sauver la face) comme il se rend au désir de l'Esprit Saint. Il n'y a pas à placer un miracle avant l'heure qui eût été déterminée d'avance pour le faire (!) Il y a simplement Jésus qui se plie docilement à la volonté de son Père, c'est à dire de ce qu'il aura compris être la volonté de Celui qui est plus grand que lui. Le temps du Père, qui est aussi le temps de l'Esprit est finalement le temps de Jésus, aussi, de par une volonté libre, une acceptation.

Le texte de Jean qui raconte les noces de Cana sert aussi de préfiguration à ce qui sera plus tard la Passion du Seigneur. Jésus voit déjà "son heure" se profiler (l'ombre de la croix) derrière la demande de sa mère. Jésus comprend qu'accéder à la requête de l'Esprit au fond c'est comme entrer déjà dans son heure qui vient. Pourtant, Jésus ne se défilera pas plus à Cana qu'à Gethsémani plus tard. Non, parce que Jésus veut ce que veut son Père et il veut que les hommes puissent être dans la joie cf Pentecôte («Ils sont plein de vin doux ...»)

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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par Mac » mar. 26 mai 2015, 17:13

Bonjour Cinci, :)
Cinci a écrit :Parler de projet, plan, grande orientation : ce n'est pas parler de minutage précis non plus. Je ne sais pas où vous pourriez trouver que le Père décide que le ministère de Jésus doit commencer le 2 février de l'an 31 à 17 heure, mais finalement décide que ce sera plutôt le 3 mai de l'an 30 à 9 heure du matin, et ce, parce que Marie sera venu placer un mot (!)
Personne ne parle de minutage mais Jésus dit que ce n'est pas l'heure donc cela suppose qu'il sache quand, à quel moment il devait se manifester. Jésus ne sait pas mais à travers Marie il apprend! Mais le Père est en Jésus selon l'Ecriture et c'est le Père qui accompli Ses oeuvres. Il y a quand même un certain problème du coup.
Je croirais plutôt que Jésus savait que le moment était «proche» et où lui-même devrait se manifester au monde tout simplement, et alors l'Esprit Saint vient éclairer Jésus là-dessus et pour lui dire «C'est le moment». L'Esprit le fait pour Jésus via l'intervention de sa mère. Personne vient affirmer que le Père change d'idée; il n'y a pas un mot là-dessus dans l'Évangile.
C'est une hypothèse invérifiable malheureusement, et personnellement je me tiens à ce qui est vérifiable :

1)ce n'était pas l'heure;
2)Jésus accomplit quand même la volonté de sa mère.

Or en tenant compte de ces éléments cela veut bien dire ce que Saint Jean Chrisostome comprend de son côté. Alors effectivement il n'est pas écrit : "ici le père change d'avis" mais bon on comprend qu'il change d'avis.
Jésus ne se rend pas aux désirs de sa mère (cf "volonté charnelle", volonté propre, pour sauver la face) comme il se rend au désir de l'Esprit Saint. Il n'y a pas à placer un miracle avant l'heure qui eût été déterminée d'avance pour le faire (!) Il y a simplement Jésus qui se plie docilement à la volonté de son Père, c'est à dire de ce qu'il aura compris être la volonté de Celui qui est plus grand que lui. Le temps du Père, qui est aussi le temps de l'Esprit est finalement le temps de Jésus, aussi, de par une volonté libre, une acceptation.
Où est-il écrit que Jésus se rend au désir de l'Esprit Saint? C'est une hypothèse comme je disais et c'est invérifiable.
Bien que je respecte Jean Chrysostôme, je n'aime pas du tout son raisonnement pour le coup.
La question n'est pas d'aimer mais de voir si c'est logique par rapport au texte. Pour moi elle résout les problématiques soulevées.
Le texte de Jean qui raconte les noces de Cana sert aussi de préfiguration à ce qui sera plus tard la Passion du Seigneur. Jésus voit déjà "son heure" se profiler (l'ombre de la croix) derrière la demande de sa mère. Jésus comprend qu'accéder à la requête de l'Esprit au fond c'est comme entrer déjà dans son heure qui vient. Pourtant, Jésus ne se défilera pas plus à Cana qu'à Gethsémani plus tard. Non, parce que Jésus veut ce que veut son Père et il veut que les hommes puissent être dans la joie cf Pentecôte («Ils sont plein de vin doux ...»)
Oui, il y a des correspondances avec la Passion.

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Dernière modification par Mac le mar. 26 mai 2015, 17:20, modifié 1 fois.

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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par Cinci » mar. 26 mai 2015, 17:17

Mac,
Dans ce sens Dieu ne change pas mais à cana le plan est changé, ce n'est pas l'heure de la manisfestation de Jésus Christ
Qui a décrété que ce ne devait pas être "la" bonne heure pour que Jésus se manifeste au monde? en quoi ce serait Marie qui forcerait Jésus à se manifester à la mauvaise heure? Tout cela n'a pas de sens pour moi. Tout cet embarras d'horlogerie : aucun sens.

Le récit de Jean montre juste comment Jésus est surpris par la demande émanant de sa mère, dans un premier temps. La demande vient le remuer à l'intérieur. Jésus est dérangé au sens où il ne serait pas attendu (humainement parlant) à devoir entrer tout de suite dans sa mission. Il comprend ensuite, assez rapidement, qu'il doit pourtant débuter là sa carrière. Fidélité à l'Esprit.

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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par Mac » mar. 26 mai 2015, 17:35

Bonjour Cinci, :)
Cinci a écrit :Qui a décrété que ce ne devait pas être "la" bonne heure pour que Jésus se manifeste au monde?
C'est Jésus qui le dit dans le texte : "Mon heure n'est pas venue"; cela suppose qu'il sache quand il doit se manifester au monde.
en quoi ce serait Marie qui forcerait Jésus à se manifester à la mauvaise heure?
C'est le texte qui le dit : "ils n'ont plus de vin... faites tout ce qu'il vous dira".
Tout cela n'a pas de sens pour moi. Tout cet embarras d'horlogerie : aucun sens.
Moi aussi il y a des choses que je comprends pas des fois.
Mais là Saint Jean Chrisostome donne un commentaire qui est cohérent donc pour moi c'est plutôt clair
Le récit de Jean montre juste comment Jésus est surpris par la demande émanant de sa mère, dans un premier temps. La demande vient le remuer à l'intérieur. Jésus est dérangé au sens où il ne serait pas attendu (humainement parlant) à devoir entrer tout de suite dans sa mission. Il comprend ensuite, assez rapidement, qu'il doit pourtant débuter là sa carrière. Fidélité à l'Esprit.
Le texte ne dit pas qu'Il comprend qu'Il doit débuter Sa carrière. Il le fait, mais c'est le Père qui le fait car le Père est en Lui selon l'Ecriture.

Fraternellement. :coeur:

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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par Cinci » mer. 27 mai 2015, 1:02

Mac,

Nous ne nous comprenons absolument pas. On dirait que nous ne sommes pas branchés sur le même canal des nouvelles , mentalement parlant. Une autre fois, ça va mieux fonctionner.

:)

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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par Mac » mer. 27 mai 2015, 14:27

Cinci a écrit :On dirait que nous ne sommes pas branchés sur le même canal des nouvelles , mentalement parlant. :)
Si c'est juste une discussion.

:amoureux:
SUR CES PAROLES DE NOTRE-SEIGNEUR : « JE VOUS DONNE, UN COMMANDEMENT NOUVEAU, DE VOUS AIMER LES UNS LES AUTRES, COMME JE VOUS AI AIMÉS, AFIN QUE VOUS AUSSI VOUS VOUS AIMIEZ LES UNS LES AUTRES. C’EST EN CELA QUE TOUS CONNAÎTRONT QUE VOUS ÊTES MES DISCIPLES, SI VOUS AVEZ DE L’AMOUR LES UNS POUR LES AUTRES». (Chap. XIII, 34, 35.) :amoureux:

Fraternellement. :coeur:

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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par Jeremy43 » mer. 27 mai 2015, 22:12

Bonsoir,

Moi je comprends Cinci (même si je ne dis pas qu'elle a raison), on doit être sur le même canal ;)

Jésus nous a dit qu'Il ne sait pas le moment où Il viendra à nouveau dans le monde mais cette fois-ci dans la Gloire (on peut dire pourtant que si une personne devait le savoir, ça doit être Lui vu que ça Le concerne directement), seul le Père sait le moment, ce qui introduit le fait que dans la Trinité, si le Père partage tout avec son Fils, Il est le Père, c'est à dire Celui qui est à l'origine de l'action et cette action devient Vérité par son Verbe.

Je trouve le texte de saint Jean Chrysostôme un peu bizarre aussi, surtout la partie où Jésus ferait ça pour ne pas couvrir sa Mère de honte, Jésus aime sa Mère plus que tout autre créature et jamais Il ne lui ferait du mal, mais il introduit aussi une claire distance avec elle en l'appelant femme (et non mère), ce qui signifie qu'Il est au dessus d'elle, parcequ'Il est son Dieu et parcequ'aussi Il est un homme. Jésus veut peut-être nous montrer par là le rôle d'intercession que doit opérer sa Très Sainte Mère dans son Eglise, mais un rôle où elle est totalement soumise à la volonté de Dieu le Père, Elle n'est que la servante du Seigneur (et c'est Elle même qui le dit), ce n'est pas Elle qui prend les "décisions", Elle est totalement soumise à l'Esprit Saint et inspiré par Lui et c'est d'ailleurs pour ça qu'Elle est la plus haute des créatures, Elle est celle qui reflète le plus Dieu.

Cela nous introduit dans le Mystère de la Trinité et de l'union de Dieu avec sa créature humaine, où initiative humaine et Divine se fondent en une seule et même volonté pour aboutir à une action concrète dans l'univers visible ou invisible, on le voit dans l'histoire des Saints. C'est très mystérieux mais c'est toujours Dieu le Père qui est à l'origine de l'initiative vu qu'Il est la vie, le mouvement et l'être.

Peut-être donc que Cinci a raison et que Dieu le Père a décidé d'exprimer Sa volonté à son Fils via la Très Sainte Vierge, Lui indiquant que le moment était venu de manifester sa Gloire au monde. Pourquoi a-t-il fait ça ? peut-être pour justement montrer dès le début de l'Evangile que la Très Sainte Vierge a une place très spéciale dans l'oeuvre de Rédemption qu'opère son Fils, un rôle de médiatrice, comme si Dieu voulait vraiment nous donner toutes les cartes en mains pour nous approcher de Lui sans crainte en nous donnant sa Mère (ce que la Tradition a rapidement développé).

Dans tous les cas c'est toujours le Père qui oeuvre.

Mac
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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par Mac » jeu. 28 mai 2015, 0:07

Bonjour Jérémie, :)

Il y a des choses forts intéressantes dans ce que vous dites et ne m'en veuillez pas de ne pas tout commenter.

Cependant ici vous dites :
Jeremy43 a écrit :Peut-être donc que Cinci a raison et que Dieu le Père a décidé d'exprimer Sa volonté à son Fils via la Très Sainte Vierge, Lui indiquant que le moment était venu de manifester sa Gloire au monde. Pourquoi a-t-il fait ça ?
Cela signifie donc que Marie est la médiatrice entre le père et le Fils, et là cela ne me semble pas scripturaire.

Marie est la médiatrice entre le Fils et l'homme assurément, c'est ce qui ressort de Cana.

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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par Anne » jeu. 28 mai 2015, 6:25

Voici ce que notre pape émérite [Benoit XVI] :amoureux: a à dire sur le sujet :

Dans le passage évangélique (Jn 2 - les noces de Cana) Marie adresse à son Fils une demande en faveur de ses amis qui se trouvent en difficulté. A première vue, cela peut apparaître une conversation tout à fait humaine entre Mère et Fils; et, en effet, c'est également un dialogue rempli de profonde humanité. Toutefois, Marie ne s'adresse pas simplement à Jésus comme à un homme, en comptant sur son initiative et sa disponibilité à porter secours. Elle confie une nécessité humaine à son pouvoir - à un pouvoir qui va au-delà de l'habileté et de la capacité humaine. Et ainsi, dans le dialogue avec Jésus, nous la voyons réellement comme une Mère qui demande, qui intercède.

Cela vaut la peine d'approfondir un peu plus la compréhension de ce passage évangélique: pour mieux comprendre Jésus et Marie, mais précisément aussi pour apprendre de Marie à prier de manière juste. Marie n'adresse pas une véritable demande à Jésus. Elle dit simplement: "Ils n'ont pas de vin" (Jn 2, 3). En Terre Sainte, les noces étaient fêtées pendant une semaine entière; tout le village y participait, et l'on consommait donc de grandes quantités de vin. Or, les époux se trouvent en difficulté, et Marie le dit simplement à Jésus. Elle ne demande pas une chose précise, et encore moins que Jésus exerce son pouvoir, accomplisse un miracle, produise du vin. Elle confie simplement le fait à Jésus et Lui laisse la décision sur la façon de réagir. Nous constatons ainsi deux choses dans les simples paroles de la Mère de Jésus: d'une part, sa sollicitude affectueuse pour les hommes, l'attention maternelle avec laquelle elle perçoit la situation difficile d'autrui; nous voyons sa bonté cordiale et sa disponibilité à aider. Telle est la Mère vers laquelle les fidèles se mettent en pèlerinage depuis des générations, ici à Altötting. C'est à Elle que nous confions nos préoccupations, les nécessités et les situations difficiles.

Cette bonté prête à aider de la Mère, à laquelle nous nous confions, c'est ici, dans l'Ecriture Sainte, que nous la voyons pour la première fois.
Mais à ce premier aspect très familier à tous s'en ajoute un autre, qui nous échappe facilement: Marie remet tout au jugement du Seigneur.
A Nazareth, elle a remis sa volonté, la plongeant dans celle de Dieu: "Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole!" (Lc 1, 38). Telle est son attitude permanente de fond. Ainsi, elle nous enseigne à prier: ne pas vouloir affirmer face à Dieu notre volonté et nos désirs, aussi importants et raisonnables qu'ils puissent nous sembler; mais les présenter devant Lui et le laisser décider de ce qu'il veut faire. De Marie, nous apprenons la bonté prête à aider, mais également l'humilité et la générosité d'accepter la volonté de Dieu, en ayant confiance en Lui, certains que sa réponse, quelle qu'elle soit, sera notre bien, mon bien véritable.

Je crois que nous pouvons très bien comprendre l'attitude et les paroles de Marie; il nous est cependant d'autant plus difficile de comprendre la réponse de Jésus. Déjà, l'appellation ne nous plaît pas: "Femme" - pourquoi ne dit-il pas: mère? En réalité, ce titre exprime la position de Marie dans l'histoire du salut. Il renvoie à l'avenir, à l'heure de la crucifixion, où Jésus lui dira: "Femme, voici ton fils - Fils, voici ta mère" (cf. Jn 19, 26-27). Il indique donc à l'avance l'heure où Il fera devenir la femme, sa mère, mère de tous ses disciples. D'autre part, ce titre évoque le récit de la création d'Eve: Adam, au milieu de la création et de toute sa richesse, se sent seul, comme être humain. Eve est alors créée, et en elle, il trouve la compagne qu'il attendait et qu'il appelle du nom de "femme". Ainsi, dans l'Evangile de Jean, Marie représente la femme nouvelle, définitive, la compagne du Rédempteur, notre Mère: l'appellation apparemment peu affectueuse exprime en revanche la grandeur de sa mission éternelle.

Mais ce que Jésus dit ensuite à Marie, à Cana, nous plaît encore moins: "Que me veux-tu, femme? Mon heure n'est pas encore arrivée" (Jn 2, 4).
Nous serions tentés de répondre: Tu as beaucoup à voir avec elle! C'est elle qui t'a donné ta chair et ton sang, ton corps.
Et pas seulement ton corps: avec son "oui", provenant du plus profond de son coeur, elle t'a porté dans son sein et, avec amour maternel, elle t'a donné le jour et introduit dans la communauté du peuple d'Israël. Mais si nous parlons ainsi avec Jésus, nous sommes déjà sur la bonne voie pour comprendre sa réponse. Car tout cela doit rappeler à notre esprit que lors de l'incarnation de Jésus, deux dialogues vont de pair et se fondent l'un avec l'autre, devenant une seule chose.

Il y a tout d'abord le dialogue que Marie entretient avec l'Archange Gabriel, et dans lequel elle dit: "Qu'il m'advienne selon ta parole!" (Lc 1, 38).

Mais il existe un texte parallèle à celui-ci, un dialogue, pour ainsi dire, à l'intérieur de Dieu, qui nous est rapporté par la Lettre aux Hébreux, quand il est dit que les paroles du Psaume 40 sont devenues comme un dialogue entre le Père et le Fils - un dialogue dans lequel commence l'incarnation. Le Fils éternel dit au Père: "Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation; mais tu m'as façonné un corps... Voici je viens... pour faire [...] ta volonté" (He 10, 5-7; cf. Ps 40, 6-8). Le "oui" du Fils: "Je viens pour faire ta volonté", et le "oui" de Marie: "Qu'il m'advienne selon ta parole" - ce double "oui" devient un unique "oui", et ainsi, le Verbe devient chair en Marie. Dans ce double "oui", l'obéissance du Fils prend corps; Marie, avec son "oui" lui donne un corps.

"Que me veux-tu, femme?". Ce qu'au plus profond ils ont à voir l'un avec l'autre, c'est ce double "oui", dans la concomitance duquel a eu lieu l'incarnation. C'est ce point de leur très profonde unité que le Seigneur vise à travers sa réponse. C'est précisément là que renvoie la Mère. Là, dans ce "oui" commun à la volonté du Père, se trouve la solution. Nous devons nous aussi apprendre toujours à nouveau à nous acheminer vers ce point; là apparaît la réponse à nos interrogations.
A partir de là, nous comprenons à présent également la deuxième phrase de la réponse de Jésus: "Mon heure n'est pas encore venue". Jésus n'agit jamais seulement de lui-même; jamais pour plaire aux autres. Il agit toujours en partant du Père, et c'est précisément cela qui l'unit à Marie, car c'est là, dans cette unité de volonté avec le Père, qu'elle a voulu elle aussi déposer sa demande.

C'est pourquoi, après la réponse de Jésus, qui semble repousser la demande, elle peut dire de manière surprenante aux serviteurs avec simplicité: "Tout ce qu'il vous dira, faites-le" (Jn 2, 5). Jésus n'accomplit pas un prodige, il ne joue pas de son pouvoir dans un événement qui est au fond entièrement privé. Non, il accomplit un signe, avec lequel il annonce son heure, l'heure des noces, l'heure de l'union entre Dieu et l'homme.

Il ne "produit" pas simplement du vin, mais il transforme les noces humaines en une image des noces divines, auxquelles le Père invite à travers le Fils et dans lesquelles Il donne la plénitude du bien, représentée dans l'abondance du vin. Les noces deviennent l'image de ce moment, où Jésus pousse l'amour jusqu'à l'extrême, laisse déchirer son corps et se donne ainsi à nous pour toujours, devient une seule chose avec nous - noces entre Dieu et l'homme. L'heure de la Croix, l'heure à laquelle naît le Sacrement dans lequel il se donne réellement à nous en chair et en sang, où il place son Corps entre nos mains et dans notre coeur, telle est l'heure des noces. Ainsi, de manière véritablement divine, est également résolue la nécessité du moment et la demande initiale est largement dépassée. L'heure de Jésus n'est pas encore arrivée, mais dans le signe de la transformation de l'eau en vin, dans le signe du don de fête, il anticipe déjà son heure au moment présent.

Son "heure" est la Croix; son heure définitive sera son retour à la fin des temps. Il anticipe également sans cesse précisément cette heure définitive dans l'Eucharistie, dans laquelle il vient toujours déjà à présent. Et il le fait toujours à nouveau par l'intercession de sa Mère, par l'intercession de l'Eglise, qui l'invoque dans les prières eucharistiques: "Viens, Seigneur Jésus!". Dans le Canon, l'Eglise implore toujours à nouveau cette anticipation de l'"heure", elle demande qu'il vienne déjà à présent et qu'il se donne à nous.

Ainsi, nous voulons nous laisser guider par Marie, par la Mère des grâces d'Altötting, par la Mère de tous les fidèles, vers l'"heure" de Jésus. Nous Lui demandons le don de le reconnaître et de le comprendre toujours davantage. Et faisons en sorte que le moment où l'on reçoit ne soit pas seulement limité à celui de la Communion. Il reste présent dans l'Hostie sainte et nous attend sans cesse. L'adoration du Seigneur dans l'Eucharistie a trouvé à Altötting, dans l'antique salle du trésor, un lieu nouveau. Marie et Jésus vont de pair. A travers Elle, nous voulons continuer à dialoguer avec le Seigneur, en apprenant ainsi à mieux le recevoir.

Sainte Mère de Dieu,
prie pour nous, comme à Cana, tu as prié pour les époux!
Guide-nous vers Jésus - toujours à nouveau!
Amen!


Extrait de l'homélie de Benoit XVI à Alttoting (Allemagne), 11 septembre 2006

Benoît XVI commente "les noces de Cana"
"À tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés;
nous sommes désorientés, mais non pas désemparés;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés;
terrassés, mais non pas anéantis…
".
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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par PaxetBonum » jeu. 28 mai 2015, 8:10

Mac a écrit :Bonjour PaxetBonum, :)

Mais PaxetBonum à Cana on est pas à l'heure de la passion, Saint Jean Chrisostome ne parle pas de cela même si un parallèle peut être fait.
Il parle de l'heure de commencer Son ministère pour Jésus. D'après le texte il y a une heure et Marie change le plan que Dieu a fixé.

Fraternellement. :coeur:
Pourtant Jésus ne dit pas : "ce n'est pas l'heure mais je vais le faire quand même"; il dit : "mon heure n'est pas venue", annonçant le vin de la vie Eternelle lors de la Cène. Cana en est la préfigure : on passe de l'eau au vin et à la Cène du vin au sang.

Même si vous vouliez conserver votre interprétation, Jésus ne change pas. Dieu n'est pas soumis au temps: accorder ce qu'Il veut accorder à un moment ou à un autre n'est pas un changement. Ce qui serait un changement ce serait que Dieu accorde ce qu'il refuse d'accorder.
Pax et Bonum !
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"Prêchez l'Évangile en tout temps et utilisez des mots quand cela est nécessaire"

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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par Mac » jeu. 28 mai 2015, 10:15

Bonjour PaxetBonum, :)
PaxetBonum a écrit :...Jésus ne change pas. Dieu n'est pas soumis au temps : accorder ce qu'Il veut accorder à un moment ou à un autre n'est pas un changement....
Pour vous les anges ne changent pas, l'Esprit Saint ne change [pas?] ... comme Dieu ne change pas?

Fraternellement. :coeur:

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Re: Dieu change-t-il ?

Message non lu par PaxetBonum » ven. 29 mai 2015, 8:04

Mac a écrit :
Pour vous les anges ne changent pas, l'Esprit Saint ne change [pas?] ...comme Dieu ne change pas?
Les anges sont des créatures : ils peuvent changer.
Ainsi Lucifer refuse de servir 'Non serviam !' et devient Satan.
L'Esprit Saint qui est Dieu ne change pas.
Pax et Bonum !
"Deus meus et Omnia"
"Prêchez l'Évangile en tout temps et utilisez des mots quand cela est nécessaire"

St François d'Assise

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