Mac,
Saint Jean Chrysostome résoud la problématique pour moi dans ce qu'il dit ci-dessus. Grosso-modo si Dieu a un plan, une heure, il n'est pas soumis à ce plan, cette heure.
Parler de projet, plan, grande orientation : ce n'est pas parler de minutage précis non plus.
Je ne sais pas où vous pourriez trouver que le Père décide que le ministère de Jésus doit commencer le 2 février de l'an 31 à 17 heures, mais finalement décide que ce sera plutôt le 3 mai de l'an 30 à 9 heures du matin, et ce, parce que Marie sera venue placer un mot (!)
Je croirais plutôt que Jésus savait que le moment était «proche» et où lui-même devrait se manifester au monde tout simplement, et alors l'Esprit Saint vient éclairer Jésus là-dessus et pour lui dire «C'est le moment». L'Esprit le fait pour Jésus via l'intervention de sa mère. Personne ne vient affirmer que le Père change d'idée; il n'y a pas un mot là-dessus dans l'Évangile.
Bien que Jésus vienne de dire à sa mère : « Mon heure n'est pas encore venue, » il se rend cependant à ses désirs, et démontre amplement par là qu'il n'était point soumis à l'heure. Car s'il était assujetti à une heure déterminée, comment se fait-il qu'il opère ce miracle avant que l'heure soit arrivée ? Un autre motif de cette conduite, c'est le témoignage d'honneur qu'il veut donner à sa mère, pour ne point paraître la contredire et la couvrir de honte devant tant de témoins ; car elle avait fait approcher les serviteurs, pour faire appuyer sa demande par un plus grand nombre de personnes : « Sa mère dit à ceux qui servaient, faites tout ce qu'il vous dira. » - saint Jean Chrysostôme
Bien que je respecte Jean Chrysostôme, je n'aime pas du tout son raisonnement pour le coup.
Jésus ne se rend pas aux désirs de sa mère (cf "volonté charnelle", volonté propre, pour sauver la face) comme il se rend au désir de l'Esprit Saint. Il n'y a pas à placer un miracle avant l'heure qui eût été déterminée d'avance pour le faire (!) Il y a simplement Jésus qui se plie docilement à la volonté de son Père, c'est à dire de ce qu'il aura compris être la volonté de Celui qui est plus grand que lui. Le temps du Père, qui est aussi le temps de l'Esprit est finalement le temps de Jésus, aussi, de par une volonté libre, une acceptation.
Le texte de Jean qui raconte les noces de Cana sert aussi de préfiguration à ce qui sera plus tard la Passion du Seigneur. Jésus voit déjà "son heure" se profiler (l'ombre de la croix) derrière la demande de sa mère. Jésus comprend qu'accéder à la requête de l'Esprit au fond c'est comme entrer déjà dans son heure qui vient. Pourtant, Jésus ne se défilera pas plus à Cana qu'à Gethsémani plus tard. Non, parce que
Jésus veut ce que veut son Père et il veut
que les hommes puissent être dans la joie cf Pentecôte («Ils sont plein de vin doux ...»)