Cinci a écrit : ↑lun. 01 oct. 2018, 23:39
Oui, c'est évident que pour faire un chrétien acceptable ou juste pour dire "Je veux être sauvé !" : il ne nécessite pas que chacun soit descendu dans la fosse au lion comme pour le cher Ignace d'Antioche au Ier siècle. Ce serait bien désespérant !
Mais il y a le fait inverse, à savoir que le confort représente un certain danger réel pour le salut de la plupart des gens. Il est bien connu que la richesse endort, stupéfie,; il peut venir chloroformer le sujet, le confort. L'individu qui ne connaît pas l'échec dans sa vie tend souvent à devenir plus orgueilleux, insensible, vaniteux dur, fermé, propre juste, Plus l'on se sent roi et maître de sa destinée, en contrôle, efficace, champion, et moins l'on a besoin de Dieu.
Cinci,
Cette question n'est pas aussi simple.
Si je crois que le confort et la richesse peuvent en effet être un danger pour le salut de
certaines personnes, pas nécessairement pour la plupart d'entre elles, je crois tout autant que la pauvreté et la misère peuvent aussi être des facteurs de perdition .
Tout dépend de ce qu'on en fait.
L'aisance, la richesse, la souffrance et la misère ne sont en fait ni bons ni mauvais, Ce sont simplement ce qui nous arrive, les circonstances de la vie dans lesquelles nous sommes plongés. C'est notre subjectivité qui les classe en "bien" ou "mal". Ce qui peut s'avérer bon ou mauvais, c'est la façon dont nous réagissons à ce qui nous arrive, ce sont les choix que nous faisons face à différentes situations.
Je crois que tous les êtres humains, peu importe leur statut social, portent en eux un besoin d'absolu, un désir de comprendre le sens de leur existence, d"accéder à une vie spirituelle au-delà de leur égo et des préoccupations quotidiennes. Certains vont suivre cette voix intérieure qui les amène à se libérer des attachements, à approfondir leur réflexion sur eux-mêmes et le monde dans lequel ils vivent. D'autres vont céder à leurs faiblesses, à leur égo et choisir la facilité et la futilité, qu'ils soient riches ou pauvres, en santé ou malades.
La richesse et la pauvreté, le confort et la misère sont les uns comme les autres des chemins de croix. Il y a des gens riches et doués à qui tout sourit dans la vie qui, comme vous le décrivez, cèdent à l'orgueil et à l'égocentrisme. Cette tentation est forte et il est relativement facile d'y céder. Cela conduit immanquablement à la misère morale .
Il n'est pas si rare de voir que des gens qui aux yeux de tous ont 'tout pour être heureux' finissent par vivre de profondes dépressions et en viennent même au suicide. C'est dans ce sens que leur confort est aussi leur chemin de croix. Il leur appartient de résister à cette tentation et d'écouter leur voix intérieure qui cherche à les diriger vers Dieu.
D'autres, dans les mêmes circonstances vont prendre conscience d'être des privilégiés sur le plan social et matériel, remercier Dieu et la vie pour tout ce qu"ils ont reçu, sans devenir esclaves de ces bienfaits, car ils prendront conscience que tout cela peut aussi les conduire vers le vide intérieur s'ils s'y attachent.
Il y a des riches aimants qui se préoccupent de la misère des autres, qu'elle soit physique, morale ou matérielle. Il n'y a pas de contradiction dans le fait d'être beau, riche et en santé et d'éprouver une réelle compassion pour ses frères humains, quels qu'ils soient, et vivre et agir en fonction de cette compassion.
Pour ce qui est des perdants à la loterie de la vie, ceux qui vivent des échecs et qui souffrent, certains d'entre eux vont se servir courageusement de leurs épreuves pour apprendre, grandir, approfondir leur vie spirituelle et leur vison de la vie et du monde.
D'autres vont céder à l'apitoiement, à l'envie, à l'amertume et devenir méchants voire haineux envers leurs semblables. Cela non plus, ce n'est pas rare.
Il y a une tendance agaçante dans les milieux religieux à sanctifier la misère et la souffrance, à condamner l'aisance, et à extrapoler ces jugements aux êtres qui vivent ces deux situations. Il y a le "bon pauvre" qui ira tout droit au ciel. Et il y a à l'opposé celui qui a tout reçu de la vie, qui réussit tout ce qu'il entreprend, qui a donc le potentiel d'être un salaud et qui l'est probablement. Rien n'est plus faux. C'est aussi bête que de dire qu'une femme belle est probablement aussi superficielle et stupide.