Lejardin a écrit : ↑ven. 07 août 2020, 12:51
Bonjour C moi
Merci de votre réponse
Bonjour
Merci tout d’abord pour votre réponse que je ne n’attendais pas si longue, à la fois modeste et pragmatique.
Elle m’a rappelé de longues conversations que j’eu dans ma jeunesse avec des scientifiques émérites.
Il est évident que l’existence même des dinosaures mettrait à mal le livre de la genèse s’il y était affirmé que l’humain avait été créé avant les animaux ; je ne vois pas comment, même en géants, nous aurions pu rivaliser et « dominer ». Et même si une des forces de notre espèce vient de son instinct de grégarité, qui est un peu précurseur de la solidarité et de la charité.
Pourquoi tant d’années sans nous ? Aucune réponse… Le « cataclysme » qui les a détruits pourrait bien être dû à notre arrivée (si l’Eden d’où nous venons relève d’une autre planète). C’est une hypothèse aussi recevable que de considérer que nos ancêtres ont été façonnés ici-même et c’est la mienne, car je ne vois nulle trace de l’Eden ni de chérubins sur notre terre.. Pour moi l’2den fut plus gros qu’un météorite et chuta sur notre terre, provoquant cette catastrophe qui fait quasi l’unanimité chez les scientifiques, et nous débarquant avec nos animaux du paradis. Ce fut peut-être la cause de la fragmentation d’un continent d’origine, aussi. Et si certains animaux résistent particulièrement bien aux « radiations », ils seraient parmi ceux qui étaient là à l’origine (ils en ont les caractéristiques d’ancienneté en général). Cette thèse est à vérifier et inspirée de la genèse évidemment.
C’est précisément la neutralité de votre démarche qui est intéressante. Ainsi, dans les Entreprises, nous apprécions le regard neuf des nouveaux, qui souvent voient ce que les habitués ne voient plus, et qui permettent des réajustements judicieux.
Erri de Luca, bien que non croyant, lit et étudie la bible chaque matin dans sa langue d’origine, hébreu qu’il a appris pour cela. Et les catholiques italiens sont très friands de ses commentaires et réflexions, par ce qu’ils sont riches de son expérience humaine et ne relèvent d’aucun à priori issu d ‘un enseignement religieux. Il aurait pu avoir une vie de riche bourgeois (père diplomate), mais ses généreuses convictions politiques l’ont conduit à une vie de manœuvre au plus bas de l’échelle sociale avant que ses livres ne lui donnent plus d’aisance et de notoriété – il a pour autant poursuivi ses emplois manuels jusqu’à sa retraite, et se levait déjà fort tôt pour sa lecture biblique quotidienne.
De même que les juifs ont été remplacés par les chrétiens, si ces derniers continuent à se déchirer pour des bêtises, ce sont des gens comme lui qui pourraient prendre la place de certains dans le cœur de Dieu.
Votre « ressenti » est précieux. Mais savez-vous que le livre dit de la genèse correspond en fait à 2 livres écrits à des époques différentes et qui s’entrelacent, ce qui explique pas mal de choses ?
Il y eut donc 3 auteurs, le troisième reprenant les 2 textes et les entrelaçant sans chercher à résoudre leurs désaccords. C’est très sensible dans els textes d’origine, moins après traduction, car il a très bien travaillé. Il va de soi que le texte final est rempli d’allégories, sans réelle visée scientifique mais plutôt morale avec l’affirmation d’un créateur qui a un projet, et qui entre en dialogue quand il en a envie.
Vous vous êtes surtout intéressé à la conséquence du péché, mais sa cause, sur un plan spirituel, est tout autant sinon plus intéressante. Ceci dit, quel que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur sa « vérité », la foi ou son absence résulte d’un saut qualitatif dans lequel, à mon avis, entre bien peu la considération « scientifique ». Moins en tout cas que l’affectif qu’elle combat, moins que la morale qui déjà relève de l’humain seul et de la philosophie, moins que l’expérience de vie – ce que vous avez appelé sagesse aussi et dans quoi entre pas mal d’intuition.
Notre quête de sens est bien réelle et tout à fait indépendante du monde matériel. Je ne crois pas qu’y chercher une réponse puisse nous donner autre chose qu’un constat d’émerveillement devant la vie, serait-elle parfois « cruelle ».
Pour en revenir à ce que vous avez écrit du commencement qui est le péché originel... Toute une certaine pensée catholique s’est construite sur l’idée de son châtiment. Pourtant vous avez raison, le texte de la genèse semble plutôt affirmer que Dieu est obligé de prendre des mesures coercitives pour nous protéger des conséquences de notre acte, qu’il n’a pas voulu mais qu’il a dû prévoir. L’homme ne peut plus vivre dans une gratuité totale qui a perdu son sens, après la séduction qui nous l’a fait remettre en question. Mais cette gratuité subsiste de la part de Dieu et c’est pourquoi si nous devrons travailler pour vivre (se nourrir, s’habiller, etc.) cela s’accompagnera de souffrance : afin de maintenir cette distinction elle sera indépendante du but. Le libre-arbitre, la connaissance du bien et du mal, n’est pas une amélioration mais une dégradation, qui deviendrait définitive si nous mangions du fruit de l’arbre de vie qu’avant nous pouvions manger. La souffrance devient une aide, un critère de discernement qui nous vient de ce qui en nous est resté « pur ». Elle compense ce que nous avons perdu. A nous qui avons voulu ajouter quelque chose à notre condition, et à qui cela a été rajouté, il nous est rappelé ainsi celle du bonheur en sus et qui est de n’avoir pas à choisir le bien, mais de le vivre quel qu’en soit le prix. Nous avons voulu dérober quelque chose qui nous était promis (au ciel), il nous faut donc en payer le prix…
Pour un chrétien Jésus est venu (entre autres) nous prouver que c’était possible. Il serait peut-être venu quand même (cela fait débat), pour partager avec nous un bonheur inouï, mais au lieu de cela il a dû nous libérer de notre bêtise et de notre auto-esclavage, renouer le lien défait.
Au paradis, Dieu nous a plaint et il a maudit le serpent.