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La souffrance, une offrande ?

Publié : dim. 06 déc. 2009, 14:56
par antioche
Bonjour à tous et toutes,

Peut-on raisonnablement considérer que sa propre souffrance (morale et physique) soit à offrir au Seigneur pour le salut du monde ? Au plan théologique, comment faut-il la considérer ?

Merci.

Re: La souffrance, une offrande ?

Publié : dim. 06 déc. 2009, 16:20
par La Chartreuse
Bonjour

L'âme qui a la clairvoyance de la souffrance, sait que la douleur morale (car c'est la seule qui fasse souffrir, la douleur physique n'étant pénible à l'homme que pour autant qu'elle ait une répercussion morale) entre, depuis la faute originelle, dans le programme de sa perfection. Terrible punition du péché, la souffrance devient pour l'âme rachetée par le Christ, un élément de sanctification. Sanctification pour elle-même et sanctification pour les autres.

Lorsqu'on aime l'amour nous pousse à multiplier les prières et les sacrifices pour le salut des âmes. Afin de mieux y réussir, il faut chercher un moyen efficace entre tous, tels ces avares qui pour faire fortune, visent aux moyens les plus rapides et les plus lucratifs. Celui que nous devons faire, consiste à prier et à s'immoler à l'Amour miséricordieux, afin que nous devenions des hosties vivantes en expiation de nos innombrables péchés, ceux des prêtres et du monde entier.

Re: La souffrance, une offrande ?

Publié : dim. 06 déc. 2009, 18:18
par Tétraèdre
Ce sont les péchés qui causent tous les désordres qui causent les souffrances et nous tuent .
Nous souffrons à cause de nos péchés mais aussi à cause des péchés des autres et nos souffrances offertes pour réparer les péchés peuvent apporter des grâces divines permettant de nous corriger de tous nos péchés et aider les autres à se corriger de leurs péchés.

Re: La souffrance, une offrande ?

Publié : dim. 06 déc. 2009, 19:32
par antioche
La Chartreuse a écrit :Bonjour

sait que la douleur morale (car c'est la seule qui fasse souffrir, la douleur physique n'étant pénible à l'homme que pour autant qu'elle ait une répercussion morale)
La Chartreuse, venez à mon aide SVP, je crains de ne pas comprendre !

Merci.

Re: La souffrance, une offrande ?

Publié : dim. 06 déc. 2009, 20:13
par La Chartreuse
antioche a écrit :
La Chartreuse a écrit :Bonjour

sait que la douleur morale (car c'est la seule qui fasse souffrir, la douleur physique n'étant pénible à l'homme que pour autant qu'elle ait une répercussion morale)
La Chartreuse, venez à mon aide SVP, je crains de ne pas comprendre !

Merci.
Re-Bonjour,

Je crains d’être aussi mélangée que vous en ce moment! :)

Ce que je voulais dire est que seule l'Église du Christ explique l'énigme de la douleur. Hormis son sens surnaturel et divin, la souffrance n'a plus de sens. Elle ne serait que la résultante brutale, impitoyable, de l'imperfection de l'être créé qui tend de tout son poids vers le néant, la destruction, la mort.

La souffrance demande un être conscient de son état. A ce titre nous pouvons dire que le végétal et l'animal « ne souffrent pas » au sens psychologique du mot. La plante subit un mal, elle n'a pas de mal » ; l'animal, étant doué de sensibilité, « a mal », et même, car nous ne pouvons nier un certain sentiment chez l'être sensible, l'animal aura le sentiment de la douleur, mais non « la souffrance » . L'homme seul éprouve, outre la douleur physique, la souffrance morale, torture de l'esprit qui provoque la révolte naturelle de la volonté, la réaction terrible de l'âme cherchant à se dérober de toute façon à l'étreinte.

La souffrance s'impose à l'homme de par une force supérieure à la sienne. Elle est inévitable, et c'est le caractère qui la rend « souffrance » Quelque chose qu'on peut renverser, dominer, écarter, n'est qu'un obstacle, un ennui, un travail. La souffrance est inéluctable, à moins de s'imposer d'autres souffrances plus pénibles encore, et dans ce cas... « entre deux maux il faut choisir le moindre » . Choisir veut dire ici subir. Il reste facilement compréhensible que pour l'être humain la souffrance sera d'autant plus profonde qu'il aura l'âme plus affinée, l'intelligence plus claire, la volonté plus ferme.

Mais, en devenant plus intime, la souffrance devient aussi plus intelligente.

L'offrande de la souffrance en union avec celle de Notre-Seigneur rejoint ce que Saint Paul disait: J'achève en moi ce qui manque à la Passion du Christ.

Non pas que la Passion soit incomplète, mais les souffrances de Notre-Seigneur se prolongent dans ses membres en vue de l'expiation et du salut de notre âme et des autres.

Re: La souffrance, une offrande ?

Publié : lun. 07 déc. 2009, 0:10
par gerardh
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Bonjour Antioche, vous demandez :
Peut-on raisonnablement considérer que sa propre souffrance (morale et physique) soit à offrir au Seigneur pour le salut du monde ?
Ma réponse est résolument non.


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Re: La souffrance, une offrande ?

Publié : lun. 07 déc. 2009, 2:50
par Francesco
Peut-on raisonnablement considérer que sa propre souffrance (morale et physique) soit à offrir au Seigneur pour le salut du monde ?
Je dis oui.

Mais j'irais plus loin.Les hypotheses que je vais soumettre sont nées de ma propre expérience.En fait,je souffre d'une maladie chronique qui m'a rendu invalide il y a 8 ans.

Selon moi,la souffrance est le traitement de Dieu pour nous guérir des conséquences du péché.Seulement par elle,nous acceptons vraiment de nous remettre en question.Lorsque nous acceptons la souffrance,nous nous ouvrons et lachons prise.Nous pouvons des lors approfondir notre relation a Dieu en y mettant le sérieux nécessaire.

Et,2 e hypotheses:C'est notre attachement aux choses de la terre ,personnes,habitudes ancrées en nous qui font que notre souffrance soit si vive......

Je ne veux pas dire que la souffrance n,est pas douloureuse mais plutot qu'une fois acceptée,elle l'est moins......

Ceci dit,je suis pour le soulagement de la souffrance.Ce que j'ai écrit est plus une théorie pour nous aider a y trouver un sens.....Dieu est un sculpteur et les souffrances de nos vies sont les éléments que le sculpteur enleve pour que l'oeuvre soit belle(sainte).Voila en gros.

Nous sommes tellement rivés a la terre que sans la souffrance,il devient presque impossible de nous faire prendre un recul.....Sans la souffrance,nous ne pouvons pas connaitre Dieu...

Re: La souffrance, une offrande ?

Publié : lun. 07 déc. 2009, 5:03
par Anne
"Je trouve maintenant ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous ; et ce qui manque aux détresses du Christ, je l’achève dans ma chair en faveur de son corps qui est l’Église".

(Colossiens 1,24)

Re: La souffrance, une offrande ?

Publié : lun. 07 déc. 2009, 8:11
par antioche
gerardh a écrit :______

Bonjour Antioche, vous demandez :
Peut-on raisonnablement considérer que sa propre souffrance (morale et physique) soit à offrir au Seigneur pour le salut du monde ?
Ma réponse est résolument non.


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Ok et merci, cher gerardh, pour cette réponse qui m'aide vraiment à comprendre :?:

Re: La souffrance, une offrande ?

Publié : lun. 07 déc. 2009, 11:38
par etienne lorant
La réponse de Gerardh vient du protestantisme. Je ne saurais rentrer dans les détails, mais quelles que soient les oeuvres des hommes (aumônes, sacrifices, offrandes des douleurs, etc.) le protestantisme dit toujours que c'est la foi seule qui donne le salut. Et donc l'offrande de notre souffrance ne servirait à rien. Mais bien sûr, comme dans le texte cité par Anne, l'offrande de nos peines est une grâce qui nous associe à l'oeuvre du salut. "La foi sans les oeuvres est une foi morte".

Re: La souffrance, une offrande ?

Publié : lun. 07 déc. 2009, 13:24
par gerardh
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Bonjour Antioche, Anne et Etienne

Je m'explique : les souffrances du chrétien sont réelles, mais elles n'ont pas de valeur expiatoire "pour le salut du monde", comme celles du Christ. Le chrétien souffre de l'état du monde, de la souffrance de la création et éventuellement de persécutions de la part d'un monde qui le hait.

Les souffrances du Christ furent de trois ordres : 1°) pour la justice (ce qui correspond aussi aux souffrances du chrétien) 2°) par anticipation, notamment à Gethsémané 3°) expiatoires, pour le salut de ceux qui croient, sur la croix du calvaire, de la part de Dieu lui-même.


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Re: La souffrance, une offrande ?

Publié : lun. 07 déc. 2009, 13:32
par Raistlin
antioche a écrit :Peut-on raisonablement considérer que sa propre souffrance (morale et physique) soit à offrir au Seigneur pour le salut du monde ?
La réponse catholique est résolument oui mais elle demande des explications.

Bien entendu, seul le sacrifice du Christ nous sauve de la mort et du péché. Cependant, nos propres souffrances peuvent être offertes à Dieu, comme le fait comprendre saint Paul, pour le salut des âmes et du monde. De nombreux saints sont parfaitement explicites à ce sujet.

Même si cela relève du Mystère, tentons d'y voir plus clair. Dieu, nous le savons, n'est pas un potentat assis sur son trône et jaloux de se prérogatives. Bien au contraire, Dieu fait participer sa créature : participation à sa vie, à sa gloire, à sa communion d'amour... et aussi aux souffrances de son Fils Unique. Pourquoi ? Dieu aurait-il besoin de nos souffrances pour sauver des âmes ? Nullement ! Mais par un geste gratuit de sa part, Il nous donne la possibilité d'offrir nos souffrances (qui prennent alors du sens et échappent à l'absurdité totale), de les unir à la Croix de Notre Seigneur, et ce en vue de notre propre salut et de celui de nos frères en humanité.

Un exemple concret : en offrant des souffrances subies (attention à l'écueil du dolorisme qui n'est pas chrétien) pour le salut de tel pécheur impénitent, Dieu pourra nous accorder sa conversion et le salut de son âme.

Bien cordialement,

Re: La souffrance, une offrande ?

Publié : lun. 07 déc. 2009, 13:42
par Christophe
Aux propos de Raistlin, j'ajouterai un autre aspect de la "dimension salvifique" de notre souffrance : elle permet à notre prochain d'exercer la charité à notre endroit, et ainsi de se sanctifier... Je suis toujours frappé de l'amour que dégagent les familles qui accueillent une personne handicapée : certaines parlent même d'une grâce, le mot peut surprendre au premier abord, mais il semble après réflexion tout à fait pertinent.

PaX
Christophe

Re: La souffrance, une offrande ?

Publié : lun. 07 déc. 2009, 14:31
par etienne lorant
Oui, je n'y pensais plus, hélas, mais la compassion des autres envers nous est aussi une grâce pour eux, alors ne jouons pas trop les fiers-à-bras et osons demander de l'aide !

Re: La souffrance, une offrande ?

Publié : lun. 07 déc. 2009, 17:43
par La Chartreuse
Bonjour,

La plus belle charité envers le prochain, c’est de lui donner Dieu. La plus belle charité envers Dieu, c’est de lui donner des âmes. Aussi, le grand précepte de l’amour trouve son couronnement dans l’apostolat de la souffrance.

Si pour vous, aimer n'est pas encore souffrir, que tout au moins souffrir, en vous devienne aimer.