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Re: Arrière Satan ! le diable aujourd'hui

Publié : lun. 09 avr. 2018, 20:31
par Didyme
Didyme a écrit :
lun. 09 avr. 2018, 15:56
Quelque part, qu'est-ce que ça change au fond qu'il y ait cette influence, ça reste un combat intérieur contre le péché. Car en focalisant sur le démon, on risque de rejeter la faute sur l'extérieur, de décentrer le problème, de chercher un coupable.
Ce que je veux dire par là c'est que moi par exemple je crois en l'existence du diable et des démons, ainsi qu'en leur influence, mais si je n'y croyais pas je ne vois pas ce que ça changerait concrètement dans la pratique, ça reste un combat contre le péché. Je ne vois pas trop ce que ça apporte.

À la limite, j'y vois plus un lien avec la doctrine du péché originel et la conception de la passion en tant que réparation.

Re: Arrière Satan ! le diable aujourd'hui

Publié : mer. 11 avr. 2018, 5:57
par Cinci
Didyme a écrit :
mais si je n'y croyais pas je ne vois pas ce que ça changerait concrètement dans la pratique, ça reste un combat contre le péché. Je ne vois pas trop ce que ça apporte.
Ça apporte que le but réel de la vie chrétienne serait de réaliser l'union mystique avec Dieu. Le but serait non pas de réaliser l'idéal de l'honnête homme bourgeois du XIXe siècle. Penser peut-être ici à l'épisode du jeune homme riche dans l'Évangile. Notre fin dernière ne consisterait pas à devoir respecter un minimum de règles pour satisfaire à la justice, mais de nous projeter dans la folie de l'amour divin. Et la folie de l'amour divin est précisément ce contre quoi lutte les démons.

C'est en se mettant en chemin pour réaliser l'union que risque d'apparaître l'aspect nuisible du diviseur, qu'il y a intérêt à prendre conscience de son jeu, de ses attaques, croche-pieds, illusions et tout. La réalité ou la présence comprise et mieux perçue de cet ennemi à combattre sert d'appui pour nous projeter plus en Dieu.

C'est pourquoi Dieu permettrait, par exemple, que tel saint puisse éprouver de façon ouverte une violente attaque de la part du diable. Parce que le saint peut tirer parti de cela, pour parfaire son identification avec le Christ, pour accroître sa propre foi, pour prier plus et mieux, pour avoir plus d'empathie envers les hommes qui sont victimes des manoeuvres diaboliques. C'est un peu la thématique de toute l'oeuvre de Bernanos.

La considération à l'effet que nous avons de réels ennemis en face de nous, spirituels, invisibles puissants, attachés pour vrai à susciter notre ruine, notre désespoir, notre malheur et notre mort : elle nous mobilise à faire appel à Dieu, à accepter avec joie ou avec plus de reconnaissance la dynamique salvatrice qui est la sienne.

L'occasion de combattre le mal, s'y opposant soi-même et parce que cette puissance adverse est toujours active justement : c'est comme l'occasion unique que Dieu nous laisse de pouvoir ainsi lui faire un cadeau qui est notre confiance. Il me semble aussi que la nécessité de devoir lutter nous-même contre l'antique serpent et corrupteur de nos premier parent, déjà, comme sur le plan de la réparation : ce n'est pas comme devoir lutter juste avec soi-même contre un petit défaut personnel. Ce n'est pas juste comme travailler à s'améliorer.

Il y a un aspect de co-rédemption qui intervient, me semble-t-il, lorsqu'il s'agit de lutter contre des esprits méchants, un aspect que l'on ne retrouve pas si l'on se contente d'être soi-même une personne correcte, un peu comme les amis de Job qui ne semblaient pas trop être éprouvés par le Malin . Pourtant c'est à Job comme intercesseur que Dieu demande de faire appel, en s'adressant à ses amis moralisateurs. Job est plus près du coeur de Dieu.