Bonjour,
Christophe B a écrit :
S'il ne s'aime pas lui même, d'ou vient son orgueil ?
Au sujet de l'orgueil :
- Qu'est-ce que l'orgueil ?
L'orgueil est une estime déréglée de soi-même, qui fait que l'on se préfère aux autres et qu'on veut s'élever au-dessus d'eux.
Catéchisme ancien, 1944
Or quelqu'un disait que ...
... l'orgueil, ce n'est pas d'avoir une bonne opinion de soi. L'orgueil, au contraire, c'est se détestant, vouloir se suffire, s'isoler, s'arranger de ce mauvais matériel. Être au moins indépendant puisqu'il n'y a pas moyen d'être heureux. L'orgueil et le désespoir recouvrent la même résignation à étouffer cette soif de bonheur qui continuerait à nous étirer si douloureusement vers les autres. (Louis Evely)
Donc, l'on pourrait peut-être ajouter :
L'orgueil n'a rien à voir avec l'amour. Faire gaffe : avoir une estime déréglée de soi-même et se préférer aux autres (en le sens de se replier sur soi; l'effondrement de l'étoile noire) a surtout à voir avec une tristesse, une colère, une bouderie, une frustration, un désespoir, une volonté de détruire et de se faire justice soi-même.
Et alors d'où vient l'orgueil ?
D'un manque de confiance (
manque de foi), de s'être pénétré de la conviction que "je n'y parviendrai jamais" ... à aimer comme Dieu aime, que Dieu lui-même ne peut pas être "si" aimant que cela, personne ne pourrait être si généreux, si désintéressé, si aimable; c'est moi qui possède certaines qualités admirables pour commencer et c'est à moi que l'on demanderait plutôt de me sacrifier au profit de personnalités moins brillantes, non mais - oh ! ça ne va pas, je ne marche pas là-dedans, etc.
L'orgueil qui rime avec
fils aîné de la parabole (Non mais, - Oh! attendez - ça ne va pas la tête ? ), avec
jeune homme riche ( Non mais ... Quand même ! On y va un peu fort, les amis. Me dépouiller, moi ? Quelle est cette folie ?) , avec
Caïn ( C'est fichu ! C'est moi que le Père devrait considérer et ... et il en préfère un plus faible, un moins fort ... Quoi que je puisse faire, je serai toujours le cocu de l'histoire, la tête de Turc. Je ne joue plus ! ) avec
Judas Iscariote ( Moi, ces manières de faire ... gaspiller un parfum de prix ... Je ne suis pas d'accord ! ... enfin, mon péché est trop considérable pour que Dieu lui-même ... )
Tristesse, désespoir, "trop beau pour être vrai", je n'ai pas confiance, je ne vais rien retirer de bon avec ce système, je suis déçu ...Il n'existe pas de remède à mon spleen ...
Tout le contraire de la joie.
L'orgueilleux, c'est comme le personnage de Scrooge du conte de Charles Dickens. Dans
A Christmas Caroll : Scrooge c'est le type qui a fait le serment de ne plus être heureux ( ... fadaise, niaiserie, stupidité) et qui s'est enfoncé dans une froide solitude. Une certaine "excitation des passions au fors interne" en arrive à produire une sorte d'insensibilité un peu spéciale. - Suis-je le gardien de mon frère ? On ne peut pas dire que l'orgueilleux est en amour avec lui-même.
L'orgueil est possiblement comme un "mécanisme de défense" surgissant au contact de la folie de l'amour, et lorsque le sujet ne parvient pas à croire ou à avoir foi dans cette folie divine. On se retrouve avec un mécanisme de défense qui est destructeur en vérité; de soi, de sa propre humanité.