Aimer son prochain comme soi-même

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Didyme
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Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par Didyme » dim. 09 avr. 2017, 14:23

Je crois que ce commandement est en fait le cœur-même des sujets sur le salut et la perdition, et mérite fortement d'être médité.

Qu'est-ce qu'implique pour vous d'aimer son prochain comme vous-même ?


Pour moi, ce commandement a de multiples facettes dont l’une pourrait être « tu considéreras ton prochain comme toi-même ». Si je suis capable de considérer mon prochain comme irrécupérable, c’est alors moi-même que je considère irrécupérable et à travers ça c’est l’humanité toute entière que je considère irrécupérable.

Le penser est contraire à ce commandement. Le penser c’est diviser, fractionner l’humanité quand ce commandement nous dit qu’elle est une.
Pourrait-on admettre sincèrement l’enfer pour soi-même ? Et pourtant, on pourrait l’admettre pour l’autre ? Et quand je considère la possibilité qu’il puisse y avoir une seule âme qui demeurera en enfer alors l’angoisse me prend car c’est avant tout pour moi-même que j’en considère la possibilité.
Il faut vraiment entendre ce commandement dans ce « soi-même » car souvent on entend surtout « tu aimeras ton prochain » mais on ne considère pas véritablement ce qu’implique ce « comme soi-même » qui suit.

Ce prochain peut peut-être, par son refus, fractionner l’humanité mais il nous est commandé de ne pas le faire, il nous est enseigné la solidarité, que nous ne sommes pas dissociables par l’amour qui unit.

Ce commandement nous enseigne que l’humanité est indissociable. Si je dois aimer, considérer l’autre comme moi-même alors c’est comme s’il faisait partie de moi en tant qu'il fait partie de notre humanité et par le renvoi au premier commandement il fait partie de Dieu également. S’il se perd alors c’est toi qui te perds. Sinon, ce n’est plus comme toi-même, il n'y a plus cette solidarité exigée par l'amour, sinon le commandement disparaît, perd son sens, son essence. Le Christ l'a pleinement appliqué ce "comme soi-même", il s'est perdu avec l'autre. La question est de savoir s'il y a une limite à se "soi-même", à savoir le salut sans l'autre.

C’est un appel à pénétrer l’autre, s’y identifier de façon à ne plus pouvoir s’en dissocier. C’est une parole d’unité à associer à Jean 17 :21-23 « afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils un comme nous sommes un, - moi en eux, et toi en moi, - afin qu’ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » et 1 Corinthiens 15 :28 « Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. ».

D’ailleurs, c’est ce qu’a fait le Christ dans la rédemption, il ne s’est dissocié de personne, il s’est fait solidarité, a partagé la condition de chacun, a pénétré chaque abysse de l’homme
Si on ne peut considérer être soi-même irrécupérable alors en vertu de ce commandement, on ne peut en aucun cas considérer l’autre comme irrécupérable. Quelque part, on ne devrait pouvoir en accepter l'idée en vertu de ce commandement.
Ce commandement nous enseigne également qu’il n’y a pas d’espérance individuelle sans espérance universelle.


Et ce commandement nous renvoi à un autre commandement qui lui est semblable, « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée » (Matthieu 22 :37). Il est d’autant plus semblable si on le met en parallèle à Matthieu 25 : 35-40 « Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez rendu visité ; j’étais en prison, et vous êtes venu vers moi. Les justes lui répondront : Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, et t’avons-nous donné à manger ; ou avoir soif, et t’avons-nous donné à boire ? Quand t’avons-nous vu étranger, et t’avons-nous recueilli ; ou nu, et t’avons-nous vêtu ? Quand t’avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous aller vers toi ? Et le roi leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fit ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. »

Et c’est logique, si on considère qu’en faisant ces choses aux « petits » c’est à Dieu qu’on les fait, qu’en aimant son prochain c’est Dieu qu’on aime et donc que le second commandement est semblable au premier.

Mais quelque part, penser son prochain comme pouvant être damné éternellement c’est comme considérer Dieu damné éternellement. Si quand on aime son prochain, qu’on lui vient en aide c’est à Dieu qu’on le fait, alors quand on pense l’autre en enfer c’est Dieu qu’on pense en enfer. Dieu réside en l’âme de chaque homme. Si cet homme est enfer alors c’est Dieu qui l’est également. Que cet homme ne puisse jamais quitter l’enfer c’est comme si Dieu était resté en enfer après la croix sans pouvoir en remonter, ressusciter. Comme si ce péché irrémédiable, inconvertissable le maintenait prisonnier en enfer, qu’il n’avait pas pu remonter, le délier, le rediriger. Ce péché, ce « non » qui maintient l’homme en enfer, mais c’est Dieu lui-même qu’il maintient en enfer.

Ou alors, Dieu n’a pas pénétré toutes les dimensions de l’âme, toutes ses ténèbres, il n’est pas descendu dans les profondeurs de l’enfer et ne l’a pas englouti.
L'autre est un semblable.

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Héraclius
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Re: Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par Héraclius » dim. 09 avr. 2017, 15:10

Mais quelque part, penser son prochain comme pouvant être damné éternellement c’est comme considérer Dieu damné éternellement.
Oui, et c'est pour cela qu'il nous est commandé de ne pas juger notre prochain, et que l'Eglise elle-même ne se prononce jamais négativement sur le salut.

Mais penser la possibilité de l'enfer éternel pour un âme, et sa (forte) possibilité pour la majorité des âmes, ce n'est pas juger le prochain. En atteste la zèle à convertir des saints. Le grand désir du curé d'Ars est bien de "sauver beaucoup d'âmes" : c'est donc que la possibilité de la damnation, le danger de la damnation, existe.

Penser qu'une âme peut se perdre - et moi je considère bien souvent la perdition d'une âme particulière : la mienne - ce n'est pas péché. Sinon chercher à se faire l'intrument du salut de Dieu serait un péché !

Je ne crois pas qu'il soit interdit d'éspérer, comme Balthasar ou vous, qu'aucune âme ne se perde. Mais ne niez pas le danger : sinon, vous niez la dignité royale de l'homme à dire "Fiat" à son Créateur.

Après tout, nous savons, c'est une vérité de foi, qu'il n'y a pas de rémission pour l'Adversaire. Notre Souverain Trine, dans Sa grâce souveraine et omnipotente, permet à Son porte-lumière, première des puissances angéliques, de demeurer éternellement dans un "non" d'orgeuil d'une noirceur dépourvue de la moindre once de cette Lux dont il était "Luciféraire". Et pourtant - et je sais que cette affirmation fait polémique - je ne doute pas que l'ouragan incandescent de l'Amour Divin continue de se déverser sur le Démon, comme un torrent de lave sainte sans commencement. Dieu aime le Démon irrepentant - et peut-être que c'est là la première de ses souffrances : être aimé d'un amour parfait, sacré et follement aveugle qu'éternellement on rejette, insupportable et constant rappel de l'injustice absolue de la rébellion de la créature contre le Don Total de son Créateur.
Ou alors, Dieu n’a pas pénétré toutes les dimensions de l’âme, toutes ses ténèbres, il n’est pas descendu dans les profondeurs de l’enfer et ne l’a pas englouti.
En un sens oui, : il n'a pas touché, ni même frôlé, le péché dans toute son immondice. "Semblable à nous sauf le péché". Le péché, et toute son horreur négative, reste un fait purement humain.


D'autre part il est faux de dire que Dieu réside dans l'âme de chaque homme - en tout cas il n'est certainement pas dans le même sens pour tous. C'est le chrétien, et plus largement le sauvé, qui est constitué en Temple de l'Esprit Saint dans laquelle réside la Gloire acquise au baptème, embrasée à la confirmation et renouvellée dans l'eucharistie. Et chaque fois que l'homme commet un péché mortel, le Temple est profanée, l'autel intérieur souillé, la Gloire se retire (soit : est chassée !), remplacée par l'éréction d'une idole. Et c'est l'absolution sacramentelle qui est le moyen ordinaire de la restoration du culte divin dans le Temple de notre corps.



Héraclius -
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)

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Voyageur
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Re: Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par Voyageur » lun. 10 avr. 2017, 12:25

Bonjour Didyme,

Je suis d'accord avec la grosse partie de votre réflexion. Cependant, celle-ci m'a l'air plus capricieuse :
Didyme a écrit :
dim. 09 avr. 2017, 14:23
Dieu réside en l’âme de chaque homme. Si cet homme est enfer alors c’est Dieu qui l’est également. Que cet homme ne puisse jamais quitter l’enfer c’est comme si Dieu était resté en enfer après la croix sans pouvoir en remonter, ressusciter.
Il me semble que vous appliquez une nécessité : "être un comme le Fils est un avec le Père" en statut invariable.

Notre âme est effectivement un don divin. Mais, si elle se portait éternellement vers DIEU, pourquoi a-t-il fallut que le Christ rappelle le premier commandement : Tu aimeras le Seigneur ton DIEU de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. ?

DIEU peut résider dans l'âme de chaque homme. C'est une chose très souhaitable qui nécessite de cheminer avec DIEU. Et ce qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la Parole avec un cœur noble et généreux, la retiennent et portent du fruit par leur constance. (Luc 8, 15) Chez certaines personnes, il arrive que l'âme soit recouverte de ronces, étouffées par des préoccupations futiles. Le germe divin ne parvient pas à croître.

Or, tout arbre qui ne donne pas un bon fruit, on le coupe et on le jette au feu. (Matthieu 7, 19) Cela ne signifie pas que la semence était stérile ou que la semence était viciée ou que la semence était faible. Si, à partir du point d'éternité légué par DIEU, nous développons une âme creuse, une âme qui n'a cherché qu'à accroitre sa stature, sa puissance et sa valeur propre, elle sera coupée de la source divine et subira le "feu de l'enfer" ; c'est-à-dire la purification de tout développement excédentaire, de toute excroissance égoïste.
Tu m'as montré les chemins de la vie,
Tu me rempliras de joie par ta présence.

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Re: Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par Mac » lun. 10 avr. 2017, 17:45

Bonjour :)

Ce verset peut vous aider :
50le maître de ce serviteur viendra le jour où il ne s'y attend pas et à l'heure qu'il ne connaît pas, 51il le mettra en pièces, et lui donnera sa part avec les hypocrites: c'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents.
http://saintebible.com/lsg/matthew/24.htm

fraternellement :coeur:

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Re: Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par prodigal » lun. 10 avr. 2017, 17:50

Cher Didyme,
vous avez une manière très originale de méditer le dogme, qui va droit à toute sa radicalité. En même temps, vous vous efforcez d'être très logique. Cela me plaît, je l'avoue.
Et de fait je ne trouve pratiquement rien à reprendre à votre raisonnement. On ne peut pas aimer son prochain comme soi-même et le souhaiter en enfer, on ne peut pas même le considérer comme irrécupérable, oui, cela me semble très juste.
Car soi-même, on se trouve des excuses quelle que soit la gravité de la faute commise, on se sait faible, on se croit aussi meilleur que ce que la faute montre, et il nous faut pardonner les offenses du prochain puisque nous voulons que nos fautes soient pardonnées, et ce sont les mêmes, vous le montrez bien.
Mais il ne s'ensuit pas que l'enfer n'existe pas, puisque cette possibilité je ne peux l'exclure pour moi-même je ne peux que la reconnaître aussi pour les autres, selon la même logique. Ne le pensez-vous pas?
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

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Re: Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par apatride » mar. 11 avr. 2017, 5:34

Ces échanges m'évoquent ces quelques lignes, lues tout récemment dans "Mere Christianity" ("Les Fondements du Christianisme") de C. S. Lewis :

(traduction faite un peu rapidement, désolé pour les tournures de phrases maladroites)
Le pardon

J'ai dit dans un chapitre précédent que la chasteté était la plus impopulaire des vertus chrétiennes. Mais je ne suis pas sûr que ce soit le cas, et je pense que celle dont je vais parler est encore plus impopulaire : la règle chrétienne, "Tu aimeras ton voisin comme toi-même." Car la morale chrétienne "ton voisin" inclut "ton ennemi," et nous en arrivons à ce terrible devoir de pardonner nos ennemis.

Tout le monde s'accorde à dire que le pardon est une très belle idée, jusqu'à ce qu'il y ait quelqu'un à pardonner, comme ce fut le cas pendant la guerre. Auquel cas, ne serait-ce que mentionner le sujet sera reçu avec des clameurs de colère. Ce n'est pas que les gens pensent qu'il s'agit d'une vertu trop haute ou trop difficile : c'est qu'ils la trouvent haïssable et méprisable. "Ce genre de propos les rendent malades," disent-ils. Et la moitié d'entre vous a déjà envie de me rétorquer, "Je me demande comment tu te sentirais à l'idée de pardonner la Gestapo si tu étais un Polonais ou un Juif?"

Moi aussi. Je me demande vraiment. De la même façon que quand le Christianisme me demande de ne pas apostasier ma religion même pour me sauver moi-même d'une mort certaine ou de la torture, je me demande vraiment ce que je ferai quand je serai confronté à la situation. Je n'essaie de vous dire dans ce livre ce que je pourrais faire -- je ne peux en faire beaucoup --, je vous dis ce qu'est le Christianisme. Je ne l'ai pas inventé. Et là, en plein milieu, je trouve "Pardonne-nous nos offenses comme nous les pardonnons à ceux qui nous ont offensé." Il n'y a pas la moindre suggestion que nous serions pardonné d'une quelconque autre façon. Il est manifestement très clair que si nous ne pardonnons pas, nous ne serons pas pardonnés. Il n'y a pas d'alternative. Que devons-nous faire ?

Cela devrait être suffisamment difficile, dans tous les cas, mais je pense qu'il y a deux choses qui peuvent faciliter les choses. Quand vous commencez les mathématiques, vous ne vous attaquez pas tout de suite au calcul; vous commencez avec des simples additions. De la même manière, si nous voulons réellement (mais cela dépend essentiellement de combien nous le voulons) apprendre à pardonner, peut-être devrions-nous commencer avec quelque chose de plus simple que la Gestapo. Peut-être devrions nous commencer par pardonner notre mari ou notre femme, nos parents ou nos enfants, pour quelque chose qu'ils ont fait ou dit la semaine dernière. Cela devrait déjà nous occuper pour un moment. Ensuite, nous devrions essayer de comprendre ce que veut dire précisément "aimer son voisin autant que soi-même." Je dois l'aimer comme je m'aime moi-même. Très bien : comment m'aimé-je moi-même exactement ?

Maintenant que j'y pense, je n'ai pas exactement un sentiment de tendresse ou d'affection pour moi-même, et je n'apprécie pas toujours ma propre compagnie. Donc apparemment "Aimer son voisin" ne veut pas dire "Ressens de l'affection pour lui" ni "Trouve-le attirant." J'aurais dû le voir avant, parce que, bien sûr, on ne peut pas ressentir de l'affection pour quelqu'un en se forçant. Est-ce que je pense du bien de moi-même, est-ce que je pense être un type bien ? Et bien, je crains que ce soit parfois le cas (il s'agit là, sans doute, de mes pires moments) mais ce n'est pas pour cette raison que je m'aime moi-même. En fait, c'est même l'inverse : mon amour propre me fait penser que je suis quelqu'un de bien, mais penser que je suis quelqu'un de bien n'est pas la raison de mon amour propre. Donc aimer mes ennemis ne veut apparemment pas dire non plus que je dois penser qu'ils sont de bonnes personnes. C'est un soulagement énorme.

Car bon nombre de personnes imagine que pardonner ses ennemis signifie se persuader qu'ils ne sont pas réellement de mauvaises personnes après tout, alors qu'il est évident qu'ils le sont. Allons plus loin. Dans mes moments de clairvoyance, non seulement je ne pense pas être un bon type, mais je sais que je suis un très sale type. Je peux regarder certaines choses que j'ai faites avec horreur et répugnance. Donc apparemment, je suis autorisé à ressentir de la répugnance et de la haine envers certaines choses que mes ennemis font. Maintenant que j'y repense, je me souviens d'enseignants chrétiens me dire il y a très longtemps que je dois haïr les actions d'un homme mauvais, mais ne pas haïr l'homme mauvais: ou, comme dirait l'autre, haïr le péché mais pas le pécheur.

Pendant un long moment j'avais l'habitude de penser que cette distinction était infondée, du coupage de cheveux en quatre: comment peut-on haïr ce qu'a fait un homme, et pas l'homme en question ? Mais des années plus tard je me suis rendu compte qu'il y avait un homme envers qui j'avais fait cela toute ma vie, c'est-à-dire moi-même. Pour autant que je puisse être dégoûté par ma propre lâcheté ou vanité ou cupidité, je continue de m'aimer moi-même. Cela n'a jamais posé la moindre difficulté. En fait la véritable raison pour laquelle je détestais ce qu'il faisait était parce que j'aimais l'homme. Pour la raison-même que je m'aimais, j'étais désolé de réaliser que j'étais le genre d'hommes à faire ce genre de choses.

En conséquence, le christianisme ne nous demande pas de réduire ne serait-ce que d'un atome la colère que nous ressentons vis-à-vis de la cruauté ou de la traîtrise. Nous devons les haïr. Pas un seul mot de ce que nous en avons dit ne saurait être désavoué. Mais il nous est demandé de les haïr de la même façon que nous les haïssons en nous-mêmes : être désolé que l'homme puisse faire de telles choses, et espérer, si cela est possible, que d'une façon ou d'une autre, quelque part, il puisse être guéri et redevenir humain à nouveau.

Le vrai test est le suivant. Supposez que quelqu'un lise une histoire bourrée d'atrocités dans le journal. Maintenant supposez que quelque chose en vienne à suggérer que cette histoire puisse ne pas être complètement vraie, ou pas si mauvaise qu'il ne semble. Le premier sentiment est-il de se dire, "Dieu merci, même eux ne sont pas si mauvais," ou est-ce un sentiment de déception, et même une détermination à s'accrocher à la première version de l'histoire pour le pur plaisir de penser vos ennemis aussi mauvais que possible ? Si c'est le second, alors il s'agit, je le crains, d'un premier pas dans un processus qui, s'il est suivi jusqu'au bout, nous transformera en diables. Car voyez-vous, l'on commence à souhaiter que le noir soit un peu plus noir.

Si nous donnons les rênes à ce souhait, progressivement nous en viendrons à souhaiter voir le gris comme étant noir, puis même à voir le blanc comme noir. Au final, nous finirons pas voir tout -- Dieu et nous amis et nous-même inclus -- comme mauvais, et ne plus être capable d'y mettre un terme : nous serons figés pour toujours dans un univers de pure haine.

Faisons un pas supplémentaire. Est-ce qu'aimer votre ennemi signifie ne pas le punir ? Non, car m'aimer moi-même ne signifie pas que je ne devrais pas être moi-même soumis à une punition -- ou même à la mort. Si quelqu'un a commis un meurtre, la bonne chose chrétienne à faire est de se rendre à la police et d'être pendu. Il est donc, dans mon opinion, parfaitement bon pour un juge Chrétien de prononcer la peine capitale contre un homme, ou pour un soldat de tuer un ennemi. J'ai toujours pensé ainsi depuis que je suis devenu chrétien, et bien avant la guerre, et je le pense toujours maintenant que règne la paix.

Il ne sert à rien de citer "Tu ne tueras point." Il y a deux mots grecs : le mot ordinaire de "tuer" et le mot pour "meurtre." Et quand le Christ cite ce commandement Il utilise le mot pour "meurtre" dans les trois récits, Matthieu, Marc et Luc. Et on me dit qu'il existe la même distinction en hébreu. Tout homicide n'est pas un meurtre, tout comme toute relation sexuelle n'est pas un adultère. Quand les soldats vinrent à Jean le Baptiste pour lui demander quoi faire, il n'a jamais ne serait-ce que suggéré qu'ils devaient quitter l'armée : et non plus le Christ quand Il a rencontré un lieutenant romain -- ce qu'ils appelaient alors un centurion. L'idée du chevalier -- le Chrétien armé pour défendre une bonne cause -- est l'une des plus grandes idées chrétiennes. La guerre est une chose horrible, et je peux respecter un pacifiste honnête, même si je pense qu'il se trompe complètement.

Ce que je ne peux comprendre, c'est cette sorte de pseudo-pacifisme que l'on rencontre aujourd'hui, qui donne aux gens l'idée que si vous avez le devoir d'aller vous battre, vous devez le faire avec une face de trois pieds de long et comme si vous en étiez honteux. C'est ce sentiment qui prive beaucoup de jeunes et magnifiques Chrétiens dans l'armée de quelque chose auquel ils ont droit, quelque chose qui est l'accompagnement naturel du courage : une sorte de gaieté et de sincérité.

J'ai souvent pensé à comment cela se serait passé si, ayant servi durant la première guerre mondiale, un jeune Allemand et moi-même nous étions tués simultanément, puis nous étions retrouvés ensemble après la mort. Je ne peux pas imaginer que l'un d'entre nous aurait ressenti quelque ressentiment ni même embarras. Je pense que nous aurions pu en rire.

J'imagine que quelqu'un dira, "Très bien, si on est autorisé à condamner les actes de l'ennemi, et de le punir, et de le tuer, quelle différence reste-t-il entre la morale chrétienne et la vue ordinaire ?" Toute la différence du monde. Rappelez-vous que les Chrétiens pensent que l'homme vit pour toujours. Ainsi, ce qui compte vraiment sont ces petites marques ou torsions appliquées à ce noyau central de l'âme qui nous amènera, à long terme, à devenir une créature taillée pour le Paradis ou pour l'Enfer. Nous aurons à tuer si nécessaire, mais nous ne devons ni haïr ni aimer haïr.

Nous aurons à punir si nécessaire, mais nous ne devons pas nous en réjouir. En d'autres termes, quelque chose en nous, le sentiment de rancœur, le sentiment de vouloir récupérer son dû, doit être simplement annihilé. Je ne veux pas dire que quelqu'un puisse décider du moment où il arrêtera de ressentir cela pour toujours. Ce n'est pas de cette façon que les choses se passent. Je veux dire qu'à chaque fois où ce sentiment survient, jour après jour, année après année, tout le long de nos vies, nous devons le repousser.

C'est un travail difficile, mais la tentative n'est pas impossible. Alors même que nous tuons et punissons, nous devons essayer de ressentir envers l'ennemi ce que nous ressentons pour nous-mêmes : souhaiter qu'il ne soit pas mauvais. Espérer qu'il puisse, dans ce monde ou dans un autre, être guéri : en fait, de lui souhaiter du bien. C'est ce que veut dire la Bible par "l'aimer" : lui souhaiter le meilleur, et non pas l'apprécier ou penser qu'il est un homme bon quand il ne l'est pas.

J'admets que cela veut dire aimer des gens qui n'ont rien d'aimable. Et alors, a-t-on soi-même quelque chose d'aimable ? Vous vous aimez simplement parce qu'il s'agit de vous-même, Dieu attend de nous que nous aimions tout le monde de la même manière et pour la même raison : Il a mis la solution en nous-mêmes pour nous montrer comment cela fonctionne.

Nous devons alors aller et appliquer cette règle à tous les autres. Peut-être est-ce plus facile si nous nous rappelons que c'est ainsi qu'Il nous aime. Non pas pour telle ou telle qualité bonne et attirante que nous aurions, mais juste parce que nous sommes des choses appelés des personnes. Car vraiment il n'y a rien en nous à aimer : des créatures comme nous qui trouvons la haine si réjouissante que nous avons autant de mal à l'abandonner qu'à abandonner la bière ou le tabac.

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Re: Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par Voyageur » mar. 11 avr. 2017, 9:22

Bonjour Apatride,

Super citation. Merci pour le travail.
Moins fan de la partie qui porte sur la nécessité de l'homicide.
apatride a écrit :
mar. 11 avr. 2017, 5:34
Maintenant que j'y repense, je me souviens d'enseignants chrétiens me dire il y a très longtemps que je dois haïr les actions d'un homme mauvais, mais ne pas haïr l'homme mauvais: ou, comme dirait l'autre, haïr le péché mais pas le pécheur.
C'est une attitude essentielle à développer. Elle permet d'atténuer ce qu'on appelle en psychologie l'erreur fondamentale d'attribution, qui est une disposition à considérer l'autre comme éminemment libre de ses actes et donc responsable de ses choix. Or, nous savons tous que nos situations économiques, nos milieux culturels, notre société, nos médias, conditionnent une partie de nos comportements. On ne peut donc tous les imputer à la seule volonté de l'autre, qui, parfois, est balloté par les événements et n'agit qu'en réaction à ceux-ci.
Tu m'as montré les chemins de la vie,
Tu me rempliras de joie par ta présence.

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Aldous
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Re: Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par Aldous » mar. 11 avr. 2017, 12:05

Didyme a écrit :
dim. 09 avr. 2017, 14:23
Il faut vraiment entendre ce commandement dans ce « soi-même » car souvent on entend surtout « tu aimeras ton prochain » mais on ne considère pas véritablement ce qu’implique ce « comme soi-même » qui suit.
Bonjour,
je suis bien d'accord avec cela. Le christianisme, son exigence, est bien souvent une tension (ou des paradoxes): d'un côté ce "aimer son prochain comme soi-même" et de l'autre "prendre sa croix et s'oublier soi-même"...
Avec de tels paradoxes il (le christianisme) a toujours le flanc à prêter aux critiques comme celle-ci récurrente (surtout dans notre monde hédoniste): religion de la haine de soi par exemple...
Un certain succés du bouddhisme ou de l'Orient repose là-dessus et propose enfin un "prenez soin de vous", "relaxez-vous", "calmez-vous" etc... C'est oublier que le bouddhisme sa doctrine c'est la non-existence du moi (du soi) mais soit on surfe quand même sur ses méthodes psycho-corporelles que l'on trouve efficaces pour être bien performant ou tout simplement en forme...
Bref, je suis plutôt partisan qu'on sache réhabiliter que le christianisme c'est aussi l'amour de soi, de son corps (pour cause c'est le temple de Dieu dit St. Paul), qu'il (le christianisme) a aussi ses méthodes de méditation psycho-corporelle (l'oraison silencieuse, l'hésychasme chez les ortodoxes, la vie frugale mais joyeuse, etc...)...
(ceci dit j'aime bien les bouddhistes, ils ont dans leur doctrine et leurs pratiques des vérités, mais bon n'oublions pas qu'on a déjà tout ça "à la maison" ou rappelons-nous le).
(Je vois les choses comme, ça, bien à vous :fleur: )

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Re: Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par Cinci » mar. 11 avr. 2017, 15:07

Lors du dernier cours de vie intérieure, j'ai pu hériter d'un magnifique "petit catéchisme" dans sa réédition de 1944 (conformes aux récentes modifications canonique) mais dont le contenu substantiel aura été approuvé en 1888 - approuvé le 20 avril 1888, par les archevêques et évêques et publié par leur ordre.

C'est Suliko qui trouvait ces discussions assommantes et bonnes pour égarer son chrétien.

Lumière!

486. Pourquoi Jésus Christ juge-t-il les hommes immédiatement après leur mort?

- Jésus Christ juge les hommes immédiatement après leur mort, pour les récompenser ou les punir d'après leurs actions.

487. Quelle récompense ou quelle punition est réservée aux âmes des morts après le jugement particulier?

- La récompense ou la punition réservée aux morts après le jugement particulier, c'est le ciel, le purgatoire ou l'enfer.

488. Qu'est-ce que l'enfer?

- L'enfer est un lieu de supplice, où ceux qui sont morts en état de péché mortel sont privés de la vue de Dieu pour toujours, et souffrent des tourments épouvantables et éternels.

489. Qu'est-ce que le purgatoire?

- Le purgatoire est un lieu de supplice, où, avant d'entrer dans le ciel, doivent souffrir les âmes de ceux qui sont morts en état de péché véniel, ou qui n'ont pas satisfait pour les peines temporelles dues à leurs péchés.

490. Les fidèles qui sont sur la terre peuvent-ils secourir les âmes du purgatoire?

- Oui, les fidèles qui sont sur la terre peuvent secourir les âmes du purgatoire par leurs prières, leurs mortifications, leurs aumônes, par l'application des indulgences, par les messes qu'ils font dire pour elles et par les communions qu'ils font.

492. Nos corps auront-ils part à la récompense ou à la punition de nos âmes?

- Oui, nos corps auront part à la récompense ou à la punition de nos âmes, parce qu'ils leur seront réunis par la résurrection pour participer à leur bonheur ou à leur malheur, comme ils auront pris part à leurs bonnes oeuvres ou à leurs péchés.

493. Dans quel état ressusciteront les corps des justes?
- Les corps des justes ressusciteront glorieux et immortels.

494. Les corps des damnés ressusciteront-ils aussi?
- Oui, les corps des damnés ressusciteront aussi, mais ils seront condamnés aux peines éternelles de l'enfer.

495. Qu'est-ce que le ciel?

- Le ciel est un lieu de délices, dans lequel les élus voient Dieu face à face, participent à sa gloire, et jouissent d'un bonheur éternel.

496. Quels sont ceux qui vont au ciel?

- Ceux qui vont au ciel sont les justes qui n'ont point offensé Dieu ou qui, ayant eu le malheur de l'offenser, en ont fait pénitence.

497. Quelles paroles devrait-on toujours avoir présentes à l'esprit?

- On devrait toujours avoir présentes à l'esprit, ces paroles de Jésus-Christ : "Que sert à l'homme de gagner l'univers entier, s'il perd son âme? Car le fils de l'homme viendra dans la gloire de son Père avec ses anges et alors il rendra à chacun selon ses oeuvres."

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Re: Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par Cinci » mar. 11 avr. 2017, 19:13

Salut Didyme,

On voit mal pourquoi le second commandement divin ("Aimer son prochain ...") qui serait semblable au premier ("Aimer Dieu de toute son âme et de tout son coeur") devrait empêcher la possibilité de l'enfer pour des hommes. Jésus qui évoquait ces deux commandements est le même qui soulève le plus la crainte de l'enfer. On pourrait penser au contraire que le tout fonctionne ensemble : les commandements et une crainte fondée.

Ce n'est pas Dieu qui doit craindre, redouter la fin de sa félicité, la perte de son bonheur, de sa paix. Ce sont les hommes qui pourraient être retranchés de la vie heureuse, la vie bienheureuse, la vision de Dieu.

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Re: Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par Mac » mer. 12 avr. 2017, 7:42

Héraclius a écrit :
dim. 09 avr. 2017, 15:10
Dieu aime le Démon irrepentant
Mais ou avez-vous vu les apôtres enseigner de telles choses? L'amour de Dieu n'est pas aveugle puisque Jésus dit que Dieu aime ceux qui aiment Jésus Christ cf évangile. Le démon n'a jamais aimé Jésus Christ donc Dieu ne l'aime pas. Sans l'Ecriture on peut commettre bien des erreurs.

fraternellement :coeur:

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Re: Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par Héraclius » mer. 12 avr. 2017, 14:33

Mac a écrit :
mer. 12 avr. 2017, 7:42
Mais ou avez-vous vu les apôtres enseigner de telles choses? L'amour de Dieu n'est pas aveugle puisque Jésus dit que Dieu aime ceux qui aiment Jésus Christ cf évangile. Le démon n'a jamais aimé Jésus Christ donc Dieu ne l'aime pas. Sans l'Ecriture on peut commettre bien des erreurs.
Nous avons déjà beaucoup discutés de cela, cher Mac, et ce n'est pas le sujet. La Saint Écriture nous enseigne que Dieu est pur amour, qu'il est Trinité et donc pure relation d'amour en lui et hors de lui. Il me semble, à moi, que l'Ecriture interdit donc que Dieu puisse ne pas aimer ; ainsi, c'est par amour qu'il hait ou qu'il se met en Colère.

Dieu aime tous les hommes, et il les aime avant même leur conversion et leur amour pour Lui. Dieu nous a aimé irrepentant, puisqu'il nous a donné la repentance par amour. Il nous a aimé rebelles et pécheurs.

Bien sûr, je veux bien admettre qu'il n'aime pas tout le monde dans le même sens. Mais qu'il ne fasse qu'aimer, nul doute.
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)

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Re: Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par Voyageur » mer. 12 avr. 2017, 15:22

Bonjour Mac,
Mac a écrit :
mer. 12 avr. 2017, 7:42
Mais ou avez-vous vu les apôtres enseigner de telles choses? L'amour de Dieu n'est pas aveugle
Je suis d'accord avec la réponse que vous a faite Héraclius. Pour illustrer :

Eh bien ! moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait se lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? [...] Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. (Matthieu 5, 45)
Dernière modification par Voyageur le mer. 12 avr. 2017, 15:50, modifié 1 fois.
Tu m'as montré les chemins de la vie,
Tu me rempliras de joie par ta présence.

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Re: Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par TREBLA » mer. 12 avr. 2017, 15:43

Cher Héraclius,

Merci de partager vos pensées :
Dieu aime tous les hommes, et il les aime avant même leur conversion et leur amour pour Lui. Dieu nous a aimé irrepentant, puisqu'il nous a donné la repentance par amour. Il nous a aimé rebelles et pécheurs.

Bien sûr, je veux bien admettre qu'il n'aime pas tout le monde dans le même sens. Mais qu'il ne fasse qu'aimer, nul doute.
Comment interprétez-vous le passage suivant ?
Romains 9.13 J’ai aimé Jacob
Et j’ai haï Esaü.

Souveraineté de Dieu

Romains 9.14 Que dirons-nous donc? Y a-t-il en Dieu de l’injustice? Loin de là!
Romains 9.15 Car il dit à Moïse: Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde et j’aurai compassion de qui j’ai compassion.
Romains 9.16 Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde.
Romains 9.17 Car l’Ecriture dit à Pharaon: Je t’ai suscité à dessein pour montrer en toi ma puissance, et afin que mon nom soit publié par toute la terre.
Romains 9.18 Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut.
Que le Seigneur vous bénisse.

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Re: Aimer son prochain comme soi-même

Message non lu par Héraclius » mer. 12 avr. 2017, 16:47

Bonjour Trebla,
Comment interprétez-vous le passage suivant ?
Ce passage traite de la prédestination, qui constitue un mystère que je ne prétend pas comprendre.

Romain 9, 13 parle de la haine sacrée de Dieu contre le pécheur, et de sa condamnation "avant la fondation du monde". Néamoins, cette haine est liée à l'action ("future") du pécheur ; elle n'est pas dirigée contre sa substance. Comme dit le Livre de la Sagesse : "Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ; si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé." (Sagesse 11, 24). Bien sûr, Dieu aime le juste d'une façon différente de l'injuste, si bien qu'à certain égard on peut dire qu'il hait le pécheur et le damné ; mais cette haine me semble, au fond du fond, dirigée contre le péché de l'homme. Dieu hait le pécheur en tant qu'il est pécheur - il ne peut supporter le mal ("il est lumière et en lui il n'y a point de ténèbres") mais l'aime en tant qu'il est tout court (création de Lui-même, paré de la dignité royale de tout être humain créé à l'image de Dieu).

Quant à la suite du passage, elle parle de l'éléction dans la grâce, qui n'est pas directemment lié à la question de l'amour des damnés. Elle dit qu'il n'y a pas d'injustice dans le jugement de Dieu qui envoie des personnes dans le Lac de Feu. Mais elle ne nous informe pas quand au fait qu'il aime ou non ces damnés. Après tout, l'écriture rend assez évident que la condamnation des damnés se fait à contre-coeur pour Dieu. L'antienne de l'Heure Médiane des féries de Carême était justemment "Vivo ego dicit Dominus nolo mortem peccatoris sed ut magis convertatur et vivat". Il me semble que c'est dans Ezéchiel 18.


Héraclius -
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)

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